La cavalerie de la Garde

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 Historique du régiment des Guides de la Garde

 

Le régiment des Guides est créé par decret du 23/10/1852, c'est-à-dire deux ans avant la création officielle de la Garde Impériale. Il est formé sur la base des deux escadrons des Guides de l'état major, auquels sont ajoutés des cavaliers pris dans les régiments de dragons, de lanciers et des chasseurs d'Afrique existants. Les cavaliers provenant des autres régiments de cavalerie légère seront ajoutés en 1853, une bonne partie de la troupe provenant du licenciement du 13e régiment de chasseurs.

Sous l'influence de son premier chef de corps, le lieutenant colonel Fleury, le régiment des Guides reçoit tout de suite une tonalité aristocratique dont les traditions sont calquées sur les meilleurs régiments anglais (avec notamment l'existence d'un mess, où les officiers de tout grade se cotoient sur un pied d'égalité et une musique composée de gagistes payés très cher). Caserné à l'école militaire, le régiment de 1200 hommes est pour la première fois passé en revue par l'Empereur le 30/1/1853 à l'occasion des cérémonies de son mariage. Les Guides reçoivent un traitement de faveur de la part du régime impérial, puisqu'un peloton du régiment est systématiquement désigné pour faire l'avant garde de l'escorte du souverain. Il est aussi employé pour l'organisation des chasses impériales, des guides servant de rabateurs et d'escorte aux invités de marque.

En mars 1855, le régiment est prévu pour partir en Crimée, mais l'Empereur ayant finalement décidé de ne pas y prendre le commandement de l'armée, contre ordre est donné au grand désapointement des troupes.

Le 4/5/1859, le régiment reçoit ordre de partir pour l'Italie. Rassemblé à Marseille, il rejoint Gênes par voie de terre, puis Alexandrie. Le régiment est à Novare lors de la bataille de Magenta, et seul un peloton d'escorte du général commandant la Garde Impériale y participe. Après avoir traversé Milan et Brescia, salué par l'entousiasmes des italiens, le régiment est à Solférino et met à trois reprises le sabre à la main pour charger l'ennemi à 150 metres du front, mais par trois fois l'ennemi se dérobe.

Après la guerre, le régiment participe au défilé de la victoire à Paris. En 1866 il est au camp de Chalons pour les manoeuvres.

Le 20/7/1870, les Guides partent pour la Loraine et se réunissent à Metz. Un escadron (le 5e) sert d'escorte à l'Empereur et le suivra jusqu'à la capitulation de Sedan. Le reste du régiment est engagé le 16 aout à Gravelotte, en couverture du flanc gauche du corps de la Garde et de ses batteries d'artillerie. Il subit quelques pertes sans conséquences. Il n'est pas plus engagé deux jours plus tard à Saint Privat.
Durant le siège de Metz, le régiment subit le désastre des privations et de la capitulation, devant notamment envoyer progressivement ses chevaux à la boucherie. Après la capitulation de l'Empire, la Garde est supprimée et les escadrons des Guides sont intégrés dans les rangs du 9e régiment de hussards (le 4/2/1871).

Alexis l'Hotte

En 1848, la jeune République met sur pied cinq escadrons des Guides pour le service d'état major et la correspondance. Chaque escadron est composé de 160 hommes, officiers compris. L'uniforme des guides est ainsi décrit : Habit bleu boutonnant droit au moyen d'une rangée de 9 gros boutons, collet bleu avec patte à trois pointes cramoisi, parements bleus en pointe, patte des basques bleu, avec doublures cramoisies, pantalon bleu à bande de drap cramoisi, schako cramoisi avec ganse bleu et pompon cramoisi, épaulettes et aiguillettes, sabretache.

Ancien de Saint Cyr et jeune lieutenant (depuis le 11/4/1848), Alexis L'Hotte est nommé au 1er escadron des Guides. Il figure ici sur un rare daguerréotype dans l'uniforme des officiers de ce nouveau corps.
En 1849 les deux premiers escadrons sont envoyés à l'armée des Alpes pour surveiller Lyon. Progressivement réduits (à trois escadrons en juillet 1850, puis en un seul en novembre), les Guides d'état major sont supprimés et les cadres ainsi que la troupe sont versés au nouveau régiment des Guides de la Garde créé le 23/10/1852.

