Le 3e régiment de Spahis
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Historique sous le IInd Empire et la IIIe République

 

Le 3em régiment de Spahis est créé en juillet 1845 dans la province de Constantine. Il est engagé régulièrement dans les campagnes de la conquête de l'Algérie et suit de nombreuses colonnes (Kabylie en 1847, puis 1857, Laghouat...) et participe au siège de Zaatcha.

C'est en 1854 que le régiment envoie pour la première fois hors d'Afrique un contingent d'un peloton pour participer à la guerre d'Orient. Après la bataille de l'Alma et les premieres semaines du siège de Sébastopol, les Spahis rembarquent en novembre 1854.  

Durant la guerre de 1870, le régiment envoie un escadron fin aout, qui participe au siège de Paris. Il contribue aussi à constituer les eclaireurs algériens qui servent à l'armée de la Loire, en fournissant un escadron de 300 cavaliers.

Sous la République, le régiment participe activement aux opérations de pacification en Algérie, puis à la campagne de Tunisie (1881-1883). Il envoie un escadron pour composer le régiment de marche de cavalerie du Tonkin (1885-1886), ainsi qu'un détachement pour la campagne du Dahomey (1892). Après 1907, il contribue de plusieurs escadrons aux troupes qui combattent au Maroc.

Cécile Jules Basile Gérard

Né à Pignans dans le Var le 14/6/1817, il s'engage à 24 ans dans le corps des Spahis de Bône. Il se fait vite une grande réputation de chasseur, recevant le sobriquet de "chasseur de lion". Il abat ainsi environ 25 lions dans une période de onze années. Pour ces exploits, il reçoit un fusil des mains du Duc d'Aumale, fils du roi Louis Philippe. Il fera ainsi les beaux jours de la littérature cynégétique et ecrira vers 1857 des souvenirs largement romancés. Il sert même de modèle à Tartarin de Tarascon, le chasseur hableur décrit par Daudet.

Gérard est cependant aussi un militaire. Alors qu'il est maréchal des Logis des Spahis, il s'illustre contre les Nemechas lors de la campagne de Tebessa en mai 1846. Le 19 juin, la colonne est attaquée par un millier d'Arabes et les spahis chargent la cavalerie enemie, la débandent et la poursuivent. Dans l'engagement, Gérard tue deux arabes de sa main. Il est nommé chevalier de la Légion d'Honneur en 1847.

Le 5/9/1854, il est nommé Lieutenant, affecté au 2e régiment de lanciers, mais détaché dans les bureaux arabes. Sa réputation de fin titeur ne faiblit pas puisqu'en octobre 1860, il remporte le prestigieux prix de Vincennes de tir.

Après la fin de sa carrière militaire, il débute une carrière d'explorateur et obtient un financement de la société de géographie de Londres pour un voyage d'exploration au Sierra Léone. Il y trouve la mort en 1864, probablement assasiné par ses porteurs qui lui volèrent ses cargaisons d'armes. 

Photo Thierry (Paris)

   


    

Michel Valle

 

Né le 3/02/1819 à Bastelica (Corse), il s'engage en 1840 au 2e régiment d'infanterie. Nommé sergent en 1841, il passe un an plus tard aux Spahis de Bône comme brigadier fourrier, devenu 3e régiment de Spahis en octobre 1845. Il est nommé maréchal des logis en 1847, puis après s'être réengagé, maréchal des logis chef en 1849.

Libéré du service en 1851, il se réengage de nouveau au régiment en 1853. Il s'illustre lors de l'expédition du Djurjura et il est blessé le 17 juin 1854, alors qu'il escortait le général de McMahon, d'un coup de feu qui lui traverse l'avant bras droit. Pour ce fait d'armes, il est cité à l'ordre de l'armée et nommé Sous lieutenant en septembre 1854, il a déjà 35 ans.

Il est nommé chevalier de la légion d'honneur le 23/4/1859, puis Lieutenant en mars 1861.

Capitaine en janvier 1863, il est détaché aux bureaux arabes après 1865. Il rejoint le corps des places en mars 1870 et finit sa carrière comme officier de la légion d'honneur (le 1/8/1871), commandant de place à Bougie en Algérie.

Il est mort en 1909.

Sur ce portrait, pris à Paris, sans doute au tout début de la République, il porte le superbe spencer garance à tresses noire, qui rend si mal sur les photos de l'époque.

 

Photo Bureau (Paris)


Anne Marie Paul de Benoist

Né à Waly (Meuse), le 8/7/1844, il est issu d'une fratrie qui comptera trois généraux. Saint Cyrien, il est nommé Sous Lieutenant le 1/10/1865 au 3e régiment de chasseurs d'Afrique.

