Le 3e régiment de Lanciers

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 Historique sous le IInd Empire

 

Le 3e Lanciers est créé en 1831. Sous l'Empire, il reçoit ses aigles le 10/5/1852. Durant cette période, il ne quitte pas les garnisons de province et ne participe à aucune campagne active.

La guerre de 1870 surprend le régiment en garnison à Luneville et il a trois heures pour se préparer au départ et rejoint Sarreguemine sans voitures, sans forges de campagne, sans cantines à vivre, ni tentes pour les officiers. Attaché d'abord au 5e corps d'armée du général de Failly, il est, début aout,  attaché à la brigade mixte du général Lapasset et rejoint le 2e corps d'armée à Metz.

Le 16 aout il est engagé à Rezonville. Lors de la retraite du 2e CA pressé par les prussiens devant le village de Vionville, le régiment reçoit l'ordre de charger avec les cuirassiers de la Garde pour soulager l'armée.
Le régiment n'est pas engagé à Saint Privat, ni lors du siège de Metz. Il capitule avec la place le 28 octobre.

En 1871 il est dissous et ses cadres servent à créer le 15e régiment de dragons.

Charles Louis Auguste Martin

Ancien élève de Saint Cyr (promotion de Constantine 1937-1839) et de l'école d'état major, il est promu Capitaine le 8/11/1845 et a servi en Afrique à l'état major et aux bureaux arabes de Constantine.

Chef d'escadrons le 30/4/1853 au 10e régiment de cuirassiers, il passe aux régiment des Dragons de l'Impératrice et y fait la campagne d'Italie.

Promu Lieutenant colonel le 14/8/1860 au 3e régiment de lanciers, il est photographié ici en garnison à Lyon, peu avant sa mutation au 1e régiment de Chasseurs suite à des dissentions avec le colonel de Fretay (cf infra).

Le 21/12/1866 il est nommé Colonel du 6e cuirassiers et fait la guerre de 70 au 12e corps. Le régiment est engagé le 30 aout à Beaumont en protegeant la retraite de l'armée française en en recueillent les éléments du 5e cuirassiers reposés de leur charge sur les prussiens. Le régiment capitule ensuite à Sedan.

Charles Martin eut une fin de carrière difficile, comme le raconte le général du Barail dans ses Souvenirs : "Martin était ce que nous appelons en style militaire, un mauvais coucheur. A Oran, sous officier aux spahis, chargé de la remonte, je l'ai vu arrivé lieutenant d'état major, tout frais émoulu de l'école pour choisir un cheval. Il nous a fait tous tourner en bourrique, jusque y compris le colonel Yusuf qui a fini par lui administrer 15 jours d'arrêts. [...]. A la suite de permutations qui ont nui à son avancement nous nous sommes revus longtemps après dans la Garde, mais cette fois comme il était vexé que j'eusse pasé devant lui, il s'est montré maussade et hostile. [...]. Je le revis en 1865. Il avait été forcé de quitter le 3e de lanciers parcequ'il n'avait pas pu s'entendre avec le colonel de Fretay. C'était un homme intelligent, laborieux, un des premiers officiers français qui se soit avisé d'étudier les armées étrangères. Il avait publié un travail très complet sur l'armée anglaise, mais ses démêlées avec le colonel du Fretay et les notes qui en étaient résultées l'avaient fait rayer du tableau d'avancement. Il comptait sur moi pour l'y faire incrire. Quoique très opposé à ce genre de démarches, dont je ne me suis jamais servi pour moi même, je le présentai au Maréchal Canrobert, et le bon Maréchal qui le prit pour une victime expiatoire, s'interessa à lui et obtint sa réintegration sur le bienheureux tableau. [...]. Après la capitulation de Metz, prisonnier de guerre interné à Bonn, je rencontrai le colonel Martin, qui ne put pas ne pas me reconnaître, puisque j'étais encore en uniforme. Il affecta de ne pas me saluer. C'était une attitude qu'il avait adoptée vis à vis de tous les chefs de l'armée française. Il posait en patriote ulcéré qui ne pardonne pas aux généraux les malheurs de la patrie. Il s'en prenait surtout au maréchal Leboeuf et cherchait à exciter contre lui l'animadversion des autres officiers prisonniers. A peine tolérable chez un héros, cette attitude était tout à fait scandaleuse  de la part d'un homme qui n'avait pas fait mieux que les autres. Les choses allèrent si loin que le commandant prussien de la place, un jeune lieutenant de hussards, à l'appel général auquel tous les officiers à partir du grade de colonel étaient tenus de se rendre trois fois par semaine, lui signifia que s'il ne changeait pas de conduite, il le ferait mettre en prison et le colonel, si hautain envers ses chefs, dut s'incliner devant la moustache naissante du lieutenant vainqueur. A la paix, il revint à Rambouillet, pour réorganiser son régiment et ne prit aucune part aux opérations contre la Commune. Mais après la défaite de l'insurection, le 6e de cuirassiers fut versé à Paris dans la division du général du Fretay, faisant partie du corps d'armée que je commandais. Le colonel Martin jouait de malheur : le général du Fretay avait conservé de lui un souvenir amer, et le colonel, s'il avait droit à ma justice, ne pouvait decemment compter sur ma bienveillance qu'il avait si mal récompensée. Il se fit porter malade. L'affaire ne traina pas : je le soumis à l'examen d'une commission médicale, qui le déclara en parfaite santé et je lui infligeai une puntion sévère que les circonstances rendaient tout à fait nécessaire. Il demanda sa retraite et se lança dans la politique avancée. Il était mûr pour le conseil municipal. Les électeur parisiens l'y envoyèrent ; il y joua un rôle effacé et ne fut pas réélu. Alors il se fit journaliste et il est mort il y a quelques années, administrateur du "Siècle". Avec un peu plus de jugement et un meilleur esprit militaire, il eût pu, grace à son intelligence, se faire une place plus brillante dans une carrière où son passage n'a laissé que de facheux souvenirs."

