Joseph DURDILLY, Né le 16/11/1821 à Lyon
Fils d'un chapelier, Durdilly s'engage à Tarascon à vingt ans, le 28/12/1841, au 4e régiment de chasseurs. A cette date son dossier mentionne qu'il est commis négociant, résident à Lyon. Sa description mentionne un taille d'1m70.
Il est sur sa demande transféré en Algérie dans les chasseurs d'Afrique qu'il rejoint le 12/7/1843. Affecté au 1er régiment, il devient sous-officier en avril 1844, puis entre à l'école de Saint Cyr le 2/12/1845.
Sa scolarité n'est pas brillante, car entré 148e sur 330 élèves, il sort classé 237e sur 291 deux ans plus tard, avec des notes moyennes, sa meilleure note étant obtenue en comptabilité, probable souvenir de son premier métier de commis négociant chez son père. Sa conduite et sa tenue sont néanmoins indiquées comme bonnes.
A sa sortie de Saint Cyr le 1/10/1847, il est promu Sous Lieutenant dans l'infanterie, mais obtient de permuter avec un autre officier pour retourner servir au 2e régiment de chasseurs d'Afrique. Sa demande est acceptée au motif qu'il a déjà servi 2 ans en Algérie. Il obtient par la même occasion une dispense d'aller suivre les cours de l'école d'application de la cavalerie de Saumur et de rejoindre son régiment immédiatement.
Passé au 1er régiment de chasseurs d'Afrique en décembre 1847, il est nommé porte étendard en mai 1850, puis Lieutenant le 15/8/1852.
Au déclanchement de la guerre d'Orient, il embarque le 10/4/1854, avec 4 escadrons de son régiment. débarqué à Gallipoli, puis rassemblés à Andrinople, il fait campagne autour de Varna dans la desastreuse opération de la Dobrutcha qui voit l'armée mise à genoux par le choléra. Embarqué ensuite pour la Crimée en septembre, il assite à l'investissement de Sébastopol, à la bataille de Balaclava et est engagé avec son escadron à la bataille d'Inkermann le 5 novembre 1854. Il est nommé chevalier de la Légion d'Honneur à la suite de cette journée qui voit le régiment subir quelques pertes. Durdilly participe ensuite aux diverses opérations de reconnaissances menées par son régiment dans la valée de la Tchernaïa.
Durdilly est promu Capitaine le 30/5/1855, il revient en
Afrique en octobre, non sans avoir servi de major de tranchée durant le
siège. Il recevra aussi l'Ordre de 5e classe du Medjidé 28/12/1858.
Après deux nouvelles années de campagne africaine, Les services de ce jeune officier sont jugés si satisfaisants qu'il obtient une mutation dans le prestigieux régiment des Chasseurs à cheval de la Garde.
Tout semble lui sourire, lorsqu'un premier accroc entache sa carrière : En avril 1859, il est accusé par quelques officiers de son régiment de tricher au jeu. Le capitaine Durdilly soufflette alors un de sous lieutenants, ce qui provoque une sévère inspection de la hiérarchie. Celle-ci conclut à sa faute et indique qu'il ne peut rester au régiment, même s'il apparait que l'accusation était infondée : " C'est un officier qui a de l'esprit, distingué de manières et servant bien, mais depuis longtemps parait avoir la funeste passion du jeu. Sa conduite avec un de ses inferieurs mérite une répression sévère ; Le capitaine Durdilly est un honnête homme. La conduite de ce jeune officier est donc aussi des plus coupables, mais en raison de bons antécédents, M le général Regnault de Saint Jean d'Angely (commandant la Garde) a cru devoir se borner à lui infliger un mois de prison. "
Dans l'affaire tous les officiers impliqués dans cette affaire sont mis en retrait d'emploi. A la suite de cette punition, Durdilly rédige une lettre de contrition au Ministre, le 11/5/1859 : " je viens d'être mis en retrait d'emploi comme punition d'un mouvement d'emportement pour l'excuse duquel je fais appel à tout homme de coeur et d'honneur. Cette sévère punition m'a privé non seulement de mon emploi de capitaine commandant aux Chasseurs de la Garde, mais encore du bonheur de conduire mon escadron à l'ennemi (la guerre d'Italie vient de démarrer) ; Aussi je viens supplier Votre Excellence de ne pas me laisser inactif en un pareil moment, de vouloir bien me faire replacer dans l'armée et de me fournir ainsi l'occasion de réparer une faute qui brise mon avenir et qui n'a cependant d'autre cause qu'une fatalité inévitable. "
Durdilly est alors réintégré dans l'armée, au 3e régiment de Lanciers, mais rate la campagne d'Italie.
