Le 4e régiment de Cuirassiers

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Historique (1850-1914)

 

Le 4e régiment de cuirassiers a fait la campagne d'Espagne en 1823, puis celle de Belgique en 1832. Entre cette date et la proclamation du Second Empire, il n'a servi qu'en garnison, notamment à Lyon, Toul, Valenciennes, Versailles, Thionville et Vendôme.

Durant la guerre franco allemande il fait partie de la 2e division de réserve commandée par le général de Bonnemains, attachée aux troupes d'Alsace commandées par le Maréchal de McMahon. C'est le 6 aout 1870 que le régiment connait son heure de gloire lors de la bataille de Froeschwiller. Alors que l'armée française succombe sous le nombre et menace de céder, McMahon décide d'engager ses cuirassiers pour gagner quelques dizaines de minutes et mieux négocier son désengagement. Une page spéciale décrit cette action héroïque, mais sans espoir... Le régiment y perd 170 hommes tués, blessés ou disparus, près du tiers de l’effectif. Le soir, on ne compte guère plus de 150 hommes dans le rang pour tout le régiment.

Compris dans la retraite de l'armée d'Alsace, le 4e cuirassiers se reforme à Chalons et participe à la campagne qui mène à la capitulation de Sedan, sans avoir l'occasion d'y être engagé. Le dépôt du régiment, resté à Toul, contribue à la défense de  cette place.

Il reste en garnison en France entre 1871 et 1914.


  

Marc Joseph Antoine de Ravel

Né le 25/7/1824 à Cliouscat (Drôme), Marc de Ravel est le fils d'un ancien officier de marine, devenu maire de la commune.

Il s'engage au 3e régiment de dragons le 24/12/1842 et y effectue la première partie de sa carrière, devenant sous-officier. Il est promu Sous Lieutenant le 13/1/1852, date à laquelle il rejoint le 5e régiment de cuirassiers. Après y avoir été brièvement porte étendard, la vie de garnison métropolitaine ne semble pas lui convenir, puisqu'il permute le 31/8/1853 et rejoint le 2e régiment de chasseurs d'Afrique. Il y est promu Lieutenant le 4/4/1855.
Le 7/7/1855, il embarque pour la Crimée et y est nommé Capitaine le 27/2/1856. Revenu en Afrique quelques mois, il rejoint le 4e régiment de Cuirassiers le 7/8/1856. En juin 1858, il est détaché comme officier acheteur, puis au déclanchement de la campagne d'Italie, il est désigné pour servir comme officier d'ordonnance de Son Altesse Impériale le Prince Napoléon, commandant le 5e corps d'armée, mais ce corps n'a pas l'occasion d'être engagé durant la campagne.
Revenu de la campagne, il est de nouveau détaché cette fois au dépôt de remonte du régiment. C'est dans cette fonction qu'il se fait photographier, arborant les décorations reçues lors des ces diverses campagnes, notamment la croix de la Légion d'Honneur reçue le 27/12/1861.
Notre officier a cependant la bougeotte, car en mai 1862, il est transféré au 2e régiment de chasseurs d'Afrique et retourne en Algérie ; retour cependant temporaire, puisque deux ans plus tard, il permute de nouveau pour rejoindre la métropole, cette fois au 11e régiment de dragons.

De Ravel est promu Chef d'escadrons le 10/8/1868 au 4e régiment de Dragons. C'est avec ce régiment qu'il fait la campagne de 1870 et a l'honneur de charger lors de la grande mélée de cavalerie du plateau d'Yron lors de la bataille de Mars la Tour. Compris dans la capitulation de Metz, il est en captivité jusqu'en mars 1871.
Après la guerre, de Ravel est promu officier de la Légion d'Honneur le 11/12/1874.

Il est mort en 1900

 


   

Augustin Emile Pierre Libaud

La carrière de cet officier sorti du rang est typique de celle des officiers de cavalerie lourde durant le second empire.

