Louis Adrien de TUCE, né le 8/5/1817 à Montoire 

Photo Marq (Castres)
 
Fils d'un Garde du corps du Roi.

ESM en 1837, sorti 39e sur 89, il est nommé sous lieutenant au 7e Lanciers en 1839.

Nommé lieutenant le 26/10/1843 

Capitaine  le 15/10/1849, il commande un escadron en 1851, pendant les événements à Paris en 1851. Noté en 1859 comme "caractère froid et esprit juste".

Promu Chef d'escadrons le 31/10/1859 au 3e chasseurs d'Afrique. Il part en Afrique, puis en Syrie (9/60 à 6/61). Il est nommé chevalier de la Légion d'Honneur le 29/12/60, 4e cl du Medjidié (12/63). De retour en Algérie, il est envoyé au Mexique en septembre 1862 à la tête des escadron de chasseurs d'Afrique qui composent le 2e régiment de marche. 
A cette date, de Tucé est décrit de cette manière par un membre de sa famille : " Sa haute stature, sa longue et épaisse moustache blonde qui cachait complètement sa bouche, ses yeux d'un bleu clair, la douceur calme de sa physionomie, la modération extrême de ses gestes, tout révélait en lui le descendant d'une race du Nord. Grave, froid, silencieux, il manquait un peu de vivacité et d'expansion, et ses traits impassibles laissaient rarement deviner ce qui se passait en lui; je ne l'ai jamais vu rire aux éclats ni se mettre en colère. A son retour du Mexique, lorsque, après cinq ans d'absence, il retrouva sa famille, qu'il aimait beaucoup, il nous serra la main aussi tranquillement que si nous l'avions vu la veille. C'est ce calme imperturbable qui lui permettra de sauver son régiment du désastre de Sedan. Dédaigneux des controverses métaphysiques, des théories et des systèmes politiques ou sociaux, il aimait à écouter, parlait peu et bien; ce qu'il disait était toujours juste, modéré et à propos. Il n'hésitait jamais, ne cédait jamais, quand il croyait avoir raison ; sa ténacité était extrême ; il persistait tout droit dans la voie qu'il avait choisie, avec une puissance de volonté irrésistible. Sa haute taille, lorsqu'il était monté sur son grand cheval, lui faisait dominer de toute la tête les cavaliers de son régiment. En 1862, il remplissait les fonctions de chef d'escadron. Officier intrépide, Adrien de Tucé semblait né pour le commandement; personne n'aurait eu l'idée de lui désobéir. C'était un chef prévoyant ; d'une sollicitude paternelle et éclairée. Audacieux, mais non téméraire, parce qu'il avait le sentiment de sa responsabilité, au moment du danger, il faisait passer dans l'âme de ses soldats, avec son sang-froid, sa ténacité et sa confiance. — D'un abord facile, sans que son autorité en souffrît jamais, il était sévère sur la discipline, mais on se plaisait à reconnaître la droiture de son jugement et son impartialité, unie à un grand fond de bienveillance. Son apparente froideur laissait vite deviner l'ami sûr et dévoué, l'homme droit et loyal. Sa modestie excessive retarda peut-être son avancement, mais elle inspirait à tous ceux qui l'ont connu une profonde estime". (les cahiers de la quinzane 1911).

Débarqué au Mexique, il se distingue lors du siège de Puébla le 22/3/63 en reconnaissance à Cholula ou à la tête de trois escadrons, il met en déroute 2000 cavaliers ennemis. Il a raconté cette journée dans une lettre écrite à sa seur : "C'était jour de marché : vendeurs et acheteurs se pressaient dans la rue et s'écartèrent pour nous livrer passage. La foule regardait avec une curiosité plutôt sympathique notre beau régiment qui faisait fièrement son entrée au son des trompettes. Arrivés sur la grande place, nous alignons nos troupes comme pour une revue ; l'alcade nous reçoit avec les marques de la plus profonde déférence, mais il se garde bien de nous prévenir que l'armée ennemie, qui venait de se retirer à notre approche, n'était pas loin. Le général de Mirandol commençait à lire au peuple une proclamation, quand des coups de fusil viennent l'interrompre. Du haut d'un mamelon voisin, les Mexicains tiraient sur nous. La foule se disperse en un clin d'oeil et disparaît. Nous nous élançons à l'instant au galop contre l'ennemi qui s'enfuit sans nous attendre. Mais, d'autre part, voici que nos tirailleurs, pris à l'improviste, rentraient en désordre, poursuivis par un régiment de cavaliers mexicains. C'étaient de fort bonnes troupes; ils avaient chargé les premiers. Heureusement nous n'étions pas loin d'eux; nos Chasseurs se sont jetés dessus à corps perdu et les ont mis en déroute. Nous avons anéanti un régiment entier, les Lanciers rouges du Nouveau-Léon. Ce combat, qui a fait honneur au 3e Chasseurs d'Afrique, est connu sous le nom de combat de Cholula. Nous avons eu 5 hommes tués et 16 blessés, dont deux capitaines. Pour moi, j'ai eu la chance d'en sortir sain et sauf, après avoir culbuté avec mon cheval qui a été perdu pendant toute la bataille. J'en avais trouvé un autre démonté, avec lequel j'ai continué la charge. Je n'ai retrouvé le mien qu'après le ralliement. Du haut des terrasses de Cholula, toute la population assistait au combat comme à un spectacle, et le général Forey en suivait les péripéties avec sa lorgnette du haut du Cerro San Juan. A la fin de la journée, une pluie torrentielle vint gâter un peu la joie de notre succès. La nuit était si noire que nous trouvions diflicilement notre chemin; le général eut l'heureuse idée de réquisitionner ces grandes lanternes d'église que l'on porte dans les processions et c'est ainsi, dévotement éclairés, que nous rentrâmes au bivouac. A la suite de cette affaire, il y a eu des récompenses; trois croix de chevalier et huit médailles. Quant à moi j'ai été nommé officier de la Légion d'honneur."

