Antoine Dieudonné Louis Charles LEVEZOU de VEZINS, né le 1/05/1845 à Paris 
 
Photo Bondonneau (Paris)

Antoine de Vézins est le petit fils, par sa mère, du Maréchal Oudinot. Il est né à l'hôtel des Invalides dont son grand père était Gouverneur.

Il fait Saint Cyr (promotion de Puébla, 1862-1864) et est nommé sous lieutenant le 1/10/1864 au 93e de ligne.

Au déclanchement de la guerre de 1870, il est lieutenant au 93e RI, régiment faisant partie du 6e Corps d'armée. Le 16 aout, il est engagé lors de la bataille de Rezonville.

Dans l'ouvrage "Français et Allemands" Dick de Lonlay décrit la mort du lieutenant :

" de Levezou de Vezins, un des plus beaux officiers de l'armée, était profondément royaliste ; jamais, pour rien au monde, on ne lui eût fait chanter au régiment la Marseillaise. Le 16 aout, il commandait sa compagnie car son capitaine remplissait les fonctions de major et le colonel avait fait rester ce dernier en arrière avec les bagages et le convoi. Dans cette situation de Vézins eut cette conscience de se dire qu'après tout on doit, à certains moments, mettre tout en oeuvre pour tirer de ses hommes le summum de l'entrain et du dévouement. Aussi, loyalement convaincu qu'un chant partriotique comme la Marseillaise a toujours un certain effet sur le coeur du soldat, il se mit à entonner à pleine voix, en marche, le sabre haut, le premier couplet de cet hymne. A peine achève-t-il ce couplet qu'il tombe, la jambe fracassée par un éclat d'obus. Il essaie de se soulever, mais presqu'aussitôt il est frappé par une balle à la tête et par une seconde en pleine poitrine. Ses soldats se précipitent et veulent l'emporter à l'ambulance : "non, non, mes amis leur dit-il, ne quittez pas vos rangs, j'ai peu d'instants à vivre". Son sergent major Morel s'approche et lui demande ses ordres : "Morel, lui dit le mourant, ne vous occupez pas de moi ; c'est à vous que revient le commandement de la compagnie, puisqu'il n'y a plus d'officiers. Prenez le et marchez à l'ennemi, mais avant je vous prie de recevoir cette montre et cet anneau. Vous remettrez l'un et l'autre à ma mère et vous lui direz que je meurs en soldat et en chretien." Le pauvre Morel, qui pleurait à chaudes larmes, serra une dernière fois la main à son officier et reçut les objets qu'au retour de la captivité, il remit religieusement à Mme Levezou de Vézins.


Un anneau qui fit bien pleurer une mère...

Vers la fin de 1871, le père du lieutenent de Lévezou de Vézins vint passer quelques jours à St Etienne où le 93e de ligne était en garnison, éprouvant, disait-il, le besoin de se retrouver dans l'atmosphère, dans la famille militaire, où avait vécu son fils. Il manifesta le regret de n'avoir pu retrouver le corps de son enfant, malgré toutes ses recherches. Deux soldats du régiment, ayant entendu parler de cela, vinrent le trouver et lui dirent :"Monsieur, nous savons où repose votre fils. C'est nous qui l'avons enterré, étant avec lui à l'ambulance de Vionville. Nous avions tenu à ce que ce fût nous qui l'enterrions, parceque c'était un officier de notre régiment." Ces deux hommes étaient libérables et allaient quitter le régiment. M. de Vézins père les conduisit à Metz et ces braves gens déterrèrent le cadavre de leur lieutenant qui était parfaitement conservé. On l'emporta au chateau de Caylus, près de Montauban, où, après lui avoir rendu des devoirs solennels, on l'inhuma."

La famille fera plus tard ériger une stèle sur le lieu de sa mort.

 


La stèle de Levezou sur le champ de bataille de Rezonville (photo gérard Schutz)

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