L'INFANTERIE SOUS LE SECOND EMPIRE (1852-1867)
Hommes de troupe et sous officiers
L'année 1845 a marqué un changement profond de l'uniforme de l'infanterie. Après le pantalon garance introduit en 1829, la nouvelle tenue de 1845 supprime de l'habit et les buffleteries, remplacées par la tunique à jupe et la ceinture. La troupe perd alors sa silhouette héritée du premier empire.
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Les grandes caractéristique de la réformes de 1845 sont encore en vigueur au début du second empire, sauf quelques modifications dues aux changements de régimes : Ainsi la plaque du Schako perd sa couronne en 1848, puis est remplacée par un coq en 1849, avant de recevoir un aigle en mars 1852, qui sera couronné en 1855.
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Jusqu'en octobre 1854, l'infanterie est composé de régiments de ligne et de régiments légers. La différence d'uniformes se manifeste par des parements en pointes pour la légère (les parements étant droits dans la ligne) et la couleur jonquille ornant le collet et les passepoils.
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Entre 1854 et 1860 l'infanterie porte la veste en drap bleu de
roi, fermé par 9 petits boutons d'uniforme, avec col sans pattes garance, orné
des grenades ou des cors pour les compagnies d'élite (grenadiers et voltigeurs).
En campagne, la troupe porte la capote : modèle 1855 (à deux rangées de 5
boutons et col large qui peut se porter rabattu), 1858 (deux rangées de 6
boutons, avec col droit), ou criméenne (avec pélerine et capuchon)
Pantalon
en drap garance.
Le soldat porte le bonnet de police à visière (dénommé
"kepi", avec turban en drap garance et calot bleu de roi sur lequel est
inscrit le numéro du régiment en garance) ou le schako, orné d'une plaque
figurant un aigle (couronné à partir de janvier 1855) et le numéro du régiment
sous ses serres. Le pompon est ovale garance, avec le numéro de la compagnie
d'une couleur spécifique pour chaque bataillon. Le pompon du schako des
compagnies d'élite est double. Après 1855 le schako est orné sur les cotés de
jugulaires en cuivre.
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Après la guerre d'Italie, le décret impérial du
30/3/1860 fixe un nouvel uniforme pour l'infanterie de ligne, inspiré de la silhouette du chasseur à pied
:
Habit (veste) en drap bleu foncé, à une rangée de 9 boutons, d'une coupe
rappelant celle des chasseurs à pied de la Garde, avec une jupe très courte
arrivant au raz des fesses (dite "basquine") et pattes de parement
jonquilles. Le collet jonquille, est orné d'une grenade ou d'un cor de chasse écarlates pour les compagnies d'élite (grenadiers et voltigeurs). Les épaulettes sont écarlates pour les grenadiers, jonquilles
pour le voltigeurs et vertes pour les compagnies du centre (fusilliers).
Les marques de grades sont jonquilles et des chevrons d'ancienneté écarlates sont portés sur le bras gauche de l'habit
Cet habit est la
tenue typique portée en campagne.
La capote du modèle 1860, qui se porte sur l'habit
en fonction du temps, est de couleur gris de fer bleuté. Elle possède un col rabattu, avec deux rangées de 4 boutons.
Elle est portée sans épaulettes. La capote peut être portée en campagne, en fonction des conditions climatiques. dans ce cas elle est portée au dessus de l'habit.
Le pantalon "à la chasseurs" en drap garance est à 12 plis. Il est assorti de jambières le fermant à mi-mollets.
Le shako de 13cm est en cuir noir,
avec une plaque représentant un aigle et le numéro du régiment. En petite tenue, il est orné d'un
pompon (double pour les compagnies d'élite) d'une couleur différenciée par compagnie (1e : bleu foncé; 2e : garance; 3e : jonquille; 4e : vert). Le pompon est remplacé par une d'aigrette en grande tenue.
Il peut être remplacé
par un bonnet de police (orné d'une étoile ou des attributs traditionnels pour les compagnies d'élite) ou le képi, modèle 1858, en général porté hors de France.
