LES TIRAILLEURS ALGERIENS
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Historique sous le IInd Empire

 

Le 1er Tirailleur est créé en 1856. Régiment de la province d'Alger, il participe à toutes les campagnes de la pacification en Algérie : expédition de Kabylie (1857), expédition du Maroc (1859), Insurection du Sud (1864). Le régiment contribue aussi pour un bataillon à la formation du régiment provisoire qui combat en Italie (1859, Turbigo, Magenta et Solférino) et participe aux expéditions lointaines du Sénégal (1861), de Cochinchine (1862) et surtout du Mexique (1863-1866). En 1870, le régiment est engagé à l'armée d'Alsace à Wisembourg et à Froeschwiller où il subit des pertes considérables.


 Le 2e Tirailleurs est créé en 1856. Régiment de la Provine d'Oran, il fait principalement les campagnes de la pacification en Algérie : Kabylie (1857), expédition du Maroc (1859), colonnes du sud (1859, puis 1864), expédition contre les Flittas (1864). En 1859, le régiment envoie un bataillon en Italie et son colonel qui est blessé à Solférino. Il participe aux expéditions lointaines du Sénégal (1861), de Cochinchine (1862) et surtout du Mexique (1862-1867) ou il prend un drapeau ennemi à la bataille de San Lorenzo. En 1870, le régiment est engagé à l'armée d'Alsace à Froeschwiller où il est pratiquement anihilé, perdant son colonel.

     

César Auguste Bailleul

Né le 15/3/1839 à Hazebrouk. Engagé pour 10 ans le 27/1/1857 au 18e bataillon de chasseurs à pied, il est nommé caporal le 2/12/1857 et fait la campagne d'Italie (29/4/1859-30/5/1860).

Il passe ensuite comme tirailleur au 2e régiment de tirailleurs algériens le 29/1/1861, régiment dans lequel il est nommé caporal le 19/3/1861.
Le 21/9/1861, il est affecté au bataillon de tirailleurs algériens du corps expéditionnaire de Cochinchine, formé de six compagnies de volontaires tirées des trois régiments de tirailleurs. Il embarque sur le Canada le 15/10/1861 et après avoir remonté le Nil, embarque à Suez sur le Jura pour débarquer à Saïgon le 1/2/1861. Le bataillon est alors engagé dans la prise de Vinh Long en mars 1861 et dans diverses opérations de pacification, en particulier la prise de Go-Cong. César Bailleur est nommé sergent le 21/1/1863. La pacification étant accomplie, la bataillon revient en Algérie le 12/7/1864. Durant la campagne, Bailleul est décoré de l'ordre de Marie Isabelle Louise (le 16/6/1863) et reçoit la médaille militaire le 12/8/1864. Il porte ces deux décorations (avec la médaille d'Italie) sur cette photo prise à Paris, alors qu'il est sergent fourrier au bataillon détaché dans la Garde Impériale.
Libéré en 1867 à l'expiration de son engagement, Bailleul se réengage pour une nouvelle période, étant renommé sergent en fevrier 1868. Il participe à la campagne de l'Oued Guir au sein du bataillon du régiment engagé dans cette campagne dans le sud de la province d'Oran. Le 25/4/1870, la colonne attaque le ksar d'Aïn Chair, centre d'approvisionnement des insurgés. Après une demie heure de canonnade, les tirailleurs sont lancés à l'assaut du village fortifié, mais se heurtent à une forte défense et doivent reculer, perdant 150 hommes dans l'engagement. Bailleul, alors sergent major, est atteint d'un coup de feu à la cuisse gauche. Le village fera soumission le lendemain.

