Le 12e bataillon de chasseurs à pied

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 Historique sous le IInd Empire et la République

 

Le 12e bataillon de Chasseurs est créé par décret du 22/11/1853. Désigné pour faire partie du corps expéditionnaire de la Baltique, il s'embarque en juillet 1854 sur des navires anglais et débarque le 4 aout dans l'île d'Aland, devant Bomarsund. Il prend une part active à l'investissment et à l'attaque de la forteresse et le 14 aout s'empare de la Tour du Sud, prise qui oblige la place à se rendre deux jours plus tard. 
Lors de la campagne d'Italie, le bataillon est envoyé en renfort de l'armée en juillet et s'il rejoint Milan, il n'a pas l'occasion d'être engagé.
Une insurection ayant éclaté dans le sud de la province d'Alger, le bataillon est envoyé en Algérie en 1864. Il est employé sur tous les théatres d'opération : Autour de Laghouat, dans la grande Kabylie (colonne des Babors), puis dans le sud Algérien. Il porte aussi assistance aux colons de la Mitidja après le tremblement de terre du 2/1/1867.
Revenu en France en 1868, la guerre le trouve en garnison à Chalons. Attaché au 2e corps d'armée, il se distingue à Gravelotte, en s'emparant d'abord du village de Vionville qu'il est obligé d'abandonner au prix de 5 officiers tués, 6 blessés et 226 chasseurs hors de combat. Il est aussi engagé lors du coup de main de Peltre le 27/9/1870. Après la capitulation de Metz, les chasseurs sont internés à Hambourg et en Bavière.
Sous la république, il est envoyé en Algérie entre 1875 et 1879, puis de retour en France, il est engarnison dans les Alpes et ouvre la voie à la création des chasseurs alpins.

 

       

Henri Mathieu.

Né le 31/1/1824 à Etain (Meuse). Il est élève de l'école de Saint Cyr en 1841, il en sort classé 69e sur 211 et est nommé Sous Lieutenant le 1/4/1843 au 3e régiment d'infanterie légère. De 1844 à 1847, il fait campagne en Algérie où il est promu Lieutenant le 21/7/1848.

C'est à sa promotion comme Capitaine le 10/7/1854, qu'il rejoint le 12e bataillon de chasseurs à pied. Durant 12 ans, il va suivre les péripéties du bataillon, comme adjudant major : Baltique, Italie, puis Algérie, où il pose ici, photographié par Alary et Geiser, dans la tenue de chasseurs portée en Algérie et fortement ressemblante à celle des zouaves, seul le ceinturon orné du cor des chasseurs identifiant cette arme. Mathieu porte bien visible ici les galons d'adjudant major. Il recoit la croix de la Légion d'Honneur en aout 1858.

Le 12/8/1866, Mathieu quitte le bataillon en étant nommé Chef de bataillon le 12/8/1866 au 2e régiment de tirailleurs algériens. Il y fait la campagne de 1870 en France à la tête du 1er bataillon. Le régiment subit la terrible bataille de Froeschwiller où il est quasiment annhillé. Durant la bataille, le commandant Mathieu est blessé deux fois, d'un coup de feu au poignet gauche ("balle pénétrant au dessous de l'extrémité inférieure du cubitus, le fracturant et traversant les os et sortant par le milieu de la face dorsale") et d'un autre à la région abdominale ("blessure en gouttière").
L'historique du régiment relate sa conduite héroïque : "En conduisant une charge, le commandant Mathieu tombe avec une balle dans le ventre. Le clairon nègre Kara Ben Salem qui l'accompagne, vieux tirailleur cité en Italie, cité au Maroc, en 1859, et qui est aussi fort que brave, le charge sur ses épaules et l'emporte évanoui ; le commandant revient à lui, se fait bander et serrer fortement le ventre avec la ceinture rouge du clairon et se remet à la tête de ses hommes pour les conduire encore à l'ennemi. Et l'on pousse encore en avant. A la troisième fois, le commandant reçoit une balle qui lui fracasse la main et le poignet. La douleur est si vive qu'il s'évanouit. Kara le charge encore sur ses épaules et le rapport à la lisière du bois, où il l'assied au pied d'un arbre. Il y a à peu près autour de lui 400 hommes, turcos, chasseurs et lignards avec une vingtaine d'officiers. Que faire ? Il ne reste plus une cartouche, les blessés ont donné les leurs, on a fouillé les gibernes des morts et brûlé jusqu'au dernier paquet. L'ennemi nous déborde à droite et à gauche, et nous commençons à recevoir des coups de fusil dans le dos. - Laissez moi mourir ici, dit le commandant et que ceux qui sont encore valides tâchent de se tirer d'affaire en gagnant par les bois. - Non dit le capitaine Lucas, nous ne vous abandonnerons pas ; il reste encore ici un cheval debout, c'est le mien, prenez le, mettez vous à notre tête et nous vous suivrons ! [...] Le commandant Mathieu, trottinant sur son cheval, est encore suivi de 150 ou 200 hommes ; il essaie de dépasser le village en le contournant par le nord. Arrivé à une cinquantaine de metres d'un bois où il espère pénétrer et disparaître aux yeux de l'ennemi, ce groupe confus est accueilli par un feu roulant de mousqueterie qui jette en peu de minutes le quart des hommes par terre : le bois est occupé par les Prussiens. Le cheval du commandant, percé de plusieurs balles, s'abat et dans sa chute, entraîne son cavalier qui tombe pris sous la selle. La douleur de ses blessures le fait évanouir. Quand il revient à lui, il était aux mains de l'ennemi avec la majeure partie de ceux qui l'avaient suivi et qui furent les derniers combattants de la journée."

