Une belle brochette
d'officiers Le cabinet
militaire du Président Carnot |
C'est avec le Président Mac Mahon que se met
en place un cabinet militaire de la Présidence, qui n'est cependant
institutionalisé qu'en 1880 par une loi. Ce groupe d'officiers, sous
l'autorité d'un général, a pour tâche d'assister le Président sur
tout ce qui touche à l'armée et le représenter aux cérémonies en
France et à l'étranger. Chaque arme y
représente un officier supérieur, détaché auprès du Président pour
quelques années.
Affectation prestigieuse, souvent gage
d'accélérateur de carrière, un poste au cabinet militaire de la
Présidence permet aux officiers sélectionnés de se faire des amitiés
durables, de nouer des contacts fructueux et surtout, de rencontrer
les hommes politiques de premier plan qui fourniront des aides
précieuses pour la continuation des carrières. Les officiers réunis autour de la table fournissent un
bel échantillon d'uniformes et de carrières prestigieuses,
entre la politique et l'armée.
Pour la liste des officiers ayant servi
à ce poste, cliquez ici |
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L'état major en
1892 |
Chef de la maison
militaire.........................................
Marine........................................................................
Infanterie....................................................................
Génie...........................................................................
Artillerie.....................................................................
Cavalerie...................................................................
Gendarmerie............................................................
Artillerie...................................................................
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Général Brugère
Capitaine de vaisseau Jaureguiberry
Lieutenant colonel Chamoin
Lieutenant Colonel Dalstein
Chef d'escadron Pistor
Chef d'escadron Courtes
Lapeyrat
Lieutenant
Luccioni
Capitaine Noël
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Le
Président Carnot
Marie François Sadi Carnot est né
le 11 aout 1837 à Limoges. C'est le petit fils de Lazare Carnot.
Elève de Polytechnique, major de
l'école des Ponts et Chaussées. Elu député en 1871, préfét de la
Seine, il est ministre des travaux publics, puis ministre des
finances en 1885.
Il est élu Président de la République le
3/12/1887 après la démission de Jules Grévy. Son mandat est marqué
par l'agitation boulangiste et anarchiste.
Assasiné par l'anarchiste Casério le 25 juin
1894, il est enterré au
Panthéon.
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Général
Henry Jospeh Brugère
Cet officier porte l'uniforme de général de
division, reconnaissable aux collets et parements à double rangée de
feuilles de chêne et le chapeau aux plumes noires. Sa fonction de
chef de la maison militaire (qu'il occupe depuis 1887) est illustrée
par le port des aiguillettes et les nombreuses décorations
etrangères qu'il arbore, sa position favorisant la rencontre des
chefs d'état et souverains étrangers, toujours prodigues
d'honneurs.
Brugère doit à son long passage à la
maison militaire du Président - il y est entré en 1879 sous
Jules Grevy - un stupéfiant accélérateur de sa carrière
puisqu'il y passe tous les grades entre celui de chef
d'escadron et celui de général de division. Cette rapidité fera
grincer bien des dents, mais cet artilleur y démontrera un habile
sens politique dans une période charnière de la IIIé
République où les républicains prennent le contrôle de l'Etat
et surmontent la crise boulangiste.
Il accèdera ensuite aux plus
hauts postes de la République : commandant de Corps d'armée,
Gouverneur militaire de Paris et enfin généralissime de l'armée
entre 1900 et son passage au cadre de réserve en 1906.
Encore vert en 1914, malgré ses 73 ans, il
demandera à servir aux armée et sera nommé commandant du groupe des
divisions territoriales qui combat au front en 1915.
Une carrière comme la sienne méritait sa
propre page... |
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Capitaine de vaisseau
Jaureguiberry
Depuis la Présidence de Jules Grévy, les
officiers de la maison militaire de la Présidence portent le plumet
tricolore (rouge en bas), pour les différencier des membres de
l'état major du Ministre de la guerre qui portent le plumet
blanc.
Horace Jauréguiberry représente la marine au
cabinet militaire. C'est le fils de l'amiral Jean Bernard
Jaureguiberry (illustré en 1870, puis ministre de la marine en
1879). Il est né en 1849.
Il est en grande tenue de capitaine de
vaisseau, avec les aiguillettes, commandeur du Nicham Iftikar (reçu
en raison de sa participation aux opérations navales en Tunisie),
Officier de la légion d'honneur, titulaire des palmes académique et
il porte la plaque de l'ordre du mérite militaire naval
d'Espagne.
Il sera nommé vice amiral en 1906 et sera le
commandant en chef de la marine française à la veille de la guerre
de 14.
Il est mort en 1919.
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Lieutenant Colonel Chamoin
Le lieutenant colonel Eugène Chamoin
représente l'infanterie. Il porte au collet les foudres d'état
major, puisqu'il ne sert pas dans un régiment (sinon ce serait le
numéro du corps qui serait porté).
Il est dans la tenue de 1884, dolman
bleu foncé et pantalon garance, sur lequel on distingue la double
bande d'argent, caractéristique des officiers attachés au
Président.
Officier de l'ancien corps d'état major, il a
servi en 1870 dans l'état major du Maréchal Canrobert et a suivi son
chef en captivité après la capitulation de Metz.
