Marie Théodule LESCHERES Né le 26/4/1836 à Pont de Vaux (Ain)
 
 
Photo Mallet (Alger)

Théodule Leschères a fait l'école de Saint Cyr dont il est sorti 78e, il est promu Sous Lieutenant le 1/10/1857 au 1er régiment d’infanterie.

Fait Lieutenant le 16/8/1862, il sert brièvement à Rome d’octobre à novembre 1867 et reçoit la croix de Mentana, bataille à laquelle il ne participe pas.

Capitaine le 10/8/1868, il est adjudant major en avril 1869. Il fait campagne à l’armée de Metz et est cité à l’ordre du 4e corps d’armée pour "s’être vaillamment conduit dans les journées du 31/8 et 1/9/1870 sous Metz". Il est capturé à la capitulation de Metz le 29/10/1870. Le 16/4/1871, revenu de captivité, il passe au 41e régiment d’infanterie et fait campagne à Paris contre la Commune. Le 22/5/1871 il est blessé d’une contusion par éclat d’obus à la cuisse droite. Il est nommé Chevalier de la légion d’Honneur le 25/5/1871 pour s’être particulièrement distingué dans les différentes attaques dirigées contre le fort d’Issy.
Le 25/2/1874, il passe au 1er bataillon d’infanterie légère et rejoint l’Algérie.

Promu Chef de bataillon au 99e régiment d’infanterie le 4/4/1878, il quitte l’Algérie une année, avant d’y revenir, au 2e régiment de Zouaves le 4/4/1879.
Il fait alors campagne en Tunisie (avril-Juin 1881) en y commandant son bataillon. Il prend le commandement des troupes réunies au camp de Tarf (frontière tunisienne) puis son bataillon compose le premier régiment de marche de la brigade Ritter puis Caillot qui va faire campagne dans le massifs de Khroumirs. La campagne se déroule sous la pluie et dans la boue, mais sans engagement significatif, hormis une razzia conduite le 26/5/1881 sur l’Oued Zaïn qui ramène 473 chèvres, 150 moutons et 72 bœufs et de nombreux prisonniers. La campagne se termine sur cet ordre du jour du général Caillot : « Sans cartes, sans guides, dans une région inconnue et plus difficile que toutes celles parcourues jusqu’alors par les plus vieux d’entre nous, dans des circonstances atmosphériques épouvantables et sans précédent en Afrique, vous avez marché la pioche à la main, avec la vaillance des anciens zouaves dont vous perpétuez la tradition

