Historique du 2e régiment de Dragons

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IInd Empire et la IIIe République
(1851-1914)

 

Le 2e régiment de Dragons est en garnison métropolitaine durant la majeure partie du Second Empire. A Lyon tout d'abord, où il contribue à maintenir le calme dans les rues de la ville durant le coup d'Etat de décembre 1851, puis dans l'est, à Belfort, Huningue, Thionville et Longwy. Seule entorse à la monotonie de la vie de garnison, un demi escadron est envoyé en Grèce en 1856 pour participer à la repression du brigandage dans la région du Pirée et les quelques sejours passés au camp de Chalons. Après 1858, les garnison s'enchaînent à Clermont Ferrand, puis Lyon. En 1860, après l'annexion de la Savoie, le 2e régiment de Dragons fait garnison à Chambéry, récemment rattachée à la France. Il passe les dernières années du second empire à Luneville, Versailles, Cambrai et Arras.

Au déclanchement de la guerre de 70, le régiment mobilise quatre escadrons (38 officiers, 495 hommes et 21 voitures) et se rassemble à Metz au sein de la division de cavalerie du 3e corps d'armée commandée par le général de Clerambault . Il effectue là un service d'avant poste et a quelques engagements mineurs avec des eclaireurs prussiens. Il n'est pas activement engagé ni à Borny, ni à Gravelotte, ni à Saint Privat. Durant le siège de Metz il a encore quelques brefs engagements lors des tentatives de sortie, avant de se retrouver prisonnier lors de la capitulation de Metz. Le premier escadron resté au dépôt servira au siège de Paris et le dépôt formera plusieurs escadrons qui seront engagés dans les armées de la République.  

Reconstitué en 1871, il reste en garnison metropolitaine jusqu'en 1914.   

Jean Baptiste Antoine Decroix

Photo Dubosq (Abbeville)

Photo Dubosq (Abbeville)

Né le 28/5/1803 à Charleville. Cet officier sorti du rang est nommé chevalier de la Légion d'Honneur le 4/6/1831, comme adjudant sous officier au 4e régiment de Hussards.

Il est promu Sous Lieutenant le 31/3/1832, puis Capitaine le 7/7/1840. Decroix fait campagne en Algérie au 3e régiment de chasseurs d'Afrique. Il a l'occasion de s'y signaler à plusieurs reprises : en 1842, il est nommé dans les dépêches du général de Négrier pour sa participation au combat d'Aïn Chabro, puis le 24/4/1844, où il charge contre les Kabyles qu'il disperse à la tête du 3e escadron. En novembre 1845, il participe à la colonne expéditionnaire dans la plaine des Hamza. Le 15 novembre, la colonne est attaquée par les Kabyles dirigés par le cherif en personne. Cette attaque donne au capitaine Decroix, laissé à l'arrière garde, l'occasion de fournir, avec une division de son escadron, une charge des mieux combinées et des plus heureuses "Il tua beaucoup de monde à l'ennemi et n'eut qu'un seul homme légèrement blessé et un cheval tué" (historique du régiment).

Il est promu officier supérieur, Chef d'Escadrons le 18/4/1849 au 14e régiment de chasseurs, devenu 8e régiment de Lanciers. Il est nommé officier de la Légion d'Honneur le 9/6/1850, peu avant son passage au 4e régiment de chasseurs d'Afrique.

Il est fait Lieutenant Colonel le 8/11/1853 au 3e régiment de Chasseurs d'Afrique, puis est nommé au 2e régiment de Cuirassiers de la Garde.

