Historique du 1er régiment de Chasseurs d'Afrique
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IInd Empire et IIIe République

 

Le 1er régiment de Chasseurs d'Afrique est créé le 1e mars 1832 à Alger. Il est engagé régulièrement dans les campagnes de la conquête de l'Algérie (Mitidja, prise de Constantine 1837, Expédition des portes de fer, Prise de la Smalah d'Abd el Kader, bataille d'Isly 1844, campagne de Kabylie, prises de Zaatcha et de Laghouat).

Quatre escadrons du régiment sont envoyés en Crimée de mai 1854 à mai 1856 et se distinguent à la bataille de l'Alma, à Balaklava où leur charge contre les russes permettent de soulager la fameuse charge de la brigade légère britannique, à Inkermann et à Tratkir.

Le régiment participe à la campagne d'Italie (batailles de Montebello) et à Solférino, il charge et enfonce un carré autrichien.

C'est au Mexique qu'il tire ses plus belles pages de gloire, puisque trois de ses escadrons forment le 2e régiment de marche qui gagne le surnom des "bouchers bleus" et voit son drapeau décoré après la prise d'un drapeau ennemi le 5/5/1863 à San Pablo del Monté.

Durant la guerre de 1870, le régiment est affecté à la division des chasseurs d'Afrique et le 1/9/1870, lors de la bataille de Sedan, il charge à Illy, puis à Floing où il ouvre la charge de la division Margueritte et y perd son colonel.

Renvoyé en Algérie en 1871, il réprime l'insurrection de 1871, fait l'expédition d'el Amri (1876), l'expédition de l'Aures (1879-1880), celle du sud oranais (1881), puis la campagne de Tunisie. De 1884 à 1885, il est envoyé au Tonkin et combat à Bac Ninh, Lang Son et Tuyen Quang. En 1895, il envoie un escadron à Madagascar.

Jules Constant Girardin

Né le 21/4/1823 à Plombières, Jules Girardin s'engage en octobre 1849 au 5e régiment de chasseurs à cheval, régiment dans lequel il sert durant trois années et atteint le grade de maréchal des logis.
Le 18/10/1852, il rejoint le 1er régiment de Chasseurs d'Afrique et demarre une carrière qui va le tenir hors de France pour 25 ans et lui faire voir trois continents....
Après avoir servi en Algérie, il embarque pour l'Orient le 10 avril 1854 et y sert jusqu'au 11 mai 1856. Seul le premier escadron atteint la Crimée pour participer à la bataille de l'Alma, le régiment étant finalement réuni en Crimée qu'en septembre. Durant cette campagne, le régiment en entier effectue le 30/12/1854 une reconnaissance offensive dans la vallée de la Tchernaïa et un escadron culbute trois sotnias de cosaques qui en défendaient les abords.

Revenu en Afrique, Girardin y fait campagne jusqu'à la guerre d'Italie. Le 5/5/1859, il est promu Sous Lieutenant et embarque pour la péninsule le 9 mai avec le premier escadron, avant garde du régiment, chargé de faire le service d'avant poste du général Forey. Cet escadron assite à la bataille de Montebello. Fin mai, l'escadron est rejoint par le reste du régiment qui est attaché à la division de cavalerie du général Desvaux. Girardin participe à la charge du régiment lors de la bataille de Solférino :
"Le général Desvaux juge le moment venu d'une vigoureuse attaque et d'un grand sacrifice. La cavalerie autrichienne avait reparu et s'était reformée sur sa première position. La division formée sur deux lignes reçut l'ordre de la charger. Le 1er chasseurs d'Afrique se porta en avant avec le 5e Hussards, suiviv de près par le 3e chasseurs d'Afrique. Les escadrons ennemis n'attendirent pas le choc et ils disparurent rapidement en démasquant les batteries d'obusiers et de fuséens, ainsi qu'une longue ligne d'infanterie formée en plusieurs carrés dans un terrain boisé. Le général donna l'ordre de se précipiter sur ces carrés et cet ordre fut exécuté littéralement avec le plus magnifique enthousiasme.
Celui des carrés qui était le plus avancé dans la plaine et qui avait d'ailleurs détaché des tirailleurs en avant, fut rompu par le choc, les cavaliers du capitaine de Sonis y pénétrèrent aux prix d'énormes pertes en même temps que les tirailleurs y rentraient, mais les autres carrés restaient immobiles. Protégés par des arbres et par un petit fossé, ils reçurent sans s'émouvoir le choc de notre cavalerie, hommes et chevaux se précipitaient sur les baïonnettes qui leur étaient opposées. Le régiment dut finir par s'écouler le long des carrés et vint se reformer avec le plus admirable sand froid et dans le plus bel ordre.
(Historique du régiment)." Les pertes du régiment sont lourdes : 10 officiers et 105 cavaliers et sous officiers tués ou blessés.