A cette date, l'Hotte a déjà quitté la troupe, ayant été promu Capitaine instructeur au 1er régiment de cuirassiers le 10/12/1851. La suite de sa carrière se passe essentiellement à l'école de Saumur où il se distingue comme l'un des meilleurs cavaliers de l'armée française du Second Empire et des débuts de la Troisième République.

Il est mort en 1904.

 


  

Joachim Joseph Napoléon 4e Prince Murat

 

Né le 21/7/1834 à Bordertown aux Etats Unis, c'est le petit fils du maréchal Murat, Roi de Naples et de la princesse Caroline Bonaparte.

Revenu en France avec son père après la révolution de 1848, il s'engage à 18 ans au 3e régiment des chasseurs d'Afrique. Il s'y distingue au cours de deux expéditions de Kabylie et dans la province de Constantine, ce qui lui vaut de recevoir la médaille militaire, puis une promotion comme Sous Lieutenant.

Il passe alors au régiment des Guides et sert comme officier d'ordonnance de l'Empereur son cousin. Capitaine lors de la campagne d'Italie, il est à Magenta et à Solférino.

Promu Chef d'escadrons au retour d'Italie, il devient Lieutenant Colonel 24/1/1863, puis Colonel en aout 1866. Au mépris des traditions qui veulent que les officiers changent de corps en même temps que de grades, toutes ces promotions s'effectuent aux Guides.
Relisons du Barail qui décrit le prince dans ses incontournables mémoires : "Très bel homme, grand, mince, d'une élégance suprème, montant remarquablement à cheval. Il était bien là dans son cadre. [...] Il n'avait personnelement aucune fortune, mais il avait épousé la fille du prince de Wagram qui lui avait apporté une très grosse dot, et il touchait en outre une pension  de 75.000 francs sur la liste civile. Il pouvait donc mener un grand train de maison dont il profitait plus souvent à Paris qu'à Fontainebleau, car, ainsi que tous les officiers d'ailleurs, il trompait par de multiples absences les ennuis de la vie de garnison. [...] Il avait attiré dans les rangs des lieutenants et des sous lieutenants toute une jeunesse dorée, des fils de famille, très nobles et très riches, qu'il traitait tout à fait en camarades et à qui il laissait prendre sur l'esprit du régiment une influence prépondérante, ordinairement  reservée aux officiers supérieurs."

Parangon du régime et de ses fastes, il est ici photographié à gauche dans la somptueuse tenue de bal, avec culotte hongroise soutachée d'or et les bottes vernies, portée notamment lors des soirées aux Tuileries. Il porte à droite la grande tenue.

Nommé Général de brigade en juillet 1870, le plus jeune de l'armée, il est engagé à Rezonville où sa brigade de cavalerie est citée à l'ordre du jour de la division. Après la guerre de 1870, le Prince Murat ne retrouvera pas de commandement actif, la République ignorant naturellement ce symbole du régime déchu.

Murat décède le 23/10/1901 au chateau de Chambly, commandeur de la légion d'Honneur.

Photo Levitsky et Mayer et Pierson (Paris)

  


    

Bernard Marie Elie de Comminges

Né le 6/3/1831 à Saint Lary (Haute Garonne). Comme beaucoup de jeunes gens de bonne famille, désoeuvrés et sans grandes qualités de fond, il s'engage comme simple cavalier au 4e régiment de chasseurs à cheval en avril 1848, espérant que son nom et ses relations lui faciliteront la carrière.
Après avoir échoué à Saint Cyr, il rejoint le 6e lanciers. Il y est nommé brigadier fourrier, puis marechal des logis en 1851 et enfin adjudant.

Ses relation finissant par payer, il est nommé Sous Lieutenant le 21/2/1855 aux Guides. Il rejoint là un régiment à sa mesure, à l'apogée de l'Empire, où les jeunes officiers profitent à plein de l'ambiance distinguée du régiment (avec un mess où les officiers sont servis par des valets en livrée) et des facilités qu'il leur ouvre dans le monde.

