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Courby de Cognord est entré au service le 1er mars 1815, comme Mousquetaire du Roi. Il sert comme Sous-lieutenant et lieutenant aux Dragons du Calvados, aux Hussards de la Moselle et dans la Garde Royale. En 1823-24, il fait campagne en Espagne. Le 4 juillet 1830, il est promu Capitaine. L'année suivante, il prend part à l'expédition de Belgique. Il passe ensuite au 15e Dragons et au 5e Hussards, En 1833, il est fait Chevalier de la Légion d'Honneur, décoration que s'ajoute à celle de l'ordre de St ferdinand d'Espagne reçue en 1824.
En 1840, il arrive en Afrique ; il assiste à diverses opérations et est blessé d'un coup de feu à la jambe le 15/6/1840 au passage du col de Ténia. Il est promu Chef d'escadrons au 1er Chasseurs d'Afrique.
En janvier 1841, il est muté au 2e Hussards à Vesoul. En 1844, le commandant Courby de Cognord part en Afrique avec des éléments du 2e Hussards. Il donne à diverses reprises des preuves de bravoure et est cité à l'ordre de l'armée pour sa belle conduite à la bataille de l'Isly. Malgré deux propositions successives pour le grade de lieutenant-colonel, il ne paraissait pas, en 1845, devoir être nommé au grade supérieur. Il avait alors 46 ans et n'avait pas obtenu un avancement en rapport avec ses brillants services.
En 1845, le 23 septembre, eut lieu un héroïque fait d'armes dont tous les
bataillons de chasseurs à pied se glorifient, mais dont une part va également au
2e Hussards, régiment de Chamborant, dont le 2e escadron fut présent à ce
glorieux combat et devait y trouver la mort presque en entier. Le
lieutenant-colonel de Montagnac commandait le cercle de Djemmaa-Ghazaouat
(actuellement Nemours, sur la Méditerranée, près de la frontière marocaine). Le
23 septembre 1845, afin de mettre de l'ordre dans des tribus voisines qui se
querellaient, il emmène avec lui le 8e bataillon de Chasseurs d'Orléans sous les
ordres du commandant Froment-Coste et le 2e escadron du 2e Hussards sous le
commandement du chef d'escadron Courby de Cognord et le capitaine Gentil de
Saint-Alphonse.
La colonne se composait de : 355 officiers, sous-officiers
et chasseurs ; 67 officiers, sous-officiers et hussards ; 1 interprète, 1
ordonnance et 2 soldats du Train, soit un total de 426 hommes. Le détachement
quitte Djemaa-Ghazaouat à 9 heures du soir, laissant la garnison sous le
commandement du capitaine de Génie Coffyn. Après une marche fatigante de 20
kilomètres, la colonne s'arrête avant le jour, le 22 septembre. Le
lieutenant-colonel de Montagnac est inquiet ; de grands feux ont été vus
s'allumer à droite et à gauche. Après avoir pris le café, la colonne continuera
sa marche et, à 3 heures de l'après-midi, s'arrête pour préparer la soupe et
tuer les moutons. De nombreux cavaliers apparaissent sur les crêtes et le caïd
des Soubalia (chef de la tribu voisine de Djemmaa-Ghazaouat) prévient de
Montagnac que ce sont les partisans d'Abd-el-Kader ; il en est d'ailleurs averti
par un émissaire envoyé par le capitaine Coffyn. Des coups de feu sont tirés sur
la colonne ; le lieutenant-colonel de Montagnac décide, malgré l'annonce de
l'arrivée de l'ennemi, de ne pas revenir en arrière.
A 23 heures, la troupe
lève le camp, on allume de grands feux pour faire croire qu'on bivouaque, mais
les Arabes n'en sont pas dupes et le 23 septembre, après une marche pénible, le
bivouac est établi. Les hommes sont harassés ; on sent que l'ennemi est proche
dans lesenvirons et en nombre ; personne ne peut dormir et se reposer. Le 24
septembre, à 6 h 30, le lieutenant-colonel de Montagnac donne l'ordre au
commandant Courby de Cognord de monter à cheval, en selle nue, avec ses hussards
et au capitaine de Chargère de le suivre avec trois compagnies de chasseurs. Le
commandant Froment-Coste reste au camp avec la compagnie de chasseurs Burgard et
la compagnie de carabiniers du capitaine de Géréaut. La petite colonne de
hussards et de chasseurs guidée par de Montagnac s'engage dans un ravin et,
apercevant de nombreux cavaliers qui tiennent les crêtes, il prescrit au
commandant Courby de Cognord de les disperser. Le commandant Courby de Cognord
échelonne ses deux pelotons ; le nombre des ennemis augmente considérablement,
mais au lieu de se retirer comme d'habitude, ils résistent. La mêlée devient
bientôt sanglante. Les pertes des hussards sont sensibles, le lieutenant-colonel
de Montagnac est grièvement blessé ; le capitaine Gentil de Saint-Alphonse est
tué et le lieutenant Klein, du 2e Hussards, est blessé plusieurs fois. Le
commandant Courby de Cognord est indemne. Lancé à vingt pas de ses pelotons, il
lutte contre la horde, mais son cheval est blessé à deux reprises : il chancelle
et tombe avec son cavalier. Le hussard Testard lui offre son cheval et rejoint
ses camarades les chasseurs. Il prend au passage les pistolets sur le cheval
mort du commandant Courby de Cognord et tire sur des cavaliers arabes qui le
poursuivent. Courby de Cognord rallie les hussards et exécute avec eux de
