Le retour des
héros Les cadres de la
mission Marchand - 1899 |
Entre 1896 et 1899, douze européens et 150
tirailleurs effectuent 6.000 kilometres à pied pour relier la côte
du Congo jusqu'au Nîl blanc au Soudan. Cette mission
Congo-Nîl, ou Marchand du nom de son commandant, trace l'une des
plus belles épopée de la conquête coloniale, mais se termine en
désastre diplomatique puisque la France doit céder devant
les ambitions britanniques et évacuer le poste de Fachoda pour
éviter la guerre.
Revenus en France en héros, l'équipe couverte
d'honneurs se fait photographier avant sa dispersion. La plupart de
ces officiers effecturont une brillante carrière jusque et y compris
durant la première guerre mondiale. |
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Les cadres de la
mission |
Commandant la
mission...........................................
Commandant en
second...........................................
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Commandant Marchand
Capitaine
Germain
Capitaine Baratier
Capitaine
Mangin
Docteur
Emily
Lieutenant
Fouque
Enseigne de vaisseau
Dyé
Sergent Bernard
Sergent Dat
Sergent
Venail
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Jean
Baptiste Marchand - Commandant, chef de la
mission
Officier sorti du rang, ancien de l'école de
Saint Maixent, Marchand est déjà un officier colonial reconnu
lorsqu'il obtient le commandement de la mission "Congo-Nil". Il a
notamment servi au Soudan sous Archinard et y a été blessé et
décoré. Inspirateur d'une équipe
qu'il a formé à son image, Marchand se heurte d'abord aux
gouverneurs coloniaux locaux qui refusent de lui accorder vivres et
porteurs nécessaires à l'expédition. Sa
tenacité et sa diplomatie parviennent cependant à vaincre les
obstacles, mais, à plusieurs reprises,
Marchand manque de mourir de maladie ou d'épuisement lors de
l'expédition. Arrivée au poste de
Fachoda le 10/7/1898, il plante le drapeau français et remet sur
pied les fortifications. L'aventure
trouve son épilogue en septembre 1898 lorsque la petite troupe
française est rejointe par d'imposantes forces
britanniques qui viennent de conquérir le Soudan et de battre
les Derviches à Omdourman. Le général Kitchener qui commande ces
forces exige l'evacuation du poste ce qui ouvre une période de
forte tension en la France et l'Angleterre. Le gouvernement
français doit céder et la troupe reçoit l'ordre d'évacuer le
fort.
Revenu en France en héros, Marchand retrouve
un pays profondément divisé par l'affaire Dreyfus. Les milieux
nationalistes tenteront de l'enroler dans leur lutte contre le
gouvernement radical accusé d'avoir abandonné Fachoda. En dépit de
son refus de se prononcer publiquement, la méfiance du
gouvernement à son égard l'obligera à interrompre prématurément sa
carrière militaire. Il reprendra du
service actif en 1914, et fera une brillante guerre à la tête d'une
division coloniale sur le front de France où il sera
blessé. |
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Joseph
Marcel Germain
Second de la
mission
Né le 19/3/1865, polytechnicien et officier
d'artillerie de marine, c'est l'adjoint de Marchand lors de
l'expédition. Contrairement aux autres membres de l'expédition, il
n'a pas une grande expérience coloniale, mais s'est plutôt signalé
comme un technicien de l'artillerie.
Il commande notamment la deuxième équipe de la mission qui assure
le convoyage du transport Faidherbe
jusqu'au Nîl. Il reçoit la croix d'officier de la Légion
d'Honneur en octobre 1898.
Il est mort comme colonel en juillet 1906,
alors qu'il était chef de la section technique des troupes
coloniales au ministere de la guerre.
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Albert
Baratier
Lorsqu'il est engagé dans la mission
Marchand, Baratier est déjà un africain accompli qui a servi aux
spahis soudanais.
Durant l'expédition, il est le plus souvent
envoyé en avant garde pour reconnaître le chemin à prendre et
effectuer les relevés hydrographiques nécessaires pour le passage du
Faidherbe à travers le Congo et jusqu'au Nîl.
Il reconnaît notamment la région du
Bahr el Ghazal, vaste étendue marécageuse parcourue par des rivières
sans courants aux chenaux variables et inombrables. La traversée en
est très éprouvante comme il l'a raconté dans ses souvenirs :
"On avançait - avec quelle
énervante lenteur - dans un horrible mélange de vase, de racines et
de feuilles de roseaux, de nénuphars, de bois mort, de poissons
pourris, d'antilopes crevées ; dans une macédoine de rats, de
serpents , de mille-pattes et de fourmis. Parfois une alerte :
bousculée ou même crevée par un hippopotame affolé, c'est une
embarcation qui manque de chavirer. Les nuits on s'entasse sans
fermer l'oeil dans les baleinières : pas de terre ferme pour camper.
