Adolphe NIEL, né le 4/10/1802 à Muret

 

Photo Crémière (Paris)

Photo Disdéri (Paris)

Photo Disdéri (Paris)

 

Après des études faites à Toulouse, Niel entre à l'Ecole polytechnique en 1821. Il en sort deux ans plus tard avec le grade de sous-lieutenant, pour entrer à l'Ecole d'application du génie à Metz.

Nommé Lieutenant au 3em génie en 1825. détaché aux travaux de Longwy (1828), puis de Toulon (1829.

Capitaine en 1829 au 1er génie. Employé à Toulon, puis Bayonne. Retourne au régiment en 1835, puis est employé au dépot des fortifications. En 1836 il est attaché à l'EM du corps expéditionnaire de Constantine et il commande un colonne durant l'assaut de la ville. Il commande le Génie de la région après la prise de la ville. Chev LH 1838.

Chef de bataillon en 1837, il revient en France au 3em Génie en 1839. Employé aux travaux de fortifications de Paris (StDenis) de 1840 à 1843.

Lieutenant colonel en 1842. Commande provisoirement le 2em génie avant de passer colonel en 1846. Off LH 1845. Chef d'EM du Génie du corps expéditionnaire de la Méditerrannée, il est nommé général de brigade en 1849. légèrement blessé au siège de Rome. En 1850 il est chef du Génie au Ministere, membre du comité des fortifications, puis en 1851 inspecteur général. Comm LH 1852.

