Le 20e bataillon de chasseurs à pied

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 Historique sous le IInd Empire et la République

 

Le 20e bataillon de chasseurs est créé en 1854. Il est au corps d'occupation de Rome entre 1858 et 1862, puis au Mexique entre 1862 à 1864. Il est engagé au siège de Puebla et à la prise de Colotlan. En 1870, il est à Borny, à Rezonville, à Saint Privat et à Servigny.

       

 

Le chef de bataillon Lepage des Longchamps pose ici comme chef de corps du 20e bataillon de chasseurs lors de sa présence en Italie vers 1860. Sa carrière interrompue par la maladie est résumée dans le Moniteur de l'armée du 21/10/1868 :

"Une triste cérémonie rassemblait, il y a quelques jours, devant une tombe prête à se fermer pour toujours, une foule d‘officiers, de militaires de tout grade, depuis le général de division jusqu'au simple soldat.
On rendait les derniers honneurs à un des plus jeunes, des plus aimés, des plus brillants, des plus modestes et des plus accomplis chefs de corps de notre armée, le colonel du 51e de ligne,  Lepage des Longchamps, enlevé subitement à l'affection de ses camarades, à la vénération des militaires de son régiment et à la profonde estime de ses supérieurs.
Le colonel Lepage des Longchamps, né en 1824, avait à peine quarante-quatre ans d‘âge. Elève de Saint Cyr en 1843, ayant acquis rapidement tous ses grades au choix, par son mérite et par ses services, il avait commandé au Mexique le 20e bataillon de chasseurs à pied, avec une haute distinction. Pendant cette rude campagne, il fut cité deux fois à l'ordre de l‘armée; une première fois pour le combat de nuit du 17 février 1864, à Celotlan; une seconde fois pour le combat de Teseuera, du 19 octobre de la même année. Au moment où le corps expéditionnaire de la Baltique dut partir du camp de Boulogne, en 1854, M. Lepage des Longchamps était officier d'ordonnance du Ministre de la guerre. Il n'hésita pas à quitter cette belle et agréable position pour prendre le commandement d'une compagnie au 50e de ligne, dont il était alors détaché.
Nommé Lieutenant colonel au 81e de ligne en 1864, à l'armée du Mexique, puis Colonel du 51e, à la même armée, trois ans plus tard, en 1865, il resta cinq ans entier dans ce pays, où chaque jour il trouva l‘occasion de déployer ses qualités brillantes.
Les notes données à cet officier depuis la première inspection générale qu‘il eut à passer en 1846, à sa sortie de l'École, jusqu'en 1867, ne sont qu'une longue série d‘éloges sur sa conduite, sur sa bravoure, sur l‘honorabilité et l‘aménité de son noble caractère, sur son coup d‘œil militaire et sur ses talents en campagne.
Une dernière marque de profonde estime lui était réservée après sa mort. Son ancien général de division du Mexique, devenu son divisionnaire à l'armée de Paris, n'a voulu céder à personne le triste privilège d'adresser au brave colonel les derniers adieux de ses compagnons d'armes. Sans pouvoir maîtriser une émotion profonde, qui se traduisait visiblement sur le mâle visage du rude soldat, et qui produisit une sensation électrique sur la nombreuse assistance, le général Douay prononça, au milieu du recueillement général, le discours suivant :
« Messieurs, je viens rendre devant cette tombe si inopinément ouverte, un dernier hommage à la mémoire du colonel Lepage des Longchamps. Accordez moi votre indulgence, j‘en ai besoin, car mon âme est envahie et dominée par une émotion déchirante, et je sens ma pensée et ma voix se troubler, alors que je dois vous parler de notre vaillant camarade, hier encore plein de vie, d'espoir et d'avenir, aujourd'hui gisant dans ce cercueil, foudroyé par une mort implacable que nous n'avons plus qu'à déplorer. Devant cette mort, je veux vous rappeler simplement cette noble vie, que Lepage des Longchamps a remplie et honorée par toutes les vertus d'un soldat valeureux. Dans nos longues campagnes, nous l'avons tous connu et apprécié. Officier accompli, plein d'audace, de franchise, de gaieté, payant de sa personne, au milieu des épreuves et des périls de la vie militaire, c‘était un chef prévoyant, il avait pour ses soldats une sollicitude aussi tendre qu'éclairée; et à tous ces dons heureux. il ajoutait encore une affabilité naturelle qui nous charmait tous. Il m'appartient aujourd‘hui, messieurs, de donner, comme commandant de la division, ce suprême témoignage. Lepage des Longchamps fut l’honneur de notre armée; il était brave, hardi, vigilant, actif et prudent dans son audace. Sa mémoire sera religieusement conservée parmi nous, et elle servira de modèle à tous ceux qui, comme lui, voudront marcher avec honneur dans la voie sacrée du devoir et de l'abnégation. Tel est l'hommage que je dépose sur sa tombe au nom de ses dévoués compagnons d'armes qui le pleurent et lui disent avec moi : Adieu."