La guerre de 70 accélère sa promotion, il est nommé adjudant le 14/7/1870, puis sous lieutenant le 4/8/1870. Il n'est pas envoyé avec les troupes envoyées en France dans la première partie de la guerre et echappe à la terrible bataille de Froeschwiller. Il rejoint la France le 6/11/1870 au régiment de tirailleurs algériens de marche à l'armée de la Loire et il est promu lieutenant le 15/12/1870. Envoyé à l'armée de l'est en janvier 1871, le régiment de marche fait la difficile campagne du Jura et la retraite vers la Suisse. Bailleul est une nouvelle fois blessé d'un coup de feu à la main gauche le 25/1/1871 au combat de Sombacour, en conduisant une charge à la baïonnette pour dégager le village encerclé par les prussiens. Il y est fait prisonnier.

Revenu de captivité en fevrier 1871, il retourne au 2e régiment de tirailleurs algériens. Il est promu capitaine le 20/11/1875 au 14e régiment d'infanterie. Nommé chevalier de la Légion d'Honneur le 12/7/1880.

Il est mort le 29/1/1899

Photo Bertand (Paris)

Henry Arthur Viénot

Né le 1/10/1830 à Nantes, Saint Cyrien de la promotion 1850-1852, Viénot est nommé Sous lieutenant le 1/10/1852, puis Lieutenant le 15/3/1855 au bataillon des chasseurs de la Garde, avec lequel il fait la campagne d'Italie.

Promu Capitaine le 21/3/1860, il rejoint le 2e régiment de tirailleurs.
En 1864, il participe aux colonnes de repression de l'insurection. Le 27/10/1864, il participe à la prise des crêtes du défilé d'El Araouïa. "En moins d'une demie heure, après une course des plus pénibles à travers un terrain difficile, les troupes délogent les Arabes qui, repoussés des crêtes, se retirent derrière un pli de terrain et s'enfoncent dans les Grottes de la poudre. Les grottes sont bintôt cernées et les tirailleurs sont lancés contre elles. Mais l'entrée en est étroite : C'est un trou où un seul homme à la fois peut à peine se glisser en rampant. La colonne n'a pas d'outils, pas de poudre de mine. Il n'y a même pas aux environs de broussailles pour enfumer les défenseurs. Aussi c'est en vain que sous le feu de l'ennemi et avec un complet mépris du danger, les tirailleurs essaient d'y pénétrer. Après une grande heure d'efforts, et la nuit arrivant, ils sont forcés de se retirer emportant 3 morts et 6 blessés, parmi lesquels le capitaine Viénot (historique du régiment)".
En fevrier 1865, son bataillon embarque pour Paris pour être affecté à la Garde Impériale durant près d'un an (jusqu'en janvier 1866). Durant son séjour, Vienot est nommé adjudant major du bataillon et fête ses nouveaux galons (reconnaissables par la couleur différente du galon central) chez le photographe Prévot à Paris.
En 1870, il commande le bataillon de marche qui participe à l'expédition de l'Oued Guir en début d'année. A la déclaration de guerre contre la Prusse, il est adjudant major au 2e bataillon du régiment. Le 6/8/1870 le régiment est engagé à Froeschwiller, dans la défense du Hochwald contre les régiments bavarois. Viénot prend le commandement du bataillon lorsque le commandant Jodocius est tué lors d'une contre attaque le matin. Durant le reste de la journée, le régiment va défendre l'éperon boisé contre les attaques prussiennes et bavaroises, très supérieures en nombre. Pour arréter leur marche en avant, les tirailleurs doivent effectuer de nombreux retours offensifs à la baïonnette qui rejettent plusieurs fois l'ennemi dans les bois d'où ils essaient de déboucher, mais au prix de pertes sanglantes, notamment lorsque les tirailleurs doivent remonter la pente vers le couvert du bois, sous le feu de l'artillerie prusienne. En fin d'après midi la retraite est inévitable. Officier survivant le plus gradé, Viénot regroupe les restes de la troupe, il ne reste que 240 survivants : 15 officiers et 800 hommes ont été tués, 21 officiers et 800 hommes sont blessés.

