ORNANO Né le 17 janvier 1784 à Ajaccio et décédé le 13 octobre 1863 à Paris
Photo Richebourg (Paris) |
Le maréchal comte Ornano est né .
Sa mère était une Bonaparte et les liens du sang qui l'unissent aux deux
empereurs lui ont valu de nombreux honneurs qu'il a toutefois mérités par ses
qualités naturelles.
Directement nommé officier en 1799, il sert en Italie
puis à Saint-Domingue où il est aide de camp du général Leclerc. A 20 ans, il
est aide de camp de Berthier, alors ministre de la Guerre, et confirmé
capitaine. Chef de bataillon en 1805, il commande le 3ème bataillon des
chasseurs corses et se distingue à Ulm puis Austerlitz où il prend plusieurs
pièces de canon. Il déploie sa bravoure à Iéna, le 14 octobre 1806, puis
s'illustre à la prise de Lübeck, le 6 novembre 1806, ce qui lui vaut le grade de
colonel le 18 janvier 1807.
Comte de l'Empire le 22 novembre 1808, il
continue à s'illustrer en Espagne et au Portugal. Le 16 juin 1811, il est nommé
général de brigade : il a 27 ans !
L'année suivante il participe à la
campagne de Russie et charge à la tête de la cavalerie du 4ème corps à la
Moskowa, le 7 septembre 1812, repoussant 10 000 cosaques de Platow et
contribuant grandement au gain de la bataille. Le lendemain même il est nommé
général de division.
Le 18 novembre 1812, pendant la retraite, son escorte
est entourée par une nuée de cosaques, à Krasnoïe. Aussitôt débutent de
farouches combats au corps à corps. Sommé de se rendre, Ornano ouvre de vive
force un passage à l'infanterie en chargeant à la tête de quelques cavaliers
encore montés et rescapés du désastre de Vop. Ils enfoncent la première ligne
ennemie, mais avant d'atteindre la seconde une pluie de fer et de plomb s'abat
sur eux. Un boulet jette Ornano par dessus son cheval, face contre terre. On le
croit mort et le combat se poursuivant, le prince Eugène ordonne au commandant
Tascher de l'ensevelir provisoirement dans une épaisse couche de neige. Le
lendemain, le capitaine Delaberge, aide de camp du général, fait déblayer la
neige pour l'enterrer dignement. Quel choc quand il constate que son chef est
encore en vie ! Les médecins, dont Larrey, le font placer sur une charrette
mais bientôt un défilé empêche la progression de l'attelage. Deux sous-officiers
transportent alors Ornano sur leurs épaules. Cheminant avec de la neige jusqu'au
ventre, luttant contre des bourrasques, ils arrivent épuisés au bivouac de
l'Empereur.
Napoléon est très affecté lorsqu'on lui apprend la perte de son
parent, qui est de surcroît l'un des meilleurs généraux de cavalerie du moment.
Eugène lui annonce l'incroyable nouvelle. Mais pour sauver Ornano il faut une
voiture : il n'y a que celle de l'Empereur. Il n'hésite pas un instant et
fait placer son cousin dans le landau impérial. On sauve ainsi Ornano et c'est
pourquoi Napoléon fait une partie de la retraite à pied, un bâton à la main.
Après Vilna, Ornano est rapatrié en poste jusqu'à Paris. Durant sa
convalescence, il est présenté à Marie-Louise qui fait remarquer que c'est un
bien jeune général. "C'est vrai, répond Napoléon, mais c'est déjà
un vieux soldat."
Après trois mois de repos il sert en Saxe comme
colonel des dragons de la Garde impériale, appelés "dragons de l'Impératrice".
En avril 1813, il est promu grand-croix de l'Ordre de la Réunion. Il commande
provisoirement la cavalerie de la Garde impériale après la mort du maréchal
Bessières (du 2 mai au 27 juillet 1813) et combat à Bautzen, Wurschen, Dresde,
Kulm, Leipzig et Hanau. Le 24 janvier 1814, il prend le commandement de toutes
les troupes de la Garde restées à Paris (infanterie, cavalerie et artillerie).
Le 30 mars, il participe à la défense de Paris à la barrière de Pantin et après
la capitulation de la ville il rejoint Napoléon à Fontainebleau. Le 5 avril, il
reçoit le commandement des 1ère et 2ème divisions de cavalerie de la Garde. Le
20 avril, l'Empereur quittant Fontainebleau, c'est à Ornano que l'on confie le
commandement de l'escorte.
Le 19 novembre 1814, il accepte sans enthousiasme
le commandement du corps royal des dragons de France.
Au retour de Napoléon
il se précipite aux Tuileries et l'Empereur lui confie le commandement des
dragons de la Garde impériale. Hélas un malentendu prive Ornano de ce
commandement. Le général Bonet, commandant la division militaire de Tours,
croyant à tort été desservi par Ornano auprès de l'Empereur, le provoque en
duel. Bonet reçoit une balle à la cuisse et Ornano une balle en pleine poitrine.
On le croit mortellement blessé, mais Boyer, chirurgien de Napoléon, parvient à
le sauver. Une longue et pénible convalescence empêche Ornano de servir en
1815.
Le 20 novembre 1815, Ornano est arrêté parce qu'il s'est rallié à
Napoléon durant les Cent-Jours. On lui reproche aussi d'avoir pris la défense de
Ney et de s'être exclamé : "Si j'avais cent hommes sûrs, j'irais
délivrer le maréchal dans sa prison." Après un mois de captivité, Ornano
est libéré. Il se réfugie en Angleterre puis en Belgique, où il épouse Marie
Laczynska le 7 septembre 1816. Il est très affecté par le décès de son épouse,
morte après la naissance de leur fils Rodolphe.
Ce n'est qu'en 1828 qu'Ornano
reprend du service : il est nommé inspecteur général dans les 2e et 3e
divisions militaires. En 1829, il est président du jury d'admission à l'Ecole
militaire de Saint-Cyr et en 1830 prend le commandement de la 4e division
militaire à Tours. En 1832, il prend part à la répression de l'insurrection de
Vendée et est nommé pair de France. Appelé à prendre le commandement de la 14e
division militaire en 1848, il ne prend pas possession de ce poste pour raison
de santé et est placé en disponibilité puis mis à la retraite.
Député
d'Indre-et-Loire le 7 janvier 1849, il adhère au coup d'Etat et dès lors les
honneurs affluent : membre de la commission consultative, Ornano est nommé
grand-croix de la Légion d'honneur et sénateur. A la mort d'Exelmans, il le
remplace au poste de grand chancelier de la Légion d'honneur puis est nommé
gouverneur de l'Hôtel des Invalides le 24 mars 1853. Enfin, le 2 avril 1861,
jour de la translation des cendres de Napoléon Ier de la chapelle Saint-Jérôme
au tombeau définitif, sous le dôme des Invalides, il est élevé à la dignité de
maréchal de France. Dix-huit mois plus tard il s'éteint à Paris.