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Sorti de l'école Polytechnique en 1836, il passe à l'école d'état major dont il sort Lieutenant, classé 18e sur 23 en 1841 pour faire son stage au 15e régiment d'infanterie légère à Mascara.
Il s'illustre rapidement en campagne, se faisant un nom dans l'armée d'Afrique. Il est ainsi cité à plusieurs reprises :
Ce dernier exploit est raconté dans le livre du centenaire de
l'école Polytechnique, dans un chapitre qui lui est consacré :
"Peu de jours après, la chance tourne. Un détachement, dont il faisait
partie, devait protéger le troupeau de la garnison et faire une reconnaissance
Il est surpris par une embuscade de 200 réguliers rouges d'Abdel-Kader. Bien
monté, Mirandol aurait pu échapper au danger; mais ce n'était pas seulement un
brave, c'était aussi un grand cœur. Voyant un voltigeur entouré par les Arabes,
il se précipite à son secours, tue un officier, en blesse mortellement un autre,
reçoit lui-même deux coups de feu et un coup de yatagan sur la tête, a son
cheval tué sous lui; il tombe, se relève et combat encore. Mirandol n'avait
alors que vingt-quatre ans; une taille au-dessous de la moyenne, un teint rosé,
des cheveux blond-cendré, point de barbe encore, tout le faisait paraître bien
plus jeune qu'il ne l'était. Surpris de voir tant d'énergie chez un être
d'apparence aussi frêle, les Arabes lui crient de se rendre, qu'on ne lui fera
pas de mal et, comme il n'entend rien, ils l'entourent, cherchent à l'étourdir à
coups de crosse sur la tête; jusqu'à ce qu'il tombe enfin, évanoui et couvert de
sang.
Alors commença pour lui une affreuse captivité. Non que les vainqueurs
aient eu l'intention de le maltraiter. Abd-el-Kader était capable d'apprécier
l'héroïsme; il s'attacha à son prisonnier, prescrivit de le bien traiter et
proposa même de lui rendre la liberté par échange. C'est Mirandol lui-même qui
s'y opposa, qui refusa toute faveur, tout bien-être, dont n'auraient pas profité
ses compagnons de souffrance. Il n'était pas seul en effet : un certain nombre
de soldats avaient été pris avec lui ou dans d'autres circonstances. Il se
constitua leur chef, leur défenseur et eut l'audace de traiter d'égal à égal ou
même comme un supérieur avec les khalifas de l'Émir. Traquées et poursuivies
sans relâche par le général de La Moricière, les tribus, chez lesquelles étaient
internés les prisonniers, subissaient, elles aussi, les plus dures privations.
Repoussées du Tell sur les hauts plateaux, des hauts plateaux dans le désert,
elles perdaient leurs réserves de grains, leurs troupeaux, leur faible mobilier,
tentes, couvertures, vêtements de rechange. La faim les talonnait souvent et les
prisonniers étaient encore plus malheureux que leurs gardiens. Le général de
Mirandol n'aimait pas, même dans l'intimité, rappeler les pénibles souvenirs
d'une captivité où plusieurs de ses compagnons ont péri de misère. On a su
cependant qu'une fois il avait erré en vain toute une nuit, avec deux d'entre
eux, pour chercher le corps d'un Arabe décapité dans la journée, à la suite de
quelque crime. Les archives de la Guerre conservent une lettre adressée, le 3o
avril 1852, au maréchal de Saint-Arnaud, où il relate dans quelles circonstances
lui et ses compagnons furent mis en liberté sans échange, à la suite d'une
pointe du général de La Moricière sur Tegdempt, où ils se trouvaient
alors.
On les avait entraînés dans le désert par une marche de nuit;
dépourvus de moyens de transport, les Arabes chargèrent leurs prisonniers,
battant, tuant même ceux qui ne pouvaient ou ne voulaient les suivre. Au matin,
il en manquait douze. Mirandol alla trouver le khalifa, le menaça d'une plainte
à l'Émir et obtint quelques adoucissements. Les prisonniers ne furent plus
chargés, mais des bagages durent être délaissés en route. A la suite de cette
affaire, Abd-el-Kader offrit de nouveau la liberté à Mirandol, qui refusa de
partir seul; dans l'impossibilité de nourrir les prisonniers, l'Émir se décida
enfin à les renvoyer sans échange. Mirandol devint libre avec ses compagnons
d'infortune le 14 mai 1842."
de Mirandol est fait Capitaine en 1842. C'est à peu près à cette époque qu'il rencontre le futur général du Barail, qui le citera à plusieurs reprises dans ses mémoires : "L'avenir me reservait la joie de devenir l'ami de ce héros, de cet admirable soldat, aussi grand dans la captivité que dans les combats, qui rappela par son stoïcicme et sa grandeur d'âme la sublime figure de Saint Louis, prisonnier lui aussi sur cette terre d'Afrique. [...] Jamais je n'ai connu d'homme plus vaillant et plus passionné pour les armes. Sa santé éprouvée par des traverses terribles qu'il avait subies, exigeait des soins incessant. [...] Ce héros avait des goûts d'une simplicité exagérée et paraissait volontier devant sa troupe dans une tenue peu soignée qui aurait détruit son prestige si sa conduite sous le feu ne l'avait pas reconstituée à chaque affaire."
Après un court séjour en France, il retourne en Algérie, devint officier de spahis et fut de nouveau cité par le général d'Arbouville pour sa conduite au combat livré, le 18 juin 1845, à Ben-Salem et aux Ouled-el-Aziz. Le 7 octobre suivant, il fut atteint d'un coup de feu à la cuisse droite. Le duc d'Aumale, nommé gouverneur de l'Algérie, le choisit comme officier d'ordonnance.
Promu Colonel le 14/2/1854 du 7e régiment de chasseurs en 1854, puis du régiment des Guides en 1854. "Mirandol possédait des qualité militaires sans rivales, mais comme moi d'ailleurs, il s'était roussi à trop de feux de bivouc pour faire très bonne figure au milieu d'une société aussi élégante et aussi recherchée. (Du Barail - Mémoires)" Il conduit le régiment durant la campagne d'Italie.
Général de brigade en 1860, il fait la campagne du Mexique en 1862 et 1863 comme commandant la cavalerie du corps expéditionnaire. Partout, il se signale par son énergie et la vigueur des charges de cavalerie qu'il dirige. Tous ses grades furent la récompense d'actions d'éclat et il revint du Mexique Général de Division.
"Sa santé était fort ébranlée par la fatigue de si nombreuses campagnes. Il souffrait souvent de maux de tête depuis qu'il avait été si cruellement frappé, lors de sa captivité. La maladie triompha enfin de sa résistance et il mourut à Paris, le 20 mars 1870, trop heureux de n'avoir pas assisté aux désastres qu'allait subir cette France, qu'il avait tant aimée et si glorieusement servie" (Centenaire de l'école Polytechnique).