Le combat de Cholula - 22/03/1863
Combat de Cholula.
L'Illustration - 1863.
Le 16 mars 1863 l'armée française commence l'investissement de la place de Puebla. La prise de la place necessitant des opérations de siège, il devient important pour la petite armée française de sécuriser ses lignes de communication et de tenir à distance l'armée de secours des Mexicains du général Comonfort.
Le général Forey, pour ne pas laisser affamer le pays par les troupes de Comonfort, envoie alors le 22 mars le général de Mirandol, commandant la cavalerie du corps expéditionnaire, occuper Cholula, petite ville située à deux lieues environ à l'ouest de Puebla.
Historique du 3e régiment de chasseurs d'Afrique - de Forsanz (1898)
Le 22 mars, le général de Mirandol emmena nos escadrons et un de ceux du 12e chasseurs en reconnaissance dans la plaine pour rassurer les populations des villages. Nous passâmes à san Bernadino et à Ixtingo-Tchicana, où les indiens nous firent bon accueil. Puis nous gagnâmes Cholula, ancienne ville sainte des Aztèques, où s'étaient réfugiée une partie de la population de Puebla. L'animation était grande en raison du marché. Le général nous forma en bataille sur la place et autorisa quelques hommes à mettre pied à terre pour acheter des provisions.
Soudain des coups de feu partent d'une petite éminence qui domine la ville. Nous sautons à cheval et nous partons au galop sur ce mamelon où nous ne trouvons personne. Le colonel envoya en tirailleurs les pelotons de MM. Compagny et Plessis et nous entendîmes presque aussitôt les bruit des coups de feu qu'ils échangeaient avec l'ennemi.
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Le général s'engagea et nous ordonna de le suivre dans un chemin creux qui nous dissimulait, mais dont les berges élevées nous empêchaient de voir. A peine y étions-nous, que nos deux pelotons revenaient au galop, poursuivis par le régiment des lanciers de Durango. Instinctivement, chacun faisant faire un " à-droite " à son cheval et l'enlevant d'un bond au sommet du talus, nous nous trouvâmes en face de l'ennemi, qui s'avançait sur trois lignes et s'arrêta surpris par notre apparition soudaine. Malgré le désordre où nous avait mis le mouvement, nous chargeâmes aussitôt à fond la première ligne, qui fit demi-tour, jeta le désordre dans la seconde qu'elle entraina, et, dans la poursuite, nous pûmes même atteindre les cavaliers de la troisième ligne, bien qu'elle se fût repliée sans nous attendre.
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Joseph Edouard de Mirandol commande la cavalerie du corps expéditionnaire du Mexique. Son vieil ami, le futur général du Barail qui l'accompagne à Cholula décrit son caractère de feu dans ses mémoires : "Le général de Mirandol s'était engagé avec son escorte dans un chemin creux qui débouchait sur une vaste plaine de maïs et d'agaves, par conséquent difficile pour le chevaux. Nous marchions en colonne par 4 sur cette route encaissée dont les berges arrivant à hauteur de nos têtes, nous cachaient à l'ennemi. Il n'y avait pas assez de place pour nous développer davantage.
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Lorsque nous nous ralliâmes, après avoir chassé les Mexicains pendant six kilomètres, nous pûmes nous rendre compte de l'importance du succès. La cavalerie ennemie, qui appartenait au corps de Comonfort, se composait de trois régiments ; en première ligne, les lanciers de Durango ; en deuxième et en troisième, un régiment de carabiniers. Le sol était jonché de cadavres et de blessés, parmi lesquels se trouvait le colonel des lanciers rouges. Nous avons fait de nombreux prisonniers, et nous ramenions un grand nombre de chevaux harnachés, avec des armes de toutes espèces.
Ce combat glorieux pour nous, se passa sous les yeux de la population de la ville, de deux bataillons de zouaves et de deux escadrons du 2e chasseurs d'Afrique qui arrivaient par hasard à Cholula
Ordre général n°114 du 26/3/1863 (Général Forey)
M. le général de Mirandol ayant été envoyé en reconnaissance du côté de Cholula, à la tête de trois escadrons du 2e régiment de marche commandé par le colonel du Barail, a rencontré un fort parti de cavalerie ennemie estimé par le général à 2000 hommes environ.
Sans hésiter, et bien qu'il n'eût sous ses ordres que 400 chevaux, dont 109 appartenaient au 1er de marche, il aborda l'ennemi qui lui opposa d'abord une vive résistance, retranché dans une barranca d'un accès difficile et d'où il dirigeait sur les escadrons un feu violent et meurtrier. Les pelotons, ayant franchi cette barranca, furent chargés à trois reprise par la cavalerie ennemie qui, ne pouvant cependant résister à l'élan de la nôtre, fut mise en complète déroute, après une mêlée sanglante, et laissa sur le terrain 200 hommes tués, un grand nombre de blessés, beaucoup de chevaux, d'armes, ainsi que des prisonniers.
Nos pertes ont été de 3 tués et 19 blessés.
Dans ce brillant combat de cavalerie, chacun a fait brillamment son devoir et le choix des officiers, sous-officiers et soldats à citer comme s'étant particulièrement distingués est difficile. Cependant M le général de Mirandol, qui mérite une mention toute spéciale pour la vigueur et l'intelligence qu'il a déployées dans cette circonstance, signale :
Dans son état major particulier, le capitaine Lehalle, son aide de camp, et le lieutenant des Guides Saulnier, son officier d'ordonnance ;
Au 2e régiment de marche : Le colonel du Barail qui a imprimé à ses escadrons un élan irrésistible ;
Dans le 3e régiment de chasseurs d'Afrique, les chefs d'escadrons de Tucé et Carrelet, le capitaine Petit, blessé très grièvement ; le capitaine Aubert, les sous lieutenants Plessis et Compagny, les adjudants Gerdolle et Castagney, le maréchal des logis Gaillard, mort des ses blessures, le maréchal des logis fourrier Feuillard blessé très grièvement, les maréchaux des logis Leenhouder et de Lasalle, les brigadiers Réess, Mancini et Betoux, les chasseurs Feltz, Lallier et Bareyré ;
Dans le 12e régiment de chasseurs, le capitaine Vata, le lieutenant Noël.
Enfin le brigadier Clavel, du 2e régiment de chasseurs d'Afrique, porte fanion du général de Mirandol.
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Louis Adrien de Tucé commande les deux escadrons de chasseurs d'Afrique qui composent le régiment de marche. Il a raconté cette journée dans une lettre écrite à sa soeur : "C'était jour de marché : vendeurs et acheteurs se pressaient dans la
rue et s'écartèrent pour nous livrer passage. La foule regardait avec une
curiosité plutôt sympathique notre beau régiment qui faisait fièrement son
entrée au son des trompettes. Arrivés sur la grande place, nous alignons nos
troupes comme pour une revue ; l'alcade nous reçoit avec les marques de la plus
profonde déférence, mais il se garde bien de nous prévenir que l'armée ennemie,
qui venait de se retirer à notre approche, n'était pas loin. |
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