Il se distingue une nouvelle fois  le 20/4/63 comme ayant principallement l'honneur de la journée dans le combat d'Atlixco. Le capitaine Paul Laurent, dans son Journal de marche du 3e Chasseurs d'Afrique, a raconté ce combat avec quelques détails pittoresques : "Je suis de très mauvaise humeur. J'avais découvert un établissement de bains, j'en profitais, et mon ordonnance avait emporté, pour la raccommoder, mon unique chemise, nos bagages étant restés au camp. On sonne à cheval par alerte : me voilà forcé de mettre mon spencer sans chemise et de partir ainsi. Il parait que cela presse. Les cavaliers, à mesure qu'ils sont prêts, rejoignent au galop. Le commandant de Tucé est déjà en avant, à un kilomètre de la ville, avec ce qu'il a trouvé sous la main. Nous prenons le trot dans un chemin couvert, dont les berges, arrivant à la hauteur de nos têtes, nous cachaient à l'ennemi. Aux premiers coups de feu, le commandant de Tucé nous donna l'exemple, et d'un bond de son cheval, il fut sur la berge. Chaque cavalier l'imita individuellement, et nous sortîmes du chemin creux comme des diables d'une boîte. Mais la plaine, déserte d'ordinaire, est aujourd'hui occupée par huit escadrons mexicains formés en échelons, Heureusement l'ennemi n'eut pas l'idée de nous charger avant que notre formation fut achevée. Nous y sommes, tout le monde a passé, et ces maladroits-là se sont contentés de nous opposer un feu de tirailleurs. Le commandant de Tucé nous montre le premier échelon du bout de son sabre et nous dit avec son air bonhomme : « A fond ! et dans le tas ! » Nous entrons comme un coin dans ce qu'il appelle le tas. Je vois encore dans la poussière ce premier escadron. C'étaient des dragons ! Ils avaient des casques, les malheureux ! Je ne sais quel pacotilleur européen leur avait fourni cette ferblanterie mince comme du papier, — de vrais casques de théâtre; — nos hommes s'en donnaient à cœur joie. La poussière abattue, le premier échelon... supprimé, nous voyons les sept autres qui, désirant se conserver pour des temps meilleurs, s'en vont par où ils étaient venus."

De Tucé est promu Lieutenant Colonel le 2/7/1863, au 12e Chasseurs à cheval, toujours au Mexique. Le 20/12/64, il se distingue pendant l'expédition conduite dans le sud du Mexique (nov 63 -fevr 64), puis de nouveau lors du combat de Cuitzillo (21/3/64) ou il seconde le colonel Margueritte commandant la colonne.

Colonel le 14/8/1866. Il revient du Mexique en avril 1867 (Med du Mexique, Off de l'ordre de ND de la Guadalupe). Ses notes du Mexique sont brillantes "excellent officier supérieur, a prouvé pendant cette campagne toute sa valeur comme officier de cavalerie, tant par son energie, sa bravoure et son calme que dans la manière dont il a su diriger les troupes sous ses ordres. A une très grande influence personnelle due à la bravoure qu'il montre vis à vis de l'ennemi. Enveloppe froide et impénetrable, agit plus qu'il ne parle."
En 1870, il commande le 12e chasseurs qui est engagé à Buzancy au 5e corps d'armée. A Sedan, de Tucé echappe à la capitulation en conduisant une portion du régiment à travers les lignes ennemies et sauve 250 cavaliers permettant de reformer le régiment qui va alors être engagé dans les armées de la République, en Normandie.

Promu Général de brigade le 29/10/1870, il commande la division militaire de Rouen, puis la 1er brigade de la division de cavalerie du 16e CA. Le 31/10/1873 il prend la tête de la 2e brigade de cuirassiers. Com LH 3/2/75.

Mis en disponibilité pour raisons de santé en novembre 1877, il décède en 1888.

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