Les tués de 1870-1871 durant les sièges et les opérations des armées de province

 

Durant la guerre de 1870, les officiers français payèrent un lourd tribut à la France, puisque 5 420 officiers seront blessés et 2 359 tués. Ces quelques biographies, replacées dans leur contexte historique, retracent sommairement les carrières de certains de ces hommes.

 

Le siège de Paris (septembre 1870 - janvier 1871)

Après le désastre de Sedan, le 13e corps d'armée qui avait été formé à Paris et envoyé au secours de Mac Mahon, doit retraiter et rejoint dans Paris une armée hétéroclite, formée de gardes nationaux de gardes mobiles et de corps francs. L'investissement de la ville par les Prussiens est effectué à la mi septembre. Durant cette période, les combats sont essentiellement le fait des Français qui tentent soit d'occuper quelques points stratégiques (comme à Chatillon le 19 septembre, Villejuif le 23 septembre, Chevilly le 30 septembre et Bagneux le 13 octobre), soit de briser le blocus et sortir de la ville (comme à la Malmaison le 21 octobre et surtout lors des journées de Champigny (du 30 novembre au 2 décembre). Toutes les tentatives se soldent par des échecs et le 28 janvier 1871, Paris capitule.

  

Jules Marie Ladreit de la Charrière

Né le 30/3/1806 à Coux (Ardèche), ce fils d'un député sous la restauration est un ancien de l'école de la Flêche et de Saint Cyr.
Il a servi avec distinction en Algérie entre 1830 et 1840, étant présent au débarquement de Sidi Ferruch en juin 1830 et à la plupart des campagnes des premiers temps de la conquête, notamment à Constantine, aux Portes de fer et au col de la Mouzaïa.
Déjà Colonel au début du Second Empire, il a commandé une brigade lors de la campagne d'Itale et s'est fait remarquer à la bataille de Magenta

Affecté à l'armée de Paris en 1870, il commande une brigade du 2e corps d'armée. Le 30 novembre 1870, il conduit ses troupes à l'assaut des positions prussiennes. "Tout à coup, le général élevant son épée surmontée de son képi, pousse le cri "à la baïonnette !" et, le premier, il s'élance à 30 metres de l'ennemi qui est culbuté. Mais au même moment, un balle lui fracasse la main droite ; il tombe de cheval. Le médecin major attaché au bataillon lui donne les premiers soins puis il remonte à cheval. Mais bientôt un second projectile l'atteint à la cuisse gauche et il est emporté à l'ambulance du Val de Grâce. La cuisse est brisée à hauteur de la hanche en plusieurs éclats. Il eût fallu pratiquer la désarticulation, mais l'opération est impossible. Les médecins doivent se résigner à extraire seulement la balle qui s'est aplatie sous les os. Il décède dans la nuit du 2 au 3 décembre 1870.

Photo Calzolari (Milan)

Eugène Antonin de Mandat Grancey

Né le 28/3/1831, Eugène de Mandat Grancay fait l'école navale et est nommé Aspirant le 1/8/1849. Promu Enseigne de vaisseau le 8/3/1854, il fait la campagne de Crimée et sert notamment aux batteries débarquées pour le siège de Sébastopol.
Il rejoint ensuite l'Asie et sert en Chine et en Cochinchine comme officier d'ordonnance  de l'amiral de Genouilly. Promu Lieutenant de vaisseau, il demissionne de l'armée peu après son retour en France et sert au ministere de la marine. Il était décoré de la Légion d'Honneur, du Medjidié, de l'Ordre de Pie et de l'Ordre de Saint Ferdinand d'Espagne.

En 1870, il rejoint l'armée comme commandant le bataillon des mobiles de la Côte d'Or, et reçoit le grade de Lieutenant Colonel à l'arrivée du corps à Paris.

Lors du combat de Bagneux, le 14 octobre 1870, il se distingue à la tête de ses hommes, il est promu Colonel et recoit la croix d'officier de la Légion d'Honneur.
Lors des batailles de Champigny / Villiers, fin novembre 1870, il a de nouveau l'occasion de se distinguer. Le matin du 2/12/1870, les troupes du Wurtemberg contre attaquent sur le village de Champigny : "Les grands gardes de la Côte d'Or , complètement surpris par l'irruption soudaine de l'ennemi, se replient en désordre, bousculant les compagnies qui viennent les relever... Quelques incendies allumés par les projectiles au milieu du campement des mobiles augmentent le trouble, la confusion... Une partie des hommes se sauvent vers Champigny et se précipitent sur la route de Joinville. Les Allemands serrent de près les nôtres, pénètrent dans l'enclos de la Platrière et envahissent le plateau du signal. [...] Le colonel de Grancey, après avoir ralliè plusieurs centaines d'hommes de son régiment de la Côte d'Or, se porte intrépidement du côté de la Plâtrière... Dès les premièrs pas, il tombe mortellement blessé " (Ducrot- La défense de Paris"

Photo Marck (Paris)

  

  

Pierre Victor Guilhem

Né à Saint Géours (Landes) le 29/12/1815, c'est un engagé volontaire, promu officier au mérite.

