Le troisième régiment des Grenadiers de la Garde

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Historique

 

Le 3e régiment de grenadiers est créé par décret du 20/12/1855. Composé de trois bataillons (un 4e est formé en France) pris dans les corps composant l'armée d'Orient. Le régiment rejoint la France fin mai 1856 et s'installe à Rueil.

Il a son baptême du feu à Magenta en juin 1859 en y laisse plus de 400 de ses hommes lors de l'attaque de la redoute du chemin de fer qui protège l'accès au pont de Magenta, puis des maisons protégeant le Ponte Nuovo.
"A une heure et demie, le bruit de la canonnade que l'on entendait du coté de Turbigo fait croire à l'Empereur que le général de McMahon a entamé son mouvement tournant. Il donne aussitôt l'ordre à la Garde de s'emparer de Buffalora et de Ponte Nuovo di Magenta. [...] à droite le général de Wimpfenn marche avec le 3e grenadier; les deux premiers bataillons sont en colonne par pelotons à distance entière, suivis en arrière par le 3e bataillon en réserve. Trois compagnies de zouaves couvrent son front. Cette colonne suit le pied du talus de chemin de fer. La position à enlever est couverte par le Naviglio grande, canal large et profond dont les deux rives escarpées ne peuvent être franchies que par les ponts. Sur chacun des débouchés du pont de Magenta s'élèvent deux maisons en granit : ce sont les bâtiments de la station de chemin de fer et de la douane, le terrain qui s'étend à droite et à gauche de la route de Magenta est formé de rizières inondées et coupées de haies, de fossés remplis d'eau, génant la marche de nos braves grenadiers.
Sur les pentes du mamelon, à cheval sur la voie ferrée, les Autrichiens ont construit une redoute qui défend les approches du pont. A la vue des français, ils lancent sur la colonne d'attaque des fusées de guerre qui s'éteignent dans l'eau boueuse sans éclater. Rien ne peut arrêter l'ardeur de nos grenadiers qui s'élancent impétieusement à l'assaut de la redoute, sous la grêle de balles qui fauche leurs rangs. Le capitaine Houdetot entraîne ses hommes à l'escalade du parapet ; atteint d'une première balle dans le corps, il refuse de quitter le combat et s'élance sur le revêtement; une seconde balle le frappe à la tête et l'étend raide mort. Le grenadier Albarède, arrivé le premier sur la crête, met son bonnet à poil au bout de sa baïonnette et saute dans la redoute en criant à pleine voix "En avant ! Vive l'Empereur!". Les grenadiers, malgré le feu à bout portant de l'ennemi, s'élancent à qui mieux mieux dans l'ouvrage, entraînés par leurs braves officiers qui payent vaillament de leurs personne. Les bonnets à poils sont dans la position, les Autrichiens s'empressent de l'évacuer et se sauvent au delà du Naviglio, si vite qu'ils ne songent même pas à défendre le passage de la rive gauche. En 20 minutes les grenadiers se sont emparés du pont et des ouvrages qui le défendent. Un sous lieutenant autrichien s'approche alors seul, avec la plus grande bravoure, pour faire sauter le pont du chemin de fer. Le caporal Alibert se précipite sur lui et le tue pendant que le capitaine Blache enlève la mêche de la mine. Le général de Wimpfenn se protège alors dans la redoute par le déploiement d'un rideau de tirailleurs qui arrête un instant l'ennemi, mais il est bientôt obligé d'appeler la réserve à son secours car les Autrichiens qui occupent en face les bâtiments élevés sur les deux rives du pont, battent l'intérieur de l'ouvrage par un feu plongeant des plus meurtriers et repassent le pont de chemin de fer. [...] Le bataillon de réserve du 3e grenadier arrive bientôt dans la redoute. Le lieutenant colonel de Tryon comprend immédiatement qu'il faut enlever à tout prix les maisons de Ponte di Nuovo. Il sort de l'ouvrage, remonte le long du canal à la faveur des taillis et des couverts et se jette avec furie sur les bâtiments dont ses grenadiers brisent les portes. Ils pénêtrent dans l'intérieur et découvrent six barils de poudre destinés sans doute à faire sauter le pont. Les défenseurs des maisons sont tous tués ou faits prisonniers.
Les grenadiers repoussent ensuite les retours offensifs des Autrichiens du régiment Prince Wasa, mais ils s'épuisent bientôt dans cette lutte inégale. Le général Cler lance alors ses zouaves en avant. devant cette poussée furieuse, les Autrichiens reculent en désordre et le pont ainsi que les maisons de la rive gauche sont emportés en un instant
(La Garde - Richard)". Le régiment, ainsi que tout les corps de la Garde, va alors défendre les maisons du pont pendant plus de deux heures contre les retours offensifs autrichiens et ne devra son salut qu'au retrait autrichien, menacé sur ses flancs par l'attaque de MacMahon.
A Solférino, le régiment n'est pas engagé en première ligne.