Dans ses souvenirs, il décrira sa période militaire comme une suite de bals, de conquêtes féminines et de niches faites à ses supérieurs. Il décrit ainsi, de manière un peu condescendante, le corps des officiers : "Il n'était pas aussi select qu'on pourrait le croire. Beaucoup de jeunes gens très bien nés, plusieurs portant de grands noms, mais un tiers environ très bourgeois et souvent parfaitement communs. Nous appelions cette faction "la petite Pologne". J'eus le bon esprit d'être en excellent termes avec eux."

Après avoir participé à la campagne d'Italie "en touriste", il donne sa démission le 5/5/1861.

Il reprend du service lors de la guerre de 70 comme chef de bataillon des mobiles de la Haute Garonne et participera à la guerre dans l'armée de l'est. Il reçoit la croix de chavalier de la Légion d'Honneur le 22/8/1871.

Photos Crémière (Paris)

    


    

Joseph-Emile Anatole Clément

Né le 6 avril 1821 à Paris. Il a fait Saint Cyr (promotion des cendres 1840-1842). Il est nommé Sous Lieutenant en 1842, puis Lieutenant en 1849 au 13e régiment de Chasseurs.


Le 31/10/1852, le 13e chasseurs est dissous pour former le régiment des Guides de la Garde Impériale. Clément fait partie des huit officiers transférés du régiment vers les Guides.

Il y est nommé Capitaine le 15 juillet 1853 et occupe le poste de capitaine adjudant-major jusqu'en 1859. Il participe à la campagne d'Italie et y est décoré de la Légion d'Honneur. Revenu en France, il se fait photographier par le célèbre Disdéri, à gauche en petite tenue avec sa pelisse, dans une pose crâne, bien dans la culture des Guides à l'apogée de l'Empire et à droite en grande tenue, dans une pose plus traditionnelle.


Il quitte la Garde en 1861 et est nommé au 4e régiment de cuirassiers ; il sera détaché au Service des Remontes (dépôt de Saint-Lô, 1ère Circonscription de Remonte) dès 1862 comme officier acheteur. En 1864 et 1865, il commande le dépôt de Saint-Lô et à partir de 1866, le dépôt de Caen (1ère Circonscription de Remonte).


Le 12 août 1866 il est nommé Chef d'escadrons, au 2e Spahis, mais placé "en activité hors-cadre", détaché au Service des Remontes, et toujours à la tête du dépôt de Caen. Il y sera encore en 1870, officier de la Légion d'Honneur depuis 1869.


Il passe Lieutenant Colonel le 14 octobre 1870 et est nommé à la tête du 4e régiment de cuirassiers de marche. Le général de Cointet, son officier en second à l'époque, a laissé des souvenires critiques sur son caractère : "C'était un homme vaniteux, très léger, croyant en imposer en criant fort et par des airs d'importance que personne ne prenait au sérieux, d'une nullité absolue du point de vue militaire."

Selon de Cointet, le Colonel Clément abandonne son régiment peu de temps avant son engagement militaire pour retourner à Caen commander une circonscription de remonte.

Il est mort le 12/1/1873, suicidé, toujours selon de Cointet, pour avoir été compromis dans une affaire de détournement.

Photo Disdéri (Paris)

   


Alphonse Benoît Forceville

 

Né le 1/12/1820 à Passy, ce Saint Cyrien a servi au 2e régiment de chasseurs à sa sortie de l'école en 1841 et jusqu'en 1853, comme Capitaine (le 11/4/1848), trésorier du régiment. Il est passé quatre ans en Algérie.

Il est promu Chef d'escadrons le 17/3/1855, major au 2e régiment de cuirassiers. Il rejoint le régiment des Guides comme major et y sert entre 1858 et 1863, ayant reçu la croix de la légion d'Honneur en juin 1858. Il est promu officier de la Légion d'Honneur le 21/4/1863.

Lieutenant Colonel le 13/8/1863, il est nommé au 2e régiment de Spahis, puis passe au 7e régiment de Dragons.

Colonel en octobre 1868, il fait la guerre de 1870 à  la tête du 1er régiment de dragons de la brigade Murat et sert à l'armée de Metz et charge la brigade Bredow lors de la bataille de Rezonville. Après la guerre, il prend le commandement du 5e régiment de dragons jusqu'en 1874.

Il meurt le 27/7/1895.