Le 13/8/1857, il est nommé Colonel du 2e régiment de Dragons. Le général du Barail rapporte dans ses souvenirs les circonstances de la promotion de Decroix : "J'attendais avec assez d'impatience ma nomination de colonel. J'étais porté sur le tableau d'avancement, en tête de mes cinq collègues de la cavalerie de la Garde. Le maréchal Vaillaint proposa à l'Empereur de nommer pour le 15 aout comme colonel de dragons à Luneville le lieutenant colonel Decroix du 2e de cuirassiers. L'Empereur qui suivait avec attention le travail des nominations dans l'armée, fit remarquer au ministre que Decroix était après moi sur le tableau. "- C'est vrai, répondit le maréchal, mais il est plus ancien et plus agé. - Cependant, reprit l'Empereur, ces conditions d'âge existaient quand on a dressé le tableau et, s'il n'y a pas d'autres raisons, il faut le respecter. -Il y en a une autre, dit encore le ministre : j'acquitte une dette envers Decroix qui m'a sauvé la vie autrefois en Algérie". L'Empereur signa aussitôt sans répliquer. Le maréchal avait réellement de l'imagination. Colonel et directeur du génie en Algérie, il était venu de Philippeville à Constantine inspecter son service, peu après l'occupation de cette dernière ville. Comme les routes n'étaient pas sûres, il avait eu pour escorte un peloton commandé par le lieutenant Decroix. Personne ne les avait attaqués. Le voyage s'était effectué sans encombre. C'était ce qu'il appelait lui avoir sauvé la vie. Le maréchal ne se souvenait pas de moi. Decroix lui rappelait sa jeunesse, et voila pourquoi Decroix me fut préféré."
Nommé commandeur de la Légion d'Honneur le 30/12/1862, il est ici photographié à Abbeville, garnison du régiment entre 1861 et 1863. A 60 ans, date bientôt limite de son commandement, il porte avec une certaine prestance la grande tenue des dragons à droite (plastron et pattes de parements blancs, collet vert, parements garances) et à gauche la petite tenue (plastron vert). Cette prestance n'est cependant pas l'avis de du Barail qui raconte encore dans ses souvenirs, et avec une certaine crûauté : "L'Empereur qui se rendait au camp où l'avait déjà précédé sa maison militaire, était allé jusqu'à Lunéville pour inspecter la division de cavalerie réunie en cet endroit et destinée à venir passer quelques jours à Chalons. Quand on lui présenta le corps des officiers, Napoléon III fut frappé par le nom du colonel Decroix, récemment nommé et qu'il avait retenu à cause du petit débat dont il avait été l'objet entre lui et le maréchal Vaillant. Il voulut causer avec le sauveur du maréchal. Hélas, le colonel Decroix était un ancien ouvrier sellier qui avait fait son chemin honorablement et laborieusement, mais qui avait gardé l'empreinte de son premier métier. Il avait encore sur les lèvres les cuirs qu'autrefois maniaient ses doigts. Avec cela, esprit grognon, chagrin et mécontent de tout, il ne plût guère à l'Empereur."
Il est mort le 31/8/1883.


     

Léon Cuny

 

Né le 24/4/1838 à Morhange, il suit les cours de l'école de Saint Cyr dont il sort Sous Lieutenant le 1/10/1861, dans un rang de classement médiocre (182e sur 254). Affecté au 2e régiment de Dragons, il va parfaire son instruction durant une année à l'école d'application de cavalerie de Saumur

 

Promu Lieutenant le 22/12/1866, il revient en octobre 1868 suivre une deuxième fois les cours de Saumur durant une année comme lieutenant instructeur (oct 1868-oct 1869). Son avis sur cette scolarité reste assez mitigé comme l'indique un chapitre de ses mémoires ("33 ans de vie militaire") : "Chose incroyable, nous allions répéter mot pour mot le programme déjà suivi quand nous étions sous lieutenants six ans auparavant, en insistant un peu plus sur les détails, en les perfectionnat davantage, mais sans recherche de l'esprit des règlements, sans aperçus nouveaux et surtout sans préparation morale plus élevée à ce grade si important de capitaine que nous venions de conquérir au choix. Comme toujours, une mémoire qui ne bronchait pas sur le texte des théories, une belle voix de commandement, une honnète moyenne en toute chose et surtout la note d'aptitude générale ou côte d'amour devait faire la classement." Cuny sort néanmoins de l'école classé 7e sur 27. C'est lors de cette année qu'il est photographié ci contre, portant la nouvelle tenue des officiers de dragons mise en service en 1868 et le chapeau spécifique de l'école de cavalerie. 