Envoyé à l'école de Saumur, il passe au 3e régiment de Spahis en septembre 1867 et en porte ici la tenue, dans une pose décontractée assez peu commune. Il est promu Lieutenant le 3/3/1869.

Durant la guerre de 1870, il est nommé Capitaine le 14/11/1870 et sert en France entre février et mars 1871. Après la guerre, il est nommé adjudant major au régiment le 17/10/1872.

En mars 1873, il quitte l'Afrique et est muté au 9e régiment de dragons. Promu Chef d'escadrons le 4/4/1878, il est d'abord major au 26e régiment de dragons, puis en octobre 1881, il passe au 1er régiment de cuirassiers

Le 22/2/1884, il est nommé Lieutenant Colonel au 7e régiment de Dragons, puis Colonel le 11/7/1889, au 19e régiment de chasseurs à cheval. Promu chevalier de la Légion d'Honneur en 1887,  

Général de brigade le 11/7/1895, il commande la brigade de cavalerie du 6e corps d'armée et il est nommé commandeur de la Légion d'Honneur en 1906.

Il est mort en 1929

Photo Le Roch (Saumur)

   


           

Mohammed Ben Hadj Driss

Fils de Driss ben Brahim den Kharfallah, chef de bonne tente de la tribu des Saharis (cerlce de Biskra) et de Sahara, il est né en 1835 à el Outaïn. Elève de l'école arabe française de Biskra, il reçoit une éducation très occidentalisée : parlant et ecrivant parfaitement le Français, il a habité Paris et épousera une européenne.

Engagé au 3e régiment de Spahis le 15/4/1855, son caractère et son éducation favorisent sa carrière et il est nommé Sous Lieutenant le 14/3/1865.

A la déclaration de guerre de 1870, le 3e régiment de Spahis envoie 50 cavaliers en France. Le Sous Lieutenant Ben Driss fait partie des 3 officiers du cadre. Débarqué à Marseille, le détachement rejoint Paris le 2 septembre 1870, trop tard pour rejoindre l'armée du Rhin bloquée à Metz. Il est alors rattaché à la brigade de cavalerie du général Cousin et participe à la défense de Paris, en eclairant l'armée durant l'avancée prussienne, puis en avant garde des opérations de sortie. Le 29 septembre Ben Driss se distingue lors d'une tentative sur Chevilly et l'Hay : "Le lieutenant Ben Driss se porte avec quelques spahis au devant d'un groupe de cavaliers et ayant reconnu des dragons bavarois, leur envoie une salve à 500 pas, les charge et les met en fuite. Un peu plus tard un autre groupe plus considérable est aussi contraint de faire demi tour et est vivement poursuivi (historique du régiment)". Même si la cavalerie n'a pas beaucoup d'occasion de s'illustrer durant le siège, Ben Driss s'y fait remarquer : "On causait entre officiers devant les Prussiens pendant que le canon grondait et que la fusillade roulait, de la manière de combattre des Arabes. Ben Driss, sans rien dire, prend le fusil d'un de ses hommes, enlève son cheval au galop et charge à fond de train sur les Allemands qui ne peuvent comprendre ce que leur veut ce cavalier isolé dont le grand burnous rouge flotte au vent, qui pousse des cris rauques en brandissant son fusil et en labourant de ses coubour (éperons) les flancs de son noir coursier. Arrivé à 200 m des Prussiens, sans arrêter sa monture, il vise, tire et tue un officer supérieur ; retourne son cheval par une brusque pirouette sans lui faire quitter le galop et, tout en déchargeant son révolver sur l'ennemi qui lui envoie de nombreuses balles, il revient auprès des officiers français ses camarades et leur dit : "Voilà la guerre des Arabes". (L'Afrique Occidentale : Paul Soleillet)". Ben Driss reçoit la croix de la Légion d'Honneur en décembre 1870.
Pendant la Commune il est blessé le 22/5/1871 lors de l'entrée des troupes dans la capitale près de la place de la Concorde, "d'un coup de feu à la joue droite et d'une plaie contuse à la partie interne du genou droit". Il est promu Lieutenant le 22/7/1871.

En 1871, l'agitateur Bou Choucha recrute un parti de Touareg et de Chambaa et terrorise la région de Ouargla au sud et entre à Touggourt dont il massacre la garnison. Ben Driss, rentré en Algérie, participe à la colonne Galliffet qui, avec le 3e escadron du régiment, atteint El Goléha en janvier 1873 et marque les esprit des populations saharienne, l'armée française n'étant jamais descendue autant au sud. Ben Driss est alors nommé Agha de Ouargla, chargé de mettre fin à l'agitation. Sous son habile direction, son frère Saïd à la tête de 200 hommes montés sur chameaux, parvint après une marche difficile à mettre en fuite Bou Choucha en juillet 1873, puis lors d'une nouvelle opération en mars 1874 à détruire sa troupe et le capturer après un raid de 900 km à travers le désert. Ben Driss est alors nommé Agha de Touggourt et il est remplacé par son frère à Ouargla. Il est aussi promu officier de la Légion d'Honneur avec un élogieuse citation : "vingt ans de services effectifs, vingt campagnes, s'est particulièrement distingué lors de l'expédition dirigée par les goumes du caïd d'Ouargla contre le prétendu chérif Bou Chouche - services exceptionnels". Il contribue alors à pacifier le Sahara et à développer le commerce entre Ouargla et le Tidikelt et crée au bordj de bab Mendil une ferme modèle où il développe la culture du coton. Des événements le forcent néanmoins à démissionner de son poste et il retourne dans son régiment où il est promu Capitaine le 23/7/1878.