Retourné en Algérie, il embarque le 13/9/1862 pour le Mexique où il fait campagne jusq'en avril 1867. Il y est promu Lieutenant le 19/9/1865 et chevalier de la Légion d'Honneur la même année ("excellent officier dévoué à tous ses devoirs"). C'est à l'occasion de cette présence au Mexique que Girardin se marie en février 1864.
Revenu en Algérie en avril 1867, il y reste jusqu'à son passage au cadre de reserve en octobre 1875. Entre temps, il est promu Capitaine le 2/8/1870.

Il se retire en Algérie comme colon dans la région de Bordj-Bouira.
Détail amusant, il est ici photographié par le studio Girardin à Plombières, probablement son frère ou un cousin.

Photo E Girardin (Plombières)

    


    

Jules Victor Anatole de Salignac Fénelon

Né à Darmstadt le 30/10/1816, où son père était ambassadeur de France, c'est le frère de Jean, ambassadeur de France et sénateur et d'Adolphe, qui finira sa carrière comme général de division d'artillerie.

Il est Lieutenant colonel au 1er chasseurs d'Afrique et prend le commandement du régiment en 1855 alors qu'il est en Crimée. Il reste à la tête du régiment lors de la campagne de Kabylie (1857) et lors de la campagne d'Italie (1859).

Il est pris en photo par le photographe Moulins, auteur d'une série de portrait d'Algérie en 1857. A cette date, il vient d'épouser la fille du maréchal Randon, ministre de la guerre.

Il sera nommé Général de brigade en 1859, puis Général de division en aout 1866, commandera une division de cavalerie en 1870 et est blessé à Sedan

Il terminera sa carrière comme commandant le 17e Corps d'armée sous la IIIe République.

Selon du Barail "C'était un très savant homme qui avait débuté dans l'artillerie au sortir de Polytechnique. Il avait passé de là dans les bureaux arabes où il avait fort bien réussi, avait compté pendant 10 ans aux spahis sans y paraître, et n'avait pris pied dans la cavalerie que comme lieutenant colonel. Nos manoeuvres à ce moment là, régies par le règlement de 1829, étaient fort compliquées ; elles exigeaient un long apprentissage, et le général de Fénelon n'était plus assez jeune pour refaire son éducation."


Jérôme Napoléon Bonaparte

Jérôme Napoléon est le petit fils du Prince Jérôme, frère de l'Empereur Napoléon Ier et Oncle de Napoléon III. Il est issu de la branche Patterson, du premier mariage de Jérôme, annulé en 1805. Il est né à Baltimore le 5/11/1830 et à fait l'école de West Point entre 1848 et 1852. Après avoir servi deux ans au Texas, il quitte l'armée américaine et entre au service dans l'armée française comme Sous Lieutenant le 5/9/1854, au 7em régiment de dragons qu'il rejoint en Crimée. Il y sert comme officier d'ordonnance du général Morris, commandant la cavalerie française.

Promu Lieutenant le 5/6/1855. Le 10/11/1855, il reçoit la croix de la Légion d'honneur et revient de Crimée décoré de l'ordre du Medjidié et de la médaille de la Reine d'Angleterre.

