Jean Eugène Samuel FORESTIER, né le 22/12/1864 à Breuil Magné (Charente)

Appelé en 1884, il s'engage dans l'armée coloniale et est affecté en octobre au 3e régiment d'infanterie de marine. Il y est promu caporal, puis sergent avant de partir en Nouvelle Calédonie où il reste en garnison entre décembre 1886 et juin 1888.

A son retoru en métropole, il va suivre les cours de l'école militaire à Saint Maixent dont il sort Sous Lieutenant le 24/3/1890 au 2e régiment d'infanterie de marine. Affecté deux ans à Paris, il rejoint la Cochinchine en avril 1892 pour servir au régiment des tirailleurs anamites.

Lieutenant le 24/3/1892, il sert au haut Mekong et au Siam en opérations de guerre entre mai 1893 et mai 1894. Dans l'intervalle, il est passé au 6e régiment d'infanterie de marine. En juin 1896, il passe au 2e régiment de tirailleurs tonkinois et sert dans des opérations de guerre au Tonkin entre juillet 1896 et novembre 1898.

Capitaine le 2/6/1899 il est alors affecté en Afrique Occidentale française au 1er régiment de tirailleurs sénégalais et fait sa première campagne de guerre en Afrique entre mai et décembre 1900. Entre mars et mai 1901 il sert dans les opérations de pacifications de Casamance comme officier de renseignement de la colonne. A cette occasion, les opérations permettent de reprimer une insurection ayant attaqué les possessions britanniques en Gambie. Forestier reçoit alors la prestigieuse décoration britannique du DSO pour ses services. En avril 1903, Forestier repart au Tonkin au 4e tirailleurs tonkinois et sert de nouveau en opérations de guerre jusqu'en 1905.
Revenu en métropole, il est affecté en 1907 à l'état major des troupes coloniales à Paris, date à laquelle est prise la photo ci dessus.
Il porte à cette époque la croix de chevalier le la Légion d'Honneur (reçue en décembre 1904), la médaille coloniale (barretes "Tonkin" et "AOF"), la médaille du Tonkin, l'ordre royal du Camdodge et le DSO.

Le 24/6/1909, il est nommé Chef de bataillon et va servir en Indochine.

La guerre déclarée, il rejoint la métropole au 88e RI. Il reçoit la croix d'officier de la Légion d'Honneur en mars 1915 et y est nommé Lieutenant colonel. Il meurt le 9/5/1915 lors de l'ataque de Roclincourt, dont l'historique du régiment relate la terrible journée :
10h. Les 1er et 3e bataillons, formés en vue de l’attaque sur la première parallèle se lançaient à l’assaut au son de la charge et de la Marseillaise, mais dès les premiers pas, les éléments furent accueillis par une violente mousqueterie et un feu intense de mitrailleuses qui partait des deux triangles de route qui formaient les deux extrémités de la ligne où se trouvaient des épaulements de mitrailleuses. Une partie de cette première chaîne parvint cependant dans le sous secteur de gauche à franchir une première tranchée allemande, mais devant un nouveau réseau de fil de fer complètement intact, les hommes durent se jeter dans la première petite tranchée étroite qu’ils venaient de franchir. Dans le sous secteur de droite les quelques hommes ou gradés qui parvinrent jusqu’à proximité des épaulements du 1er triangle trouvèrent encore quelques fils de fer qui n’avaient pu être détruits.
10h2 Le Colonel Mahéas qui venait de former le signal du départ au 1er peloton est mortellement frappé par un éclat d’obus
10h4 La 2e ligne de peloton qui avait été tenue prête dans les tranchées de 1ère ligne se lance à son tour à l’assaut. Le feu de l’adversaire redouble d’intensité, le feu de mousqueterie provient d’une 3e ligne de tranchées allemandes occupées par des défenseurs. Les éléments de cette deuxième ligne d’attaque arrivent péniblement derrière le léger parapet constitué par cette petite tranchée allemande où quelques éléments de la 1ère ligne s’étaient réfugiés. Une escouade de prisonniers du génie a conformément aux ordres donnés suivi cette deuxième ligne d’attaque.
Les deux bataillons ainsi engagés ne paraissent pas avoir atteint le point qui leur avait été désigné. Dans le sous secteur de droite on n’a vu que quelques hommes qui franchirent l’épaulement. Les autres sont restés sur le terrain, tués, blessés ou tombés.
Dans le sous secteur de gauche, seuls quelques éléments de la 1ère ligne ont pu se réfugier dans une espèce de boyau étroit qui de loin constituait une tranchée et que l’on a su être plus tard un boyau de mine que 12 allemands mettaient en état.
10h6 Les têtes de peloton du bataillon de réserve qui avaient été tenues dans les boyaux de communication permettant d’aller aux tranchées de 1er ligne sont formés en vu de l’attaque sur l’ordre du LtColonel Forestier et se lancent à l’assaut. Mais devant le feu violent d’infanterie de mitrailleuses et des obus de 105 qui venaient d’éclater au dessus de la tranchée, les hommes retournent précipitamment en arrière.
Les pertes subies par les deux premiers bataillons engagés, dans l’impossibilité d’appuyer par le feu les mouvements des premières compagnies du bn de réserve et dans la crainte aussi d’atteindre les blessés qui se trouvaient en avant ou ceux qui avaient pu atteindre la tranchée allemande, le LtColonel Forestier sursoit au mouvement. Le feu de l’ennemi diminue d’intensité mais il continue à tirer sur tous les blessés qui cherchent à se lever pour fuir.
10h15 Après un nouvel examen du terrain, ordre est donné au premier peloton du bataillon de réserve de faire une nouvelle tentative. Les hommes se précipitent à nouveau en dehors des tranchées, mais l’ennemi déclenche immédiatement toutes les mitrailleuses qu’il avait sur le front et le mouvement d’attaque est complètement enrayé.
16h Le bataillon de la réserve du 88 e qui n’avait pu donner pour l’attaque du matin est prêt à la renouveler à 16h. Ce bataillon est reparti de la façon suivante : 5e et 6e compagnies dans le sous secteur de droite. 7e et 8e dans le sous secteur de gauche sous les ordres du LtColonel forestier. Les dispositions prises par l’ennemi sont les mêmes que celles du matin. Les pelotons aussitôt sortis de la tranchée sont accueillis par des feux d’une extrême violence. Après avoir parcouru 30 à 40 mètres environ, les hommes sont fauchés, ceux qui ne sont pas atteints se couchent dans l’impossibilité où ils se trouvent de pouvoir progresser. Le Lieutenant Colonel Forestier est tué. Devant cet insuccès, le LtColonel du 59e RI prescrit aux compagnies du 59e RI d’attendre de nouveaux ordres pour se lancer à l’attaque. L’ennemi procède de la même manière que le matin.
A 16h20 le LtColonel prescrit néanmoins aux pelotons des 3e et 8e cies du 59e de se préparer pour l’attaque. Un de ces pelotons, sans attendre d’ordre, s’était élancé au dessus de la tranchée et est ramené vivement en arrière devant le feu violent qui l’accueille.
19h30 L’ennemi qui n’a cessé de tirer pendant le reste de la journée sur les blessés qui se trouvaient sur le champ de bataille prononce une furieuse contre attaque sur la tranchée de mine qu’occupaient quelques officiers et quelques hommes du 3e btn dans le sous secteur de gauche. Accueillis par les bombes quelques uns furent blessés ou tués, d’autres cherchaient à s’enfuir ne voulant pas tomber entre les mains de l’ennemi, ais la plupart furent tués ou blessés au cours de leur fuite.

 

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