Après la guerre, il est nommé Lieutenant Colonel (8/2/1873), aux 79e puis 102e régiments d'infanterie, puis Colonel (15/4/1876) et commande successivement les 29e et 43e régiments. Il finit sa carrière comme Général de brigade, Commandeur de la Légion d'Honneur.

Il quitte le service actif en 1886. Ayant demandé en 1890 l'obtention de la plaque de grand officier, son dossier archive une lettre de la préfécture des Ardennes où il s'était retiré et qui indique : "Au point de vue politique, M le général Mathieu est ouvertement hostile à nos institutions. En ce qui concerne sa moralité, il me revient que ses moeurs ne seraient pas à l'abri de tout reproche." En dépit de l'appui du ministere de la guerre, il ne recevra pas cette décoration. Il meurt le 24/4/1892.

Photo Alary et Geiser (Alger)


Marie Gaston Florent Leconte

Né le 8/11/1856 à Senlis, ancien élève de Saint Cyr, Leconte a déjà une belle carrière coloniale lorsqu'il est nommé Capitaine le 22/2/1888, au 12e bataillon de chasseurs. Il a servi en Algérie, fait la campagne de Tunisie, a été blessé à Formose et a combattu les pirates chinois au Tonkin. Cette première partie de carrière est décrite sur la page consacrée au 3e régiment de Zouaves.

C'est décoré de la Légion d'Honneur, de la médaille du Tonkin et de la croix de l'Ordre du Dragon d'Annam qu'il est photographié à Compiègne, dans la tenue portée par les officiers de chasseurs entre 1884 et 1894. Commence alors pour Leconte une carrière métropolitaine. Après avoir suivi les cours de l'école de tir du camp de Chalons en 1890, il se spécialise dans la technique de l'armement et est nommé directeur des ateliers de l'école normale de tir.

Promu Chef de bataillon en avril 1899, puis Colonel du 91e régiment d'infanterie, la guerre de 14 le trouve Général, commandant la 84e brigade à Verdun.

Nommé dès la fin aout 1914 au commandement de la 40e division. Il se distingue lors de la bataille de la Marne, sur l'Argonne durant le difficile automne 1915 et surtout à Verdun et sur la Somme. Il prend alors le commandement du 33e Corps d'armée (17/12/1916), avec lequel il libère Sarrelouis et entre à Mayence en 1918.

Nommé après guerre au corps d'occupation en Allemagne, il quitte le service actif en 1920, Grand Officier de la Légion d'Honneur.

Photo Benoit (Compiegne)


 

Les commandants du 12e bataillon

  • Lenormand de Bretteville (1853-1854)
  • Zentz (1854-1858)
  • de Brossard (1858-1861)
  • d'Aries (1861-1864)
  • Macquaire (1864-1869)
  • Bonnot de Mably (1869-1875)
  • Edon (1875-1879)
  • Arvers (1879-1885)
  • d'Ivoley (1885-1892)
  • Pouradier Duteil (1892-1902)
  • Deshayes de Bonneval (1902-1904)
  • Bonfait (1904-1908)

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