Le service de santé militaire


Photo Espagnet (Rouen) - 1870

Sous le Second Empire, le Corps de Santé de l'armée de terre comptait 1 277 médecins militaires, dont 7 inspecteurs (généraux), 390 majors, 800 aides majors et 162 pharmaciens.
Chaque régiment comprenait 2 médecins majors et un aide major.
Ces médecins furent présents sur tous les théatres d'opération.

Depuis 1844, les médecins militaires portent l'habit bleu de roi, boutonnant droit par une rangée de 9 boutons et un pantalon garance sans passepoils. Depuis le 1852, les couleurs distinctives des médecins et des pharmaciens sont respectivement le rouge et le vert. En 1854, ces officiers recoivent une capote tunique boutonnant par une rangée de boutons.
Les grades se reconnaissent à la broderie et les deux classes de chaque grade à l'encadrement de la broderie (une ou deux baguettes pour la 2e et 1ere classe) :
Aides majors : deux boutonnières brodées de chaque coté du collet
Médecins et pharmaciens majors : un serpent et une branche d'acanthe entrelacés. Pour la première classe, les parements de l'habit sont encadrés d'une baguette brodée.
Officiers de santé principaux : la broderie des majors est soulignée d'une baguette d'or torsadée. Le même motif est porté aux parements
Les Inspecteur portent une double rangée de broderies aux parements
 

Photo Prevot (Paris)

Photo Trinquart (Paris)

Photo d'Alessandri (Rome)


Photo Mulot (Paris)

Photo Malardot (Metz)

Photo Disdéri (Paris)

 
 

Médecin principal
Photo Crémière (Paris)

 

   

Felix Hippolyte Larrey

Il est le fils de Dominique Larrey (1766-1842), chirurgien en chef de la Grande Armée.

Professeur agrégé à Paris en 1835, après une thèse sur les fractures, il accompagne son père comme secrétaire en Algérie pendant l'inspection de 1842, il devient médecin militaire de 1re classe en 1839, puis chirurgien au Val-de-Grâce et professeur de pathologie chirurgicale à l'École de médecine et de chirurgie militaire en 1841.

Devenu membre de l'Académie de médecine en 1850, il est nommé chirurgien de l'Empereur en 1853 et médecin-inspecteur de l'armée en 1858. Il est le médecin en chef de l'armée d'Italie en 1859. Lors des combats de Solférino, son cheval est tué alors qu'il se trouve aux côtés de Napoléon III. L'année suivante, en 1860, il devient conseiller général de Bagnères-de-Bigorre. Il est nommé président de l'académie de Médecine en 1863.

En 1870, il est médecin en chef à l'armée du Rhin, il arrive à regagner Paris par la Belgique où il participe aux services sanitaires de la capitale. Il reçoit alors des insignes de Grand officier de la Légion d'honneur le 15 octobre 1871 et fait membre du conseil de l'ordre.

En 1877 il est élu aux élections législatives dans la circonscription de Bagnères. Il siège avec le groupe de droite l'Appel au peuple et s'oppose aux différents gouvernements républicains qui se succèdent. Il ne se représente pas en 1881 et se consacre à ses travaux de médecine.

Mort à Paris, à 87 ans, en octobre 1895, il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (37e division).

Photos Trinquart et Crémière (Paris)

   

 
  

Jean André Napoléon Perier

Né à Lyon le 2/2/1806, entré comme élève à l'école militaire du val de Grâce en 1829, il est nommé sous aide major en 1831 et envoyé au siège d'Anvers. De retour à Paris après la campagne, il est attaché en 1834 comme aide major de 2e classe au service des Invalides et remarqué par le baron Larrey, ancien chirurgien de la Grande Armée qui l'emmene avec lui dans le midi de la France pour lutter contre l'épidémie de choléra. Admis dans l'intimité de la famille, Périer épouse la fille de Larrey et devient ainsi le beau frère du sujet de la précédente biographie.

Reçu docteur en médecine en 1836, nommé successivement médecin major, médecin principal, il sert en Algérie, en Orient et durant la campagne d'Italie de 1859, il est médecin en chef du 2e corps de l'armée.

Périer revient à Paris comme médecin en chef des Invalides en 1860 et parvient au grade de médecin principal de 1ere classe, officier de la légion d'Honneur.