Il a servi comme officier au 55e régiment d'infanterie, en Afrique et en Crimée, puis il dans la Garde Impériale comme Lieutenant Colonel (1/3/1856) au 2e régiment des Grenadiers et s'est illustré à Magenta. Promu Colonel le 16/6/1859, il est nommé au 90e régiment d'infanterie en remplacement de son chef de corps tué durant la bataille. A la tête du 90e, il se distingue ensuite à Solférino lors de la prise du village de Rebecco. Il revient d'Italie officier de la Légion d'Honneur.

Il est ici photographié ici à gauche en 1862 alors que son régiment est en garnison à Nice et il porte les décorations qu'il a reçu lors de la campagne d'Italie. Entre 1865 et 1867, il commande le régiment de la légion étrangère au Mexique.

Promu Général de brigade en 1867 (photo de droite), lorsque la guerre de 70 éclate il commande la brigade d'infanterie des troupes du corps d'occupation de Rome.

Revenu en France, il est mis à la tête d'une brigade du 13e corps d'armée du général Vinoy. Il est tué lors de la bataille de Chevilly le 30/9/1870. Son corps sera remis à l'armée française par les Prussiens et fera l'objet d'obsèques conduites par le général Trochu lors du siège de Paris. Il est enterré au cimetierre du Montparnasse à Paris.

Photos Ferret (Nice) et Provost (Alençon)

  

  

Jules Paul Joseph Philoche

Né à Chateau du Loir (Sarthe), le jeune Philoche s'engage en 1852 au 5e régiment de chasseurs à cheval et y fait la première partie de sa carrière jusqu'à sa nomination comme Sous Lieutenant en novembre 1862. Il passe alors au 6e régiment de Dragons, puis rejoint le régiment des Dragons de l'Impératrice le 12/8/1864 alors qu'il est à l'école de Saumur pour y suivre les cours de sous lieutenant d'instruction.

A la déclaration de guerre, Philoche fait partie du 1er escadron, resté au dépôt à Meaux alors que le reste du régiment part pour la Lorraine.

Promu Lieutenant le 2/8/1870, alors que se constitue un régiment de marche, il est employé dans plusieurs reconnaissances lorsque commence les opérations autour de Paris : "Le 21/10, pendant que le général Ducrot exécute une opération sur Ruel et la Malmaison, une diversion est entreprise sur Créteil et le carrefour Pompadour. Les éclaireurs pénètrent dans Créteil et échangent des coups de feu avec les grand gardes ennemis. Sur la route de Gex, une fusillade très vive s’engage avec le poste de la maison du garde et les troupes établies derrière les remblais du chemin de fer. Cette action qui ne dure qu’un instant nous coûte un officier : le sous-lieutenant de dragons Philoche, tué d’une balle au front. " (Ducrot- La défense de Paris".
Il est enterré à Vincennes après que son corps ait été récupéré par des membres des sociétés de secours.

Photo Le Roche (Saumur)

Rodolphe Mowat dit Bedford

Né le 14//3/1830 à Metz, Rodolphe Mowat est saint cyrien (promotion 1849-1851).

Officier des chasseurs à pied, il a servi en Crimée, en Italie et au Mexique où il a été fait chevalier de la Légion d'Honneur le 20/11/1864 ("15 ans de services effectifs, sept campagnes, n'a cessé depuis la marche sur Monterey de faire l'avant garde de la colonne et a su triompher de difficultés constantes"). Son portrait ci contre a été pris à Guadalajara, garnison de son bataillon (le 7e) au Mexique en 1866.

Au déclanchement  de la guerre de 1870, il est adjudant major au 4e bataillon. Pas engagé dans les premièrs semaines de la campagne, il est nommé Chef de bataillon et affecté au 14e régiment d'infanterie provisioire, devenu 114e RI quelques semaines plus tard. Lors du siège de Paris, le 13/10, il commande le bataillon lors d'une reconnaissance offensive sur Châtillon et occupe les maisons voisines de la barricade qui coupe la principale rue, puis attaque sans succèe les maisons situées sur la place de l'église.