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Cette nouvelle tenue fut l'objet de nombreuses critique, notamment sur la caractère incommode de l'habit :
"L'habit actuel est incommode, avec le système de boutons au milieu de la poitrine. Il ne permet pas dans les marches de donner au soldat la faciliter de soulager la poitrine, sans offir à l'oeil une ouverture disgracieuse et propice à y faire pénétrer un air pernicieux." (Projet pour l'uniforme de l'infanterie - Lieutenant Evrard - 1867) Quand au pantalon "à la chasseur" son emploi en campagne, notamment au Mexique, se révèle très inconfortable, les jambières gênant les hommes et les blessant pendant les longues marches. |
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Les officiers
Depuis la réforme de 1845 qui a profondément modifié l'uniforme des officiers d'infanterie, ceux ci portent une tunique en drap bleu foncé, passepoils et parements garance et pattes de parements bleu foncé, avec une jupe de 460 mm. Son collet est arrondi et orné éventuellement
de l'attribut des compagnies d'élite (grenade ou cor brodé en or). l'officier de régiment léger porte les parmeents en pointe (contre des parements droits dans la ligne)
Ils portent le bonnet de police à visière en drap bleu foncé et visière ronde.
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Entre 1855 et 1860, les officiers portent la tunique à collet droit en drap jonquille (fermant sur toute la hauteur par trois agrafes), orné éventuellement de l'attribut des compagnies d'élite. Passepoils et parements en drap garance, pattes de parement bleu foncé.
Le schako modèle 1852 figure sur la plaque un aigle (couronné à partir de janvier 1855) et un galon argent au sommet dont la largeur figure le grade de l'officier
Schako de lieutenant Colonel
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La tenue des officiers est ensuite fixée par le règlement de
mars 1860 :
Ils portent la tunique bleu foncée (avec collet arrondi et pattes
de parements en drap jonquille), mais avec une jupe plus longue que la basquine
de la troupe. Le collet jonquille peut être orné d'une grenade ou d'un cor pour
les officiers de l'état major du régiment ou des compagnies d'élite (grenadiers
et voltigeurs). Les marques de grade sont uniquement figurées par les
épaulettes.
Les officiers portent le shako, le bonnet de police à soufflets ou le képi de petite tenue (modèle 1858 - porté normalement en Afrique ou en campagne)
Le shako est orné de plumes en grande tenue et un pompon en petite.
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Le bonnet de police est à corps garance et deux rabats latéraux en drap bleu
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Le képi de petite tenue fait apparaître les marques du grade par des tresses plates
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Le pantalon garance est moins bouffant que celui de la troupe.
Le ceinturon (modèle 1845) est noir en petite tenue et en or à trois raies
noires en grande tenue. La plaque dorée figure le génie de la France.
Détail du
ceinturon
Armement :
Les officiers portent le sabre modèle 1821, avec garde à une seule branche. Est
porté le modèle modifié en 1845 par l'adjonction de deux bracelets à anneaux sur
le fourreau permettant l'accroche sur le baudrier. Le fourreau est en cuir
jusqu'en 1855, puis en tôle d'acier après cette date. Le sabre est orné d'une
dragonne, enroulée autour de la garde du sabre. En grande tenue, elle
est terminé par un gland à franges (petites pour les officiers
subalternes et grosses pour les officiers supérieurs). En petite tenue, elle se
termine par une olive noire.
En 1855 les officiers supérieurs recoivent un
nouveau modèle de sabre avec un quillon à trois branches.
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Tambour Major Morfila 33e régiment d'infanterie Les jours de revue sur la place Kléber, quel triomphe pour Morfila : le défilé de la tête de colonne du Régiment, la rentrée au quartier, la Compagnie d'honneur ramenant, avec la clique, le drapeau chez le Colonel, mettaient sur pied la moitié de la ville. Mais, le summum du superbe se manifestait le soir des retraites en musique. Sur la place Kléber les tambours, clairons, trompettes de la garnison sont présents et les trottoirs sont noirs de monde. Au coup de l'heure, qui résonne sur le bronze à la tour de l'antique cathédrale, un silence religieux se fait. Le grand Tambour Major du 33e, le Martiniquais Morfila, lève sa canne ! Un frémissement court dans cette masse de Strasbourgeois. Le roulement commence, doux, presque sourd; puis augmente d'intensité. C'est le tonnerre ! Les cuivres éclatent en notes stridentes et joyeuses. Un appel de grosse caisse, et les musiques entament une marche guerrière. Alors tout ce peuple, où le chapeau haute forme fraternise démocratiquement avec la casquette et le caraco, avec les crinolines et les falbalas, bras-dessus bras-dessous, jeunes et vieux, hommes, femmes , enfants, emboîtent le pas à la "Clique" et reconduisent chaque corps à son quartier. (Revue le passepoil - 1930) Photo Beaudelaire (Strasbourg) |