Né le 3/12/1827 à Rouen, fils de commercant, Augustin Libaud est engagé volontaire en octobre 1849 au 7e régiment de cuirassiers. Débute alors une carrière laborieuse de garnison, marquée par une lente progression dans la hiérarchie.
Après 10 ans de bons services, Liébaud est promu officier le 31/10/1859 et rejoint comme Sous Lieutenant le 4e régiment de cuirassiers. Il reçoit alors la tenue d'officier de cuirassiers dont le modèle est encore celui de 1845 (photo de gauche, dans l'habit bleu de roi à une rangée de boutons).
Les garnisons se succèdent (1859, Versailles ; 1860 Thionville ; 1863, Abbeville ; 1866, Vendôme ; 1869, Lunéville ; 1870, Versailles de nouveau), la monotonie n'étant rompue que par de brefs passages au camp de manoeuvre de Châlons au printemps 1869 et en juin 1870. Ces changements réguliers de garnison rendent difficile une vie de famille stable, Libaud ne se mariera d'ailleurs pas durant cette période. Seul changement significatif pour notre officier, sa nomination comme porte étendard du régiment le 30/10/1867.

Le 4/3/1868, Libaud est promu Lieutenant et etrenne ses nouveaux galons par ce joli cliché (à droite). Cette fois, il porte la tunique mise en service en 1860, sous sa cuirasse d'officier.

La déclaration de guerre en juillet 1870 sonne comme un coup de tonnerre pour ces officiers qui n'ont jamais participé à une campagne active. Mais Libaud n'est pas compris dans les officiers qui composent les escadrons de guerre et doit rester à Toul, dépôt du régiment. Echappant aux désastres de Froeschwiller et de Sedan, Libaud va participer à la défense de Toul assiégée par les Prussiens. Les cuirassiers démontés servent dans les batteries de rempart et font le service de plantons et de piquets. "Pendant toute la durée du siège, le dépôt du régiment se fait remarquer par l'énergie avec laquelle chacun remplit la mission qui lui est confiée. Tous nos cuirassiers rivalisent de zèle et plusieurs mériente d'être cités nominativement à l'ordre de la place." (Historique du régiment).
Le lieutenant Libaud est blessé d'une contusion à la cuisse lors du bombardement de la place le 16 aout. Toul doit capituler le 23 septembre et Libaud est envoyé en capivité à Munster.

Revenu de captivité, Libaud est promu Capitaine le 23/4/1872 et passe au 3e régiment de cuirassiers, puis au 21e régiment de dragons où il prend le commandement d'un escadron. Il reçoit la croix de la Légion d'Honneur en aout 1874, ultime récompense avant sa retraite prononcée en 1875. Il est mort le 16/3/1890.

Photos Franck (Paris) et Yvon (Vendôme)

   


   

Ernest Alexandre Hippolyte Duvivier

Né le 1/7/1833 à Nantes, c'est le fils de René Charles Duvivier, général de division (à ne pas confondre avec le général Franciade Fleurius Duvivier, héros des campagnes en Algérie). Il fait l'école de Saint Cyr entre 1852 et 1854 (sorti 148e sur 279 élèves) et est promu Sous Lieutenant le 1/10/1854 au 10e régiment de dragons.

Lieutenant le 10/11/1860, il est détaché à l'école de Saumur comme officier d'instruction et y sert entre novembre 1861 et octobre 1862. Il en sort classé 2e sur une promotion de 26 élèves.

Sa promotion comme Capitaine suit donc rapidement, le 12/3/1864 et il va servir comme capitaine instructeur de cavalerie au 4e régiment de Cuirassiers. Il est photographié à droite en tenue avec les épaulettes et à gauche, en compagnie du lieutenant Dillon du même régiment, en tenue du matin, sans épaulettes.
Le 1/10/1868, il est nommé officier d'ordonnance du ministre de la guerre, le général LeBoeuf, position qu'il occupe jusqu'au premiers jours de la guerre de 1870. Duvivier ne rejoint son régiment que le 19 aout pour prendre le commandement du 4e escadron, après la bataille de Froeschwiller, ce qui lui permet d'échapper à la futile charge d'Elsasshausen durant lequel il a été décimé. Engagé lors de la campagne de Sedan, il est fait prisonnier le 2/9/1870 et interné à Aschersleben.

Rentré en France en avril 1871, il est nommé chevalier de la Légion d'Honneur le 1/2/1872 et, le 26/11/1872, il rejoint le 12e régiment de dragons. Il est promu Chef d'escadrons au 4e régiment de cuirassiers en 1875.

Lieutenant Colonel le 17/11/1878 au 3e régiment de dragons, il y est ensuite nommé Colonel. Promu officier de la légion d'Honneur le 17/2/1889, il prend sa retraite en mars de la même année.