Ayant reconduit les survivants au camp de Chalons pour leur réorganisation, Viénot les quitte, nommé Chef de bataillon le 4 aout, pour prendre le commandement du 8e bataillon de chasseurs. Il se distingue une nouvelle fois à Sedan, en combattant devant les villages de Bazeilles et de Balan. Fait prisonnier à l'isue de la bataille, il retrouve brièvement son commandement après la guerre, avant de démissionner en janvier 1872.   

Photo Prévot (Paris)

  

      

         

Allel Bou Korso

 

Alel bou Korso est né en 1828 à Tlemcen.

Il s'engage en 1854 au bataillon de tirailleurs indigènes d'Oran et est envoyé en Orient (Crimée) entre août 1854 et fevrier 1855. Nommé caporal en octobre 1855, puis sergent en mai 1858, il fait la campagne d'Italie. Il reçoit la médaille militaire en juin 1859.

Il est nommé sous lieutenant le 28/3/1863 au 2e régiment de tirailleurs algériens, puis lieutenant le 20/3/1867.

Il est photographié à Paris, alors qu'il fait partie du bataillon du 2e tirailleur algérien envoyé en France pour prendre rang au sein de la Garde Impériale entre fevrier 1865 et janvier 1866.

En 1870, il participe à l'expédition de l'Oued Guir sous le commandement du général de Wimpfen, puis il est envoyé en France pour participer à la guerre contre la Prusse.

Ayant survecu à la guerre, il reçoit la croix de chevalier de la Légion d'Honneur en 1875. Il participe ensuite à la campagne de Tunisie de 1881.

Il est mort en mars 1894.

 

Photo Prévot (Paris)


 Le 3e Tirailleur est créé en 1856 à Constantine. Il fait les campagne en Algérie : Kabylie orientale, expédition des Babors (1856), insurrection de 1864. En 1859, le régiment envoie un bataillon en Italie. Il participe aux expéditions lointaines du Sénégal (1861), de Cochinchine (1862) et du Mexique (1862-1867) ou il prend lui aussi un drapeau ennemi à la bataille de San Lorenzo. En 1870, le régiment est engagé à l'armée d'Alsace à Froeschwiller où il parvient à sauver son drapeau menacé par l'ennemi.

Jean Clery Mercier de Sainte Croix

 

Il est né le 12/8/1818 à Valeilles (Tarn et Garonne)

Capitaine le 21/7/1848 au 4e RI

Chef de bataillon le 30/12/1857 au 3e tirailleur algérien.
Lors de l'insurection de 1864 eclate, Mercier de Sainte Croix prend le commandement d'un bataillon de marche, formé de trois compagnies prises dans chacun des régiments de tirailleurs, pour assurer l'ordre dans la province de Constantine et organiser une colonne vers Tuggurt, atteinte le 30/4/1864. La rebellion prenant de l'ampleur, une nouvelle colonne est organisée à Sétif pour pacifier le Hodna en septembre. Mercier s'y illustre, notamment le 22 septembre en effectuant une razzia sur la tribu des Ouled Sidi Brahim qu'il surprend au col de Tessa.
Les troubles continuent durant l'année 1865, obligeant l'armée à intervenir en Kabylie. Mercier commande un bataillon de marche ayant le Babor comme objectif et s'illustre le 27 mai lors de l'attaque du col de Boudernis.
Les opérations de pacification étant terminées, le 1er bataillon a l'honneur d'être désigné pour représenter le régiment à Paris. Il sera caserné dans la capitale entre mars 1866 et juin 1867, effectuant le même service que celui de la Garde Impériale. C'est lors de ce séjour en France que Mercier est photographié à Paris. Il défilera à Longchamp lors de la revue de la Garde présentée au Tsar de Russie et au Roi de Prusse.

Le 4/3/1868, il est nommé Lieutenant Colonel du 12e régiment d'infanterie, alors présent en Algérie et qui rentre en France au mois d'avril. Le guerre de 70 le trouve toujours dans cette position. Le régiment est engagé dans la défense de Saint Privat et écrase de ses feux l'assaut de la garde prussienne, avant de devoir évacuer le village sous la pression du corps saxon, perdant 690 hommes dans la journée.

