Jean-Pierre Edmond JURIEN DE LA GRAVIERE, né le 18/11/1812 à Brest
Photo Pierson (Paris) |
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Issu d'une famille maritime (son père est contre amiral), il entre au service en 1828..
Aspirant de 2eme (1830), il fait campagne sur la Dauphine, puis la Champenoise, sur les côtes occidentales d’Afrique, il obtenait de son commandant des notes élogieuses : "actif, instruit, sans cesse curieux d’acquérir de nouvelles connaissances".
Aspirant de 1ere classe (1832), il est affecté à la station du Levant sous les ordres du capitaine de vaisseau Lalande qui passe pour le meilleur manœuvrier de la flotte et pour un entraîneur d’hommes exceptionnel. Passé successivement sur la Résolue, la Calypso et l’Actéon, Jurien se fait apprécier de son chef qui le juge "instruit, rempli de la meilleure volonté, bonne éducation, bonne santé, ayant un goût particulier pour la marine, très bon sujet, zélé, actif".
Enseigne de vaisseau le 1/1/1833, Lalande le prend comme aide de camp sur la Ville-de-Marseille. En 1834, il le note : "paraît devoir être un de nos capitaines les plus distingués. C’est un sujet à pousser". Il bénéficia aussi des enseignements de Lalande qu’il va retrouver bientôt en escadre de la Méditerranée. Il reçoit en 1836 son premier commandement, celui du cotre le Furet affecté à la station des côtes d’Espagne.
Lieutenant de vaisseau. Le 10/04/1837, il embarque sur l’Iéna comme aide de camp de l’amiral Lalande. Il y voit à l’œuvre les premiers navires à vapeur. Nommé en 1839 commandant du brick la Comète, il rejoint devant Tenedos l'amiral Lalande et vit à ses côtés la crise diplomatique provoquée par les affaires d’Egypte. Il est ensuite chargé avec la Comète de travailler sur les côtes de Sardaigne avec le concours des ingénieurs hydrographes Darondeau et Laroche-Poncié pour la mise à jour des cartes marines. Il obtient en 1841 un témoignage de satisfaction.
Capitaine de Frégate le 31/07/1841, il est choisi,
en mars 1843, par le nouveau ministre l’amiral Roussin, comme aide de camp.
Affectation de courte durée puisqu’en juillet, il recoit le commandement du
Palinure, un brick de la station des côtes d’Espagne avec lequel il se
distingue en juin 1844 lors d’un incendie survenu à Barcelone et en octobre 1845
en sauvant l’équipage d’un navire marchand français naufragé. En 1846, l’amiral
Roussin le recommande chaudement à son successeur rue Royale pour un avancement
exceptionnel.
En janvier 1847, il reçoit le commandement de la corvette
la Bayonnaise pour une mission de trois ans dans les mers
d’Extrême-Orient. Il visite Hong-Kong, les Philippines, les Carolines, les
Mariannes, Batavia, assiste les baleiniers français qui travaillent dans ces
parages, porte secours aux Portugais de Macao lors du typhon qui ravage la ville
en septembre 1849 et recueille une masse considérable de renseignements
hydrographiques sur les mers de Chine. De cette longue et fructueuse campagne,
il rapporte deux témoignages officiels de satisfaction du ministre et un récit
qui paraîtra en 1873 en deux volumes sous le titre Voyage de la corvette
la Bayonnaise..
Capitaine de Vaisseau le 21/10/50, il est affecté au Dépôt des cartes et plans pour y mettre au net les travaux hydrographiques réalisés avec la Bayonnaise. En 1852, il recoit le commandement de la frégate l’Uranie, école des canonniers avec laquelle il expérimente de nouvelles méthodes de tirs à feux convergents. L’année suivante, il est demandé comme chef d’état-major par l’amiral Bruat, commandant l’escadre de l’Océan. Celui-ci justifie sa démarche dans une lettre à l’intéressé en expliquant qu’il a été, comme lui, élevé, "dans les principes de l’amiral Lalande qui les avait lui-même puisés à l’école de votre père. Nous continuerons cette bonne famille autant qu’il nous sera possible".