Photo d'Alessandri (Rome)


 

Marie Louis de Garnier des Garets

Né le 11/2/38 à Trévoux (Ain), Garnier des Garets est élève de Saint Cyr en 1855. Il est nommé Sous lieutenant le 1/10/1857 au 2e bataillon de chasseurs. Il fait campagne en Chine et en Cochinchine entre 1859 et 1861. Le 15/8/1860, il est cité à l'ordre de l'armée comme s'étant particulièrement distingué pendant les opérations de la journée du 14/8/1860 et la prise des forts de Tang Ko. Il a decrit son rôle ce jour dans ses lettres de Chine : "Nous approchons toujours et nous voilà à 500m et nous plaçant alors dans l'intervalle des pièces, nous commençons notre feu sur les créneaux et les pièces. Quatre immenses drapeaux, deux blanc, deux rouges, flottent sur la porte d'entrée. Il en tombe trois. Le plus grand reste seul. En ce moment j'aperçois les Anglais qui se mettent en mouvement vers la droite. J'en préviens le commandant de l'artillerie qui se trouvait à côté de moi. "Eh bien Mr des Garets, me dit-il, allez voir avec vos chasseurs ce que nous avons fait". J'attrape la balle au bond, je préviens mon capitaine et, sans autre ordre, nous marchons en avant. Nous prenons le pas de course pour ne pas rester trop longtemps exposés aux projectiles sur ce terrain dénudé et nous nous précipitons sur la porte. Mais le pont est coupé. Le fossé a 4m de largeur et une profondeur inconnue. Je commet l'affreuse bêtise de ne pas m'y jeter en premier, croyant que le génie qui nous suivait allait rétablir le passage avec des échelles. Un sergent de ma compagnie n'hésite pas. Il se précipite dans l'eau, mon sergent major de le suivre et moi d'en faire autant. Je nage pour ne pas embourber. J'ai mon revolver entre les dents, mon sac et ma couverture en bandoullière. je sens mes bottes se remplir d'eau par en haut. J'en ai jusqu'aux épaules. Je lutte comme un malheureux pour grimper à ces fascines toutes glûantes d'une boue grasse. Elles me viennent dans les mains. En vain je m'accroche aux abbatis d'arbres, ils me crêvent les yeux. Je suis sur le point de retomber au fond du fossé quand un sergent qui a trouvé un chemin me tend la main et j'arrive enfin le premier des officiers de chasseurs. Je me précipite sur le grand drapeau blanc resté debout, mais le Colonel Schmitz, de quelques pas plus avancés, le saisit le premier.

Il est de nouveau cité le 26/2/1861 pour s'être distingué lors de l'attaque des forts de Ki-Hoa en Cochinchine, les 24 et 25 fevrier 1861. Il est nommé chevalier de l'ordre d'Isabelle la catholique (Espagne) et reçoit la médaille commémorative de l'expédition de Chine.

