L'escadron des eclaireurs Franchetti

-

 Historique 1870-1871

     

Le trombinoscope de l'escadron

Photographie Barenne (Paris)

La défense de Paris (Général Ducrot) :

M. Franchetti, ancien officier démissionnaire, autorisé, par arrête du ministre de 1'intérieur, en date du 25 août 1870, à organiser un corps de cavaliers volontaires, fit appel à des jeunes gens, pouvant s'équiper et se monter à leurs frais ; ces volontaires, intelligents, dévoués, ayant une grande pratique du cheval, possédaient toutes les qualités requises pour faire d'excellents éclaireurs.

Au commencement de septembre, l'escadron était complètement organisé. Déjà le 5 septembre, le commandant Franchetti était requis par le Gouvernement de la Défense nationale "d'envoyer ses cavaliers à l'Hôtel de Ville dégarni de troupes, et d'y laisser un piquet en permanence." .
Quelques jours après, à l'approche de l'ennemi, cet escadron fit les premières reconnaissances ; le 8 et le 9 septembre, il parcourut la presqu'île de Gennevilliers, la presqu'île de Houilles, la forêt de Saint-Germain... Le 16, il battit toute la plaine en avant de Maisons-Alfort, où il échangea les premiers coups de feu avec les éclaireurs prussiens. En effet, sur la rive droite de la Seine, dès le 15 septembre, quelques cavaliers prussiens s'étaient montrés dans la grande plaine en avant de Maisons-Alfort ; ils appartenaient à la 2e division de cavalerie, qui, s'avançant isolément, était chargée d'éclairer, à plusieurs jours d'intervalle, la marche de l'armée allemande du côté sud de Paris. Le 16 septembre, le commandant Franchetti, chef des volontaires à cheval de la Seine, exécutant une reconnaissance en avant de Créteil, s'engagea avec les avant-postes de cette cavalerie. Parti avec une soixantaine d'éclaireurs, cet officier s'était avancé jusqu'au carrefour Pompadour. Tout à coup son avant-garde se trouve en présence d'un peloton de hussards prussiens... Chargés à l'improviste, quelques-uns de nos cavaliers sont sabrés... Aussitôt, le commandant Franchetti se précipite à la tête de son escadron, dégage nos blessés et force les cavaliers ennemis à se replier sur Montmesly. Avant de rentrer dans Paris le commandant Franchetti informa de ce petit engagement le général d'Exea, dont la division était campée sur le plateau de Vincennes, entre Saint-Mandé et Charenton.

Incorporé le 17 septembre, dans le 14° corps, sous les ordres du général Ducrot, il fut, à dater de ce moment, journellement employé à faire des reconnaissances en avant de nos positions, dans la presqu'île de Gennevilliers, vers Rueil et au-delà du Mont-Valérien. Ces éclaireurs improvisés montrèrent toujours le plus grand zèle dans l'accomplissement de leur mission. Habilement dirigés par un chef hardi, entreprenant, ils renseignaient constamment le général en chef sur les mouvements de l'ennemi.

Les jours de combat, ces éclaireurs étaient répartis par groupes auprès des divers chefs de colonne ; leur intelligence, leur connaissance du terrain, les rendaient très-propres à porter rapidement les ordres.
Aux batailles de la Marne, ils formaient l'escorte spéciale du général Ducrot ; tous firent noblement leur devoir. C'est là que fut atteint mortellement leur chef, le brave, le chevaleresque Franchetti, au moment où il portait des cartouches aux tirailleurs les plus engagés devant Villiers.
Il avait su, par son courage, son patriotisme, gagner l'estime générale. Sa mort fut un véritable deuil public.

Un ordre du Gouverneur, en date du 6 décembre, reconnut provisoirement M. Benoît-Champy, capitaine commandant l'escadron, comme chef de corps ; quelques jours après, le commandement fut définitivement donné au chef d'escadron Faverot de Kerbrech, officier d'ordonnance du général Ducrot.
Sous la direction de ce nouveau chef, les éclaireurs continuèrent à rendre à la défense des services de premier ordre, toujours en avant, toujours en reconnaissance, ils poussèrent les pointes les plus hardies et se signalèrent en maintes circonstances, ce qui leur valut des citations particulières du général commandant en chef de la 2e armée.

Le 28 janvier 1871, par le fait même de la capitulation, ce corps fut dissous.


     

Léon Joseph Franchetti (tiré de l'ouvrage "les volontaires de 1870 - Edgar Rodrigues")

Engagé volontaire en 1855 au 1er régiment des chasseurs d'Afrique, Léon joseph Franchetti était sous-officier au début de la guerre d'Italie. Porte fanion du Maréchal Baraguey d'Hilliers, il fut blessé d'un coup de feu au bras gauche ; cité à l'ordre du jour et nommé Sous-lieutenant le 8/7/1859 après le combat de Marignan. Plus tard, il prend part à l'expédition de Syrie et le 11/5/1864 il donne sa démission pour se marier.