Contre amiral en 1853 à 43 ans. Pour la première
fois de sa carrière, il participe à des opérations de guerre lors de la campagne
de Crimée. Les services qu’il y rend lors du bombardement de Sébastopol le 17
octobre 1854, lors du débarquement de Kertch où il commande les troupes, lors de
la prise de Kinburn lui valent les éloges de son chef.
La guerre terminée,
il préside en 1856 la délégation envoyée à la revue navale passée en rade de
Spithead par la reine Victoria. L’année suivante, il recoit le commandement en
sous-ordre de l’escadre de Méditerranée avec pavillon sur l’Algésiras, ce
qui lui donne l ’occasion de participer aux opérations en Adriatique
pendant la guerre d’Italie sous les ordres de l’amiral Romain Desfossés. C’est à
lui qu’incombe l’organisation du blocus de Venise en juin 1859 mais l’armistice
de Villafranca, signé le 7 juillet, interrompt ces opérations de l’escadre qui
devait appareiller le 8 pour attaquer la ville. La paix revenue, Il reçoitt
des attributions administratives et est nommé membre du Conseil de
perfectionnement de l’Ecole polytechnique et, en avril 1861, du Conseil
d’amirauté et président de la commission des pêches et de la domanialité
maritime.
En octobre 1861 il recoit le commandement de la division navale du
golfe du Mexique.
Vice Amiral le 15/1/1862. Commandant interarmées
au Mexique, il dirige le débarquement des troupes à Vera-Cruz et signe, le 19
février, la convention de La Soledad qui aurait pu régler pacifiquement le
différend franco-mexicain mais Napoléon III refuse de la ratifier. Revenu au
Mexique en juillet 1862 sur la frégate cuirassée la Normandie, premier
bâtiment de ce type à traverser l’Atlantique, Jurien dirige la 22 novembre
l’attaque de Tampico et rentre en France en avril 1863. L’Empereur ne lui tient
pas rigueur de sa lucidité dans l’affaire mexicaine puisqu’en janvier 1864, il
le prend comme aide de camp, ce qui lui donne libre accès à la cour où il devint
un familier et souvent un confident de Napoléon III et d’Eugénie. En janvier
1866, il est élu membre de l’Académie des Sciences.
En 1868, Jurien de la
Gravière recoit le principal commandement de la flotte, le plus envié, celui de
l’escadre d’évolutions en Méditerranée avec pavillon sur le cuirassé
Magenta. Pendant deux ans, il va faire naviguer cette force sans arrêt,
étudiant à fond la nouvelle artillerie, l’organisation des diverses spécialités,
l’amélioration de l’habillement, de la nourriture, révisant enfin la tactique
des bâtiments de combat à vapeur. De cette expérience, il tire des
considérations sur la tactique navale qui seront publiées en appendice de sa
Marine d’aujourd’hui. En décembre 1870, il devait appareiller pour
une croisière au Levant mais il reste finalement sur les côtes de Provence pour
réprimer les troubles suscités à Nice par le parti séparatiste.
En mai 1871,
il est nommé directeur général du Dépôt des cartes et plans de la Marine et
président de nombreuses commissions et conseils : Observatoire de Paris,
conseil de perfectionnement de l’Ecole navale (1871), commission de révision de
la tactique navale (1872), commissions de réorganisation des troupes de marine
(1875), du corps de santé, de la défense des côtes. Son autorité s’étend aux
affaires internationales puisqu’en septembre 1873 il fiat partie de la
commission internationale chargée de régler les différents territoriaux
anglo-portugais au Mozambique. En avril 1884, il est nommé membre de la
Commission internationale chargée d’étudier les améliorations à apporter au
canal de Suez.
Maintenu en activité sans limite d’âge en novembre 1877,
Jurien accumule les honneurs : président de l’Académie des sciences en
1886, il entra à l’Académie française en 1888. Les dernières années de sa vie
sont consacrées à la rédaction d’ouvrages historiques avec une prédilection pour
les périodes anciennes.
L’amiral Jurien de la Gravière meurt à Paris le 5 mars 1892.