 

Lors de la guerre de 1870, Cuny commande un peloton au sein du 3e escadron. Le 14/8/1870 à Borny, son peloton fait des reconaissances. Déployé en tirailleurs, il chasse devant lui quelques eclaireurs de cavalerie prusienne et charge en fourrageurs un groupe d'infanterie qui se débande en abandonnant l'officier qui le commande. Celui ci est fait prisonnier après un vive resistance. Peu après la capitulation de Metz, Cuny parvient à s'échapper et à rejoindre l'armée du Nord. Il est alors promu Capitaine le 7/11/1870 aux Dragons du Nord, unité hétéroclite formée par divers cavaliers échappés de Sedan, Metz et Thionville, mais qui ne sera pas engagé.

Après la guerre, Cuny est versé au 7e régiment de dragons et contribue à la repression de la Commune en escortant des convois de prisonniers.

 

Promu Chef d'Escadrons le 17/11/1878 au 1e régiment de chasseurs d'Afrique, il sert lors des opérations de repression de la révolte de 1882. Il en revient décoré de la Légion d'Honneur.

 

Cuny reviendra au 2e régiment de Dragons, lors de sa promotion comme Lieutenant Colonel le 29/12/1889, puis comme Colonel le 15/4/1890, avant de prendre le commandement du 30e régiment de Dragons en octobre 1893.

 

Cuny finit sa carrière comme général, à la tête de la 2e brigade d'Algérie à Tlemcen.

 

Il prend se retraite en 1900, commandeur de la Légion d'Honneur et meurt le 18/4/1912.

 

Photo  le Roch (Saumur)


Guy Ernest Papillon

Né le 8/7/1836 à Orgelet, dans le Jura, ce fils de notaire s'engage en 1854 comme cavalier au 2e régiment de dragons. Il y est nommé maréchal des logis en 1858 et de 1860 à 1863, sert à l'école de Saumur comme sous officier du cadre.

Promu  Sous Lieutenant le 31/12/1863, il reste au régiment. En 1870, il est adjoint au trésorier.

Il est promu Lieutenant le 12/9/1870. Après la capitulation de Metz, il part en captivité à Coblenz.

Capitaine en octobre 1873, il est d'abord trésorier du régiment, puis commande un escadron de 1879 à 1887.

Nommé Major en janvier 1887, il passe au 13e régiment de chasseurs.

Il finit sa carrière militaire comme commandant le bureau de mobilisation de Macon, officier de la légion d'honneur. Il est mort le 28/5/1913.

Photo Gilbert

    


    

Jean Léon Albert de Pontac

Né le 4/2/1843 à Belmont (Gers), il est Saint Cyrien (1860-1862) et est nommé Sous Lieutenant le 1/10/1862 au 10e régiment de cuirassiers. Fait Lieutenant au déclanchement de la guerre de 1870, il n'est pas engagé dans les premières semaines de la guerre, il est affecté le 1/9/1870 au 1er régiment de marche des cuirassiers

Il est fait Capitaine le 16/7/1871, grade qui lui sera confirmé par la commission de révision des grades. Il sert ensuite au 1er régiment de cuirassiers.

Chef d'escadrons le 21/4/1882, il est nommé major du 9e régiment de cuirassiers, puis passe au 22e régiment de dragons en mai 1885. Il y reçoit la croix de la Légion d'Honneur (le 5/7/1887).

Promu Lieutenant Colonel le 29/3/1889 au 19e Dragons, puis Colonel le 26/12/1893, il prend la tête du 2e régiment de dragons. En avril 1900, il prend la tête de la 2e brigade de chasseurs. Il est fait officier de la Légion d'Honneur le 17/9/1901.

 

Les colonels du 2e régiment de Dragons

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