Nommé Lieutenant le 12/8/1861, il passe au 3e bataillon de chasseurs et sert au corps d'occupation de Rome entre 1862 et 1864. Il y est décoré de l'ordre de Pie.

Capitaine le 13/8/1865, il est nommé au 20e bataillon de chasseurs à pied mais est détaché comme officier d'ordonnance du ministre de la guerre, le maréchal Niel, ce qui explique le port des aiguillettes. Sur cette belle photo, il porte l'uniforme des officiers de chasseurs à pied instauré en 1867 et porte déjà une impressionnante série de décorations pour un jeune officier de 30 ans. Une autre s'y ajoutera bientôt : la croix de chevalier de la Légion d'Honneur qu'il reçoit le 12/8/1869.
En 1870, à la déclaration de guerre, il a rejoint son bataillon, affecté à la division du général de Cissey. Le bataillon est engagé une première fois à Borny et contribue à la prise du village de Mey, mais il y perd son chef de bataillon.
Deux jours plus tard à Rezonville, le 20e bataillon s'illustre au ravin de Gréyère contre la brigade prussienne du général Wedel qui est pratiquement anihilée dans la bataille : "Le déploiement du bataillon s'effectue avec une précision admirable, malgré un feu terrible qui couvre le sol d'une véritable nappe de plomb. Le général Brayer, ayant eu son cheval tué sous lui, met l'épée à la main, fait sonner la charge et s'élance à la tête de sa brigade. Le feu de l'ennemi redouble avec violence ; le général, frappé à mort, tombe foudroyé au côté de son aide de camp [...] Rien n'arrête l'élan du bataillon qui s'avance par bonds en exécutant des feux à chaque halte et, par son exemple, ramène au feu des subdivisions d'infanterie de ligne fortement éprouvées et désorganisées par la lutte acharnée qu'elles soutenaient depuis longtemps déjà. Le ravin de la Gréyère qui séparait les combattants est traversé avec des pertes énormes et les Prussiens repoussés laissent 400 prisonniers entre les mains des chasseurs du 20e. A ce moment la brigade couronnait la crête du plateau de Gréyère. Une brigade de cavalerie allemande, profitant alors du désordre produit dans nos rang par l'attaque à la baïonnette, débouche de Mars la Tour et fond sur la colonne française pour sauver les débris de la brigade Wedel qui venait d'être si cruellement repoussée. Sans commandement, par un prodige inouï d'initiative et de discipline, la brigade Brayer se trouve instantanément formée en ligne face à l'attaque. Les carrés improvisés, faits de soldats de toutes armes, ouvrent à courte distance un feu formidable ; la brigade de cavalerie est à peu près anéantie." La journée est chaude et le bataillon perd 5 officiers (dont Garnier des Garets blessé à la cuisse dans l'action) et 62 chasseurs. Hélas, le bataillon ne profite pas de son avantage et reste sur ses positions.

Garnier des Garets est promu Chef de bataillon le 12/9/1870, au 1e régiment d'infanterie. Sa belle carrière ne s'arrête pas là et est résumée sur sa page spéciale.

   


   

Louis Léonce Frédéric Soyer

Né le 2/1/1843 à Ajaccio, c'est le fils du tailleur d'un régiment stationné en Corse..

Elève de Saint Cyr en 1862, puis de l'école d'état major, il est promu Lieutenant le 5/1/1865 et enchaine les stages en régiment, comme tout officier du corps d'état major en début de carrière. La guerre de 70 le trouve en poste au 1er régiment des grenadiers de la Garde avec lequel il fait les batailles de Rezonville et de Saint Privat. Il est promu Capitaine le 15/9/1870 et est compris dans la capitulation de Metz.

Après la guerre, il est nommé aide de camp du général de Saint Hillaire, puis du général Abbatucci. En 1876, il rejoint l'Algérie et sert à l'état major de la division d'Oran, puis du général Chanzy, gouverneur de l'Algérie. Nommé chevalier de la Légion d'Honneur en 1879, il fait la campagne de Tunisie entre avril et juillet 1881, et participe aux combats de Ben Metis puis de Beja. Il est fait commandeur du Nicham Iftikar.