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Capitaine au 3e régiment de Lanciers |
A compter de cette date, Durdilly reprend le service actif, est y est favorablement noté :
" Officier très distingué sous tous les rapports, d'une bonne instruction générale. Parfaitement bien élevé. Homme du monde d'un esprit essentiellement militaire. Très bon cavalier, commande parfaitement sur le terrain, officier d'avenir. (1862)."
Le 12 mars 1864, il est promu Major au 3e régiment de Dragons. Il se marie ensuite le 7/12/1868 avec la demoiselle Fleury, fille du préfet des Vosges. Cette autorisation est accordée sur recommandation expresse du maréchal ministre de la guerre, même si la dot projetée ne répond pas aux conditions du ministère. Enfin il est promu Officier de la Légions d'Honneur en 1867.
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Major au 3e régiment de Dragons |
Arrive la guerre de 1870. Son action durant le conflit est racontée par Durdilly lui-même dans le document de la situation militaire durant la guerre rédigé le 10/9/1871:
" Nommé ayant le numéro 1 au tableau d'avancement, Lieutenant-Colonel, pour former à Limoges le 3e régiment de marche de Dragons. Entré en campagne le 24/9/70, attaché à la brigade Michel d'abord, puis brigade Boërio, de la division de cavalerie Longuerue du 15e corps de l'armée de la Loire. A pris une part effective avec son régiment aux combats d'Artenay, de Coulmiers, de Chambon et devant Orléans début décembre 1870. Affecté ensuite à l'armée de l'Est, a pris une part plus ou moins directe aux combats qui se sont livrés du 9 au 19 janvier, jour où les corps d'armée s'est mis en retraite : Villersexel, Dung, Bettoncourt, saint Suzanne et Montbéliard. Détaché avec son régiment comme cavalerie de la réserve générale de l'armée, a échappé dans cette position à l'internement en Suisse au moyen de marches extrêmes.
A sollicité et obtenu un emploi de son grade au 6e lanciers à l'armée de Versailles. Arrivé le 29 avril ; rien de particulier, suivi la fortune du régiment attaché au 2e corps d'armée. A l'entrée des troupes dans Paris, nommé par le général en chef commandant le corps, commandant de place à l'école militaire. Rentré au régiment le 23/7/1871.
N'a obtenu aucune récompense pendant la campagne. A été proposé quatre fois pour le grade supérieur "
Après la guerre il rejoint avec son grade le 18e régiment de Dragons (11/9/1871), puis le 18e régiment de Chasseurs où il est promu Colonel le 16/10/1874.
Cette belle carrière est hélas interrompue par plusieurs faits défavorables qui lui doivent de très sévères notations dans son dossier militaire :
Avec de telles notes dans son dossier et l'opposition de sommités militaires comme les généraux de Galliffet et Ducrot, ses chances de promotions sont réduites à néant. Même si passé au 7e hussards ses notes s'améliorent un peu (il est même mis temporairement au commandement de la 18e brigade de cavalerie en avril 1878), ses absences répétées pour maladie lui font demander sa mise à la retraite en septembre 1878.
Il est mort le 16/9/1885.