Michel Aloys Ney d'Elchingen, né le 3/5/1835 à Paris
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Michel Aloys est l'aîné de Michel Louis Félix Ney, second fils du maréchal du premier empire. Engagé le 4/8/1852 au 7è régiment de dragons, régiment longtemps commandé par son père, il y est nommé sous officier un an plus tard. Le régiment ayant été désigné pour participer à la guerre d'Orient, Michel Ney embarque à Marseille en juin 1854 sur un petit voilier de commerce et rejoint Gallipolli une vingtaine de jours plus tard. Le régiment doit subir les attaques du cholera et Michel Ney a la douleur de voir son père mourir de cette maladie le 14/7/1854, alors qu'il commandait la brigade de cavalerie.
Promu Sous Lieutenant le 19/12/1854, il passe au 7e régiment de chasseurs et revient en France sans avoir débarqué en Crimée. Le 29/8/1855, il permute pour rejoindre le 1er régiment de chasseurs d'Afrique en Algérie.
Engagé lors de la campagne d'Italie, il est promu Lieutenant le 11/8/1859, quelques jours avant la fin des hostilités. Il retourne alors en Algérie. De septembre 1860 à juin 1861, il fait campagne en Syrie, puis part pour le Mexique en janvier 1862, où il est attaché au général de Lorencez comme officier d'ordonnance lors de la première partie de la campagne qui aboutit à l'echec de la prise de Puebla. Il est fait chevalier de la Légion d'Honneur en juillet 1862.
Promu Capitaine le 13/8/1863. Il est ici photographié au Mexique, arborant le dolman des chasseurs d'Afrique. Le 29/1/1864 il est cité pour sa participation lors de la prise de vive force de la place de Téocaltiche.
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Ney reçoit le commandement de la contre guerilla des terres chaudes le 9/3/1865, position qu'il occupe jusqu'au 22/12/1865 et durant laquelle il est promu Chef d'escadrons (le 13/8/1865). Il est cité à l'ordre général du corps expéditionnaire pour son "entrain" dans la poursuite dirigée contre le général juariste Negrete le 8 Juin 1865 (au combat du rancho Hierba Buena). A la fin de son commandement, il est nommé au 6e régiment de Hussards. Revenu du Mexique en mars 1866, il est nommé officier d'ordonnance de l'Empereur, jusqu'en janvier 1868.
Ney est promu Lieutenant colonel du 7e régiment de dragons, le régiment de ses débuts, le 22/12/1868. Lors de la guerre de 70, il en commande les deux escadrons détachés auprès de la 1ere division d'infanterie du 2em corps d'armée. Il a d'abord deux chevaux tués sous lui lors de la bataille de Spicheren, puis est blessé à Rezonville le 16/8/1870. Lors de la bataille, le régiment charge les débris de la brigade Bredow et dans l'engagement, Ney reçoit trois coups de sabre à la tête et deux au bras.
Nommé Colonel le 24/8/1870, il prend le commandement du 3e régiment de dragons avant de faire partie des officiers capturés à la capitulation de Metz. Après la guerre, il reçoit le commandement du 20e régiment de dragons, puis du 6è chasseurs à cheval en 1872. Il est fait officier de la Légion d'Honneur le 21/4/1874.
Promu Général de brigade en novembre 1875, il commande la 3è brigade de cuirassiers en 1877, puis la 3è brigade de chasseurs à cheval en 1879. Il se suicide à Fontenay aux Roses, le 23 Février 1881, la légende prétendant que ce suicide lui permettait d'echapper à l'accusation de bigamie, ayant épousé au Mexique, une riche héritière, puis s'étant une nouvelle fois marié en France.
Le SHD conserve la copie du rapport de police lors de la découverte du corps du général Ney.
Rapport de police sur le suicide du général NeyParis, le 23 février 1881.
Conformément aux instructions de Monsieur le député, préfet de police, j'ai procédé depuis hier à d'actives investigations, à l'effet de connaître le sort de Monsieur le Général Ney duc d'Elchingen, âgé de 46 ans, commandant la 3e brigade de Cuirassiers, marié et père de 6 enfants, disparu d'une façon mystérieuse de son domicile, 30 rue de Monceau.
Au cours de mes recherches, j'ai été informé que le général avait loué depuis un mois une propriété sise à Fontenay-Aux-Roses pour s'y livrer à des exercices de tir. Accompagné de Monsieur Duvivier, Aide-de-camp du général Ney et assisté de Monsieur Colliaux, inspecteur principal de mon service, de Monsieur Martini, mon secrétaire, et de l'inspecteur de police Rossignol, je me suis transporté aujourd'hui à 08h00 du soir dans ladite localité. Monsieur Duvivier, qui connaît la propriété en question, nous conduit route de Bagneux 17 où nous trouvons une habitation précédée et entourée sur 3 faces d'un jardin inculte, clos d'un mur. À l'aide de double clés, dont Monsieur Duvivier est porteur, nous pénétrons dans la propriété et à la lueur de bougie, nous constatons que sur le côté droit de la maison se trouve un tir construit en planches et nouvellement agencé.