En 1870, il subit de nouveau de lourdes pertes et perd son colonel lors de la bataille de Rezonville dans la défense de son drapeau un instant menacé : "Depuis une heure, le 3e régiment de grenadiers est attaqué avec la dernière violence. Le commandant Lavollée est blessé, le sous lieutenant porte aigle Marcel tombe grièvement atteint. Le capitaine Geoffroy qui relève le drapeau du 3e grenadier, frappé de trois blessures, le passe à un troisième officier qui roule bientôt ensanglanté. Le colonel Cousin se précipite alors pour relever l'aigle de son régiment, mais il est criblé de balles et tombe expirant, la hampe serrée entre ses mains crispées. Le capitaine Morand, le sergent Morlas et le grenadier Hermann relèvent enfin l'aigle qu'agite frénétiquement le capitaine, groupant autour de lui une poignée de braves, résolus à le défendre jusqu'au dernier. L'assaut que vient de subir le régiment a été des plus rudes, c'est le 72e allemand qui a escaladé les hauteurs dont les grenadiers l'ont rejeté avec pertes ; son colonel et son major sont restés sur le terrain.
Le 40e prussien recueille les débris du 72e et se reporte bientôt en avant. C'est un nouvel et furieux assaut que les grenadiers du 3e repoussent encore d'une façon sanglante en tuant également le colonel Eberstein commandant le 40e régiment prussien. Mais ces succès sont chèrement payés par le 3e régiment de grenadiers. Le commandant Herbillon, blessé est obligé de quitter le champ de bataille. Le capitaine Volmérange, bien que blessé aussi prend le commandement des débris du régiment. Deux cent braves se groupent autour du drapeau ensanglanté ; quelques officiers les disposent sur la ligne de combat, prêts à repousser un nouveau mouvement offensif de l'ennemi qui se dessine. Le 11e régiment allemand, grossi des débris du 72e et du 40e, va tenter un dernier assaut du mamelon sur lequel les grenadiers sont cramponnés. Le capitaine adjudant major Chamby, le capitaine Lavigne, les lieutenant Tabareau, Hensh, Durand, Bonie, les sous lieutenants du Ganay, Bonnardel et Deligny excitent à haute voix, à la façon des héros d'Homère, le courage de leurs vaillants soldats. Mais la situation est si critique que les grenadiers ne songent qu'à vendre chèrement leur vie ; tout à coup la charge sonne, c'est la bataillon des chasseurs de la Garde qui s'élançant avec la plus grande vigueur, ayant à se droite le 51e de ligne, à sa gauche le 62e, dégage les débris du 3e régiment de grenadiers dont l'aigle est sauvée. Débris glorieux et qui prouvent avec quelle féroce énergie le régiment avait soutenu cette lutte sanglante contre des forces trois fois supérieures en nombre. Sur 900 hommes, il comptait 472 des siens hors de combat, sur 42 officiers, 8 étaient tués, 16 étaient blessés.
(La Garde - Richard)".
Pas engagé à Saint Privat, il est finalement obligé de capituler avec le reste de l'armée à Metz.


  

Rémi Clément Michel

Né le 1/10/1817 à Bar le Duc. Michel est un ancien de Saint Cyr (1837-1839) dont il est sorti classé 56e.

Nommé Sous Lieutenant le 1/10/1839, il rejoint le 46e régiment d'infanterie. Les 15 premières années de sa carrière se passent en France, où il gravit progressivement les échelons, étant promu Capitaine le 19/12/1848. C'est comme adjudant major de son régiment qu'il embarque pour l'Orient le 29/6/1854. Il est cité pour son action lors du combat de nuit du 13 au 14 avril 1855, où il est blessé à la joue et à l'oeil gauche par des eclats d'obus et où il a, selon ses états de service, le bras gauche "fracassé par un biscaïen". Il est fait chevalier de la Légion d'Honneur. Etant rentré temporairement en France le 2/6/1855, il revient servir en Crimée du 2/12/1855 au mois de juin 1856.

Le 24/12/1858, il est promu Chef de bataillone au 45e régiment d'infanterie, avec lequel il ait la campagne d'Italie. Lors de la bataille de Solférino, le 24/6/1859, il a un cheval tué sous lui et reçoit une contusion légère à la jambe gauche, provoquée par une balle.
Alors qu'il est encore en Italie, le 4/7/1859, il passe au 3e régiment de grenadiers de la Garde Impériale.

Fait officer de la Légion d'Honneur en mai 1864, il est promu Lieutenant Colonel du 71e régiment d'infanterie le 3/7/1870.

Il est mort le 23/9/1901.

Photo Prevot (Paris)


Joseph Auguste Beynet

Né le 13/7/1821 à Malaucène (Vaucluse).

Joseph Auguste est un officier sorti du rang. Engagé au 57e régiment d'infanterie en 1840, il y est nommé sergent major en novembre 1844.

Le 14/7/1848, il rejoint le 1er régiment étranger et sert en Afrique de 1848 à 1854. Nommé adjudant en mars 1852, il est promu Sous Lieutenant le 10/8/1853.
Il embarque pour l'Orient le 11/6/1854 et devient porte drapeau du régiment le 18 novembre de la même année.

