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Les signatures du |
Maréchal Canrobert |
Alors que son père, officier de l'Ancien Régime, sert à
l'armée de Condé et émigre en 1791, son demi-frère, Antoine, brillant officier
issu de Saint-Cyr est tué par un boulet de canon à Fleurus le 16 juin 1815, en
combattant pour l'Empereur. Lui-même, après avoir été orléaniste, est dès 1851
un fidèle serviteur du régime bonapartiste.
Elève de Saint-Cyr en 1826, Canrobert sert au 47ème
régiment d'infanterie de ligne de 1828 à 1840. En 1835, il part une première
fois pour l'Algérie et rentre en France en 1839. Capitaine adjudant-major, il
demande, en 1840, à retourner en Afrique. Versé au 6ème bataillon de chasseurs à
pied le 17 octobre 1840, Canrobert est de retour en Algérie en 1841 et y demeure
jusqu'en 1850.
Il sert dans plusieurs régiments d'infanterie de ligne et
d'infanterie légère et, colonel le 8 novembre 1847, commande le 2ème régiment
d'infanterie de ligne, le 2ème régiment de la Légion étrangère puis le régiment
de Zouaves. Il débloque le poste de Bou Saada et monte l'un des premiers à
l'assaut de Zaatcha en 1849. Il en hérite la cravate de commandeur de la Légion
d'honneur.
Nommé général de brigade le 13 février 1850, il est
rappelé à Paris et y commande différents corps de troupes. Il adhère au coup
d'Etat et sa brigade est l'une de celles qui opèrent sur les boulevards dans les
jours qui suivent. Tout en conservant le commandement de la 3ème brigade de la
1ère division de l'armée de Paris, il est nommé aide de camp du prince président
le 17 février 1852. Général de division le 14 janvier 1853, il est maintenu dans
ses fonctions d'aide de camp de l'Empereur.
Lorsque la campagne d'Orient est
décidée, Canrobert est désigné pour accompagner Saint-Arnaud, Bosquet, Forey et le prince Napoléon.
Après la victoire de l'Alma où il est blessé, il remplace Saint-Arnaud, mourant,
à la tête du corps expéditionnaire en Crimée. Le 16 mai 1855, en mésentente avec
lord Raglan commandant le corps expéditionnaire anglais, ne supportant plus les
pressions en provenance de Paris, Canrobert abandonne son poste au profit de
Pélissier. Cet évènement ne porte pas atteinte au courage de Canrobert, mais il
illustre son incapacité à assumer des responsabilités trop lourdes et à
supporter des situations conflictuelles.
Commandant du 1er corps de l'armée
d'Orient le 16 mai 1855, Canrobert reprend à sa demande le commandement de son
ancienne division, devenue 1ère division d'infanterie du 2ème corps. Cette
situation étant moralement difficile, Napoléon III insiste pour qu'il renter en
France et après plusieurs refus, par fierté, de Canrobert, il le nomme à nouveau
aide de camp et lui intime l'ordre de rentrer à Paris occuper ses
fonctions.
De retour en France et toujours aussi populaire, Canrobert est
nommé d'abord sénateur le 17 août 1855, puis maréchal en même temps que Bosquet et Randon, le 18 mars
1856.
En Italie, Canrobert commande le 3ème corps de l'armée et s'illustre à
la bataille de Magenta en tenant la position clé de Ponte-di-Magenta. A
Solferino, un malentendu l'oppose à Niel quant à
l'assistance qu'il lui prêta pendant la bataille. Mais le différend est aplani
et les deux hommes restent ensuite en bons termes.
De 1859 à 1862, Canrobert
exerce les fonctions de commandant supérieur du 3ème corps d'armée à Nancy.
Chargé du commandement des troupes réunies au camp de Châlons le 10 mars 1862,
quelques mois plus tard, le 14 octobre, il prend le commandement supérieur du
4ème corps d'armée à Lyon, en remplacement de Castellane, décédé le 16 septembre.
Le 22 juin 1865, il
est nommé au commandement supérieur du 1er corps d'armée et de la 1ère division
militaire à Paris, en remplacement de Magnan, décédé le 29 mai. Canrobert exerce
ce commandement jusqu'à l'entrée en guerre contre la Prusse et le 17 juillet
1870, il est à la tête du 6ème corps de l'armée du Rhin.
Le 12 août, il
refuse de prendre le commandement de l'armée du Rhin, effrayé par les
responsabilités qui en découlent ; il abandonne ce commandement vicié à Bazaine et est un subordonné obéissant.
Il ne prend
aucune part à la bataille de Borny, le 14 août 1870, mais s'illustre par son
héroïque résistance à Gravelotte, le 16 août. Deux jours plus tard, le 18 août,
à Saint-Privat il décime la garde royale prussienne ; faute de munitions et de
renforts il abandonne sa position. Il participe encore aux combats de
Sainte-Barbe, Noisseville et Ladonchamps mais encerclé dans Metz avec l'ensemble
de l'armée du Rhin, il est prisonnier le 28 octobre 1870.
Après plusieurs mois de captivité il est libéré et
regagne la France en mars 1871. Il occupe dès lors différentes fonctions
militaires jusqu'en 1883 et fait une carrière politique dans le groupe de
l'Appel au peuple, en étant élu sénateur du Lot en 1876 puis sénateur de la
Charente en 1879, fonction qu'il occupe jusqu'en 1894. Fidèle à la mémoire de
Napoléon III, il assiste aux funérailles de l'Empereur, le 15 janvier 1873 en
Angleterre. Lui-même s'éteint dans son domicile parisien le 28 janvier 1895. Il
était le dernier maréchal de Napoléon III encore en vie.
Agréable de sa personne, le maréchal était éloquent à ses
heures, doué d'une chaleur de langage imagée et inspirait une confiance sans
borne à ses soldats. Au feu il était d'un entrain irrésistible, mais dans le
commandement il se montrait parfois incertain, manquant de confiance en
lui.