A la fin de la campagne, il est muté au 1er régiment de Chasseurs d'Afrique en avril 1856 et se fait photographier par Mayer et Pierson peu avant de partir pour l'Algérie, dans l'élégant spencer. Il participe à la campagne de Kabylie.
Il est promu Capitaine le 5/5/1859 et sert en Italie. Il se distingue à Solférino lorsque le régiment charge les carré autrichiens, en rompt un, mais doit abandonner devant les autres. Il sert aussi durant cette période à l'état major de l'Empereur.

Au retour d'Italie, il est muté au 1er régiment de carabiniers en fevrier 1860, il en devient capitaine adjudant major vers 1864. Le 13/8/1865 il est promu Chef d'escadrons au 3e régiment de cuirassiers, puis il rejoint le régiment des Dragons de l'Impératrice en mars 1867. Il est nommé officier de la Légion d'Honneur en octobre 1868.

Lieutenant colonel le 27/8/1870, il sert au 2e régiment de dragons, mais reste à Paris durant les premières opérations, prenant virtuellement le commandement du palais des Tuileries. Durant le siège de Paris, il est nommé colonel du 14e régiment de dragons mis sur pied avec divers escadrons de dépôt, mais ce régiment ne sera pas engagé.

Il démissionne en mars 1871 à la fin du régime impérial, pour rentrer aux Etats Unis s'occuper de ses affaires de famille. Il est mort aux Etats Unis en 1893.

Photo Mayer et Pierson (Paris)

    


    

Michel Aloys Ney d'Elchingen

Né à Paris le 3 Mai 1835, Michel Aloys est l'aîné de Michel Louis Félix Ney, second fils du maréchal du premier empire. Engagé le 4/8/1852 au 7è régiment de dragons, régiment longtemps commandé par son père, il y est nommé sous officier un an plus tard. Le régiment ayant été désigné pour participer à la guerre d'Orient, Michel Ney embarque à Marseille en juin 1854 sur un petit voilier de commerce et rejoint Gallipolli une vingtaine de jours plus tard. Le régiment doit subir les attaques du cholera et Michel Ney a la douleur de voir son père mourir de cette maladie le 14/7/1854, alors qu'il commandait la brigade de cavalerie.

Promu Sous Lieutenant le 19/12/1854, il passe au 7e régiment de chasseurs et revient en France sans avoir débarqué en Crimée. Le 29/8/1855, il permute pour rejoindre le 1er régiment de chasseurs d'Afrique en Algérie.

Engagé lors de la campagne d'Italie, il est promu Lieutenant le 11/8/1859, quelques jours avant la fin des hostilités. Il retourne alors en Algérie. De septembre 1860 à juin 1861, il fait campagne en Syrie, puis part pour le Mexique en janvier 1862, où il est attaché au général de Lorencez comme officier d'ordonnance lors de la première partie de la campagne qui aboutit à l'echec de la prise de Puebla. Il est fait chevalier de la Légion d'Honneur en juillet 1862.

Promu Capitaine le 13/8/1863. Il est ici photographié au Mexique, arborant le dolman des chasseurs d'Afrique. Le 29/1/1864 il est cité pour sa participation lors de la prise de vive force de la place de Téocaltiche.

Ney reçoit le commandement de la contre guerilla des terres chaudes le 9/3/1865, position qu'il occupe jusqu'au 22/12/1865 et durant laquelle il est promu Chef d'escadrons (le 13/8/1865). Il est cité à l'ordre général du corps expéditionnaire pour son "entrain" dans la poursuite dirigée contre le général juariste Negrete le 8 Juin 1865 (au combat du rancho Hierba Buena). A la fin de son commandement, il est nommé au 6e régiment de Hussards. Revenu du Mexique en mars 1866, il est nommé officier d'ordonnance de l'Empereur, jusqu'en janvier 1868.

Ney est promu Lieutenant colonel du 7e régiment de dragons, le régiment de ses débuts, le 22/12/1868. Lors de la guerre de 70, il en commande les deux escadrons détachés auprès de la 1ere division d'infanterie du 2em corps d'armée. Il a d'abord deux chevaux tués sous lui lors de la bataille de Spicheren, puis est blessé à Rezonville le 16/8/1870. Lors de la bataille, le régiment charge les débris de la brigade Bredow et dans l'engagement, Ney reçoit trois coups de sabre à la tête et deux au bras.