Beynet est nommé Lieutenant le 24/4/1855. Il y sert lors du siège de Sébastopol, notamment le 1/5/1855 lorsque le régiment enlève les ouvrages de contre approches des Russes devant le bastion central.
Revenu en Algérie en juin 1856, il fait campagne en Algérie, puis participe à la guerre d'Italie, son régiment s'illustrant lors de la bataille de Magenta.

Il est promu Capitaine le 7/12/1859, il est nommé chevalier de l'Ordre de François Joseph le 24/11/1860.
En décembre 1861, après le licenciement du 1er régiment étranger, Beynet est nommé au 97e régiment d'infanterie, toujours en Algérie. Nommé chevalier de la Légion d'Honneur en décembre 1862, il passe dans la Garde Impériale au 3e régiment de grenadiers de la Garde Impériale un mois plus tard.
Il est ici photographié en grande tenue, bonnet à poil posé sur la table du photographe, arborant fièrement ses décorations - il est d'ailleurs le seul à porter la décoration autrichienne dans son régiment.

Il est promu Chef de bataillon le 19/7/1870, au tout début de la guerre de 1870. Il prend sa retraite le 24/11/1870.

Il est mort le 24/3/1904.

Photo Prevot (Paris)

  


 
  

François Marie Antoine Ferry

Né le 28/12/1809 à Luneville, Ferry s'engage au 58e régiment d'infanterie en février 1831. Il fait la campagne de Belgique de 1831 à 1833, en revenant sergent major.

Il est nommé Sous Lieutenant le 6/2/1839 et embarque pour l'Algérie où il va servir sans interruption jusqu'en 1847.

Nommé Lieutenant le 16/12/1842, il est cité à deux reprises dans le rapport officiel de l'expédition de l'est contre la tribu des Flisset, le 18/5/1844, puis le 28/10/1844. lors de cette journée. Il est fait chevalier de la Légion d'Honneur le 30/6/1844.

Nommé Capitaine le 20/10/1847, il devient adjudant major au 58e RI.
Le 17/4/1856, il est nommé au 3e régiment des Grenadiers de la Garde.

Chef de bataillon le 12/8/1857, il rejoint alors le 6e régiment d'infanterie, avec qui il débute la campagne d'Italie. Le régiment se distingue lors de la bataille de Solférino en enlevant le village de Médole, au prix de 19 officiers et 290 hommes hors de combat, mais faisant 400 prisonniers et capturant un canon. Ferry est promu officier de la Légion d'Honneur le 25/6/1859 ( "29 ans de service effectif, douze campagnes") et reçoit la médaille de la valeur militaire de Sardaigne.

Quatre jours plus tard, Ferry retourne au 3e régiment de grenadiers de la Garde Impériale, mais cette fois comme chef de bataillon (photo ci contre). Il va rester à ce poste jusqu'en 1866.

Ferry prend sa retraite le 22/11/1865, comme Lieutenant Colonel.

Il est mort le 29/4/1899.

Photo Crémière & Hanfstaengl (Paris)


Joseph Victor Delbos

Né le 1/11/1834 à Auxonne, fils d'un sergent major du 21e régiment d'infanterie, il y est nommé enfant de troupe à deux ans, puis est engagé comme soldat au même régiment en novembre 1851. Caporal en 1852, il est nommé sous officier le 19/4/1853, et sert comme sergent et sergent fourrier. Il part pour l'Orient le 6/11/1854. Le 18/5/1855, il est promu sergent major.

Le 8/9/1855, lors de l'assaut de Sébastopol, il est légèrement blessé à la tête, contusionné au flanc gauche et à la cuisse droite par balles. Après près de vingt ans passé au régiment, il y reçoit les épaulettes de Sous Lieutenant le 23/9/1855 et est nommé sur le champ de bataille. Revenu en France en juin 1856, il fait ensuite campagne en Italie (du 27/4/1859 au 30/8/1859).

Le 17/11/1859, il est muté au 3e régiment des Grenadiers de la Garde et y est promu Lieutenant le 21/7/1862. Sur cette photo, il porte les deux médailles commémoratives de Crimée et d'Italie. Le 20/3/1868, il reçoit la croix de StStanislas de Russie.

Capitaine le 10/8/1868, il passe au 99e régiment de ligne et y fait la guerre de 70. A la bataille de Sedan, le 1/9/1870, il est contusionné au bras et au genou droit par des eclats d'obus. Il est prisonnier de guerre le lendemain. Après la guerre, il est nommé Chevalier de la Légion d'Honneur le 20/11/1872.

Le 4/5/1876, il est promu officier supérieur, Commandant et rejoint le 96e régiment d'infanterie.

Delbos atteint alors le grade de Lieutenant Colonel le 25/2/1887 et il est nommé au 105e régiment d'infanterie. Officier de la Légion d'Honneur le 8/7/1889.

Le 18/7/1890, il atteint le sommet de sa carrière et est nommé Colonel au 76e régiment d'infanterie. Il est retraité le 2/12/1894.

Il est mort en mars 1909.

Photo Prévot (Paris)

     

Les colonels du 3em régiment des Grenadiers de la Garde

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