Le 7e régiment de dragons au siège de Metz (1870)

L'attente avant la reddition
Les officiers du 7e régiment de dragons au siège de Metz

Cette photographie est prise au bivouac de Montigny, en septembre ou octobre 1870.

Après avoir participé activement à la campagne de 1870 et s'être distingués lors des affaires de Sarrebruck (2/8/1870), de Forbach (6/8/1870) et surtout à Rezonville (16/8/1870), ces officiers connaissent les affres du desoeuvrement lors du long siège de Metz qui conduira à la reddition.

Les uniformes de campagne sont usés, beaucoup d'officiers portent la barbe et leurs chevaux sont progressivement abattus pour nourrir les hommes. Dans quelques semaines, ces soldats connaîtront la captivité dans les forteresses allemandes, mais ils auront souhaité tenter l'impossible. En effet, le jour de la capitulation, le 18/10/1870, tous les officiers du régiment vinrent demander au colonel de Gressot de se mettre à leur tête pour essayer de traverser les lignes ennemies, dussent-ils y rester tous...

L'historique du régiment indique "Le colonel, profondément ému, ne crut pas devoir accepter un pareil sacrifice et fit à son régiment des adieux touchants. Il serra la main de tous ses dragons qui sanglotaient  et fit remettre à chacun dix francs, ainsi qu'un pain de quatre livres, fruit de sa prévoyance lors du siège". 


Les cadres du 7e dragons en septembre 1870

Commandant le régiment........................................... 

Chef d'escadrons.......................................................

                               

Capitaines adjudant major....................................

 

Porte étendard...........................................................

Lieutenant d'état major............................................

 

Colonel de Gressot

Joleaud

Bresson

Chalus

Dumay

Couppery             

Moëssard                                                                                                                       

                                                                                 

1er escadron............................................................ 

2em escadron...........................................................

3em escadron...........................................................

 

Capitaines Léonard, Baumgarder, Lieutenant Outrey. 

Capitaines Ballet, Hocquet, Lieutenant Biben, sous lieutenants Souin, d'Auberjon

Capitaine Marcq de Saint Hillaire

                                                                                        


 

Xavier Marie Therese Eugène de Gressot

Né le 16/6/1823 à Paris, Xavier de Gressot a fait Saint Cyr (1842-1844) et a servi au 3e régiment de dragons, jusqu'à sa promotion au grade de capitaine en aout 1850. A la création du régiment des Guides de la Garde en 1852, il a été nommé adjudant major de ce corps prestigieux, avec lequel il a fait la campagne d'Italie.

Promu chef d'escadrons au 3e régiment de chasseurs d'Afrique en 1859, il a servi en Algérie jusqu'à sa nomination comme lieutenant colonel du 2e régiment de chasseurs en 1866.

Nommé colonel du 7e dragons le 15/10/1869, il est à la tête de ce régiment lorsque la guerre de 70 éclate. Son régiment, avec ses 1er, 2e, 3e et 5e escadrons se trouvant au camp de Chalons, il s'embarque pour Saint Avold dès le 18 juillet et est affecté au 2e corps d'armée du général Frossard.

L'heure de gloire du régiment sonne le 16/8/1870 à Rezonville, quand la brigade de cavalerie prussienne Bredow charge et traverse les lignes d'infanterie française lors de la célèbre "charge de la mort". Prise de flanc par la division Forton, elle est arrêtée par le 7e dragons établi en première ligne. Energiquement enlevé par son colonel, il fond sur le 7e cuirassiers de Magdebourg, le sabre et lui fait faire demi tour et en poursuit les débris au delà de la crête de Saint Marcel Vionville. Cette belle action vaut à son colonel la croix d'officier de la légion d'Honneur qu'il arbore fièrement sur cette photo prise quelques semaines plus tard.

Après la guerre de 70, de Gressot servira comme directeur de la cavalerie au ministere de la Guerre, puis comme général de division, commandant de division de cavalerie, inspecteur général de son arme et membre du comité de la cavalerie.

