Arsene Joseph Arthur EDME, né le 13/10/1854 à la Cluse
 
Photo Fontaine (Rouen)

Le jeune Edme s'engage le 10/12/1872 au 3e régiment de Zouaves qu'il rejoint donc en Algérie. Il débute un premier passage en Afrique jusqu'en 1878, étant promu sous officier en 1874, puis atteignant le grade d'adjudant en 1877.
Rengagé pour cinq nouvelles années en 1878, il retourne en France pour suivre les cours de l'école des sous officiers dont il sort classé dans un rang moyen (43e sur 107 élèves).

Il est alors promu Sous-lieutenant le 26/5/1881. Le jeune Sous Lieutenant participe alors à la campagne de Tunisie (1881), avant de devenir le porte drapeau du 3e régiment de Zouaves en 1883.

En 1885, le premier bataillon du régiment est désigné pour renforcer le corps expéditionnaire du Tonkin et reçoit l'ordre de faire immédiatement ses préparatifs de départ. Laissant en Algérie les hommes libérables dans l'année et ses malingres, il est complété à 1000 hommes, par des prélèvements faits sur toutes les compagnies du régiment.
Le bataillon quitte Sétif le premier avril et rallie à Constantine les détachements fournis par les autres bataillons. Le Sous-lieutenant Edme, porte-drapeau, volontaire pour partir, est nommé officier payeur du bataillon.
Edme et son bataillon s'embarquent à Philipeville le 12 avril au matin sur le vapeur le Canada. Après des escales très courtes à Port-Saïd, Aden, Colombo et Singapour, le Canada mouille à 11h00 du matin le 13 mai dans la baie d'Along.
Le 27 juin, le bataillon reçoit l'ordre d'accompagner à Hué le général de Courcy, commandant en chef le corps expéditionnaire, qui va présenter ses lettres de créances au gouvernement annamite.
Le bataillon est à peine arrivé que dans la nuit du 4 au 5 juillet, les Anammites se révoltent contre l'occupation française de leur capitale et attaquent par surprise les soldats français. Durant toute la nuit, les zouaves du bataillon vont vendre chèrement leur vie et réussir à retourner la situation et juguler la révolte après une nuit de combats épiques.

L'historique du 3e régiment de zouaves détaille longuement cette nuit mémorable et insiste notamment sur l'action particulière du sous-lieutenant Edme :
"A droite, la 4e compagnie du bataillon (capitaine Badani) et le 2e peloton de la 3e compagnie (sous-lieutenant Jacquot), bien que n'étant pas appelées à prendre part à l'attaque principale, ne restent pas inactives.
L'attaque de droite était confiée à une compagnie du 11e bataillon de chasseurs. Cette compagnie perd du temps à tirailler et à prendre des dispositions contre le mirador numéro un. Un groupe de 50 hommes appartenant à toutes les compagnies ralliées par l'officier payeur, le lieutenant Edme, qui s'était offert pour remplacer le sous-lieutenant Pellicot grièvement blessé, vient appuyer le mouvement des chasseurs à pied.
Le mirador enlevé, Monsieur Edme suit la compagnie des chasseurs et pénètre avec elle dans la ville. À ce moment, toutes les forces de l'offensive, à l'exception de la 4e compagnie de Zouave se trouvaient sur le bord du canal en présence d'un obstacle impossible à franchir ailleurs que sur les ponts barricadés et solidement défendus. La fusillade ennemie redoublait d'intensité, les pièces tiraient à toute volée.
Le sous-lieutenant Edme marche sur une batterie dont le feu gênait le mouvement de la première compagnie. Au premier bond, une douzaine d'hommes tombent plus ou moins grièvement atteints. Le reste hésite un instant, mais reprend bientôt sa place autour du chef qui l'entraîne par son exemple.
Une nouvelle décharge ne touche personne. Les Zouaves se jettent sur les canons qu'ils renversent et tuent tous les annamites sur leurs pièces.
Un peu plus tard, le sous-lieutenant Jacquot reçoit l'ordre d'aller renforcer l'attaque de droite avec le 2nd peloton de la 3e compagnie. Il rallie au pas de course la compagnie de chasseurs à pied et la fraction du sous-lieutenant Edme. Ces trois groupes dégagent les deux rives du canal et produisent une heureuse diversion sur les derrières de l'ennemi. Ils s'avancent jusqu'à hauteur de la pagode de Gia-long où ils sont accueillis par un feu très nourri. Le sous-lieutenant Edme occupe la pagode avec les quelques hommes qui lui restent."

Lors de la prise de la pagode, le lieutenant Edme capture un sabre des mains d'un mandarin. Il en fera don plus tard à son retrour en France au Musée de l'armée aux Invalides.

Au matin les Zouaves sont maîtres de la ville. Les récompenses pleuvent alors sur les héros français du Guet apens de Hué ; Edme est cité à l'ordre : "Sous Lieutenant, officier payeur, a enlevé brillament à la tête d'une section un pont défendu par plusieurs pièces de canon.". Il est aussi promu Lieutenant le 7/11/1885 et passe temporairement au 3e régiment de tirailleurs algériens.
Quittant le Tonkin, Edme après quelques semaines de congés en France, est de nouveau transféré au 3e régiment de Zouave et retourne en Algérie en janvier 1887. Il s'y marie en 1888.

Il est promu Capitaine en octobre 1891. En mai 1894, Edme demande à rejoindre le 24e régiment d'infanterie "pour convenance personnelle". Il s'y fait photographier à Rouen, garnison de son nouveau régiment. Il arbore ici ses nombreuses décorations reçues lors de ses campagnes outre mer : la Légion d'Honneur, la médaille commémorative du Tonkin, la médaille coloniale (barette "Tunisie"), l'Ordre du Dragon d'Annam et le Nicham Iftikar.
Le capitaine Edme meurt à Elboeuf le 21/02/1903.

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