Edmond LEBOEUF, né le 5/12/1809 à Paris
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On ne retient trop souvent de Le Boeuf que sa phrase selon laquelle l'armée
était prête pour la guerre contre la Prusse et qu'il ne manquait pas un bouton
de guêtre. Certains, croyant faire de l'esprit, affirmèrent et affirment encore
que ce furent les guêtres qui manquèrent aux boutons. Le Boeuf mérite beaucoup
mieux que le jugement sévère de son ministère.
Il naît à Paris
en 1809 et des maréchaux de Napoléon III, seuls Bosquet et
Bazaine naîtront après lui. Son père est directeur de la
comptabilité à la grande chancellerie de la Légion d'honneur et cela explique
peut-être son penchant pour la carrière militaire.
En 1828, Le Boeuf entre à Polytechnique et lors des Trois
Glorieuses, il est du nombre des élèves qui se mèlent activement à
l'insurrection. Quelques jours plus tard, le 6 août 1830, il entre comme élève
sous-lieutenant à l'Ecole d'application de l'artillerie de Metz. Brillant esprit
il est premier de sa promotion et nommé lieutenant en second le 6 août 1832. De
1833 à 1837, il sert au 1er régiment d'artillerie et est détaché pour être
employé à l'état-major de l'artillerie du corps expéditionnaire sur
Constantine.
Lieutenant au 1er RA en 1833, puis capitaine en 1837. Détaché à l'EM d'artillerie du corps
expéditionnaire de Constantine en 1837 (chev LH). En 1838 il est officier
d'ordonnance du Maréchal Vallée à Alger. Blessé devant Djidjelly le 14/5/1839.
Off LH 1840. En 1841, il commande une batterie du 2em RA.
Chef d'escadron en 1846 au 6em RA. En 1848, il est commandant en second de l'école Poltechnique.
lieutenant colonel en 1850au 8em RA.
Colonel du 14 RA en 1852. Commande l'artillerie de l'armée d'Orient en 1854, puis le 14em RA à cheval.
Général de brigade en 1854, chef d'EM de l'artillerie de l'armée d'Orient, puis en 1855 celle du 2em CA. Comm LH 1855. En 1856 il commande l'artillerie de la Garde Impériale, dont il est inspecteur du train des équipages et est attaché à l'ambassade extraordinaire de Morny en Russie, pour le couronnement d'Alexandre II.
Général de division en 1857. Membre du comité de
l'artillerie. En 1859 il commande l'artillerie de l'armée des Alpes et se
distingue à Magenta (GO LH). A Magenta, Le Boeuf joue un rôle capital dans le
cours des évènements et Regnaud de Saint-Jean
d'Angély lui rend hommage dans son rapport : "Bien que le général Le
Boeuf ne soit pas sous mon commandement, je manquerais à un devoir si je ne
signalais pas l'énergique assistance que cet officier général m'a prêtée en
dirigeant le feu de mon artillerie pendant le plus chaud de l'action. Son zèle
seul l'amenait au milieu de nous : c'est un officier qu'on est sûr de rencontrer
partout où se présente le danger."
Aide de camp de l'Empereur en 1859, il
exerce divers inspections générales jusqu'en 1868, date à laquelle il commande
le Camp de Chalons, puis le 6em CA (Toulouse). GC LH 1866, Med Mil 1867. Le 21
août 1869, il est nommé ministre de la Guerre. C'est Niel, malade et prévoyant
sa disparition, qui a recommandé Le Boeuf comme le plus capable pour le
remplacer aux fonctions de ministre de la Guerre. Il ne peut se douter alors que
douze mois plus tard, presque jour pour jour, il sera contraint de se démettre
de ses fonctions et entraîné dans le cataclysme de la chute du second Empire.
Que n'a-t-on pas reproché à Le Boeuf ?! Pourtant avec un peu d'objectivité, il
apparaît évident qu'en à peine un an au ministère, il pouvait difficilement
faire mieux que Niel et surtout Randon, qui avaient ministre de la Guerre bien
plus longtemps que lui, sans parvenir à avoir gain de cause pour le renforcement
de l'armée.
Marechal de France et sénateur le 24 mars 1870,
après la déclaration de guerre à la Prusse Le Boeuf est nommé major général de
l'armée du Rhin, le 20 juillet. Suite aux premières défaites de Mac Mahon et de
Frossard, le ministère Ollivier et renversé le 9 août, entraînant Le Boeuf dans
sa chute. Le 12 août, l'Empereur remet le commandement de l'armée du Rhin à
Bazaine et nomme Jarras nouveau major général de l'armée. Le Boeuf reçoit le
commandement du 3ème corps de l'armée. A sa tête, il se fait remarquer par sa
bravoure lors des batailles de Rezonville, le 16 août, et de Saint-Privat, le 18
août 1870. Il se distingue encore à Noisseville, le 31 août. Lors du conseil de
guerre du 24 octobre 1870, Le Boeuf est d'avis de tenter une sortie désespérée,
qu'il appelle une héroïque folie. Les propres termes du maréchal démontrent bien
qu'une tentative de percée décidée par Bazaine aurait provoqué une hécatombe
inutile.
Prisonnier de guerre le 28 octobre, Le Boeuf retrouve l'Empereur à
Cassel, puis est détenu à Bonn. Libéré en mars 1871, il se réfugie à La Haye et
rentre en France au courant de l'été suivant.
Resté profondément attaché à
Napoléon III, il assiste à ses funérailles, le 15 janvier 1873, à Chislehurst.
Secoué de sanglots, il couvre de larmes le cercueil de son ancien souverain. Il
vivra dignement dans une retraite forcée à son château du Moncel et mourra
inconsolé en 1888.
C'était un coeur de lion animé d'une bonté touchante,
d'une bienveillance, d'une générosité qui le faisaient vénérer de tous ceux qui
l'approchaient. Loyal et brave comme son épée, il était l'un des plus beaux, des
plus brillants officiers de l'armée française. Selon Canrobert, il était d'une grande valeur intellectuelle et
morale.