Le 1er régiment de Cuirassiers
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Historique (1850-1914)
Les 1er régiment de Cuirassier est resté en garnison en
France, en général dans les villes du nord (Lille, Arras, StOmer) ou de
l'est (St Avold, Sarrebourg) et n'a pas combattu avant 1870.
Il reçoit ses
aigles lors de la cérémonie du 10 mai 1852.
C'est en souvenir de sa nomination comme Colonel du 1er cuirassier en 1857 que le futur général du Barail a ecrit ces belles pages dans ses mémoires . " Me voila donc colonel de cuirassiers ; et quiconque a pénétré dans l'âme d'un soldat, quiconque sait, par conséquent, ce qu'il y a de naïf, et même d'un peu enfantin, dans cette âme, pensera déjà que j'étais à la fois heureux et fier de cette situation nouvelle, justement parcequ'elle faisait contraste, de manière saisissante, avec toutes celles que j'avais occupées jusque là. Lorsque je dis adieu à mes petits chevaux barbes qui cabriolaient sous moi, pour enfourcher un grand destrier à l'encolure puissante, à la croupe monumentale ; lorsque sur mon front, habitué au turban, au képi et au léger talpack, j'assurai le grand casque surmonté de l'aigrette blanche d'où pendait la crinière légendaire, noir vestige des grands cheveux de nos aïeux allant au combat ; lorsque je sentis sur mon torse, à la place des souples etoffes d'autrefois, la lourde caresse d'une carapace d'acier, à l'intérieur matelassé ; lorsque dans ma main flamboya la latte immense, non seulement j'oubliai, je trouvai ridicules, les plaisanteries de la cavalerie légère à l'adresse de la grosse cavalerie, mais, avec cette coquetterie que le militaires empruntent aux femmes, j'aurais voulu avoir une glace pour me voir, des sabots de mon cheval à la pointe de mon aigrette, convaincu que je ressemblais, d'un peu loin peut être, au dieu Wotan."
En 1870, le régiment est affecté à la division de réserve de cavalerie du
général de Bonnemains et se rassemble à Luneville le 1e aout. Il prend part
le 6 aout sur la fin de la bataille de Froeschwiller à la légendaire charge de
Reichshoffen (en réalité Elsasshauen). Afin de soulager la droite de l'armée
française débordée par les prussiens, la maréchal de MacMahon fait tout d'abord
intervenir la brigade de cuirassiers du général Michel (8e et 9e régiment) sur
Morsbronn. Cette intervention ne suffit pas.
"Vers deux heures le général
Girard reçoit l'ordre de porter sa brigade au sud du plateau, dans la direction
d'Elsassauhen. Il la fait rompre en colonne par pelotons et la conduit à travers
un terrain labouré par les obus. Chemin faisant, on rencontre des fantassins
isolés qui fuyaient en criant qu'il n'y avait plus possibilité de tenir ; des
officiers sont obligés de les menacer de leur revolver pour leur imposer
silence. Le brigade arrive au point qui lui avait été indiqué et le général la
forme en colonne serrée. On aperçoit alors l'infanterie battant en retraite,
ecrasée par l'ennemi qui venait d'enlever le village d'Elsassauhen. Il était
urgent de tenter un nouvel effort pour dégager l'aile droite. La brigade
Girard reçoit l'ordre de charger. Le terrain qui s'ouvrait devant elle était en
partie occupé par des houblonnières, et à sept ou huit cent metres en avant il
était coupé de nombreux fossés, bordés d'arbres à hauteur d'homme. Les
tirailleurs ennemis étaient embusqués derrière ces abris. Le général fait
executer la charge par escadron, avec ordre de ne pas depasser les obstacles que
l'on considérait comme infranchissables pour la cavalerie. Les capitaines
Thévenin, Haas, de Masin et de Benque se lancent successivement et se portent
jusqu'à la ligne des tirailleurs sans se laisser arrêter par le feu violent que
l'on dirige sur eux. Quelques cavaliers, notamment les cuirassiers Bretteville
et Fabiani du 2e escadron, entraînés par leurs chevaux, franchissent les fossés
et vont tomber au milieu de l'ennemi. Au retour du 4e escadron, le maréchal
arrivant sur ces entrefaites prescrit de reporter le régiment en avant. Les
trois premiers escadrons exécutent successivement une deuxième charge. Au moment
où le 4e escadron allait suivre le mouvement, le général fait avancer le 4e régiment de
cuirassiers qui se porte à son tour à l'ennemi. Si la
brigade ne réussit pas à repousser l'ennemi au delà d'Elsasshauen, elle jete du
moins le désordre dans ses premières lignes. [...] Plus de 60 cavaliers du
régiment tués ou blessés restaient sur le champ de bataille. Cinq officiers
étaient blessés. (historique du régiment)". Un autre charge de la brigade
de Brauer (2e et 3e cuirassiers) ne réussit pas non plus à arrêter durablement
l'ennemi. Le régiment fait retraite avec l'armée et rejoint Chalons pour se
reformer.
Il capitule à Sedan, non sans que le 2e escadron participe à une charge désespérée pour rompre l'encerclement.
Après 1870, le régiment reste caserné en métropole
François Ignace Haas Né le 27/1/1819 à Burnaupt (Rhin), il s'engage le 10/9/1840 au 1er régiment de cuirassiers. Il suit une laborieuse carrière de sous officier (nommé brigadier en 1843, puis sous officier en 1844). Il est promu Sous lieutenant en 1851, puis Lieutenant le 30/5/1855. Il est nommé Capitaine le 11/12/1861 et reçoit la Légion d'Honneur en décembre 1860. Il est adjudant major au régiment, puis commandant d'un escadron en 1866. Il aurait sans doute terminé une carrière paisible de garnison, sans la guerre de 1870. En 1870, il commande le 2e escadron du régiment et conduit ses hommes
par deux fois lors de la charge de son régiment à Froeschwiller en aout.
Il réussit à s'évader de l'ambulance et rejoint Paris où il participe au siège, c'est à cette occasion qu'il est ici photographié. Il est mort le 15/11/1872, après avoir reçu la croix d'officier de la Légion d'Honneur. |
Les officiers du 1er régiment de Cuirassiers (1884) En garnison à Luneville. Colonel Dulat, Lieutenant Colonel Colinet de Labeau, chef d'escadrons Ollagne et de Colleville. |
Les officiers du 1er régiment de Cuirassiers (1901) Autour du Colonel Dupuy, les officiers du régiment posent en petite tenue. Plus d'information sur la photo sur la page spéciale. |
Les colonels du 1er cuirassiers :