Mercier est promu Colonel le 16/9/1870 au 10e régiment d'infanterie, poste qu'il occupe jusqu'en 1878. Il finit sa carrière commandeur de la légion d'Honneur.

Photo Prévot (Paris)

       

 

    

Fabien Pierre Edmond Gandil

Né le 14/8/1822 à Fontaine Française (Côte d'or), cet officier du corps d'état major a servi toute sa carrière en Algérie, dans les tirailleurs indigènes et dans les bureaux arabes.

Il rejoint le 3e tirailleurs algériens comme Lieutenant Colonel, et le conduit dans la colonne de pacification du Hodna, à l'automne 1864, lors de la repression de la révolte de la province de Constantine. Le 2 octobre 1864, la colonne est attaquée au camp de Dermel.  "A midi l'attaque commença. Plus de 2000 fantassins et 1000 cavaliers se ruèrent sur le camp, se portant de front contre la ligne des grands garde des tirailleurs algériens. Le colonel fit porter les deux bataillons de tirailleurs en avant. Ceux-ci qui depuis longtemps fremissaient d'impatience, se précipitèrent en poussant un long cri de joie, suivi bientôt d'un autre plus suvage, plus terrible, qui suffit à rendre hésitantes les masses confuses de l'ennemi, en y semant un effroi qui devint de la panique, dès que la baïonnette menaçantes de nos soldats eurent commencé à fouiller dans ce tourbillon humain. De ce moment la fuite des rebelles commença sur tous les points ; elle s'effectua avec une telle rapidité, qu'ils eurent bientôt completement disparu. Les pertes de l'ennemi avaient atteint le chiffre énorme de 300 tués ou blessés." 

Gandil est alors promu Colonel le 26/12/1864 et reste à la tête du régiment qu'il va conduire en France en 1870. Le 6/8/1870 lors de la bataille de Froeschwiller, le régiment forme l'extrème droite de la ligne de défense du premier corps d'armée. Vers 10 heures, le combat s'engage devant le régiment : appuyée par plus de cent pièces d'artillerie qui, depuis les hauteurs de la rive gauche de la Sauerbach foudroient les français, la 21e division prussienne franchit le pont de Gunstett et attaque les lignes de défense. "A onze heures et demie, le Colonel Gandil situé à l'extrème droite du régiment voit le manque d'unité de notre action et les progrès des assaillants. Une attaque vigoureuse est indispensable si l'on veut empêcher ceux-ci de prendre pied sur la rive droite de la Sauerbach. Il n'a avec lui que trois compagnies (1e, 2e et 3e) ; il les forme en bataille, s'élance à leur tête, et d'un bond irresistible se rue sur la colonne ennemie qui, immédiatement rétrograde en désordre vers le pont de Gunstett. Tout plie, tout cède devant cette charge à fond ; les tirailleurs franchissent le pont à la suite des Prussiens, poursuivent ceux-ci la baïonnette dans les reins, les refoulent jusqu'aux premières maisons de Gunstett; mais là, épuisés par l'effort héroïque surhumain qu'ils viennent de fournir, assaillis par le feu qui part du village, ils doivent s'arréter, puis céder à leur tour et repasser le pont pour venir se reformer en arrière et mettre un peu d'ordre dans leurs rangs qui viennent d'être complètement décimés (historique du 3e régiment de tirailleurs)". Pressée et tournée par un ennemi, très supérieur en nombre, le régiment doit finalement retrograder au prix de lourdes pertes. Les pertes dela journée s'élèvent à 872 hommes dont 33 officiers. La retraite ramène le régiment au camp de Chalons. Gandil est alors nommé général de brigade et quitte son commandement. Sa carrière est détaillée sur la page qui lui est consacrée.

Photo Plasse et Oberty (Constantine)

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