VAILLANT Né le 6 décembre 1790 à Dijon, décédé le 4 juin 1872 à Paris
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Photo Mayer et Pierson (Paris) |
Elève de polytechnique puis de l'Ecole d'application de Metz, le futur
maréchal Vaillant est nommé lieutenant du génie le 5 avril 1811 et envoyé au
bataillon des sapeurs de Dantzig. Il rencontre personnellement l'Empereur en
1812 à Marienwerder, puis à diverses reprises. A ce sujet il a écrit : " ...
L'Empereur déjeuna chez moi, sur ma table de travail, (du pain et du lait) :
puis nous fîmes à pied le tour de l'immense tête de pont couvrant le pont... Je
ne revis l'Empereur qu'à Paris au mois de mars 1813, puis ensuite à Dresde... Au
commencement d'août 1813, je recevais de Sa Majesté la croix de la Légion
d'honneur à 22 ans ! ... Pris par les Russes à la bataille de Culm en Bohème,
après une lutte au corps à corps contre deux cavaliers ennemis, je ne rentrai en
France qu'au mois de juin 1814... A Waterloo, d'affreuse mémoire, je suis resté
depuis midi jusqu'à la nuit avec l'état-major de l'Empereur, à quelques mètres
de lui... J'étais non loin de l'Empereur lorsqu'il marcha avec quelques
bataillons de sa Garde, seule réserve qu'il eût sous sa main, pour tenter un
effort désespéré, ou plutôt pour se faire tuer l'épée à la main..."
A la
Restauration il est employé à des travaux sur l'art militaire et en 1826 il est
nommé chef de bataillon. C'est en cette qualité qu'il participe à la campagne
d'Alger en 1830. A cette occasion il est pour la 4e fois aide de camp du général
Haxo. Blessé, il rentre en France avec le grade de lieutenant-colonel. Il
participe au siège d'Anvers en 1832, commande le 2e régiment du génie, est
directeur des fortifications à Alger en 1837 et promu maréchal de camp en 1838.
L'année suivante il est pourvu du commandement de l'Ecole polytechnique. En
1840, il dirige les travaux des fortifications de la rive droite de Paris. Le 23
mars 1843, il épouse la veuve du général Haxo, décédé en 1838. Elevé au grade de
lieutenant-général en 1845, il est appelé en 1849 au commandement de l'arme du
génie dans le corps expéditionnaire d'Italie. Vaillant a déjà toute la confiance
du prince président puisqu'à cette occasion il reçoit une lettre de service
l'autorisant à remplacer le général Victor Oudinot, 2e duc de Reggio, qui
commande l'expédition, s'il le juge nécessaire. Cette circonstance ne s'est pas
produite ou Vaillant n'a pas voulu la provoquer.
En 1851, il est nommé comte
romain héréditaire pour le rôle important qu'il a joué à Rome et maréchal de
France. En 1852, il entre au Sénat et devient grand maréchal
du Palais.
Membre de l'Académie des sciences en 1853, Vaillant est
l'année suivante président de la commission instituée pour recueillir,
coordonner et publier la correspondance de Napoléon Ier.
Plusieurs fois
ministre, il a l'occasion de démontrer ses compétences ou son bon sens. Au poste
de ministre de la Guerre pendant la campagne d'Orient, il joue le rôle de tampon
entre l'Empereur et Pélissier et évite à ce dernier
d'être destitué ce qui permet la prise de Sébastopol. Ministre des Beaux-Arts,
Vaillant préside à l'achèvement des ailes du Louvre, à la construction du
théatre de Fontainebleau et à l'aménagement des bois de Boulogne et de
Vincennes, compris dans la liste civile depuis le 2 décembre 1852. C'est sous
son administration qu'est promulguée la liberté des théâtres, décrétée par
l'Empereur sur le rapport du maréchal le 6 janvier 1864.
Lors du remaniement
ministériel du 3 janvier 1870, Vaillant perd son portefeuille de ministre des
Beaux-Arts au profit d'un ami d'Emile Ollivier, qui refuse par ailleurs que le
maréchal siège au conseil bien que demeurant ministre de la Maison de l'Empereur.
Membre du comité de défense des
fortifications de Paris en 1870, le maréchal n'a plus aucune fonction après
septembre et décède en 1872.
Vaillant était grand, assez fort, le front était
large et haut et les yeux bleus étaient ombragés par des sourcils blancs. Il
était subjugué par l'Empereur et disait : "Ce diable d'homme me ferait convenir
que deux et deux font cinq." Napoléon III avait pou lui du goût, de la
confiance, une sérieuse estime et le considérait comme un ami sûr. Il avait
concédé au maréchal la jouissance d'un jardin à Vincennes où il se livrait à
l'horticulture et à l'apiculture. C'était là qu'il passait les meilleurs moments
de sa vie, en compagnie de sa chienne Bruxa, trouvée errante et à demi morte de
fatigue, le soir de la bataille de Solférino.
Le maréchal était simple et
recevait dans son cabinet en simple veston, ce qui scandalisait Castellane, à cheval sur le règlement. Aimable à la cour,
Vaillant avait la réputation d'être rude dans ses fonctions. Néanmoins, il
savait se montrer bienveillant. La veuve d'un colonel ayant quelque chose à
solliciter, il la reçut d'une manière peu courtoise. S'étant radoucit, à la fin
de la visite il lui dit : "Vous devez me trouver bien sanglier, Madame." Et la
dame de répondre : "Oh ! pas si sauvage que cela, Monsieur le maréchal."
Vaillant avait trouvé la réplique spirituelle et se plaisait à la raconter. Du
reste il était très fin et son apparence bourrue était plus affectée que
réelle.
De par ses fonctions Vaillant excitait bien des jalousies et on lui a
souvent reproché d'être à l'affût de tous les gains. Ce trait de son caractère
doit être modulé et il faut savoir qu'en 1863, il souscrivit pour un montant de
100 000 Francs à un emprunt contracté par la ville de Dijon, sa ville natale,
pour différents travaux municipaux. Il demanda à être remboursé le dernier et
n'accepta qu'un intérêt de 2% qui chaque année fut distribué aux pauvres. Dans
son testament, il fit don de sa créance à la ville et lui légua sa maison natale
et son portrait peint par Horace Vernet.