Son goût pour l'étude et ses aptitudes scientifiques l'avaient incité à s'occuper spécialement d'histoire et d'ethnologie. Membre dès 1840 de la commission chargée de l'exploration scientifique de l'Algérie, il étudie l'hygiène civile et militaire du pays. Attaché aux travaux de la société d'antropologie, il publie aussi de nombreuses études sur la perfectibilité des races, la consanguinité et l'hérédité.

Il est mort à Paris le 12/5/1860.

Photo Crémière (Paris)

 
Troisième République        
 
La loi du 13/3/1882 fixe la composition du corps de santé militaire à 1300 médecins et 185 pharmaciens.
 
Les inspecteurs et inspecteurs généraux ont la même tenue que celle des généraux, sans épaulettes ni étoiles, avec parements de manche et képi à bandeau de velours rouge.
 

Photo Armbruster (Lyon)

 
Les médecins principaux, majors et aides majors portent la tenue des officiers d'infanterie, avec parements de manche.
 

Collet et bandeau de képi en velours rouge. En grande tenue, le képi est orné d'un motif figurant un caducée sur des drapeaux.

 

La broderie au collet figure un caducée, entouré de feuilles de lauriers.

 
 
Les galons sont circulaires sur les manches et au képi.
Les pharmaciens sont habillés de la même manière, le rouge étant remplacé par du vert.
 
 
L'uniforme évolue comme celui des officiers d'infanterie : dolman de 1884 à 1894...
 

Medecin aide major de 1e cl
Garde républicaine (aiguillettes)
Photo Limauge (Paris)

Médecin Maj de 1e classe
Tenue de 1884
Photo Cairol (Oran)

 

Medecin principal de 1e cl
Photo Lagriffe (Paris)

Medecin major de 2e cl
Photo Mertens (Paris)

 

... puis tunique à une rangée de boutons après cette date.

Médecin principal de 1ere cl
Tenue de 1894
Photo Bouillaud (Briançon)

Medecin principal de 2e cl
Tenue de 1894
Photo Leenaerts (Toulon)

 

Trois carrières typiques de médecins militaires

Louis Victor Allaire

Né le 20/4/1823 à Houssaye en Brie

Chirurgien sous aide, le 15/9/1846. Envoyé à la division d'occupation de Rome. Il fait sa thèse de doctorat de la faculté de médecine en 1851 sur "quelques cas de fièvres bilieuses des pays chauds observées à l'hôpital de St André à Rome"

Médecin aide-Major de 1e Classe, le 14/8/1854, il est affecté au 9e régiment de cuirassiers avec lequel il fait la campagne de Crimée.

Médecin Major de 2e Classe, le 28/5/1859. Chevalier de la Légion d'Honneur en 1859, il passe au régiment des chasseurs à cheval de la Garde Impériale et participe à la campagne d'Italie de 1859.
En 1861, il publie une étude topographique sur Thionville, puis une étude sur la taille et le poids des hommes du régiment des chasseurs à cheval de la Garde.
En 1862, il devient membre de la société d'anthropologie de Paris. Il continue une période active de publications en rédigeant une étude statistique sur les morts nés en France, puis quelques recherches sur les infirmités, causes d'exemptions du service militaire à Meaux entre 1824 et 1859.

Médecin Major de 1e Classe, le 23/12/1865, il est au 40e régiment d'infanterie. A la veille de la guerre de 70, il exerce à l'hôpital de Cambrai. Officier de la légion d'honneur après la guerre (31/5/1871), il est affecté à l'hôpital de Givet en 1874.

Médecin Principal de 2eme Classe, le 20/12/1875, il passe à l'hôpital de Bayonne.

Médecin Principal de 1ère Classe, le 16/5/1880.
 
Il meurt en 1888.
   

    

Marie Pierre Alfred Bourot

Né le 24/08/1834 à Louneuil (Vienne)

Médecin Sous-Aide, le 10 Octobre 1855, il affecté à l'Armée d'Orient. Il publiera en 1858 sa thèse de doctorat à Strasbourg : "Considérations sur la pourriture d'hopital observée en Orient et sur son traitement par le perchlorure de fer". De retour en France, il est affecté à l'Hôpital de Strasbourg. En 1859, il est stagiaire à l'Ecole Impériale de Médecin et de Pharmacie Militaire.