Mis en non activité en 1882.

Photo Sarrault (Constantine)


Victor Dominique Marie Camille Charles Mocquard

Né le 6/4/1833 à Eauze (Gers), c'est le fils de Jean Fançois Mocquard, sous prefet, qui deviendra l'un des proches de Louis Napoléon Bonaparte, servira comme son chef de cabinet et sera l'un des protagonistes du coup d'Etat de 1851.
Victor s'engage au 1er régiment de lanciers en aout 1851. Ses états de service mentionnent sa participation à la repression de l'insurection contre le coup d'Etat de décembre 1851.
En décembre 1852, il est promu maréchal des logis et rejoint le régiment des Guides de la Garde Impériale. Deux ans plus tard, il passe au 1er régiment de Hussards et part pour l'Orient. Il y est promu Sous Lieutenant le 29/1/1855 au 7e régiment de dragons et sert comme officier d'ordonnance du général Espinasse.
Revenu de Crimée, il part en Algérie et se distingue lors de l'expedition de Kabylie en "sauvant au péril de sa vie un soldat blessé qui était tombé pendant le combat". Il est promu chevalier de la Légion d'Honneur le 10/11/1856 et sert comme officier d'ordonnance du général Renault, commandant la province d'Alger.

Il permute avec un officier et rejoint le 3e régiment de Spahis en octobre 1856, et y est nommé Lieutenant le 6/9/1857. Il participe ensuite à la campagne d'Italie.

Mocquard est promu Capitaine le 25/1/1860, peu de temps avant de partir pour l'expedition de Chine où il commande le détachement de cavalerie qui fait toute la campagne, puis celle de Cochinchine où il là aussi commande le détachement de cavalerie. Il est promu officier de la Légion d'Honneur en décembre 1860.

Revenu en France en janvier 1862, il est photographié chez le photographe Charavet, peu de temps avant sa promotion comme Chef d'escadrons au 11e régiment de chasseurs le 11/8/1862. Il retourne alors en Algérie, son régiment y étant en garnison. Il participe alors à la repression de l'insurection de 1864.

Revenu en Algérie, au 1er régiment de Spahis en décembre 1864, il sert encore trois années en Algérie, avant de démissionner de l'armée en janvier 1868.

Mocquard reprend du service lors de la guerre de 1870, comme commandant du 1er régiment des eclaireurs de la Seine mis sur pied en Aout 1870 qui fait campagne en Normandie.

Il est mort en 1896

Photo Charavet (Paris)

           


   

Abdallah ben Abédi

Né à Alger en 1824, fils d'Abedi et de Fathma. A vingt ans, le 16/4/1844, il rejoint l'armée française comme Spahis dans l'escadron de Constantine.

Affecté au 3e régiment en 1845, il est nommé maréchal des logis le 9/4/1860, il reçoit la médaille militaire le 4/6/1862. Il est à gauche photographié dans la belle tenue de sous officier indigène par le photographe Rougier à Passy.

Ben Abédi est nommé Sous Lieutenant le 14/3/1864, puis Chevalier de la Légion d'Honneur le 3/10/1865 avec la citation suivante : "sous lieutenant au 3e régiment de spahis, 21 ans de services effectif, 21 campagnes, services exceptionnels". Il est ici photographié à droite par LeJeune, lors d'une visite de l'officier à Paris.

Après la guerre, il est promu Lieutenant le 31/3/1873.

Il prend sa retraite en novembre 1875 et il est mort le 25/4/1893

    

Les colonels du 3e Spahis

  • Bouscaren (1845-1851)
  • Desvaux (1851-1855)
  • Guérin de Waldersbach (1855-1861)
  • Mercier du Paty de Clam (1861-1865)
  • Digard (1865-1870)
  • Thomas de Dancourt (1870-1874)
  • Renaud d'Avène de Meloize (1874-1875)
  • Bruneau (1875-1878)
  • Masson (1878-1881)
  • Le Noble (1881-1885)
  • Mohammed ben Daoud (1885-1889)
  • de Mandat Grancey (1889-

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