A Champigny, le 30 novembre, le régiment sous le commandement du colonel Boulanger est engagé devant le parc de Coeuilly "A onze heure les Wurtembergeois sortent du parc et veulent exécuter un retour offensid. Après un moment d'hésitation, nos soldats vaillements enlevés par leurs officiers s'avancent au pas de chargeant baïonnette baissée, foncent sur l'ennemi. Sans attendre le choc les Allemands tournent le dos. Le 114e arrive jusque sur la pente du ravion de Coeuilly, poursuivant de près les Wurtembergeois qui abandonnent la tranchée abri, la redoute et nous laissent plus de 400 des leurs tués, blessés ou prisonniers. Mais là, accumulés sur un espace restreint, nous sommes assaillis de face par la mitraille de la batterie de la grille, par la fusillade des crénaux ; de flanc par les obus de Villiers, de la pointe de Coeuilly. Malgré ce feu rapide de mousqueterie et d'artillerie, nos soldats font bonne contenance, quand tout à coup, de Mon Idée s'élancent plusieurs bataillons wurtembergeois. Notre droite menacée d'être prise à revers recule, les bataillons, les compagnies se confondent, criblés de toutes parts, nous sommes obligés de rétrograder. A midi et demi, le 1er bataillon venant du four à chaux arrive sur le plateau. Ces braves troupes enlevées par leurs chefs, entrainent toute la ligne postée derrière la crête et elles renouvellent l'attaque contre le parc de Coeuilly. Un feu rapide d'artillerie et de mousqueterie n'arrète pas l'élan de nos soldats. Ils enlèvent de nouveau l'ouvrage du plateau et bousculant tout devant eux, arrivent sur le bors du ravin de Coeuilly. Mais une deuxième fois cette accumulation de troupes offre une proie facile aux coups de l'ennemi. Plus de la moitiè des soldats est par terre, le commandant Mowat est tué" (historique du régiment).

Photo Octaviano de la Mora (Guadalajara)


 

   

  

Pierre Hippolyte Publius Renault

Né le 20/1/1807 à la Valette ce fils de militaire est un ancien de Saint Cyr. Il a bâti sa réputation pour sa participation à la conquête de l'Algérie où il a servi dès 1830, mais a aussi été officier de l'armée espagnole lorsque la Légion étrangère fut cédée à ce pays vers 1835.
Accumulant les citations et les faits d'armes, il s’est illustré dans toutes les étapes de la conquête, obtenant le surnom de « Renault de l’arrière garde » et y récoltant plus de 5 blessures ("Il commandait deux magnifiques bataillons d'élite composés de voltigeurs et de grenadiers. Il était maigre, décharné, pâle. On le voyait arriver le soir au bivouac, le dernier, épuisé, sans voix, ayant ereinté trois ou quatre chevaux à courir partout où il y avait du danger, partout où il y avait du combat" - du Barail).

Déjà Général de Division lors du coup d'Etat de Napoléon en 1851, sa carrière s'étend aussi durant l'Empire puisqu'il a servi en Italie et a été à plusieurs reprise gouverneur par intérim en Algérie. Sénateur, Grand Croix de la Légion d’Honneur, au moment de la guerre franco prussienne, le général Renault était déjà au cadre de réserve. Rappelé à l’activité en aout, il est mis à la tête du 14e corps d’armée, devenu 2e corps lors du siège de Paris.

Lors de la première journée de la bataille de Champigny (30/11/1870), s’exposant sans mesure pour encourager de jeunes troupes, il fut grièvement blessé au combat de Villiers : « Un obus avait éclaté entre les jambes de son cheval et lui avait emporté le pied. L’amputation de la jambe avait été jugée nécessaire. Le général l’avait subie avec le courage d’un vieux soldat. Deux jours après il succombait aux suites de l’opération » « (Le Monde Illustré – 17/12/1870).

"On le transporta chez lui. Il vecu quatre jours encore, sans même se douter qu'on lui avait coupé la jambe, entêté à lire les journaux pour connaître les nouvelles, presque toujours en proie à un délire terrible dans lequel il accusait constamment le général Trochu qui était devenu sa bête noire et le couvrait d'injures - Herisson)".

Il est mort à l'hôpital Lariboisière le 6/12/1870.

Adrien Prévault

Adrien Prévault est né le 12/3/1836 dans l'Indre et Loire. Il fait l'école de Saint Cyr (promotion du Prince Impérial 1855-1857) et rejoint le 2e régiment de Zouaves comme Sous Lieutenant.