Il est mort le 29/8/1894.

Photo Abbeville

   


Louis Normand est né le 10/5/1823 à Beaufort dans le Maine et Loire.


Officier sorti du rang, il est nommé Sous Lieutenant au 7e régiment de dragons en 1848, puis Capitaine le 20/1/1855. Il suit son régiment en Crimée à compter de juillet 1854. Normand est nommé officier d'ordonnance du général cassaignoles entre mai 1855 et mai 1856. Il y reçoit la croix de la légion d'honneur en avil 1856, ainsi que les médailles britanniques et turques que l'on voit accrochées à sa poitrine sur la photo.

De retour en France, il reprend des postes administratifs, comme capitaine trésorier, puis, après sa nomination comme Chef d'escadron en mars 1863, il est muté au 4e régiment de Cuirassiers comme major, chargé du dépôt du régiment. C'est dans cette fonction qu'il se fait photographier vers 1868, alors que le régiment est en garnison à Vendôme.

Durant la guerre de 1870, il ne suit pas son régiment à l'armée du Rhin et reste au dépôt à Toul. Il participe alors à la défense de la place assiégée par les Prussiens comme major de place et membre du conseil de défense. Entre le 14 aout et le 23 septembre, les cavaliers du dépôt servent aux batteries de rempart et défendent la place avant sa reddition. Louis Normand est envoyé prisonnier à Munster, mais son action lui vaudra la croix d'officier de la légion d'honneur.

A sa libération, il retourne au 4e cuirassiers pour reprendre ses fonctions de major jusqu'en 1874, date de son passage au service du recrutement. En janvier 1879, il est nommé Lieutenant Colonel au service du recrutement à Paris. Il y finit là son honorable carrière, consacrée presque exclusivement à des fonctions administratives.

Photo Yvon (Vendôme)

     


Le 4e régiment de Cuirassiers de marche
 
 
Après les désastres de l'armée impériale, la jeune République, pour continuer la lutte, met sur pied de nouveaux régiments de cavalerie. Formés d'escadrons de divers régiments restés aux dépôts, ces régiments de marche sont engagés avec des fortunes diverses, dans les campagnes de la Loire, du Nord et de l'Est.
 
Le 4e régiment de cuirassiers de marche est formé à Ancenis le 27/10/1870. Composé des escadrons des 1er, 3e, 5e et 8e régiment, il comprend 34 officiers et 561 hommes de troupe.
 
Commandé successivement par les Lieutenant colonels Clément, puis de Tinseau (ici sur la photo), le régiment fait campagne au sein de la division de cavalerie du 17e corps d'armée de la 2e armée de la Loire, jusqu'en mars 1871, date à laquelle, il est fusionné avec les éléments du 4e régiment revenus de captivité.
"Le colonel Tinseau n'avait jamais fait campagne. Depuis 12 ans major du 12e Hussards,il était en instance de retraite lorsque la guerre fut déclarée. C'était un officier très vigoureux encore, d'une santé de fer, de valeur ordinaire mais d'un jugement très sûr, très droit, avec des qualités de commandement et de l'expérience, d'un caractère loyal, ferme, très bienveillant et d'un calme absolu au feu." (Souvenirs du général de Cointet).

L'historique du 4e Cuirassiers de marche indique : "Ce régiment composé d'éléments sans cohésion recrutés un peu partout, a néanmoins rempli de façon honorable les différentes missions qui lui ont été confiées. Pendant les 4 mois de son existence, il asurtout fait des étapes longues et toujours pénibles en raison de la rigueur exceptionnelle de l'hiver ; néanmoins, dans les différentes reconnaissances faites par de petitres fractions, les officiers et les hommes se sont toujours montré dignes du numéro qu'ils portaient et n'ont pas laissé déchoir la vielle réputation du 4e régiment de cuirassiers.".
 

 

Cliquez sur la photo pour l'agrandir.

        

Les colonels du 4e cuirassiers :

Colonel Favas (1850)
Colonel Pajol (1858)
Colonel Deban Laborde (1861)
Colonel Billet (1867)
Colonel Lacour (1871)
Colonel Grandin (1874)
Colonel Foäche (1878)
Colonel Janin (1882)
Colonel Rozat de Mandres (1887)
Colonel de Moulins Rochefort (1894)
Colonel de Noue (1897)
Colonel Huguet (1905)
Colonel Ritleng (1911)

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