Le 10/7/188, il est nommé Chef de bataillon, sert au 4e corps d'armée, puis au 66e régiment d'infanterie avant d'être mis à la tête du 20e bataillon de chasseurs à pied le 15/2/1886, poste qu'il occupe trois ans et demi.

En septembre 1889, il est promu Lieutenant Colonel au 31e RI, puis en mars 1893, Colonel du 94e RI. Deux ans plus tard, il est nommé chef d'état major du commandement de la défense de la place de Paris et est fait officier de la Légion d'Honneur en 1896.

Promu Général de brigade le 19/10/1897, il commande la 83e brigade, puis la 27e division des Alpes après sa nomination coimme Général de division le 1/10/1902.

Il finit sa carrière comme Commandeur de la Légion d'Honneur. Il est mort en 1927.

Photo Von Bosch (Paris)


André Guillaume Ernest Vialla

Fils du général du génie Vialla, il fait l'école de Saint Cyr en 1862 et en sort classé 141e sur 231 élèves. Il est alors promu Sous Lieutenant le 1/1/1864 au 12e régiment d'infanterie et sert en Algérie entre 1865 et 1868. Il participe à l'expédition des Flitas dans la province d'Oran. Le régiment a d'importants engagements à Dar Ben Abdallah le 5/6/1864, puis le 18 juin à l'Ouad Kheloug, journée appelée au régiment la journée de la soif.

Au déclanchement de la guerre de 1870, il est promu Lieutenant le 24/7/1870. Le régiment, effecté au 6e corps de l'armée de Lorraine. Lors de la journée de Saint Privat, le 12e RI se distingue dans la défense du village contre les assauts de la Garde prussienne. Il perd 690 hommes, mais repousses en lui infligeant de lourdes pertes plusieurs assauts ennemis. Durant le siège de Metz, le régiment est encore engagé à Noisseville. Vialla est fait prisonnier à la capitulation de Metz, puis participe à la repression de la Commune de Paris.

Après la guerre de 70, il rejoint le 109e régiment d'infanterie où il est promu Capitaine le 13/2/1873 et est fait chevalier de la Légion d'Honneur le 20/11/1872. Transféré au 47e régiment d'infanterie en 1875, il devient adjudant major 1881.

Le 28/10/1885, il est promu Major au 28e régiment, puis prend les fonctions de chef de bataillon au 24e RI le 16/2/1889. Vialla est ensuite nommé à la tête du 20e bataillon de chasseurs à pied le 12/9/1889 et succède dans ce poste au commandant Soyer. Il est ici photographié arborant le dolman d'officier d'infanterie et le schako avec les plumes le désignant comme chasseur à pied.

Promu Lieutenant Colonel du 72e régiment d'infanterie le 4/5/1894, il est officier de la Légion d'Honneur le 11/7/1896. Vialla finit sa carrière comme Colonel du 128e régiment d'infanterie entre 1898 et 1901.

Il est mort en 1929.

 

Photo Georges (Versailles)

     

Ils ont servi au 20e bataillon de chasseurs : Capitaine Delherbe

Les commandants du 20e bataillon

  • Cambriels (1853-18549
  • Giraud (1854-1859)
  • Lepage des Longchamps (1859-1864)
  • Deloye (1864)
  • de Franchessin (1864)
  • Gautrelet (1864-1869)
  • de Labarrière (1869-1870) +
  • Copri (1871-1873)
  • Brissaud (1873-1877)
  • Tanchot (1877-1883)
  • d'Ussel (1883-1885)
  • Soyer (1885-1888)
  • Vialla (1888-1894)
  • Rauch (1894-1897)
  • de Maud'huy (1897-1903)
  • Berthelot (1903-1905)
  • Margot (1905-1908)
  • Clerc 1912

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