  

 


 
   

Marie Charles Henry le Scellier, vicomte de Chézelles

Né le 8/3/1832 au château familial de Frières-Faillouël. Aristocrate, il est nommé Sous Lieutenant le 2/1/1855 au régiment des Guides de la Garde, mais sa vocation militaire est de courte durée, puisqu'il n'y figure plus en 1861. Il a néanmoins l'occasion de participer à la campagne d'Italie. Cependant, les seuls souvenirs que nous avons de lui - et qui n'ont rien de militaires - nous sont racontés par le Marquis de Massa, dans ses souvenirs, le lendemain de la libération de Milan :
"La cantinière de notre popote s'étant aperçue que son gril avait disparu, Beaufranchet chargea ses trois sous-lieutenants, Chézelles, Marsay et moi, d'aller faire un dernier tour en ville pour en acheter un. Mais aucun de nous ne parlant la langue de Dante, il nous adjoignit Michau, capitaine en second qui, sans en savoir plus que nous, s'était composé un vocabulaire spécial mélangé de latin et de mots français italianisés. Avec cela, et surtout à l'aide de beaucoup de gestes, il arrivait quelquefois à se faire comprendre. Malheureusement, c'était le jour de la Pentecôte ; pas une boutique n'était ouverte. On nous indiqua néanmoins un grand bazar où, malgré sa fermeture, il serait peut-être possible de pénétrer par une ruelle latérale. Nous étant trompés de porte, nous entrâmes dans une maison borgne aux volets fermés, mais où nous fûmes très bien accueillis par la maîtresse du lieu, qui sortit aussitôt de sa cuisine pour nous introduire dans le salon.
— Habemus besogno d'uno grillo per fare cuira Iei costolettas, lui dit Michau avec aplomb.
— Non capisco, répondit la dame.
— Spera momento, continua-t-il en lui offrant le bras pour la ramener un instant à la cuisine.
Là, il décrocha de la muraille l'ustensile demandé, tira son porte-monnaie, l'ouvrit et ajouta :
— Eccolo ! Quanto ?
— Félicissima offrir velo per niente ! dit et mima l'excellente femme en enveloppant l'objet dans du papier.
Pendant que nous nous confondions en remerciements, elle nous fit entendre qu'elle avait été, dans sa jeunesse, une des étoiles de la Scala, témoin une lithographie encadrée et signée, avec cette dédicace : « A mia cara Cenerentola. Rossini. »
Tout à coup, quatre jolies filles, surprises, encore en robes de chambre, par notre apparition matinale, firent irruption dans le salon et nous sautèrent au cou en criant :
— Liberatori! Liberatori!
Nous comprîmes que c'étaient des élèves à qui l'ancienne étoile enseignait la musique, et, comme elles paraissaient désireuses de nous montrer leur savoir-faire, nous aurions eu vraiment mauvaise grâce à n'y point consentir. Après l'audition, on servit des rafraîchissements et quand, en fin de compte, nous voulûmes acquitter les frais de la réception, ce fut avec des gestes de pudeur offensée que les jeunes virtuoses repoussèrent notre offrande. Pour unique indemnité, la maîtresse de la maison et de Rossini, réclama la faveur de nous déposer tour à tour un baiser sur le front. C'est ainsi que nous sortîmes, avec notre gril, sacrés par l'Art après l'avoir été par la Victoire."

Lors de la guerre de 1870, il reprend du service comme Commandant du 3e Bataillon des Mobiles de l’Aisne. Il est à Laon au moment du siège et de la capitulation de la place, qui subit ensuite la catastrophe de sa poudrière dont l'explosion provoque de nombreuses victimes dans la garnison.
Après la guerre, il se retire dans ses terres et s'illustre dans la vie mondaine par ses activités sportives, se révélant un spécialiste de la vènerie et maître de l'équipage de Chantilly en 1885. Il meurt le 17/3/1899 lors d'une épidémie d'Influenza, la même nuit que son épouse, terrassée par le même mal.

Photo Mayer et Pierson (Paris)


Alexandre Ernest Albaret

 

Né le 11/12/1813 à Montpellier, ce saint cyrien de la promotion de Zaatcha (1849-1851) est nommé Sous Lieutenant le 1/10/1851 au 2e régiment de lanciers.