Durant la campagne d'Italie, il est blessé à la bataille de Magenta d'un coup de feu à la fesse droite. En novembre 1861, il s'embarque avec son bataillon pour le Mexique et participe à la première attaque de Puebla qui se solde par un échec. Néanmoins, à la suite de cette affaire, Prévault est nommé Lieutenant (le 7/5/62).

Capitaine le 13/8/65, il est photographié à Oran avec la dédicace suivante : "Que cette image vous fasse penser quelquefois à un coeur qui vous est tout dévoué".
En avril 1870, il est légèrement blessé d'un coup de feu à la tête devant Aïn Chaïr. Il rentre en France pour la campagne de 1870 et comme la plupart des officiers du 2e régiment de Zouaves, il est blessé lors de la bataille de Froeschwiller. Sa belle conduite durant la bataille lui vaut cependant la croix d'officier de la légion d'honneur (le 20/8/1870), distinction rare pour un officier subalterne.

Evacué, il se remet de sa blessure et est nommé Chef de bataillon lors de la réorganisation du 4e Zouaves le 1/10/1870 à Paris.

Il est nommé Lieutenant colonel du 42e de Ligne durant le siège de Paris le 27/11/1870. A peine quelques jours après sa nomination, il est tué à la tête de son régiment en chargeant le plateau de Coeuilly lors de la bataille de Villiers le 30/11/70. "Le 30/11/1870 le brave 42e de ligne, enlevé vigoureusement par son chef le LtColonel Prévault, qui avait pris l'avant veille seulement le commandement, se précipite sur le plateau de Coeuilly, entrainant avec lui les tirailleurs postés dérrière la crête. Sans être arrêté par un feu formidable d'artillerie et de mousquéterie, ils arrivent sur les bords du ravin : les Allemands sont repoussés dans l'intérieur du parc. Mais la mitraille fait rage ; le brave lieutenant colonel est mortellement frappé, près de la moitié de l'effectif est par terre (centenaire de StCyr)"

Photo Klary (Oran)

       

        

Léon Charles Marie Verscheider

 

Né à Paris le 26/10/1846, officier de marine, il est Aspirant sur le Jean Bart en 1865, puis sur le Louis XIV, vaisseau école des cannoniers marins.

Enseigne de vaisseau en 1869, il embarque sur le Casablanca pour participer à une expédition navale aux Antilles et à la Guyanne.

Revenu en France sur sa demande pour participer à la guerre, il est au siège de Paris comme officier d'état major de l'amiral La Roncière le Noury. Il est alors chargé de commander les pontonniers auxiliaires de la marine, formés de 60 gabiers d'élites.

Il est tué par un obus prussien le 2/12/1870 à Brie sur Marne alors qu'il surveillait l'installation des ponts sur la Marne.

 

Photo Mayer (Paris)

Léon Jean Festugière

Saint Cyrien de la promotion de Djurjurah, il est nommé Sous Lieutenant le 1/10/1858, au 23e régiment d'infanterie. Après la campagne d'Italie, il passe au régiment des Zouaves de la Garde en 1860, ce qui nous vaut ce cliché ci contre pris par Prévot.

Promu Lieutenant le 24/8/1862, il passe au 90e régiment d'infanterie en 1868. Il y est nommé Capitaine le 15/10/1869.

A la déclaration de guerre de 1870, Festugière sert au 4e bataillon au dépôt du régiment et n'est donc pas envoyé à l'armée. Le 23/8/1870, ce bataillon, avec les 4e bataillons des 93e et 95e de ligne sont appelés pour former le 12e régiment de marche. Formé à Aubervilliers, le régiment est rattaché au 13e corps d'armée à Paris. Festugière prend le commandement de la 3e compagnie du premier bataillon du régiment.

Le 30 septembre une action est décidée pour détruire le pont de bateaux de Choisy le Roi servant aux communications allemandes des routes de l'est à Versailles. La compagnie de Festugière a pour objectif le village de Thiais. Elle parcourt avec le plus grand entrain tout le plateau, long de 3 à 4000 metres et culbute les avants postes prussiens du Moulin d'argent blanc. A 500 metres du villages elle se trouve en butte, sur un terrain completement découvert à un feu de mousqueterie et d'artillerie des plus dangereux. Néanmoins elle franchit cet espace avec vigueur, mais non sans pertes sensibles, et son élan ne s'arrête qu'au village lui même, alors qu'elle vient se heurter contre un grand mur d'enceinte qui lui fait obstacle. Ce mur crénelé, flanqué d'une part par le cimetierre, et de l'autre par un épaulement armé d'artillerie, abrite l'ennemi, qui accueille nos tirailleurs de face par une fusillade à bout portant et de flanc par des feux croisés. C'est à ce moment que le capitaine Festugière est mortellement atteint.  

