Sébastien Marie René TERRILLON, né le 14/10/1846
Photo Mazillier (Dijon) |
ESM 1864-1866.
Sous lieutenant le 1/10/1866 au 52e RI.
Lieutenant le 9/08/70 au 57e RI.
Capitaine le 6/02/1874 au 1e zouaves, puis en
1880, capitaine adjudant major. Il participe à la première expédition de Tunisie
(chev LH).
Chef d'escadron le 20/01/85,
il est major au 1er régiment étranger. Off LH. En 1888 il est passé
dans l'infanterie de marine (au 1er régiment colonial à Cherbourg).
Il est ensuite envoyé au Dahomey. Sur la demande de Bayol, le gouvernement envoya au Dahomey (février 1890), deux compagnies de tirailleurs sénégalais de 120 hommes chacune avec 4 pièces de quatre et 60 tirailleurs gabonais commandés par le commandant Terrillon; ces troupes venaient renforcer les 150 hommes du poste de Porto-Novo. Débarquées le 20 février à Cotonou elles s'emparent de la ville, brûlent le village dahoméen et déclarent Cotonou possession française. Le 23 février, l'armée dahoméenne est repoussée; mais le 1er mars, une reconnaissance tentée jusqu'à Zobbo est obligée de rentrer en hâte dans Cotonou devant une attaque des Dahoméens, les Amazones en tête. 12 hommes avaient été tués et 21 blessés sur les 320 hommes que comptait l'expédition. Le 25 mars, une sortie sur Godomé réussit. Mais on avait négligé de protéger les commerçants français de Ouidah qui avaient été capturés, enchaînés et dirigés sur l'intérieur par les Dahoméens; en même temps, l'opinion publique s'alarmait, exagérait les forces de l'armée dahoméenne (qui comptait en tout 8000 hommes dont un quart armé de fusils).
Nommé Lieutenant
colonel, Terrillon reçoit de nouveaux renforts arrivent et les Français
comptent en tout huit cent quatre-vingt-quinze hommes. Le 18 avril Terrillon à
bord de l'Emeraude se rend avec trois cent soixante-quinze hommes à
Porto-Novo qu'il met en état de défense, puis il atteint les troupes dahoméennes
à Atioupa, et livre le plus important et le dernier combat de cette campagne. Un
massacre : quinze cents Dahoméens sont tués ou blessés et les Français n'ont que
huit hommes tués et cinquante-trois blessés.
Le Livre d'or de
l'infanterie de marine relate ce terrible combat : "A 7h1/2 du matin,
en arrivant au village d'Atchoupa, les eclaireurs indigènes du roi Toffa se
heurtent aux masses dahoméennes et sont reçus par une vive fusillade. Ils
s'enfuient en laissant huit cadavres et une vingtaine de blessés sur le terrain.
Une partie d'entre eux vient se réfugier derrière la 10e compagnie qui
heureusement s'est déployée de suite. Les autres disparaissent dans toutes les
directions. La 1er compagnie reçoit le premeir choc de l'ennemi poursuivant les
guerries de Toffa. Elle les arrête net à 200 metres par des feux de salve ; il
fallait tout de même toute l'energie des officiers pour empêcher les hommes de
s'élancer à la baïonnette. De ce côté donc le combat commençait avec une grande
violence. A gauche, quelques ennemis se glissant dans les broussailles, viennent
tirer presque à bout portant sur les troupes en manoeuvre ; les chevaux du
lieutenant colonel et du lieutenant Ross sont blessés par plusieurs projectiles.
Mais 4 ou 5 boîtes à mitraille, jointes aux feux des disciplinaires, nettoient
le terrain en quelques minutes. Pendant ce temps le carré se formait et appuyait
à droite pour avoir un meilleur champ de tir. De 7 heure 1/2 à 9h, les Dahoméens
renouvellent leurs assauts contre les trois premières faces du carré ; nos
braves troupiers, manoeuvrant comme sur le terrain d'exercice, les attendent
l'arme au pied et losqu'ils arrivent entre 150 et 300 metres, les écrasent pas
des feux de salve bien ajustés. L'artillerie de son côté ne fait pas plus
mauvaise besogne en tirant à mitraille et à obus sur les masses nombreuses
qui essaient à plusieurs reprises d'exécuter un mouvement tournant par la
droite. Cependant, on a beau tuer, c'est à croire que l'enfer vomit de ces
nuées de diables noirs grimaçant avec férocité ; les cadavres s'amoncellent
sur les cadavres ; qu'importe, les eclaircies des rangs sont comblées aussitôt.