Il servira trois Président dans leurs
cabinets militaires (Sadi Carnot, Casimir-Perrier et Felix Faure),
avant d'être nommé colonel du 129e RI en 1895.
Il finit sa carrière comme général de
division, commandant la 1ere division d'infanterie de 1907 à
1910.
Lui aussi a sa propre page sur ce site. |
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Lieutenant Colonel Dalstein
Jean Baptiste Dalstein est lorrain (il est né
à Metz en 1845). Officier du génie, il n'est pas sorti de l'école
d'état major, ce qui explique qu'il ne porte pas les foudres au col,
mais les grenades, signe de son appartenance néanmoins à un état
major.
Officier complet, il exercera des
commandements techniques comme chef du génie ou gouverneur de place
forte, des postes dans la troupe (colonel du 6e régiment de génie)
et des fonctions d'état major ; il servira aussi aux colonies
(Algérie et Tonkin).
Officier Dreyfusard, ami du futur ministre de
la Guerre, le général Picquart, il finira une fort brillante
carrière comme commandant du 6e Corps d'armée (le corps d'élite de
l'armée française), puis Gouverneur militaire de Paris et membre du
Conseil supérieur de la guerre.
Grand Officier de la Légion d'Honneur, honoré
de la médaille militaire, il exercera aussi des commandements
territoriaux durant la guerre de 14. Lui aussi a sa propre page. |
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Chef
d'escadron Pistor
Alfred Frédéric Edourd Pistor est né le
5/4/1849 à Metz. C'est un artilleur, comme en témoigne son képi,
orné des canons croisés. Eleve de
Polytechnique en 1869, il s'est distingué tout jeune à la
bataille de Froeschwiller : "Un jeune
élève de première année à l'école Polytechnique, du nom de Pistor, a
mis à profit les loisirs de ses vacances en allant se battre en
amateur avec le corps d'armée. Au moment ou l'ennemi entre à
Elsasshausen, il se trouvait au milieu d'une batterie de
mitrailleuses établie près de ce village et entièrement désorganisée
par le feu de l'ennemi ; tous les canonniers ont été tués sur leurs
pièces ; la batterie va tomber au pouvoir de prussiens. Une pièce
veuve de ses servants a conservé son attelage. Le polytechnicien
s'élance, accroche la crosse de la mitrailleuse à l'avant train,
saute à cheval, et au milieu d'un grêle de balles qui sifflent à ses
oreilles, arrache la pièce des mains de l'ennemi et la ramène au
corps. Le brave jeune homme est décoré sur le champ de bataille ; il
va faire sa deuxième année à l'école en portant sur sa
poitrine l'insigne de la légion d'honneur (Francais et Allemands D
de Lonlay)". Après avoir été à
Sedan, il finit la guerre comme chef d'état major d'un corps de
troupe de francs tireurs. Chef
d'escadron depuis 1887, il a servi en Afrique du Nord,
puisqu'il est commandeur du Nicham Iftikar. Nommé général de division, il commandera la division
d'occupation de Tunisie de 1909, jusqu'à la veille de la guerre de
14, date de son passage au cadre de réserve. Il meurt en 1932. |
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Chef
d'escadron Courtes Lapeyrat
Saint Cyrien de la promotion d'Oajaca
(1864-1866), il commence sa carrière au 4e régiment de chasseurs
d'Afrique avec lequel il charge à Sedan en septembre
1870.
Sur cette photo, il figure en uniforme
d'officier supérieur du 6e régiment de hussards (on peut distinguer
le numéro du régiment sur son col) et en décembre, il sera
nommé lieutenant colonel au 8e Hussards.
Nommé colonel, il commandera le 29e régiment
de dragons jusqu'à sa mort en 1898.
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Lieutenant Luccioni
Antoine Grimald Luccioni est né le 22/6/1852
à Pianello en Corse.
Engagé au 1er régiment d'infanterie de marine
le 16/10/1872, il y est nommé sergent en 1874 et a servi en
Cochinchine entre 1875 et 1877
Il entre dans la gendarmerie en 1879,
d'abord à la légion de gendarmerie mobile oú il redevient sous
officier, puis en octobre 1885, il est nommé sous lieutenant à la
légion de gendarmerie de Seine Inférieure.
En novembre 1885, il rejoint la Garde
Républicaine. Nommé Lieutenant le 25/10/1887, il est affecté au
Palais de l'Elysée. Alors qu'il sert à la Présidence, il
reçoit les Palmes Académiques (1886), la croix de chevalier de
l'Ordre du Cambodge, la croix de chevalier de l'ordre d'Isabelle la
catholique, celle du dragon d'Annam et est nommé dans l'ordre du
Lion et du soleil de Perse. Il reçoit aussi la croix de la Légion
d'Honneur le 11/7/1891.
Il quitte le service de la Présidence en
septembre 1894 et rejoint la compagnie de gendarmerie des Bouches du
Rhone. Il finit sa carrière en 1905. Il est mort le
23/5/1912.
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Capitaine Noël
Edouard Louis Victor Noël ne fait pas
partie de la maison militaire : il ne porte ni les aiguillettes, ni
le plumet tricolore. C'est le commandant militaire du palais de
l'Elysée.
Il est né le 18/1/1852 à Toulouse.
Capitaine depuis 1885, il sera nommé chef
d'escadron en 1899 au 40e RA. |
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