Il est nommé chevalier de la Légion d'Honneur le 15/10/1870, quelques jours avant sa mort.

Photo Prevot (Paris)

    

  

Alphonse François Gérodias

Né le 8/3/1827 à Lunéville, Gérodias s'est engagé mars 1845. Il a servi au 31e régiment d'infanterie et y a été promu Sous Lieutenant en février 1855. Il a rejoint la Crimée après la prise de Malakoff et y est resté jusqu'en mai 1856, sans avoir eu l'occasion de combattre.
En mars 1857, il est passé au 2e régiment des voltigeurs de la Garde où il a été promu Capitaine en 1867, passant alors au 27e régiment d'infanterie.

Au déclanchement de la guerre de 1870, il reste au dépôt et le 22/8, son bataillon est regroupé avec ceux des 16e et 58e RI pour former le 19e régiment de marche, devenu 119e RI le 1er novembre 1870.
Le 119e RI est engagé au siège de Paris. Le 19/1 lors de l'attaque sur Montretout - Buzenval, le 119e régiment est engagé sur la droite de la bataille et tente de passer la forte position tenue par les Prussiens le long du mor de Longboyau dans le parc de Buzenval. Lors de la bataille la capitaine Gérodias est tué.

Photo Ducas (Neuf Brisach)

    

François Rochebrune

Né le 1/1/1830 à Vienne, François Rochebrune, ancien sous officier de l'armée française, a acquis sa notoriété en combattant en Pologne en 1863 lors de l'insurrection contre l'armée Russe en formant une unité irrégulière appelée "les zouaves de la mort".

Revenu en France lors de la guerre de 1870, il prend le commandement du 140e bataillon de la Garde nationale sédentaire, puis du 19e régiment de garde nationale mobilisée (dit régiment de Paris).

Il est tué le 19/1/1871 à Buzenval : "En avant de Rueil, nos troupes sous un feu nourri des Prussiens, tenaient et bravement, mais il était impossible de laisser nos soldats exposés aux balles ennemies : mieux valait emporter à la baïonnette des positions qui à première vue on ne jugeait pas inaccessible. Le colonel de Rochebrune voit la situation. Il met le sabre à la main et, se tournant vers le front de son régiment : " En avant ! " s'écrit-t-il. Au même moment éclate une vive fusillade et une balle, frappant le colonel à l'omoplate, ressort par la poitrine après avoir traversé le coeur. Le colonel est tombé comme frappé par la foudre. (Mémorial du siège de Paris - J d'Arsac) ;

Il est nommé chevalier de la Légion d'Honneur le 15/10/1870, quelques jours avant sa mort.

Photo Petit et Lavy & Gougenheim (Paris)

    


La guerre en Province

  

Paul Charles Jaquin

Né le 6/12/1824, ce bel officer au torse avantageux est Saint Cyrien de la promotion d'Ibrahim (1845-1847). Il pose ici en tenue de capitaine du 12e régiment de dragons, vers 1860.

Il a derrière lui une carrière déja bien fournie, puisqu'il a passé de nombreuses années en Algérie, a servi en Crimée au 7e Dragons, au Mexique dans les Chasseurs d'Afrique et la contre guerilla, ainsi qu'au Chili comme instructeur. Cette carrière est décrite sur cette page.

La guerre ayant été déclarée, Jaquin est promu Chef d'Escadrons le 29/8/1870 et rejoint la France début septembre. La réorganisation des troupes de cavalerie après les premiers revers de Metz et Sedan, le font affecter au 1er régiment de marche de Hussards le 23/9/1870.

Ce régiment, formé à Castres le 17/9/1870 et composé d'un escadron de chacun des 2e, 4e, 6e et 7e régiments de hussards, est concentré à Tours dans une brigade qui va servir lors du rigoureux hiver 1870/1871. Le 9/11/1870, lors de la bataille de Coulmiers, le régiment est engagé vers 2 heures dans un mouvement offensif visant à menacer deux batteries prussiennes qui canonnent l'aile droite de la division. Le régiment "s'approche  à 900 metres de ces batteries sans être apreçu. Au moment où il allait charger, il reçoit l'ordre de rejoindre la division. Découvert alors, il exécuta sa retraite  dans le plus grand calme et le plus grand ordre, les escadrons se retirant au pas par échelons sous une grêle d'obus et de projectiles de toutes sortes. Cette marche fit le plus grand honneur aux hommes de troupe qui l'exécutèrent avec le plus grand sang froid. Le régiment eut à regretter la mort du commandant Jaquin, frappé à sa place de bataille d'un éclat d'obus dans la poitrine (historique du 1er régiment de marche de hussards)". Jaquin est enterré sur place.