Promu Lieutenant le 12/1/1856, il rejoint le régiment des Guides de la Garde deux ans plus tard. Il est ici photographié dans le magnifique uniforme de grande tenue de ce corps, portant les galons de Lieutenant. C'est l'archétype de l'officier de la "petite Pologne", brocardé par de Comminges.

Il fait campagne en Italie en 1859 et est promu Capitaine le 17/1/1863. Quelques jours plus tard, il est transféré au 1er régiment de hussards. C'est comme commandant en second du 3e escadron qu'il suit son régiment en Algérie. Il va y servir dans la province d'Oran au sein de la colonne du général Rose destinée à opérer contre les Flittas. Il a d'ailleurs un engagement le 30 juin 1864 à Dar Ben Abdallah. Durant les 4 ans passés en Algérie, le régiment est régulièrement engagé dans des colonnes de pacification et Albaret est nommé commandant du 5e escadron.

C'est dans ce commandement qu'il participe à la guerre de 1870 et le 1er septembre aux charges de Sedan.

Il y est tué et il est enterré à la place même de sa mort, au Fond des Noyers : une plaque de marbre entourée d'une grille, une épitaphe, quelques charmes aux quatre angles.

 

Photo Le Gray (Paris)

  


  

Robert Jean Baptiste Florand

 

Au déclanchement de la guerre de 70, Florent est adjudant vaguemestre du régiment et fait partie des escadrons de guerre envoyés à l'armée. Le régiment n'est pas activement engagé lors des combats, restant le plus souvent en réserve, ce qui n'évite pas quelques pertes. Après la défaite de Saint Privat, le régiment est bloqué à Metz comme le reste de l'armée.

Florand est promu Sous Lieutenant le 26 aout, durant le siège à Metz. Il va assister à la lente agonie de l'armée, d'autant plus dure pour un officier de cavalerie que les chevaux sont progressivement abbatus pour fournir de la viande à l'armée. Le 26 octobre l'armée capitule et Florand est envoyé en captivité en Allemagne. C'est à l'occasion de sa captivité qu'il se fait photographier à Bonn. Il porte le dolman et sa pelisse, ainsi que son épée. Il arbore en outre le képi (orné d'un galon d'élite sur le bandeau et du noeud hongrois à la hussarde) qui a remplacé le bonnet de police d'ordonnance peu avant l'entrée en campagne.

Après la guerre et la dissolution de la Garde Impériale, le régiment des Guides devient le 9e Hussards. Florand y retrouve son poste, avant d'être promu Lieutenant le 26/2/1874. Il sert quelques temps comme officier d'ordonnance du général  de Vouges de Chanteclair, commandant la 7e brigade de cavalerie à Vesoul. Les débuts de la IIIe République marquent un renouveau de la cavalerie française et l'historique du 9e hussards indique pour cette période "C'est l'époque brillante du régiment, le corps des officiers et le corps des sous officiers sont magnifiques ; l'instruction à tous les degrés est remarquable, surtout l'équitation. Les petits papiers, les cross country sont à la mode. Tout le monde, même les femmes d'officiers, monte à cheval. Le régiment donne cette année là à Vesoul une cavalcade superbe lors d'une fête de bienfaisance". 

En 1877 Florand est promu Capitaine et passe comme capitaine d'habillement au 3e régiment de Dragons. Il prend sa retraite peu après cette date.

 

Photo Westhoven (Bonn)


Marie Jules Tournier

Né le 18/9/1829 à Douai, Marie Jules Tournier est fils d'officier d'artillerie. Après s'être engagé en 1849 au 12e régiment d'artillerie, il est Saint Cyrien de la promotion de l'Empire (1852-1854) et il est nommé Sous Lieutenant le 1/10/1854 au 3e régiment de Cuirassiers, puis Lieutenant le 30/12/1857. En 1860, il est détaché à l'école de Saumur comme officier d'instruction.

Nommé Capitaine le 12/3/1862, il passe au régiment des Guides de la Garde en aout 1864. Il n'y restera que trois ans, puisqu'en mars 1867, il passe au 4e régiment de Chasseur d'Afrique. Il reçoit la croix de la Légion d'Honneur en 1868.