Et, sans trêve, c'est le supplice des affreux moustiques qui
tourbillonnent en épais nuages"
C'est Baratier, homme de confiance de
Marchand, qui quitte Fachoda en octobre pour apporter au Caire les
dépêches adressées au gouvernement français et qui va chercher
à Paris les instructions officielles ordonnant à la mission
d'évacuer le poste et de renter par l'Abyssinie.
De retour en France, il poursuit une carrière
dans la cavalerie metropolitaine, et participe à la guerre de 14
comme général commandant une division de cavalerie. Il est mort pour la France le
17/10/1917. |
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Charles
Mangin
Officier colonial d'exception,
Mangin a servi au Sénégal entre 1889 et 1892. Il commande l'escorte de tirailleurs sénégalais comme
lieutenant et est nommé capitaine durant la mission.
Après l'arrivée à Fachoda, Mangin en
organise la défense. Son heure de gloire
intervient le 25/8/1898, lorsque les Derviches attaquent le poste.
Mangin raconte l'instant dans ses "lettres du Soudan" : "Vers 6 heures
du matin, deux vapeurs remorquant sept chalands en fer apparaissent
sur le Nîl à 2 kilometres au nord du poste. La générale sonne et
nous prenons silencieusement nos postes de combat. Les vapeurs
s'avancent lentement, nous hissons le pavillon français qui est
presque aussitôt salué par eux d'un coup de canon hors de porté.
Quand les vapeurs arrivent à 1000 metres, nous commençons par
répondre à leur canonnade, des feux de salve bien ajustés ; le tir
était facile à régler par les points d'impact bien visibles sur
l'eau et un bruit de chaudron nous prouvait que les balles
frappaient la coque en fer du vapeur. Bientôt nous essuyions une
fusillade désordonnée qui se répartit sur toute la fortification et
ne blesse qu'un seul homme. Les vapeurs passent devant le poste et
s'arrêtent à 800 metres plus haut. [...] Vers deux heures la
flottille redescend le Nîl en tiraillant. Mais en arrivant devant
notre réduit, une avarie de machine arrête le plus grand des
deux vapeurs, le Safia, qui par une fausse manoeuvre nous présente
l'arrière ; l'autre, le Teuffikié, vient à son secours; tous les
chalands sont pêle mêle, bord à bord, et nous tous en ligne, bien
abrités ; pendant une quart d'heure ce fut une véritable exécution
militaire. La flotille se mit péniblement en marche et je l'ai
escortée convenablement pendant 4 kilometres avec une section. Nous
avions affaire à 1.200 à 1.500 hommes spécialement envoyés
d'Omdurman par le Khalife pour nous combattre. D'après les officiers
egyptiens qui ont visité le Safia après sa prise, il n'y avait pas
un morceau grand comme la main qui ne fut percé de nos balles.
Quatre chalands ont coulé en route, les trois autres ont été
abandonnés comme hors d'usage ; les pertes de l'ennemi ont été
évaluées à 700 hommes et ce chiffre ne me parait pas
invraisemblable. Dans les chalands on se disputait les places du
fond à coup de couteau et elles n'étaient par meilleures que les
autres puisque nos balles percaient trois hommes à la
fois." Mangin fera par la suite une carrière
exceptionelle, notamment au Maroc, avant de s'illustrer
comme commandant d'armée durant la première guerre
mondiale. |
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Jules
Emily
Jules Emily est medecin colonial.
Recommandé par le général Archinard, il est nommé officier médecin
de la mission Congo Nîl. A plusieurs
reprises son intervention est décisive pour sauver Marchand atteint
de fièvres bilieuses. A l'arrivée à
Fachoda, la déception de la mission est grande en raison de l'état
déplorable du poste, abandonné et pillé par les Derviches. Dans ses
souvenirs, Jules Emily ecrit :"Fachoda n'est qu'un amas de briques et de
boue. Des anciens bâtiments, plus une poutre, plus un toît. Des
mares se sont formées à l'endroit où se trouvaient les cours et tout
autour, de briques ont roulé, des pans entiers de murs se sont
ecroulés. Ici un encadrement de porte persiste, monumental, précédé
d'un perron aux marches défoncées, surmonté d'un arc de voute se
profilant dans le ciel, lamentable vestige de l'entrée principale de
la ville. Plus loin une masure à trois compartiments éventrés, les
voutes épaisses encore noires du feu qui les fît eclater : c'est
l'ancienne poudrière. Plus loin encore des décombres ne se
distinguant des autres que par leurs proportions un peu plus grande
et par la lêpre du revêtement intérieur, jadis blanchi à la chaux ou
recouverts de papier peints : c'est ce qui reste des appartements du
Mudir. Partout, partout des décombres cachés sous des flaques d'eau
ou sous l'envahissement des herbes folles. Les ouvrages des
fortifications ont été très considérables : plusieurs plates formes
pour canons, des tranchées, des redoutes. Toute la place est
enveloppée par une levée de terre, au pied de laquelle court un
large fossé de plus de 3 kilometres de tour, rempli d'eau
croupissante. Malgré la joie que je ressent d'être arrivé enfin au
but, une grande tristesse m'envahit, qui monte de toutes ces
ruines."