Photo Lombard (St Maixent)

Marie Charles Henri, Comte Harouard de Suarez d'Aulan

Henri d'Aulan est né le 3/1/1839.

Il est promu Sous lieutenant le 1/10/1860 au 1er régiment de carabiniers.

Il est pris en photo ici à Livourne en 1860, pour le mariage de son frère ainé avec la fille d'un sénateur du royaume d'Italie.

En janvier 1866, peu après la fusion des deux régiments de carabiniers, il est promu Lieutenant au 6e régiment de Hussards.

Il est nommé Capitaine en 1870, peu avant le début de la guerre de 1870. Au dépôt de son régiment, comme capitaine adjudant major, il n'assite pas aux opérations en Lorraine et aux revers de l'armée impériale. En revanche, il fait partie du 4e régiment de marche de dragons, mis sur pied le 4/10/1870 et engagé au 16e corps d'armée à l'armée de la Loire.

Distingué lors de la bataille de Coulmier, il reçoit la croix de la Légion d'Honneur. Il est tué le 1/12/1870 lors de la bataille de Patay, alors que son régiment est pris sous le feu de l'artillerie ennemie.

 

Photo Marzocchini (Livourne)

    

  

Victor rené Alexandre Gandon

Né à Domagné (Ile et Villaine), Gandon est un officier sorti du rang. Il a rejoint le 7e régiment de chasseurs à cheval en janvier 1852 et y a été promu officier en 1859 juste avant la campagne d'Italie.

En 1870, il est capitaine et assite aux tribulations de son régiment : Batailles de Mouzon, puis de Sedan, puis passage en Belgique pour éviter la capitulation. Reconstitution à Carcassonne pour être affecté au 20e corps de l'armée et participer à la campagne de la Loire.

Le 26 novembre 1870 à Lorcy (Loiret), le régiment attaque les prussiens retranchés dans le village. "Le 26 novembre, vers 3 heures du soir les Français voulant faire une reconnaissance de l'armée prussienne, signalée à Lorcy et à Juranville, trois escadrons composés du 7e chasseurs à cheval, capitaine Gandon, des mobiles, colonel Girard et des francs-tireurs de Cathelineau, s'avancèrent sans compter le nombre des ennemis. La petite troupe s'aperçut bientôt aux approches de Lorcy qu'elle allait avoir affaire à forte partie. Il fut même question de se retirer sans engager un combat aussi disproportionné ; c'était l'avis de quelques officiers, surtout du capitaine Gandon, qui voyait là une témérité et qui contenait à peine les murmures de ses chasseurs. Toutefois le colonel Girard ordonna de marcher en avant. " On le veut, dit la capitaine Gandon, eh bien mes amis, marchons à la mort ! Je veux être à votre tête et charger des premiers " Il s'y mit en effet et après la première décharge, mettant le sabre à la main, il se lança sur l'ennemi. Plusieurs chasseurs furent tués et à leur tête le brave capitaine Gandon qui tomba glorieusement. Il ne mourut de sa blessure que fort avant la nuit, répétant à chaque minute les noms de ses proches qui contenaient tout l'amour de son coeur. (Les 40 otages de la Prusse à Beaune la Rollande - Abbé Garreau).

Photos Malbret (Carcasonne)

  

   

Pierre Jean Maurin

Né le 18/5/1828 à Montpellier, il débute tout d'abord une carrière de sous officier et participe à la campagne de Crimée

Il est promu officier, Sous Lieutenant, le 16/8/1862 au 7e BCP. Il fait la campagne de Mexique et y est promu chevalier de la Légion d'Honneur le 15/8/1865 et chevalier de la Guadalupe le 26/11/1867. Il est ici photographié au Mexique durant la campagne.

Le 11/3/1868, il est promu Lieutenant et rejoint le 16e bataillon de chasseurs où il occupe les fonctions d'officier d'habillement.

Au déclanchement de la guerre de 1870, il figure parmis les officiers restés au dépôt, mais les pertes de la première partie de la guerre obligent le nouveau gouvernement républicain à promouvoir des officiers. Maurin est alors nommé Capitaine et affecté au 15e bataillon de marche de chasseurs, créé le 8/11/1870 à Besançon et faisant partie du 24e corps d'armée de l'armée de l'Est.