Une vie nouvelle s'offre pour lui, il devient père de famille et s'associe aux grandes affaires industrielles, quand soudain éclate la guerre. Fin aout Franchetti se rend au Louvre où il est très chaleureusement accueilli par le gouverneur de Paris et par MM. de Chabaud-Latour qui approuvent son idée de monter un corps de cavalerie. Le général Trochu lui dit : " Amenez-moi dans la cour du Louvre un peloton de volontaires monté et équipé, et je vous donnerai sur-le-champ un service d'honneur."
Le lendemain, 27 août 1870, grâce à notre publicité dans la presse, il y avait déjà dix inscriptions reçues. Les voici par ordre d'engagements : Joly de Marval, ancien sous-officier de chasseurs d'Afrique, marié ; G. Benoît-Champy, rentier, vice-président du Yachting-Club, marié ; Le Fez, ancien spahis ; Ed. Rodrigues, homme de lettres, marié; Phélipini, rentier, marié; J. Crémieux, négociant, marié ; Taconnet, ancien sous-officier ; Debost, attaché au ministère des finances, marié ; Simonne, négociant, marié; Le Teinturier, rentier, marié... A ces volontaires du premier jour, il faut joindre la liste des généreux donateurs qui répondirent avec tant d'empressement au premier appel : M. A. Lazard, un cheval et cinq cents francs.

Bref, le 30 août, l'escadron des Volontaires à cheval se réunit pour la première fois, à 9 heures du matin, derrière le Palais de l'Industrie.
Il y avait vingt cavaliers bien montés. Aux dix premiers engagés nommés plus haut s'étaient joints MM. Lacombe, ancien sous-officier de cuirassiers, marié; Pilté, maître de forges; d'Erseville, rentier; Susini, ancien sous-Officier du train ; Lasseron, ingénieur ; Pelerin, rentier, marié ; Hubert Debrousse, rentier; Schœf, rentier; de Kergariou, officier de mobiles ; Carries, etc., etc. Ces vingt cavaliers firent une petite manoeuvre sous les ordres de Franchetti et furent divisés en deux pelotons. Le casernement de l'avenue Marbeuf devenait insuffisant. On loua les écuries de John Hawes, avenue Montaigne, et l'organisation militaire du petit escadron marcha rapidement.

Après des prodiges d'activité, de sacrifices de toute sorte, Léon Franchetti put réunir, le 4 septembre, quarante-huit cavaliers montés, armés et à peu près en tenue militaire.

Franchetti est tué le 1/12/1870 lors de la bataille de Villiers. " Bientôt les munitions manquent à notre première ligne de tirailleurs embusqués dans un plis de terrain à petite distance des murs du parc de Villiers. Le général en chef envoie quelques éclaireurs de son escorte avec le commandant Franchetti pour prendre des cartouches dans les caissons près du village de Bry. Placées dans des sacs sur l'arçon de la selle, les cartouches sont rapidement distribuées par ces intrépides cavaliers aux tirailleurs les plus avancés. C'est en revenant d'accomplir cette mission que le brave Franchetti est atteint d'un eclat d'obus au moment où il entrait dans le chemin creux qui descend de Villiers vers Bry. (Ducrot - la défense de Paris). Il meurt quelques heures plus tard.

Photographie Barenne (Paris)


Tenue décrite par Raffet (Costumes militaires sous les deux sièges de Paris) :

Kepi de dragon à bande bleu foncé et passepoils idem. Pelisse noire à brandebourgs plats en rubans de laine noire et à trois rangs d'olives, se boutonnat sur la poitrine. Collet et poignets rouges. Ceinturon rouge.
Pantalon noir à bandes rouges basanné. Houseaux en cuir, manteau noir. Gants de peau de chien. Harnachement des chasseurs de la garde. Sabre de cavalerie légère, revolver et carabines Snyders.
Ce premier armement fut delivré du 2 au 4 septembre. En novembre le pantalon garance à bandes noires, les manteaux blancs et les carabines chassepot furent délivrées par le gouvernement.

Photo Reutlinger (Paris)

    


    

Cette tenue, proche de celle des chasseurs d'Afrique a aussi été porté par des hommes de l'escadron.

La mention manuscrite (non signée) qui figure au verso mérite d'être reproduite : "C'est assez mal fait, mais comme j'en avais beaucoup à donner, ils sont économiques. C'est en attendant mieux."

Photo Bellanger (Paris)

Retour