A peine revenu en Algérie, à Oran, son bataillon est engagé dans les opérations contre l’insurrection en Algérie mené par Bou Amama (Juillet 1881-Janvier 1882). Sous la conduite du général Colonieu, le bataillon rejoint Mecheria le 7/08 où il organise des redoutes et tente, sans succès, d’attendre Bou Amama à Aïn Sefra. Fortement atteintes par les fièvres, la colonne doit être dissoute en octobre.
Une nouvelle expédition est alors mise sur pied pour faire campagne contre la tribu marocaine des Ahmours, âme de l’insurrection. Le bataillon Leschères est alors rejoint par les deux autres bataillons du régiment au sein de la colonne du général Louis. Regroupée début novembre au camp d’Aïn Sfissa, elle a pour objectif de rejoindre les rebelles refugiés dans les massifs du Djebel Beni Smir. Le bataillon Lescheres à l’honneur de joindre l’ennemi le 5/11 :
« les zouaves du 2e bataillon, formant la colonne du centre, arrivent vers neuf heures au pied des hauteurs du Djebel-beni-Smir, en bas d'une sorte de cirque immense qui s'élève par étages successifs et en avant duquel se dresse un piton rocheux formant comme un redan naturel. Là, les zouaves font la grand'halte, puis, à dix heures, ils commencent l'ascension de la montagne. Dès les premiers pas, ils entendent en haut des cris d'hommes, des aboiements de chiens et des mugissements de troupeaux. Ils ont l'ennemi devant eux. Immédiatement, la formation de combat est prise : les 2 et 3° compagnies forment la ligne de combat; les 1re et 4 constituent la réserve. La marche est lente car les difficultés du terrain sont immenses. Tout à coup, les premiers coups de fusil sont tirés; ils partent du piton dont il a été question tout à l'heure et que l'ennemi couronne brusquement, tandis qu'en arrière, il s'efforce de faire passer à son convoi et à ses troupeaux l'unique col par où ils peuvent s'échapper. Les zouaves des compagnies de tête, excités par les balles qui s'abattent autour d'eux, bondissent de roche en roche à l'escalade du piton. Bientôt la 2° compagnie, flanquée à droite et à gauche par un peloton de la 3e, arrive au sommet de la hauteur que l'ennemi a abandonnée à temps. Mais, en avant des zouaves, se dresse maintenant une muraille de 400 mètres de hauteur, au centre de laquelle s'ouvre un col étroit, solidement occupé par les dissidents, qui, au fur et à mesure que les zouaves apparaissent devant eux, les accueillent par une intense fusillade. Le colonel Swiney envoie la 4e compagnie (capitaine Henry), moins une section, sur la gauche, dans la montagne, pour tâcher de tourner la droite de l'ennemi, et, en même temps, un peloton de la 1re avec le lieutenant Gangloff la droite, pour menacer sa gauche. Les deux compagnies qui font l'attaque de face sont descendues du piton et commencent l'escalade du col sous une grêle de balles. Les zouaves arrivent bientôt à 100 mètres au-dessous de la crête que couronne l'ennemi. Alors sur eux s'écroulent des quartiers de rocs que les insurgés font rouler d'en haut. La fusillade devient terrible. En une minute, le lieutenant Le Drappier, un caporal et 2 zouaves sont tués, le capitaine Cheylard, deux sous-officiers et 5 zouaves sont blessés. L'élan des zouaves s'arrête. La 2° compagnie, embusquée le mieux possible dans les rochers, riposte au feu de l'adversaire et attend l'effet des mouvements tournants ordonnés. Le dernier peloton de la réserve entre en ligne. C'est à ce moment que le colonel Swiney envoie un sergent vers le 3e bataillon pour lui donner l'ordre d'accourir. Enfin, à quatre heures et demie, on signale sur les crêtes de gauche les éclaireurs de la 4e compagnie ; mais la compagnie elle-même, qui a dû franchir des obstacles inouïs, est loin encore ; à cinq heures, on signale l'arrivée, par la gauche, du 3 bataillon. Les zouaves, depuis plusieurs heures sous le feu de l'ennemi, frémissent d'impatience. Le colonel Swiney donne le signal de l'assaut. Les clairons sonnent la charge et tout le monde s'élance vers le col. L'ennemi, voyant sa droite débordée, résiste à peine et franchit le col en pleine déroute. Quelques minutes après, les quatre compagnies du 2e bataillon se donnent la main sur la crête du Djebel-beni-Smir. C'est là haut, sur la position glorieusement conquise, que bivouaquent les zouaves. Le lendemain, ils rentrent au camp de l'Oued-Msil avec leurs morts, leurs blessés, et une razzia de 101 chameaux, 124 bœufs, 402 moutons et 160 chèvres. Grâce à cette victoire dont tout l'honneur revient au régiment et en particulier au 2° bataillon, les tribus du Djebel-beni-Smir sont convaincues maintenant que leurs sommets, qu'aucune troupe n'avait encore escaladés et sur lesquels elles se croyaient invincibles, ne les défendront plus désormais. « (historique du 2e Zouaves)
Après cette victoire qui voit la soumission des Ahmours, la colonne Louis est dissoute en janvier. C’est au 1er bataillon du régiment que revient l’honneur de terminer la campagne par la soumission des derniers rebelles en juin. Quelques mois après, Leschères est nommé officier de la Légion d’Honneur le 7/7/1884, il est aussi Commandeur du Nicham Iftikar.

Début 1885, des renforts demandés au Tonkin motivent le gouvernement à y envoyer des bataillons de Zouaves. Le 25/6/1886, Leschères embarque pour le Tonkin avec le 3e bataillon du régiment et prend garnison à Hué. Il y est promu Lieutenant Colonel le 8/9/1887 du 1er régiment étranger. Il reçoit les ordres du Dragon d’Annam et revient d’IndoChine en septembre 1888.

Il est nommé Colonel du 1er Zouaves le 27/10/1890, puis Commandeur de la Légion d’Honneur le 10/7/1894

Promu Général de brigade le 29/3/1895, commandant la 2e brigade d’infanterie d’Algérie à Oran. Il est mort le 1/6/1906 à Sidi bel Abbes.

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