Le 16 janvier 1871, le bataillon prend part au combat de Bethoncourt : "Il se déployait sur la droite du village, pendant que le reste de la brigade était massée en arrière dans un bois. Vers trois heures, les 1e et 3e compagnies prennnent la tête d'une colonne d'attaque dirigée sur le village, et la bataillon entier reçoit bientôt lui même l'ordre de marcher. Mais déjà les premières troupes engagées ploient sous une grêle de balles, venant à la fois du cimetierre, du village et des hauteurs opposées. Le 15e bataillon, à peine entré en ligne, dut obéïr au signal de la retraite ; les chasseurs avaient fait preuve de beaucoup d'élan. Quoique tardivement engagé, le 15e bataillon de marche avait fait des pertes sensibles : un officier tué, le Capitaine Maurin (Historique des bataillons de chasseurs - Richard)".

Edgard Louis Péricaud de Gravillon

Né le 30/10/1836 à Epinal, cet officier est sorti de l'école d'état major en 1857.

Capitaine en 1860, il a servi à l'état major en Algérie, et est chevalier de la Légion d'Honneur le 26/12/1864 (11 ans de service, 5 campagnes. A rempli avec distinctionles fonctions de chef d'état major de la colonne Liébert). La guerre de 1870 le trouve à Alger.

Il rejoint l'armée de la Loire comme aide de camp du général Barry. Il est tué le 9/11/1870 lors de l'assaut sur Coulmier. "L'intrépide général Barry est descendu de cheval et, la canne à la main, l'air calme et la voix presque paisible : "Allons mes enfants ! venez donc avec moi" crie-t-il aux mobiles de la Dordogne qu'il guide lui même à l'assaut de ces retranchements. Le Capitaine d'état major de Gravillon tombre près de son général, tué d'une balle au front." (Recits de l'invasion - journal d'un bourgoeis d'Orlénas)

Photo Bertrand (Alger)

  

   

François Philibert Celler

Né le 2/5/1839 à Fonteny (Meurthe), Celler est officier du corps d'état major, dont il est sorti de l'école en 1856. Sa carrière n'appelle pas de commentaires particulier jusqu'à la guerre de 1870.

Après les premiers desastres de l'armée impériale, il est mis à la tête de la 1ere légion du Rhone en 1870, régiment formé de troupes issues de la garde nationale : "Son organisation fut confiée à distingué offiicer du corps d'état major, le capitaine Celler, promu peu après au grade de chef d'escadrons et nommé Colonel à titre provisoire. [...] Bon organisateur, et avant tout patriote et homme de devoir, il avait apporté tous ses soins, toute son activité, toutes ses connaissance spéciales dans l'accomplissement de la têche difficile dont on le chargeait. Son caractère à la fois ferme et bienveillant, son expérience militaire, en faisaient un chef aussi écouté de ses supérieurs qu'obéi et aimé de ses soldats." (Etapes et combats d'un régiment de marche en 1870, 1ere légion du Rhone - C Berthet).
Ce texte ne decrit pas exactement les difficultés que Celler eut à discipliner ses hommes, notamment en faisant fusiller trois mobiles après que la légion se fut signalée à Villefranche dont elle pilla l'établissement des Jésuites. Cette séverité fit longtemps croire que Celler avait en fait été tué par un de ses hommes à Nuits, ce qui fut contredit plus tard. 

Nommé Chevalier de la légion d'Honneur le 12/12/1870, Celler rencontre en effet son destion le 18/12/1870 lors de la bataille de Nuits : "Vers deux heures, le colonel Celler inquiet de ne point voir paraitre les renforts annoncés, s'est porté en ville pour y chercher la 2e légion. Il revient sur le champs de bataille à la tête de quelques compagnies. mais à ce moment le feu de l'ennemi est dans toute son intensité, l'espace à franchir est battu par les obus, sillonné en tous sens par les balles, et une partie des hommes amenés ainsi en plein crise se dérobe. Le colonel lui même, atteint à la poitrine est emporté mortellement blessé (C Berthet)

Photo Muzet et Joguet (Lyon)

Pierre Louis Stanislas de Regel

Né à Langres le 17/12/1815, après des études au collège de la Flêche, il fait l'école de Saint Cyr. Sorti officier de cavalerie, il entre au 4e régiment de dragons et y sert jusqu'à son départ de l'armée en 1848.

Nommé maire de Perrogney et membre du conseil général du canton d'Auberive, il devient chef de bataillon des gardes mobiles de l'arrondissement de Langres

Le 16/1/1871, lors de la campagne de l'Est, une colonne composée de ce bataillon et du 50e RI sort de Langres et se dirige sur Longeau. Attaqué par les prussiens, la troupe est en difficulté et de Regel se retrouve à la commander après que le chef de bataillon Koch soit tué.