En 1870, il commande le 4e escadron du régiment. Parti de Mascara le 20 juillet, le régiment est affecté à la division du général Margueritte au camp de Chalons. A Sedan, le 1/9/1870, le régiment est engagé lors des charges du soir vers Floing. Tournier, séparé d'une partie de son escadron demande à se joindre avec les hommes qui lui reste à ceux du 3e escadron qui se prépare à charger. Cette demande est accordée, sous condition que le chef du 3e escadron, le lieutenant Peffault de Latour en conserve le commandement. "Ca m'est égal, répond Tournier, je chargerai bien sous les ordres de de Latour". L'escadron n'arrive cependant pas à joindre l'ennemi. Il est blessé d'un éclat d'obus au bras gauche.

Après la guerre, Tournier est promu Chef d'escadrons le 11/6/1872 et nommé au 1er régiment de Hussards qu'il rejoint en garnison à Sétif. Il passe quelques temps après au 6e régiment de Husssards. Promu Lieutenant Colonel le 19/7/1879 au 20e régiment de chasseurs, il est retraité en 1887, officier de la Légion d'Honneur (12/1885).

Il est mort en février 1899.

  


 

   

Ce cliché pris en 1861 rassemble trois des plus distingués officiers des Guides de la Garde ; certainement distingués par leur noms, si ce n'est par leur prouesses militaires...

Accoudé à la balustrade, le sous lieutenant de Comminges a à sa gauche le sous lieutenant marquis de Massa. Ils conversent tous deux avec le sous Lieutenent Fitz James, lui même assis, du 9e régiment de cuirassiers, mais qui rejoindra le régiment des Guides en 1864. Deux d'entre eux, Comminges et de Massa, écriront leurs mémoires.

Les trois amis font partie de la jeunesse dorée du Second Empire, porteurs de grands noms, dont certains font leurs premières années dans l'armée, notamment aux Guides. Dans son historique du régiment, le lieutenant Ogier d'Ivry raconte : "Oui nous posions, c'est accordé ! mais cette pose, j'insiste sur ce point, était avant tout militaire. Il était de bon ton de quitter au petit jour la fleur de son habit de fête pour chausser le dolman de travail. Combien se sont tués ainsi : un par an en moyenne, ils s'en allaient poitrinaires ou fous. Comme pour la tenue d'ailleurs nous faisions nous même la police de nos santés. Quand quelqu'un s'anémiait par trop, nous le repassions au régiment de ligne." 

Malgré cette affirmation, peu de ces officiers passeront longtemps dans l'armée, préférant démissionner assez vite pour bénéficier de leur héritage, de leurs titres ou de leurs relations mondaines. 


Marie Jean Baptiste Louis Castelnau d'Essenault

 

Né le 4/8/1823 à Bordeaux, Castelnau d'Essenault s'engage en mai 1844 au 4e régiment de chasseurs d'Afrique. Il va alors servir en Algérie durant dix ans, gravissant progressivement les grades de sous officier, avant d'être nommé Sous Lieutenant au régiment le 30/9/1850.

Promu Lieutenant en 1/5/1854, il sert au 2e régiment de hussards et est affecté à la campagne d'Orient de mai à juillet 1854. 

Nommé chevalier de la Légion d'Honneur le 10/10/1858 ("14 ans de services effectifs, 11 campagnes"), puis promu Capitaine le 5/5/1859, il fait la campagne d'Italie, détaché comme officier d'ordonnance du général de Clérambault, commandant la brigade de hussards (2e et 7e hussards). A Solférino, la brigade est engagée pour soutenir la division du général Vinoy en difficulté aux abords boisés de la ferme de Casa-Nova. A 14h, le général lance le 2e régiment de Hussards. Castelnau charge au côté de son général et est blessé lors du combat ("contusionné au genou gauche par un boulet qui a enlevé une de ses fontes"). Il figure sur le tableau du peintre Janet-Lange qui immortalise cette action. Il est décoré de l'ordre de la valeur militaire de Sardaigne.