nouvelles charges, mais la cohésion ne peut se maintenir, de nombreux cavaliers
sont démontés et se défendent en groupes ou isolément. De nouveaux cavaliers
arabes surgissent de toutes parts. Le commandant Courby de Cognord, ne pouvant
se rabattre sur les chasseurs, trop loin, se dirige avec ses hussards sur un
mamelon. Il alors perd alors son deuxième cheval. Le lieutenant-colonel de
Montagnac, qui s'était joint aux hussards, est de nouveau blessé. Les trois
compagnies de chasseurs veulent rejoindre le commandant Courby de Cognord, mais
n'y parviennent pas : ils sont débordés, dispersés, anéantis. Une scène
épouvantable de carnage se produit ; les hussards et les chasseurs tombés sont
décapités et leurs têtes présentées aux survivants. Le lieutenant-colonel de
Montagnac, quoique très blessé, envoie le maréchal-des-logis-chef Barbut, du 2e
Hussards, prévenir le commandant Froment-Coste de venir le rejoindre. Ce
sous-officier est poursuivi par plus de 300 cavaliers qui ne parviennent pas à
le rattraper. Les hussards à pied et les chasseurs se forment en carré et cette
vaillante phalange se défend courageusement. Le lieutenant-colonel de Montagnac
meurt. Le commandant Courby de Cognord est alors frappé de trois coups de feu et
de deux coups de yatagan ; il est fait prisonnier et emmené à cheval par un chef
arabe. Les deux autres compagnies accourues ont le même sort ; submergés, les
chasseurs se défendent avec bravoure le commandant Froment-Coste est tué, le
capitaine de Géréaut se réfugie avec ce qui reste dans le marabout de
Sidi-Brahim et repousse les assauts de l'ennemi pendant la journée du 25
septembre.
La sauvagerie des Arabes s'est assouvie sur les morts ; après le
combat, 320 cadavres sans tête jonchaient le sol dont 54 du 2e escadron du 2e
Hussards ; 90 chasseurs et hussards étaient prisonniers, tous blessés plusieurs
fois. Le caporal Lavayssière, seul gradé restant, prend le commandement et le 26
septembre, après de nombreux engagements avec les Arabes, il rejoint
Djemaa-Ghazaouat avec 16 survivants dont un hussard.
Le commandant Courby de Cognord fut emmené prisonnier au Maroc et racheté après de nombreuses tractations en 1846 avec 11 autres prisonniers dont quatre du 2e Hussards (le commandant Courby de Cognord, le maréchal-des-logis-chef Barbut, les hussards Testard et Maetz). Le commandant Courby de Cognord fut cité à l'ordre de l'Armée d'Afrique avec le motif suivant : " Commandant l'escadron du 2e Hussards qui faisait partie de la colonne du lieutenant-colonel de Montagnac, détruite par Abd-el-Kader à Sidi-Brahim, le 23 septembre 1845, le lieutenant-colonel de Montagnac, expirant, lui confia le commandement des débris du 2e Hussards et du 8e bataillon de Chasseurs. Il fit des prodiges de valeur et prolongea, contre plusieurs milliers d'Arabes, une lutte héroïque qui ne se termina que lorsque, épuisé par de nombreuses blessures, il tomba sans connaissance au pouvoir de l'ennemi. II fut fait prisonnier avec ce qui restait de ses braves frères d'armes, souffrit cruellement pendant un an et deux mois et ne fut rendu à la liberté que le 27 novembre 1846." Pour récompenser leur bravoure, le commandant Courby de Cognord fut fait Officier de la Légion d'Honneur et promu Lieutenant Colonel. En août 1846, le 2e régiment de Hussards obtint cette citation : " Depuis son arrivée en Afrique, le 2e Hussards a pris part à de nombreux et brillants faits d'armes. Il a mérité d'être cité glorieusement, même dans les désastres que son courage ne pouvait détourner. C'est au bon esprit du corps, à l'énergie de ses chefs et au dévouement des hussards qu'il a pu se placer au premier rang de l'Armée d'Afrique. "
Le lieutenant-colonel Courby de Cognord fut ensuite nommé Colonel, du 6e régiment de Hussards. En décembre 1851, il conduit son régiment lors de la repression des mouvements populaires contre le coup d'Etat de Louis napoléon. A Auch, quatre pelotons de son régiment sont confrontés à une masse de près de 4000 civils, armée de sabres de pistolets et de faux. Pour se dégager, Cognord doit commander la charge et se lance en premier au milieu des insurgés suivi de ses 90 cavaliers. Il traverse deux fois cette masse tumultieuse et disperse les émeutiers. dans la charge il est légèrement blessé au coup et son cheval est grièvement blessé.
Nommés Général de brigade ; il commanda à trois reprises à Tarbes en 1852 la 4e brigade de la 13e division, puis la subdivision militaire en 1856 et 1859. En mars 1861, lors de son départ de la subdivision de Tarbes pour celle d'Alençon, " L'Ere Impériale " de Tarbes fit paraître un article louant le général Courby de Cognord et les notabilités tarbaises lui exprimèrent leur gratitude et leurs regrets de le voir quitter son commandement dans le département.
Le 26 août 1861, le général Courby de Cognord prend sa retraite et se retire au château d'Odos, mais un an et demi après il décédait, le 4 décembre 1862, à l'âge de 63 ans, Commandeur de la Légion d'Honneur. Les honneurs militaires lui furent rendus par le général Béchon de Caussade et les troupes de la Garnison.