Alors qu'il commande la retraite, Stanislas du Regel est tué à l'extrème arrière garde de sa petite troupe d'une balle à la poitrine. 

 

Photo Petit (Langres)

    


 Les sièges des forteresses

Durant la guerre, les Prussiens ont eu à conquérir ou assiéger les nombreuses places fortes qui défendent le pays. Les sièges de Belfort de Bitche et de Strasbourg ont particulièrement marqué cette période.

   

Jean François Vogel

Né le 7/2/1821 à Bouxwiller (Bas Rhin), Vogel s'engage en 1839. En 1846, il renouvelle son engagement, cette fois au régiment des Zouaves, qu'il rejoint en Algérie. Il va y servir jusqu'à sa promotion comme Sous Lieutenant, le 30/12/1851. Il rejoint alors le 3e régiment de Zouaves lors de sa création. Il a reçu la croix de la légion d'Honneur lors de la campagne de kabylie et a été blessé lors de l'assaut de la tour de Malakoff en Crimée en 1855.

Promu Capitaine, le 15/7/1859, après la campagne d'Italie, il passe dans la ligne en 1860, puis rejoint le service des Places.

Au déclanchement de la guerre de 1870, il est commandant de la citadelle d'Amiens. Le 28 novembre 1870, les Prussiens entrent dans Amiens :
Amiens était évacué; mais sa citadelle, protégeant le nord de la ville, ne pouvait se rendre sans avoir combattu. Celle-ci n'était armée que de vingt-deux pièces lisses, servies par cent trente artilleurs de la mobile. On les disposa sur les remparts, du côté de la plaine; mais le commandant la Place, Vogel, n'en voulut point braquer contre la ville. Le général Paulze d'Ivoy lui avait laissé quatre compagnies des mobiles du Nord; l'effectif de la défense s'élevait ainsi à quatre cent cinquante hommes, et les approvisionnements permettaient de soutenir un long siége. Le 28, deux parlementaires prussiens se présentèrent pour demander la reddition de la place; le commandant Vogel leur répondit qu'il refusait de capituler, même avec les conditions les plus avantageuses. A la fin du jour, une deuxième sommation fut apportée avec une lettre du général von Gæben qui, en rendant hommage à la noble résolution du commandant, essayait de lui prouver que sa résistance était inutile et ne pouvait compromettre son honneur. Il dut se retirer, après un nouveau refus. Dans la matinée du lendemain, 29, troisième sommation de mettre bas les armes, avec menace d'ouvrir le feu dans un quart d'heure. Vogel demeure inflexible. Dix minutes ne sont pas écoulées, que de toutes les toitures, crénelées par les Prussiens, des maisons situées entre le faubourg Saint-Pierre et le Jardin des Plantes, éclate contre la partie de la citadelle qui leur fait face une fusillade terrible. La garnison française y répond à coups de canon. Vogel court visiter ses postes, et reproche aux artilleurs de tirer sur la ville malgré ses ordres. Un maréchal des logis lui répond qu'il faul écraser le bureau de l'octroi d'où part le feu le plus dangereux. Vogel se présente à une embrasure pour vérifier le fait, il est aperçu, et tombe aussitôt foudroyé. (Histoire de la guerre avec la Prusse - P.Christian).
Les Prussiens rendirent à la dépouille du commandant Vogel les honneurs militaires.

Un place d'Amiens a été baptisée en son honneur. Le capitaine Vogel est enterré au cimetierre de la ville.

Photo Caron (Amiens)

Jacques Auguste Constant François Fievet

Capitaine, il commande une batterie d'artillerie du 13e RA en Crimée. Il se distingue à Inkermann et il est promu Chef d'escadron en juin 1855. A cette date, il passe dans la Garde Impériale et commande son artillerie détachée en Crimée.

Nommé Lieutenant colonel le 24/12/1858, il passe au 14e régiment à cheval, puis au régiment à cheval de la Garde Impériale, position dans laquelle il se fait photographier ci contre.

Colonel le 27/12/1862 au 6e régiment pontonniers, il commande l'artillerie et les ponts du 1e corps d'armée au début de la guerre de 1870. Mis à disposition de la Place de Strasbourg, comme chef de l'artillerie, lors du siège de la ville, il commande une sortie le 16 aout 1870 par la porte de l'Hopital. Pris sous une embuscade de soldats badois, la sortie fait long feu et le colonel Fiévet est grièvement blessé à la jambe dans l'engagement qui coûte trois petites pièces de canon à l'armée française.

Il décède de ses blessures le 1er septembre 1870.

   

Retour

Retour page sur 1870