Il rejoint le régiment de Guides de la Garde en décembre 1862 et y est nommé quelque temps plus tard adjudant major (aout 1866). Il en porte sur ces trois clichés la superbe grande tenue, avec les galons de son grade en pointe :

  • Sur la photo de gauche, il porte le cordon du colback (ou fourragère), accessoire supprimé en 1860, mais parfois encore porté en grande tenu après cette date
  • Sur la photo centrale, il est en grande tenue ordinaire (sans la giberne).
  • Pour faire bonne figure sur le cliché de droite, il a accroché sa croix de la légion d'honneur à la fois sur son dolman et sur sa pelisse en astrakan.

En aout 1869, il permute au 8e régiment de lanciers pour y occuper le même grade. Il y est toujours au début 1870, date de son mariage.

Sa destinée en 1870 n'est pas connue, il semble être décédé peu de temps après la guerre.

Photos Disderi (Paris)


  

Ernest Laurent Saulnier

Né le 21/4/1831 à Paris. Saint Cyrien, il est nommé Sous Lieutenant le 1/10/1853 au 1er régiment de Hussards. Après avoir passé un an à l'école de Saumur, il rejoint la Garde Impériale et le régiment des Guides de la Garde en 1854.

Nommé Lieutenant adjoint au trésorier le 14/3/1859, il fait la campagne d'Italie avec le régiment.
Il est ici photographié par Crémière peu après son retour de la campagne d'Italie, portant à gauche la grande tenue (dolman tressé en or, marque de grades en pointe, colback) et à droite la petite tenue (dolman avec tresses noires, marques de grade en noeud hongrois, shako, pantalon de cheval avec fausses bottes).

Lorsque le colonel de Mirandol du régiment des Guides est nommé général, commandant de la cavalerie du corps expéditionnaire du Mexique, il décide d'emmener Saulnier comme officier d'ordonnance. Saulnier va alors s'illustre lors de la journée de Cholula, le 22/3/1863 et y est nommé chevalier de la Légion d'Honneur avec une belle citation : "Officier d'ordonnance du général commandant la cavalerie, 12 ans de service effectif, deux campagnes, s'est quatre fois interposé entre son général et des cavaliers mexicains qui tiraient à bout portant sur ce dernier au combat de Cholula".

Promu Capitaine le 12/8/1864, il reçoit l'ordre mexicain de la Guadalupe. A son retour du Mexique, il rejoint le 1er régiment de dragons, mais il quitte le service actif en 1867 après son mariage.

Il rejoint l'armée territoriale en 1875 comme Chef d'escadrons et est nommé officier de la Légion d'Honneur le 27/12/1893.

Il est mort en mars 1899.

Photo Cremière et Hanfstaengl (Paris)

  


    

Félix Théodule Perrot du Vernay

Né le 15/3/1812 à Paris, il est élève de Saint Cyr de 1829 à 1831 et est nommé Sous Lieutenant le 1/10/1831.

Il est fait Capitaine le 17/10/1840 au 13e régiment de chasseurs à cheval

Chef d'escadrons le 31/10/1852, il est nommé au 10e régiment de Dragons.

Il est fait Lieutenant Colonel le 24/12/1858 au 4e régiment de cuirassiers, puis en 1860, passe au régiment des Guides de la Garde, dont il porte ici la magnifique grande tenue.

Il prend le commandement du 10e régiment de dragons à sa promotion de Colonel, le 24/1/1863 et est fait commandeur de la Légion d'Honneur le 12/3/1870.
Au déclanchement de la guerre de 1870, le régiment est primitivement désigné pour rejoindre Strasbourg, mais son affectation définitive ne lui est communiquée que tardivement. Ne pouvant rejoindre Strasbourg, le colonel Perrot décide de rejoindre le reste de l'armée du maréchal de Mac Mahon, alors en retraite après les défaites d'Alsace. Lors de la réorganisation de l'armée au camp de Chalons, il est mis à la tête d'une brigade de cavalerie du 1er corps d'armée et est fait prisonnier après Sedan. Après la guerre, il revient en France à la tête de son régiment.

Il est retraité en juin 1872 et il est mort le 6/12/1889.

Photos Crémière (Paris) et Hideux (Compiègne)

    


  

Henri Paul Joseph Theophile de Navailles Labatut

Né le 10/9/1832 à Labatut (Ariège), héritier d'une famille prestigieuse, c'est le fils d'un officier de marine.