Nommé général de brigade, il est chargé d'annoncer au pape la nouvelle de la reddition de la ville éternelle. Pie IX tient à remercier le messager et lui exprime le désir de lui offrir personnellement un témoignage de reconnaissance. Niel répond qu'il serait heureux d'obtenir un souvenir pour son épouse. Le pape offre son propre chapelet pour madame Niel et confère au général la croix de commandeur de Saint-Grégoire le Grand.
Succédant à Vaillant au commandement du génie du corps expéditionnaire, l'année suivante Niel obtient le poste de chef du service du génie au ministère de la Guerre.
Conseiller d'Etat en 1852, général de division en 1853, en 1854 il accompagne Baraguey d'Hilliers dans la Baltique, en qualité de commandant du génie de l'expédition. Il participe à la prise de Bomarsund après un siège de cinq jours. En souvenir il ramène la croix qui coiffait l'église orthodoxe de la citadelle russe. De plus en plus apprécié par Napoléon III, il en devient l'un des aides de camp, le 8 janvier 1855.
Il est chargé par l'Empereur d'aller en Crimée et de faire un rapport sur la situation de l'armée et la conduite des opérations. Cette mission délicate l'oppose souvent à Pélissier. Au mois de mai il commande le génie de l'armée d'Orient et concourt à la prise de Sébastopol.
Esprit fin, instruit et de nature gaie, Niel est chargé par l'Empereur de négociations avec le roi Victor-Emmanuel II et Cavour, en vue de la conclusion d'une alliance et au sujet du mariage du prince Napoléon.
En 1859, il commande la 4ème corps de l'armée d'Italie et s'il contribue à la victoire de Magenta, c'est à Solférino, qu'il gagne vaillamment son bâton de maréchal. Il y montre des qualités hors ligne de tacticien et fait preuve de savoir, d'énergie et de sang-froid.
Maréchal de France le 25 juin 1859, Niel occupe des fonctions importantes et en 1867, remplace Randon au ministère de la Guerre. Il tente de réussir là où Randon a échoué et poursuit énergiquement une politique de réforme visant à renforcer les effectifs de l'armée française et à améliorer ses structures et son armement. Il se heurte dans son entreprise à l'aveuglement du Corps législatif. La loi sur la création d'une garde mobile subit de tels amendements que ses dispositions en deviennent illusoires.
Niel est miné par ses efforts stériles et un soir, à la fin d'une partie de billard, il confie à un officier d'ordonnance : "Vous verrez ! les Prussiens feront sur nous le bond de la panthère." Depuis plusieurs années il souffre de la maladie de la pierre et son épuisement au ministère avait accéléré la dégradation de sa santé. Il doit s'aliter et est opéré par Nélaton. Le 13 août 1869, entouré de toute sa famille, il expire à son domicile parisien, 90 rue Saint-Dominique.
D'importantes cérémonies funèbres ont lieu au ministère et aux Invalides. Toutes les troupes de la garnison de Paris, toute la Garde, sous les ordres de Canrobert, défilent devant le catafalque du maréchal Niel. Le corps est ensuite transporté à Muret et Le Boeuf, qui avait été désigné par Niel pour le remplacer, prononce un émouvant discours.
Le maréchal Niel était grand, avec des traits réguliers, des cheveux un peu crépus et relevés. D'une correction parfaite, s'exprimant clairement il avait des dons d'orateur. Excessivement instruit, travailleur infatigable, il savait se tenir à ses idées. Honnête et droit, il accomplit son devoir même lorsque la mission était déplaisante, comme en Crimée, et ne profita jamais de sa puissance pour se faire respecter. Ainsi, alors qu'il était ministre de la Guerre, il prit le train en tenue civile et trois élèves de Saint-Cyr montèrent dans son compartiment. Les jeunes gens allumèrent leurs cigares et Niel alluma le sien ; puis, comme la fumée devenait intense, il ouvrit la fenêtre de son côté. "Il fait froid ici" dit un des futurs officiers et il releva la vitre sans en demander la permission. Le maréchal rabaissa la fenêtre et le saint-cyrien la remonta. Alors, Niel, d'un violent coup de coude, fit voler la vitre en éclats en disant calmement : "Lorsque je fume, j'ai besoin d'air." "Monsieur, s'écria l'élève de Saint-Cyr, c'est une insulte, vous m'en rendrez raison. Je me nomme un tel, de la 4ème cie du bataillon de Saint-Cyr." "Très bien, monsieur, répondit Niel, je n'ai pas de carte sur moi, je vous en enverrai une demain et à votre prochaine sortie je serai à vos ordres."
Arrivé à Versailles, le train s'arrête et Niel appelle le chef de gare. "Vous ferez remettre cette vitre à mes frais, lui dit-il." Puis il descend de wagon accompagné respectueusement par le chef de gare. Etonnés les saints-cyriens demandent à un employé quel est ce monsieur. "Vous ne le connaissez pas ? C'est votre ministre, le maréchal Niel."
Le dimanche suivant, le maréchal, qui devait visiter Saint-Cyr, se rendit à l'école. Passant le bataillon en revue et reconnaissant son bouillant adversaire, il dit au général commandant, de façon à être entendu du saint-cyrien : "Est-ce que vos jeunes gens sont frileux ?" Ce fut la seule vengeance du maréchal qui raconta son aventure au commandant de l'école sans lui nommer le coupable.
Lors de la campagne d'Italie, après la bataille de Solférino, un malentendu avait dressé Canrobert contre Niel et les deux hommes faillirent se battre en duel. Baraguey d'Hilliers et Mac Mahon avaient même déjà accepté d'être les témoins de Canrobert. Le diffréend dissipé les deux hommes se réconcilièrent. A la fin de sa vie, Canrobert fut interrogé sur cette affaire et sa réponse fut un hommage aux qualités de ministre du maréchal Niel : "Je n'aime plus parler de cela, dit-il... Je me suis réconcilié complètement avec le maréchal Niel et puis j'ai vu mieux que personne ce qu'il a fait lors de son ministère. J'ai assisté à ses efforts ; j'ai été témoin de ses désespoirs, de ses dégoûts ; je sais les responsabilités effroyables qu'il n'a pas hésité à prendre pour assurer au pays les moyens de défense que le Corps législatif refusait. Jamais, jamais, voyez-vous, on ne saura ce que le maréchal Niel a fait en ces circonstances. C'est le désespoir de sentir qu'il ne pouvait pas préserver notre pays d'un désastre certain qui l'a tué. Comment, après cela, puis-je avoir d'autres souvenirs de lui ?"

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