Il est mort en 1896, Grand Officier de la Légion d'Honneur.

 

Ferdinand Philippe Joleaud

Né le 4/7/1825 à Valenciennes, Joleaud est Saint Cyrien de la promotion d'Ibrahim (1845-1847). Il fait la première partie de sa carrière au 6e régiment de dragons, entre 1847 et 1868, et y sert notamment lors de la campagne de Crimée, comme capitaine.

Nommé Chef d'escadrons le 29/2/1868, il est transféré au 7e dragons dont il commande le demi régiment lors de la guerre de 1870.
Le soir précédent la bataille de Rezonville, son escadron s'établit en grand garde du corps d'armée sur une crête au sud de Vionville. Au matin, alerté par les mouvements prussiens, il donne l'ordre dès 7 heures de faire seller et brider, les hommes devant rester à la tête de leurs chevaux. Cette sage dispostion lui permet d'être en un instant à cheval pour arrêter la panique de la division de cavalerie Forton et de son convoi qui, surprise par la cannonade du petit matin, s'enfuit en plus grand désordre sur la route vers Rezonville.

Après la guerre, il est nommé Lieutenant colonel du régiment (en 1875), puis colonel du 9e régiment de cuirassiers de 1880 à 1885. Il est mort en 1904.

 

Jean Pierre Bresson
-

Né le 14/6/1818 à Paris, Bresson est un officier sorti du rang et a servi au 8e dragons entre 1837 et 1844). Sous lieutenant en 1849, il a rejoint le 5e dragons et y sert comme capitaine de 1854 à 1870. Il est titulaire de la légion d'Honneur depuis 1860.

Promu le 13/3/1870 à 51 ans Chef d'escadrons au 7e dragons, il y fait la guerre de 1870 et en revient avec la croix d'officier de la legion d'honneur (nommé en juillet 1871).

Il termine sa carrière militaire dans ce grade dans l'armée territoriale.

Il est mort en fevrier 1881.

 

 

 

Paul Chalus
-

Né le 6/2/1827 à Vic le Comte, Chalus fait toute sa carrière au 7e dragons. Il s'y engage en 1845, y est nommé sous officier en 1848 et y est nommé sous lieutenant en 1854. Après avoir participé à la guerre de Crimée, il est promu lieutenant en 1858, puis capitaine en 1866.

En 1870, il est capitaine adjudant major (comme l'indique sur son képi son galon central de couleur différente des deux autres) et déjà chevalier de la légion d'honneur puis 1867.

Après la guerre de 70, il est nommé chef d'escadrons en 1877, au 3e régiment de cuirassiers et y finit sa carrière comme officier de la légion d'honneur (1881).

Il est mort en 1893.

 

 

 

 

Eugène Joseph François Dumay
-

Né le 10/1/1822 à Fontainebleau, Dumay est nommé sous lieutenant au 7e dragons en 1855, sorti du rang alors qu'il était déjà décoré de la médaille militaire. Il a reçu sa Legion d'Honneur en 1860.

La guerre de 70 le trouve Capitaine (depuis le 25/12/1867).

Revenu de Metz il retrouve son poste au 7e dragons peu avant son départ à la retraite.

Il est mort en mai 1875.

 

 

Gustave Mathieu Couppery
-

Né le 1/5/1836 à Moulins, Couppery s'est engagé au régiment en 1853.

Promu Sous lieutenant le 4/3/1868, il occupe la fonction de porte étendard du régiment.

Ce poste exposé et prestigieux attire bien évidemment l'attention de l'ennemi. Lors de la charge du 7e dragons à Rezonville, il est blessé d'un coup de sabre au bras gauche et il reçoit la croix de la Légion d'Honneur, bien en évidence ici accrochée sur sa tunique .

Il ne figure plus dans l'annuaire de 1874. Il est mort en 1902.

 

Paul Moëssard

Né le 15/5/1845 à Paris, c'est un polytechnicien qui a fait l'école d'état major de 1868 à 1870.

Nommé lieutenant le 5/1/1870, il effectue son stage en régiment au 7e dragons avec qui il fait la guerre de 70.