De Navailles rentre dans l'armée comme engagé volontaire. Alors qu'il est maréchal des logis, il rejoint le régiment des Guides de la Garde en 1852. Il y est promu Sous Lieutenant le 1/11/1854. Il porte ici la tenue de service, avec le bonnet de police et le pantalons à fausses bottes. Décoré de la médaille d'Italie, il recevra aussi l'ordre de la couronne de Chêne des Pays Bas. Dans ses "Souvenirs", le Comte de Comminges relate une anecdote à son sujet : "Navailles, cadet de Gascogne, un jour par hasard reçoit une lettre de ses parents contenant, Ô joie, un billet de cinq cent francs. Mais il le jette au feu, serrant précieusement l'enveloppe dans se poche."

Fait Lieutenant le 5/6/1861, il quitte la Garde et rejoint le 3e régment de Hussards en 1864

Promu Capitaine le 30/10/1867, il passe au 3e régiment de Spahis en avril 1869. Ses notes à cette époque soulignent "N'a pas d'avenir par suite de son peu d'instruction qui n'est pas en rapport avec son grand nom. Plein d'entrain et de bonne volonté". 

Il est mort le 5/12/1872

Photo Petit et Trinquart (Paris)


Jean François Hippolyte, Mortier de Trévise

 

Né le 2/3/1840, c’est le petit-fils du Maréchal d’Empire, duc de Trévise, rallié à la Monarchie, Pair de France, Grand Chancelier de la Légion d’Honneur, ambassadeur à Saint Pétersbourg (1830), Ministre de la guerre et Président du Conseil (1834), tué lors de l’attentat de Fieschi contre le roi Louis Philipe en 1835.

Saint Cyrien de la promotion de 1859, il suit les cours de l’école d’état major en 1860 et 1861.

Lieutenant le 1/1/1862, il fait ses stages au 8e régiment de Hussards, puis au régiment des Guides de la Garde en 1863, ce qui nous vaut cette intéressante photographie. Mortier y pose dans l’uniforme des officiers du corps d’état major (avec le dolman de petite tenue aux six brandebourgs et la ceinture ornée de la tête de lion). Mais reposent sur le meuble à sa gauche, les effets d’un officier des Guides : Pelisse et schako de petite tenue.

Continuant quelques années ses stages, Mortier quitte finalement l’armée le 22/10/1864.

Il hérite du château de Sceaux construit par son père, il le restaure et l'entretient jusqu'à sa mort, le 13/2/1892.

 

Photo Crémière (Paris)

   

 


  

Charles Amable Ferdinand Sauvin

Né le 6/4/1818 à Auxonne, il est appelé en 1839 au 3e régiment de Hussards.
Gravissant progressivement les grades de la hiérarchie, il y est promu officier, Sous Lieutenant le 27/3/1849, puis Capitaine en 1858. Il part alors trois ans en Algétrie et y reçoit la croix de la Légion d'Honneur en décembre 1862.

Le 3/4/1863 Sauvin rejoint le régiment des Guides de la Garde et il y prend le commandement d'un escadron en 1867.
A la déclaration de guerre en juillet 1870, il commande le 6e escadron, resté à Paris alors que le reste du régiment part pour l'armée de Lorraine. Cet escadron contribue à la création du régiment mixte de marche de la Garde, dont il forme le 1er escadron.
L'intérêt de la photographie ici montrée, prise durant le siège de Paris, est de présenter le beau manteau en drap vert foncé, porté par les Guides et orné de quatre boutonnières en galon or. L'escadron effectue quelques reconnaissance dans les premiers jours du siège, notamment le 18 septembre vers Igny et Jouy en Josas, puis le 19 septembre à Chatillon. Quelques jours plus tard, Sauvin entre à l'hôpital militaire dont il ne sortira plus avant la fin du siège.

Sa carrière militaire active est terminée et il est mis en non activité en janvier 1871. Sauvin marque encore brièvement les archives lorsqu'il se voit temporairement retirer sa légion d'Honneur en 1875 suite à sa condamnation à 4 mois de prison et 50 f d'amende pour "outrage public à la pudeur".

Il est mort en mai 1900.

Photo Le jeune (Paris)

Les colonels du régiment des Guides de la Garde


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