Photo Durand (Lyon)

   


  

Louis Charles Marie Franchet d'Esperey

Né le 14/1/1824 à Paris, il est issu d'un important famille légitimiste. Il est filleul du roi Louis XVIII et c'est le fils d'un ministre de la Police de Charles X, exilé à la révolution de 1830.

A 18 ans, il s'engage aux chasseurs d'Afrique comme simple cavalier, mais ses appuis le font rapidement nommer Sous Lieutenant le 27/4/1846, au 4e régiment de Chasseurs d'Afrique. Il est nommé chevalier de la Légion d'Honneur alors qu'il est Lieutenant.

Promu Capitaine le 1/10/1853, il est instructeur de son régiment et reste en Algérie durant la guerre de Crimée. A la dissolution du régiment, en 1856, Franchet d'Esperey passe au 5e régiment de chasseurs et revient en France.

Chef d'escadrons le 31/1/1863, il est nommé au 3e régiment de lanciers. Il est ici photographié en 1865, à Beauvais, dans une pose décontractée, assez peu courante pour l'époque. Il est nommé Officier de la Légion d'Honneur en 1868.

Lieutenant Colonel le 10/8/1868, il est brièvement nommé au 8e régiment de Hussards, avant d'obtenir, en 1869, une position dans la Garde Impériale aux Dragons de l'Impératrice. A la veille de la guerre, le 1/7/1870 il est victime d'un insolation qui l'oblige à demander sa mise en non activité pour infirmités temporaires. Il ne participe donc pas à la guerre de 70 et il reprend du service en juin 1872, comme lieutenant colonel du 5e régiment de dragons. Mais insuffisamment rétabli, il est retraité en avril 1875.

Il est mort le 22/8/1890. C'est le père de Louis Felix François, futur maréchal de France, né à Mostaganem en 1856.

Photo Herbert (Beauvais)


Henri Vaast Le Sergeant d'Hendecourt

Né le 15/12/1839 à Paris, il est élève à Saint Cyr entre 1858 et 1860. Nommé Sous Lieutenant le 1/10/1860 au 3e régiment de Lanciers, il va poursuivre son instruction à l'école de Saumur en 1862.

C'est là qu'il est photographié, portant sur le torse l'étui porte giberne en maroquin rouge, qui ferme au moyen de boutons d'uniformes espacés tous les 60mm.
Cette photo nous permet de nous rendre compte de sa mutilation : il est manchot de la main droite ! Cette caractéristique ne transparait pas dans ses états de service. Henri Vaast n'ayant pas à l'époque effectué de service de guerre, la cause de cet accident ne nous est pas connue. Peut être est-ce la conséquence d'un duel intervenu à l'école de Saint Cyr ? Quoi qu'il en soit, être manchot ne favorise pas une carrière militaire. C'est peut être pour cette raison qu'il démissionne le 18/3/1868.

Il reprend néanmoins du service le 26/10/1870 comme Sous Lieutenant auxiliaire, officier d'ordonnance du général Trochu, Gouverneur militaire de Paris. Un mois plus tard, il est nommé titulaire de son grade et rejoint le 2e régiment de marche des dragons, tout en restant en fonction auprès du général Trochu, qu'il va suivre jusqu'aux derniers jours du siège de Paris.

Lieutenant le 15/11/1870 et affecté administrativement au 14e régiment de Dragons, il reçoit la croix de la Légion d'Honneur  le 8/12/1870. Après la guerre, la commission de révision des grades le rend à la vie civile, le 31/12/1871.

Il est mort le 14/1/1918.

    


   

Georges Raimond

Né le 18/3/1840 à Poitiers, c'est le fils d'officier de cavalerie. Entré à Saint Cyr en 1861, il est nommé Sous Lieutenant le 1/10/1863, classé 94e sur 234 et rejoint le 3e régiment de Lanciers. Il est ici photographié en 1864, dans la petite tenue des lanciers.

Nommé Lieutenant le 12/3/1870.
Durant la guerre de 1870, il fait campagne à l'armée du Rhin comme officier d'ordonnance du général de la Mortière, jusqu'au 1/9/1870, puis ayant rejoint l'armée de la Loire, le 15/9/1870, il passe au 2e régiment de Lanciers et un mois plus tard, affecté au régiment de marche. Il sert ensuite à l'armée de l'Est et est nommé Capitaine à titre provisoire en novembre. Il finit la guerre interné en Suisse.
Après la guerre, il rejoint le 7e régiment de lanciers et est maintenu dans son grade par la commission de révision. En mai 1871, il est nommé instructeur et permute au 14e régiment de chasseurs. En décembre 1877, il y prend le commandement d'un escadron.

Le 12/10/1885, il est nommé Chef d'escadrons et affecté à l'école de cavalerie de Saumur comme directeur des études, professeur d'artillerie et des fortifications.

Nommé Lieutenant Colonel le 6/2/1886, au 5e régiment de Hussards. Il est chevalier de la Légion d'Honneur le 28/12/1888.

En février 1890, il rejoint le 10e régiment de Hussards, dont il est promu Colonel le 28 septembre.

Trois ans plus tard, il est nommé au commandement de l'école de cavalerie de Saumur, position dans laquelle il est promu Général de Brigade le 18/5/1895, puis officier de la Légion d'Honneur le 11/7/1896. Le 8/2/1899, il est nommé au commandement de la 14e brigade de cavalerie.

Il est mort le 27/8/1911.

Photo Herbert (Beauvais)

Les colonels du régiment

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