Médecin aide-Major de 2e Classe, le 20 Juillet 1859, il fait partie du corps expéditionnaire en Chine. Il en profite pour faire des recherches sur l'orthopédie du pied chinois.

Médecin aide-Major de 1e Classe, le 20 Juillet 1861, il est affecté au 65e de Ligne (à Paris, dépôt au Fort d'Aubervilliers), puis, il participe à l'exépédition de Mexique (1863-1865), affecté aux hopitaux du corps expéditionnaire. Il est nommé chevalier de la Légion d'honneur le 20/4/1864.

Médecin Major de 2e Classe, le11 Août 1867, il passe au 3e régiment de zouaves, puis est affecté à la division de Constantine jusqu'en 1870. Durant la guerre de 70, il revient en France et participe au siège de Paris comme responsable de l'ambulance militaire du boulevard Pereire.

Médecin Major de 1e Classe, le 25 janvier 1872, il est affecté à l'Hôpital de Bordeaux, qu'il quitte pour prendre un service à l'hôpital militaire du Gros caillou à Paris.

Médecin Principal de 1ère Classe, le 27 Mai 1883, il est affecté à l'école de cavalerie de Saumur, puis en 1885 il est nommé médecin chef de l'hopital de Nancy. Officier de la Légion d'Honneur. En 1888 il est médecin chef de l'hopital de Vincennes, jusqu'en 1894. Il finit sa carrière comme commandeur de la Légion d'Honneur en 1894.

Il est mort le 16/1/1908.

Henri Adolphe François Libermann

Né le 15/10/1834 à Illkirch (Rhin), c'est le fils d'un professeur de médecine de l'école de Strasbourg. Il suit les cours de cette faculté de médecine et publie sa thèse en 1857 sur la "recherche sur les plaies pénétrantes des articulations".

Nommé Médecin aide major, le 31/12/1858, il sert d'abord aux hopitaux de la 9e division militaire (Marseille), au corps expéditionnaire en Italie, puis il obtient de participer à la campagne de Chine en 1860.
Il s'y distingue suffisamment pour être nommé Médecin aide-Major de 1e Classe, le 31/12/1860 et de recevoir la croix de chevalier de la légion d'honneur. Il publie aussi une ouvrage de recherche sur l'opium et ses effets.
Resté en Asie comme médecin du 2e bataillon de chasseurs, alors en campagne en Cochinchine, il en profite pour faire des recherches sur les "fièves pernicieuses en Indochine".
Attiré par les terres lointaines, il se fait alors transférer comme médecin au 95e régiment d'infanterie, alors au corps expéditionnaire français au Mexique et va servir dans les hôpitaux de l'armée française, effectuant des recherches sur les maladies de ce pays.
Promu Médecin aide Major de 2e Classe le 13/8/1865, il revient en France et est affecté à l'hôpital militaire du Gros Caillou. Durant la guerre de 70, il dirige à Metz un hôpital de 600 blessés et contribue activement à limiter les effets d'une épidémie de Typhus qui s'y déclare.

Médecin Major de 1e Classe, le 29/9/1870, il retrouve son affectation à l'hôpital du Gros Caillou après la guerre. Promu officier de la légion d'honneur en mars 1872, il se spécialise dans le traitement des fièvres typhoïdes, publiant notamment ses recherches sur le traitement de cette maladie aux bains froids. Il publie aussi des ouvrages sur le "traitement de la Syphillis par injection hypodermique de Mercure" et sur "l'aspiration comme mode de soin des tumeurs et des bubons". Il est promu Médecin Principal de 2eme Classe, le 19/12/1878, toujours à l'hôpital du Gros Caillou.
Il termine sa carrière comme Médecin Principal de 1ère Classe, nommé le 8/5/1884, peu avant de passer dans la reserve du corps militaire de santé.
Sur la photo ci dessus, il porte l'ordre royal du Cambodge, la croix d'officier de la légion d'honneur, la croix d'officier de l'ordre de la Guadalupe, la médaille d'Italie, la médaille de Chine et la médaille du Mexique.
C'est le frère du général de division Libermann.
  