Promu capitaine le 28/4/1871, il reçoit la croix de la légion d'honneur en juin 1871.

Il enseignera à Saint Cyr, puis servira à l'état major de l'armée comme chef de bataillon. 


Les officiers d'escadron

Quelques officiers identifiers de la photos :

 

Jean François Hippolyte Léonard
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Commandant le 1er escadron

Né le 9/11/1819 à Verdun, Léonard fait toute sa carrière au 7e régiment de dragons.

Nommé officier (sous lieutenant) en juin 1850, il a fait la campagne de Crimée dont il arbore ici la médaille commémorative.

Capitaine le 24/3/1858, il reçoit la Légion d'Honneur en 1860. Il commande le premier escadron du régiment lors de la guerre de 70.

Il est mis en non activité en novembre 1871 et il est mort en aout 1900.

 

Charles Ballet
-
Commandant le 2e escadron

Né le 19/8/1827 à Rennes, il est Saint Cyrien de la promotion de Kabylie (1850-1852) et en sort sous lieutenant au 5e régiment de dragons. Promu lieutenant en 1858, il passe au régiment des dragons de l'impératrice, à la Garde Impériale.

Capitaine le 12/3/1864, il rejoint le 7e dragons dont il commande le 2nd escadron en 1870.

Le 11/8/1870, son escadron est envoyé en reconnaissance sur la route de Remilly. Dans le village de Sorbey, trois hulans, cernés par l'escadron qui en occupe toutes les issues, sont alors faits prisonniers.

Après la guerre, décoré de la légion d'honneur, il reprend ses fonctions au régiment, mais quitte l'armée avant 1879. Il est mort en 1886.

 

Joseph Marie Alcide Marcq de Saint Hillaire
-
Commandant le 3e escadron

Né le 5/5/1829 à Crécy (Aisne), il fait l'école de Saint Cyr dans la promotion d'Italie (1846-1848). Après avoir servi au 4e régiment de chasseurs, il est passé au 1er régiment des cuirassiers de la Garde Impériale entre 1855 et 1859.

Capitaine le 31/10/1859, au 7e dragons, il en commande le 3e escadron lorsque la guerre de 70 éclate.

Le 6/8/1870 à la bataille de Forbach, son escadron est en soutien de l'artillerie française à la gauche de l'armée. Très exposé au feu violent dirigé sur ces pièces, les hommes doivent se mettre à l'abri derrière un bois bordant la route, en franchissant deux gros fossés à pic. Pendant ce mouvement, exécuté sous une rafale d'obus, Marcq de Saint Hillaire est blessé, avec son capitaine en second. Le même obus tue le cheval du lieutenant colonel Ney d'Elchingen, commandant en second le régiment. Bien que blessé à la jambe, de Saint Hillaire reste toute la journée à cheval à la tête de son escadron. 

Il est nommé chef d'escadron le 23/10/1870 (après la capitulation de Metz) et muté au 6e régiment de cuirassiers. Vers 1885, il passe dans la territoriale et finit sa carrière comme officier de la légion d'honneur.

 

Felix Baumgardner
-
Capitaine en second du 1er escadron

Né le 23/6/1821 à Levoncourt (Alsace), il a servi comme sous officier au régiment et y a reçu la médaille militaire le 27/11/1853.

Promu sous lieutenant en 1856, il est porte étendard du régiment et y reçoit la croix de la légion d'honneur en 1864, décoration rare pour un officier subalterne.

Lieutenant le 12/8/1866, il est promu capitaine juste avant la guerre de 70.

Il est mort en 1873.

 

Auguste Hoquet
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Capitaine en second du 2em escadron

 

Né le 14/3/1826 à Bar le duc, Auguste Hocquet est nommé sous lieutenant en 1855 au 2e régiment de carabiniers

Promu lieutenant en 1860, puis Capitaine le 14/8/1867, il est déjà chevalier de la légion d'honneur lorsque la guerre de 70 eclate.

