Jules Joseph DE LESGUERN, né le 2/02/1832 à Lescouet (Côtes du Nord)

Photo Grados (Luneville)

 

Admis à l'École spéciale militaire de Saint-Cyr, il en sort classé 161e (sur 230 élèves) et est nommé Sous Lieutenant le 1/10/1853 au 12e régiment de chasseurs à cheval. A peine promu officier, il se fait photographier par Gustave Cosson, dans son atelier de daguerréotypiste à Paris, boulevard Bonne Nouvelle. Il pose dans la tenue d'officier de chasseur qui sera remplacée l'année suivante.

 

Allé parfaire sa formation à l'école de Saumur, il en sort classé avant dernier en 1854 ("Rempli de bonne volonté, mais laisse encore à désirer à l'instruction théorique et pratique"). A la sortie de l'école, il est placé au 8e régiment de chasseurs, le 28/9/1854.

Promu Lieutenant le 2/8/1858, il va servir à deux reprises brièvement en Algérie : Le 22/4/1859, le régiment embarque à Marseille sur la Dryade et arrive le 2 mai à Philippevile, pour rejoindre l'est de la province. Il garnisonne Constantine, Batna et Sétif. De Lesguern appelé de nouveau à Saumur, cette fois pour suivre les cours de lieutenant d'instruction, quitte l'Algérie en décembre. Il ne participe donc pas aux colonne de repression des tribus du Hodna (printemps 1860) où son régiment est vigoureusement engagé contre les Arabes dans le combat de Krenguet-el-Hammam durant lequel il accuse des pertes sensibles (16 tués et 17 blessés).
Notre officier achève sa formation à Saumur en avril 1861. Il en sort cette fois, mieux classé que lors de sa première formation (20e sur 78). Il ne rejoint son régiment en Algérie que pour une courte période, celui-ci étant rappelé en France en Septembre.

De Lesguern est nommé Capitaine le 17/1/1863 et prend au régiment les fonctions de capitaine adjudant major.

En septembre 1866, il est mis à la tête d'un escadron.
Notre officier est régulièrement bien noté par ses supérieurs : "Bien élevé, travailleur intelligent" (1860), "Très bon officier sous tous les rapports, apte à l'instruction comme au commandement" (1864), "officier distingué par son éducation et ses manières" (1869)
Durant la guerre de 1870, le 8e chasseurs à cheval rejoint Paris le 10/8/1870 où il complète son matériel, puis rejoint le camp de Chalons où l'armée de Mac Mahon se réorganise après les premiers revers d'Alsace. Débute alors pour les hommes la campagne de Sedan. De Lesguern, qui commande le 1er escadron, a son baptème du feu le 30 aout à Mouzon, lorsque le régiment est positionné pour soutenir deux batteries d'artillerie et subit sans pouvoir riposter le feu ennemi qui lui cause des pertes notables, dont son colonel qui est tué.
Le 1er septembre à Sedan le régiment, mal dirigé, erre sans but sur le champ de bataille avant de se retrouver bloqué dans la vile et de capituler.
De Lesguern est libéré de Cologne, où il était interné depuis avril 1871, et rejoint Lyon, nouvelle garnison du 8e chasseurs qui s'y reconstitue. Les hommes ont alors l'occasion de remettre l'épée à la main, mais cette fois contre leurs compatriotes communards lyonnais. Un engagement a lieu le 1er mai au faubourg de la Guillotière et le régiment y subit quelques blessés. C'est à cette occasion que de Lesguern est décoré de la croix de la légion d'Honneur le 3/6/1871 (tout comme cinq autres oficiers du régiment, soit plus que pour toute la campagne de 1870).

Notre officier n'aura pas le temps de savourer sa décoration. Des premiers troubles mentaux commencent en effet à apparaître, qui selon les rapports médicaux sont la conséquence "de la répression des troubles à la Guillotière à Lyon le 30/4/1871". Ses symptomes sont décrits dans un rapport médical du 9/11/1872 : "Manie chronique. Pris le 10/5/1871 d'exaltation, de loquacité, d'idées de grandeur ; marche rapidement envahissante ; confusion des idées, insomnie, agitation ; oubli et perversion des sentiments affectueux ; tendance aux actes violents ; altérnatives d'exacerbation et de rémission. Quelques rares intermitences permettant une correspondance assze raisonnable et quelques relations sociales.
Actuellement, inertie physique et morale, succédant à une crise violente. Abolition à peu près complète de l'intelligence. Plus de jugement ni de liberté morale. Tendence à la paralysie générale et progressive.
Entré le 14 mai 1871 à l'hopital militaire de Lyon, évacué le 16 mai sur la maison du docteur Binet, médecin aliéniste à Lyon, traité sans résultats pendant un an. Rentré dans sa famille à Plimet (Bretagne), réintégré en novembre 1872 dans la maison des frères de Saint Jean de Dieu à Dinan à la suite d'une crise extrèmement violente. Diagnostic des médecins traitants : paralysie générale incurable. "

Il est définitivement mis en réforme en juillet 1873 et meurt d'une congestion cérébrale le 22/7/1873.

retour menu