De notre côté, toujours le même calme, les officiers se promènent devant le
front de leur troupe, attendant le moment favorable pour faire exécuter des
salves.Malgré ces précautions, les cartouches s'épuisent, les blessés sont assez
nombreux et la chaleur devient très forte ; de plus on est à 7km de Porto
Novo ; les efforts de l'ennemi tentent de nous couper de notre ligne de
retraite. Devant ces considérations et en présence de l'acharnement des troupes
de Béhanzin, qui avaient promis à leur roi de lui rapporter en trophé les têtes
de nos soldats, il fallait penser à rompre le combat. [...] Alors commence pour
cette poignée d'hommes assaillis de tous côtés par des forces cent fois
supérieures en nombre, une marche lente et fière. A un moment donné, 2000
amazones entrent en ligne avec une furie incroyable et viennent se faire tuer
sur la pointe des baïonnettes de nos tirailleurs. Quand l'ennemi est trop
pressant, le clairon sonne la halte, le carré s'arrête, foudroie l'assaillant et
la marche est ensuite reprise à la sonnerie de "en avant!". Cependant on
s'approchait du marché d'Adjagan, point dangereux, resseré entre les
broussailles épineuses, qui pouvaient être occupé par un corps ennemi chargé de
faire diversion sur Porto Novo. Il était nécessaire de se débarrasser des bandes
qui nous harcelaient derrière pour pouvoir agir ensuite en avant. A cet effet,
avant d'aborder la position, le carré s'arrête, les pièces sont remises en
batterie et pendant 1/4 d'heures, la mitraille et les balles pleuvent sur les
masses ennemies. Cette action vigoureuse arrête net les dernières attaques sur
les faces du carré ; la marche est reprise et la colonne ne rencontre plus
devant elle que quelques eclaireurs qui sont facilement mis en fuite et vont
jeter l'alarme au corps détaché. Cela suffit pour les décider à le retraite.
Ainsi 8000 soldats ou amazones n'avaient pu, malgré leur tenacité, entamer nos
300 hommes, grâce à leur indomptable énergie, à leur discipline et aux
dispositions judicieuces prises la le commandant. [...] Dans cette affaire notre
petite troupe avait brûlé 25.000 cartouches, 120 boîtes à mitraille et 20 obus à
balles. Les feux de salve et les boîtes à mitraille avaient quelquefois produit
des effets terrifiants ; deux jours après l'action, les Dahonéen renoncaient à
enterrer leurs morts, tant ils étaient nombreux."
Les Dahoméens se
mettent en retraite, mais la saison des pluies arrive, les troupes sont
malades des fièvres, et pendant mai, juin, juillet les hostilités ne peuvent
reprendre (l'amiral de Cuverville était arrivé en mai et le lieutenant-colonel
Klippfel avait remplacé TerrilIon). Le 5 août, des renforts français arrivent à
Porto-Novo par Lagos (la passe de Cotonou étant obstruée) et Klippfel propose de
remonter le Whemi, d'établir un fort à Faniré et de marcher sur Abomey. Ces
projets seront arrêtés par les négociations.
Pour plus d'information sur cette campagne, consultez http://www.geocities.com/cdferree/history/camp1890.htm
Colonel le 1/04/1892. Il commande le 4e régiment colonial, puis revient dans l'infanterie metroploitaine et est nommé colonel au 1e zouaves (mai 1895-juillet 1896).
Général de brigade le 10/07/1896. Il est gouverneur de Dijon (96-98), puis commande la 51e brigade d'infanterie (1899-1900) avant de retourner en Afrique comme commandant de la deuxième brigade de Tunisie (1901-1904) et la ville de Sousse.
Il est retraité en décembre 1905, comme commandeur de la légion d'honneur.
Décédé en 1917