Nommé Colonel le 24/8/1870, il prend le commandement du 3e régiment de dragons avant de faire partie des officiers capturés à la capitulation de Metz. Après la guerre, il reçoit le commandement du 20e régiment de dragons, puis du 6è chasseurs à cheval en 1872. Il est fait officier de la Légion d'Honneur le 21/4/1874.

Promu Général de brigade en novembre 1875, il commande la 3è brigade de cuirassiers en 1877, puis la 3è brigade de chasseurs à cheval en 1879. Il se suicide à Fontenay aux Roses, le 23 Février 1881, la légende prétendant que ce suicide lui permettait d'echapper à l'accusation de bigamie, ayant épousé au Mexique, une riche héritière, puis s'étant une nouvelle fois marié en France.

Photo Ibarra (Guadalajara)


Ernest Marie Plessis

Ernest Marie Plessis est ne le 14/5/1837 à Pontivy. Elève à Saint Cyr (promotion du Prince Impérial 1855-1857), il est nommé Sous lieutenant le 1/10/1857 au 3e régiment de chasseurs d'Afrique.

Après avoir été engagé en Algérie, il sert durant la campagne d'Italie et combat à Mélégnano et à Solférino où il est blessé à la tête d'un coup de feu et d'un coup de baïonnette lors de la charge du régiment sur les carrés de l'infanterie autrichienne. Dans son rapport sur l'engagement, le commandant de l'escadron décrit ainsi la journée : "La gauche de l'armée française était victorieuse. Solférino et Cavriana étaient en notre pouvoir, mais le canon se faisait toujours entendre, Français et Piémontais se battaient avec acharnement et repoussaient les Autrichiens sur la route de Volta. Notre droite n'était pas aussi heureuse, elle faiblissait un peu devant les réserves d'infanterie que nous apercevions sur notre droite. Le moment était décisif : aussi le général Desvaux n'hésita pas un instant à lancer sa cavalerie sur l'ennemi. Le 5e Hussards et le 1er chasseurs chargent sur l'infanterie ennemie formée en carrés, ils sont reçus par un feu terrible qui leur fait beaucoup de mal surtout au 1er chasseurs qui laisse quatre officiers morts sur le coup. Le 3e chasseurs s'avancait toujours à sa place de bataille pour soutenir les mouvements de ceux qui le précédaient; enfin son tour est arrivé. Les escadrons qui ont chargé les premiers sont le 5e et 6e escadrons. La sonnerie du boute charge se fait entendre et les deux escadrons, commandés par M Oudinot se lancent en fourrageurs sur les carrés et le terrain compris entre eux et la ferme dite Campanolo. le 5e escadron a traversé l'ennemi, ses pertes en font foi. Chacun dans cette circonstance se conduisit avec courage et energie, cette charge a été poussée à fond et a coûté un cinquième et plus de l'effectif de l'escadron.  M Plessis, entrainé par son ardeur a été aussi bravement blessé d'un coup de feu à la tête; Il est jeune et plein d'avenir, la croix de chevalier peut lui être donnée, il la portera bien.
Durant la nuit qui suit la bataille, il est retrouvé "errant comme un fou autour de l'ambulance d'où il s'était échappé pris d'un transport au cerveau".

Cette aventure ne nuit pas à la suite de sa carrière militaire, car il part faire l'expédition du Mexique et se distingue en mars 1863 lors des combats contre la cavalerie mexicaine pendant les opérations contre la ville de Puébla. le 22 mars à Cholula, 400 cavaliers français y culbutent 2000 cavaliers mexicains qui laissent 200 morts sur le terrain. Il est nommé chevalier de la légion d'honneur. Il se distingue de nouveau le 14 avril à Atlixo où les chasseurs d'Afrique culbutent une nouvelle fois la cavlerie mexicaine (dragons d'Iturbides et lanciers rouges).

Lieutenant, le 12/11/1864, il passe au 1er régiment de chasseurs d'Afrique. En 1868, il est détaché à Saumur comme officier d'instruction. C'est à cette date qu'est prise la photo ci contre. Ce jeune officier qui n'a pas encore 30 ans porte déjà une impressionnante brochette de décorations.