Après la guerre, il est nommé instructeur au régiment, puis Chef d'escadrons au 1er régiment de Dragons.

Il finit sa carrière militaire dans l'armée territoriale, officier de la Légion d'Honneur. Il est mort le 30/10/1901.

 

Charles Alexis Outrey
-
Lieutenant au 1er escadron

Né le 17/3/1827 dans le Jura. Appelé sous les drapeaux en 1848, il sert au 9e régiment de Cuirassiers dont il devient sous officier. En juin 1856, il abandonne ses galons pour rejoindre l'escadron des Cent Gardes avec lequel il fait la campagne d'Italie. Il est promu sous lieutenant en 1863, alors qu'il est déjà décoré de la médaille militaire (reçue en 1858), et rejoint le 7e régiment de Dragons dont il sera porte étendard une année.

Nommé Lieutenant le 15/10/1869. Le 2/8/1870, son peloton est mis à disposition du 10e bataillon de chasseurs à pied lors de la bataille de Sarrebruck. Précédant ce bataillon qui forme l'extrème droite des troupes française, il est chargé de reconnaître le village de saint Arnual. Reçu à coups de fusil par les prussiens, il finit par occuper le village avec l'aide du bataillon qui déloge l'ennemi. Outrey a son cheval tué lors des premières décharges. Il est nommé chevalier de la Légion d'Honneur à la suite de sa belle conduite pendant la bataille.

Il finit sa carrière comme capitaine de cavalerie territoriale et meurt en janvier 1885.

 

Jacques Biben
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Lieutenant au 2e escadron

Né le 7/3/1833 à Gélos, Biben s'engage au 2e régiment de carabiniers en 1854, puis passe au 2e régiment des cuirassiers de la Garde en 1856. Il est promu Sous lieutenant le 13/3/1863 et rejoint le 7e dragons. Il est adjoint au trésorier du régiment, jusqu'à sa promotion comme lieutenant le 12/3/1870.

Le 6/8/1870, lors de la bataille de Forbach, son escadron est mis à disposition du général de Laveaucoupet. Lors de la défense de l'éperon de Spickeren, l'escadron doit traverser au galop une zone dangereuse battue par l'ennemi. Il effectue la manoeuvre rapidement, mais Biben est renversé avec son cheval par un obus. Le projectile qui avait aussi rasé la tête du capitaine Hoquet n'éclata point grâce au terrain détrempé.

Après la guerre, il est promu Capitaine en juillet 1873 et reçoit la croix de chevalier de la Légion d'Honneur en juillet 1876. Le 29/3/1885, il est nommé major au 9e hussards, grade dans lequel il finit sa carrière militaire. Il meurt en 1913.

 

Thomas Louis Stanislas Souin
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Sous lieutenant au 2e escadron

 

Né le 31/12/1836 dans les Ardennes, Souin est un sous officier qui est déjà décoré de la croix de la Légion d'Honneur lorsqu'il est promu Sous lieutenant le 6/1/1865.

Après la guerre, il est promu lieutenant en 1872, puis capitaine chargé de l'habillement en 1877.

C'est dans ce grade qu'il termine sa carrière militaire.

 

Edmond d'Auberjon
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Sous lieutenant au 2em escadron

Né en mai 1846, ce saint cyrien de la promotion de Vénétie (1865-1867) est nommé sous lieutenant le 1/10/1867 et rejoint le 7e régiment de dragons.

Il a été détaché à l'école de Saumur comme sous lieutenant d'instruction.

Vers la fin de la bataille de Rezonville, après l'épisode de la charge de la mort, un régiment de hussards rouges de la 6e division de cavalerie prussienne debouche sur la droite de l'infanterie française. Le 7e dragons se prépare de nouveau à charger quand par une inconcevable méprise, l'infanterie française faisant demi tour ouvre sur lui un feu violent. Plusieurs chevaux sont frappés et celui du sous lieutenant d'Auberjon est tué.

Il termine sa carrière après la guerre de 70, comme chef d'escadron au 3e régiment de chasseurs, chevalier de la légion d'honneur.


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