 

 

Les vétérinaires militaires sont organisés par la loi du 13/3/75. Ces 419 officiers sont assimilés aux grades militaires, le plus haut niveau (vétérinaire principal de 1er classe) correspondant à celui de lieutenant colonel. 

Ils portent un dolman proche de celui des officiers de dragons, avec un collet et des pattes de parements rouges. Pantalon garance orné d'une bande noir. L'insigne au collet est le même que celui des médecins, sans le caducée.

Vétérinaire en 1er
Photo Gougot (Constantine)

Eugène Aureggio,
 
Né le 5 novembre 1844 à Sélestat (Bas-Rhin) d’un père gendarme, il est enfant de troupe dès le 21 mai 1851, à l’âge de 6 ans, au 52e régiment d’infanterie. Suivant probablement les garnisons de son père, Il passe au 38e régiment d’infanterie (le 23 janvier 1852), au 11e régiment d’artillerie (le 2 avril 1852), au 4e régiment d’artillerie (le 16 mars 1854), au 11e régiment d’artillerie (le 21 avril 1854) et au 3e escadron du train d’artillerie (le 30 mars 1856).
 
Admis au concours d’entrée à l’École impériale militaire vétérinaire d’Alfort, il souscrit un engagement le 27 septembre 1862 et entre à l’École le 1er octobre.  Le 7 août 1866, il présente et soutient une thèse sur la maladie naviculaire et obtient le lendemain diplôme de médecin vétérinaire. Le 23 octobre suivant, il rejoint alors l’École d’application de cavalerie à Saumur comme aide vétérinaire stagiaire. Le 25 octobre 1867, après une année de stage, il est affecté au 12e régiment de dragons comme aide vétérinaire.
Passé au 9e régiment d’artillerie le 24 décembre 1869, il prend part à la campagne contre l’Allemagne à partir du 18 juillet 1870. Fait prisonnier à Sedan le 3 septembre, il est interné en Allemagne jusqu’au 8 avril 1871. Revenu au 9e régiment d’artillerie il passe au 16e régiment d’artillerie le 13 juin 1872. 
 
Nommé vétérinaire en 2nd le 18 mars 1873, il est affecté au 4e régiment de hussards.
 
Le 23 septembre 1878, il est affecté à l’École militaire supérieure où il sert jusqu’au 24 janvier 1880, date de sa nomination au grade de vétérinaire en 1er. Après avoir été affecté au 18e régiment de dragons, il passe au 4e régiment de cuirassiers le 5 mai 1881. En 1883, il accomplit à l’étranger une mission pendant laquelle il visite de nombreux casernements en Allemagne et en Belgique ; à l’issue il adresse plusieurs rapports qui, avec de nombreuses publications, prix et récompenses, contribuent à l’asseoir comme un spécialiste de l’hygiène militaire.  Le 18 mars 1885, il est affecté au 11e régiment d’artillerie. Débarqué en Algérie le 10 mai 1891, il prend les fonctions de vétérinaire de la place d’Alger.
 
Promu au grade de vétérinaire principal de 2e classe le 9 juillet 1893, il est affecté à l’École d’application de cavalerie de Saumur où il est directeur du 5e ressort vétérinaire. Il prend la direction du service et de l’enseignement vétérinaire de l’École le 14 novembre 1894 et il est fait chevalier de la Légion d’honneur le 7 mai 1895. C'est dans ce poste qu'il figure sur la photo ci joint.
 
Le 10 juillet 1896, il est promu au grade de vétérinaire principal de 1re classe et nommé directeur des 7e et 8e ressorts vétérinaires à Lyon. Il est fait officier de la Légion d’honneur le 11 juillet 1902 peu avant son admission à la retraite en 1903.
 
Il est décédé le 30 avril 1924 à Lyon (Rhône).

Il était officier de la Légion d’honneur, officier de l’Instruction publique, officier du Mérite agricole, médaille d’honneur d’argent de 2e classe de sauvetage, officier de l’Ordre du Nicham Iftikar de Tunisie, officier de l’Ordre royal du Sauveur de Grèce, officier de l’Ordre de Saint-Sava (Serbie), officier de l’Ordre du Soleil levant (Perse).
Il était titulaire en outre titulaire de vingt-six médailles de concours, prix et témoignages de satisfaction pour des travaux scientifiques et militaires.

Photo Coué (Saumur)
 
     

 

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