Nous remarquons que ladite maison élevée de 2 étages, est adossée à gauche à un immeuble qui paraît habité. Pénétrant ensuite à l'intérieur, nous visitons successivement chaque pièce, du rez-de-chaussée au comble et nous n'y trouvons ni meuble, ni autres objets.
Nous remarquons cependant sur la cheminée de la première pièce du rez-de-chaussée à droite, des papiers insignifiants et des cartouches de revolver dont plusieurs avaient été déjà tirées. Dans l'âtre de la même cheminée, nous apercevons une petite quantité de cendres de papiers brûlés. Examen fait de ces cendres, elles paraissent provenir d'un imprimé. Enfin nous nous disposons à visiter, la cave dont l'escalier prend naissance au pied de celui qui monte aux étages supérieurs et en face de la porte du vestibule.
La porte servant à masquer l'escalier de la cave s'ouvre en dehors. Elle est simplement poussée contre le montant. En nous engageant dans l'escalier composé de 11 marches en bois, très rapide et en assez mauvais état, nous remarquons sur les parois du mur, à la hauteur du coude formé par la voûte, des traces de sang d'une matière blanchâtre qui paraît être de la cervelle.
Au pied de l'escalier, dans la cave, nous apercevons le cadavre d'un homme couché sur le dos, la figure et la poitrine ensanglantées. Monsieur Duvivier reconnaît en lui le corps du général Ney. Avant de toucher au cadavre, nous examinons minutieusement la cave et nous n'y apercevons aucune trace de lutte ou de désordre. Une chaise en paille se trouve à 2 pas du corps. Cette chaise, dit Monsieur Duvivier, était précédemment dans la pièce où nous avons trouvé les cartouches. Le chapeau et le parapluie du général se trouvent près du cadavre à côté duquel, le long du mur, nous remarquons un fort revolver d'ordonnance militaire. Examinant cette arme, nous constatons que 2 coups ont été tirés et que 4 sont encore chargés.
Ainsi qu'il a déjà été dit, le cadavre est couché sur le dos, la tête appuyée contre le mur à gauche, le bras gauche à moitié replié en dedans et le bras droit allongé le long du corps. La jambe gauche appuyée à la hauteur du genou contre la dernière marche de l'escalier est repliée ensuite en dedans et la droite presque allongée. La mort a dû être occasionnée par 2 coups de feu, dont l'un tiré dans la bouche et l'autre dans les régions de la poitrine. Toutefois, nous ne voyons point la blessure qu'a pu faire ce dernier coup À cause des vêtements ?
La rigidité cadavérique ne s'est pas encore complètement produite, ce qui dénoterait que la mort ne remonte pas au-delà de 24h. Nous remarquons que le général a encore 4 bagues avec brillant aux doigts et sa montre dans son gousset. Dans une poche de son gilet, nous trouvons 250 francs en pièces d'or et dans son portefeuille placé dans la poche intérieure droite de son paletot, nous trouvons également diverses cartes et papiers personnels, plus 14 billets de la banque de France de 100 francs.
Nous remettons chaque chose à sa place en attendant les constatations officielles, vu l'impossibilité où nous nous trouvons d'y procéder sur-le-champ en raison de l'heure avancée. Monsieur Duvivier nous fait observer que quelques jours auparavant, il y avait dans la maison une boîte de pistolets de tir que le général y avait fait apporter. Nous cherchons partout ces pistolets et nous ne les trouvons pas. Le revolver ayant servi à donner la mort est reconnu par Monsieur Duvivier comme étant le sien, il l'avait laissé dans la propriété sur la demande du général qui venait souvent là pour s'exercer au tir. En remontant de la cave, nous trouvons au pied de l'escalier conduisant aux étages supérieurs, les 2 clés de la propriété, c'est-à-dire celle de la porte servant à entrer dans le jardin et celle de la maison. À notre arrivée, ces 2 portes étaient fermées à double tour et aucune fenêtre de l'habitation n'était ouverte, d'où il résulte que le général s'était enfermé dans la maison. Toute constatation faite, il est évident pour nous que le général Ney du d'Elchingen a attenté volontairement à sa vie. En attendant le jour pour les constatations légales, nous laissons sur les lieux l'inspecteur principal Colliaux et l'inspecteur Rossignol pour veiller à ce que rien ne soit dérangé.
Signé, le commissaire de police, chef du service de sûreté.
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