Après la mission, Emily est nommé officier de
la Légion d'Honneur, et fera une brillante carrière, terminant
médecin général inspecteur du corps de santé colonial et membre de
l'Académie des sciences coloniales. |
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Pierre Felix Fouque
Né le 4/8/1869 à Grenoble,
le lieutenant Fouque est Saint Cyrien de
la promotion de Cronstadt (1890-1892).
Il a servi lors de la campagne du
Dahomey, puis il a rejoint la mission en
cours de route comme lieutenant, en remplacement du lieutenant Simon
décédé des suites des fièvres. Il
accompagne Germain et Dyé sur le Faidherbe.
Après l'expédition, il est promu
Capitaine et chevalier de la Légion d'Honneur. Il sert ensuite en
Chine, au Congo et à Madagascar et reçoit la croix d'officier
de la Légion d'Honneur en 1904.
La guerre de 14 le trouve chef de
corps du 142e régiment d'infanterie. Il est tué le 23/9/1914 à Noviant-aux-Près, d'une balle au
thorax. |
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Alfred
Dyé
Seul officier de Marine de
l'expédition, Dyé est commandant du Faidherbe, bateau qui
accompagne la mission Congo-Nîl. Pour
suivre le parcours de l'expédition, il sera nécessaire à plusieurs
reprises de démonter le bateau pour le faire passer d'un cours d'eau
à l'autre : démonter et porter la chaudière pesant deux tonnes en
perçant une route à travers la brousse et en la faisant rouler sur
des billes de bois pendant des centaines de kilometres, et porter la
coque dans un chariot spécialement construit à cet usage.
Au prix d'effort surhumains, Dyé conduit
finalement le Faidherbe à Fachoda le
29/8/1898. La présence du bateau
assure le ravitaillement bien nécessaire du poste et permet à
la mission de rayonner sur le Nîl, ainsi que d'entrer en
contact plus facilement avec les populations locales et leurs
chefs. Après cette mission Dyé sera
chargé de missions hydrographiques, notamment au Maroc en 1906. Il
exercera des commandement sur des bâtiments et sera major général à
Cherbourg après la guerre. Il est mort
accidentellement en 1926 alors qu'il commandait la marine française
à Beyrouth. |
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Sergent Dat
Georges Dat est né en 1865. Il
s'est engagé en 1884 et il a servi en Nouvelle Calédonie, au Tonkin,
au Dahomey, au Sénégal et au Congo.
Il quitte l'armée en 1900 avec le
grade d'adjudant et rejoint le corps des administrateurs
coloniaux.
Mobilisé en 1914, il est porté
disparu le 25/8/1914 à Rozélieuses. |
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Ernest Henri
Venail
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Né le 5/10/1869 à Chateauroux, appelé en 1890, il est affecté
au 2e régiment d'infanterie de marine.
Rengagé pour 5 ans et nommé sergent en mai 1893, il participe à
sa première mission coloniale de juin 1893 à novembre 1895, à la
mission Monteil au Congo, avec les sous officier de Prat et Bernard
qu'il retrouvera en 1899.
C'est donc avec une expérience déjà importante qu'il est désigné
le 6/5/1896 pour participer à la mission Marchand.
Il est décoré de la médaille militaire le 8/12/1898, puis
chevalier de la Légion d'Honneur le 5/12/1899.
Après son retour, il quitte l'arme coloniale en 1901. Retraité
comme officier en février 1906, il reprend du service durant la
première guerre mondiale comme Capitaine de réserve et reçoit la
croix d'officier de la Légion d'Honneur le 24/4/1917.
Il est mort en 1923 à Kouakry, en Guinée. |
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Sergent
Adrien, André Bernard
André Bernard est né à Availles le 9 décembre 1872, d’un père receveur-buraliste. Alors qu’il est étudiant, il s’engage pour 8 ans le 15 décembre 1890 et rejoint le 6e Régiment d’Infanterie de Marine.
Il est nommé caporal en 1892, puis sergent en 1893.
Il a été détaché à la mission Monteil au Sénégal de juin 1893 à septembre 1895, puis à la mission Marchand d’avril 1896 à janvier 1899.
Réintégré au 2e régiment d’infanterie coloniale, il poursuit sa carrière dans les régiments coloniaux, au Tonkin de 1900 à 1902 et Afrique occidentale française de 1903 à 1904. Il meurt le 27 mars 1904 à l’hôpital du Val de Grâce. Un place de son village natale porte son nom. (merci à Mme Faverau pour ces renseignements)
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