Le 10/8/1868, il est nommé Capitaine adjudant major au régiment. Durant la guerre de 70, il participe aux affaires de Pont à Mousson, puis surtout aux charges de Sedan avec le 3e escadron. Il est tout d'abord envoyé par le colonel Clicquot reconnaître le terrain de la charge de Floing, puis il est blessé à la tête alors qu'il chargeait un des premiers. Capturé, il part prisonnier en Allemagne.

Après avoir été Colonel du 9e régiment de hussards de 1884 à 1888, il est Général de brigade commandant la brigade de cavalerie en Algérie jusqu'à sa mort en à 1893.

Photo Le Roch (Saumur)

    


         

Anatole Reverony

Anatole Révérony est ne le 11/3/1843 à Caen. Elève à Saint Cyr (promotion du Mexique 1861-1863 ), il est nommé Sous lieutenant le 1/10/1863 au 1er régiment de chasseurs d'Afrique.

En 1870, Lieutenant (depuis le 2/8/1870) il est aide de camp du général Margueritte, commandant la division des chasseurs d'Afrique. Révérony s'illustre une première fois le 12/8/1870 à Pont à Mousson lorsque le régiment disperse une avant garde de cavalerie prussienne.
"En tête de la colonne, le chasseur Robert, ordonnance du lieutenant Reverony est tué raide. La maison d'où les coups de feu étaient partis était une auberge, l'hôtel du Lion d'or, dont la vaste écurie attenante s'ouvrait au delà sur la rue par un grand portail carré. Cette auberge et ses dépendances étaient occupées par par un détachement prussien, fort d'au moins trente hommes qui s'y trouvaient enfermés.  En même temps que le rez de chaussé de l'auberge se garnissait de feux, quelques coups de fusils partaient également de l'autre coté de la rue, un peu plus haut et presque en face de l'auberge. Le général s'était arrété sans mettre pied à terre et calmait ses chasseurs en disant "Doucement mes enfants, doucement." Il avait à sa droite le lieutenant Reverony. Rapidement sur son ordre, quelques chasseurs descendirent de cheval et allèrent tirer au jugé dans les persiennes au travers desquelles ne tarda pas à s'agiter un mouchoir blanc. On attendait la reddition des Allemands lorsque brusquement la porte cochère s'ouvre du dedans ; une décharge éclate, trois ou quatre chasseurs roulent à terre. Un hussard, le mousqueton à la main, s'élance au galop pour passer à la droite de Réverony qui se tourne vers lui et envoie un coup de revolver. L'homme mortellement atteint va tomber aux pieds du colonel Clicquot qui, en lui portant un coup de pointe à faux, brise sa lame près de la garde. Le général Margueritte était en même temps chargé par un autre cavalier. Celui-ci monté sur un cheval bai-cerise clair et le mousqueton haut, jette son coup de fusil, reprend son sabre qui pendait au poignet par la dragonne et cherche à se frayer un passage ; le capitaine Braünn pointe sans résultat, le hussard pousse alors franchement sur sa gauche vers le général et lui assène sur la tête un coup de sabre assez violent pour couper les galons et le drap de cuir du képi. Le général s'écrie "Oh ! maleureux !", se baisse, parant en partie l'attaque et riposte par un coup de pointe. Chacun s'empresse pour dégager le général, mais Réverony a déja abattu d'un coup de revolver le hussard qui atteint sous le bras dans la région du coeur, tombe tué raide." (R. de Mandres "la division Marguerite à Sedan"). Réverony sera nommé chevalier de la Légion d'Honneur pour ce fait d'arme.

Lors de la première charge de la division à Sedan (sur le village d'Illy), au matin du 1/9/1870, il a un cheval tué sous lui alors qu'il escorte son général. Il s'illustre une seconde fois, lorsque plus tard dans la journée, il assiste le général Margueritte qui, s’étant placé en avant de ses escadrons pour reconnaître l’ennemi, est atteint d'une balle qui lui traverse les deux joues en lui coupant la langue en partie. Revérony se précipite, relève le blessé, et, au milieu d’une véritable pluie de projectiles, après des efforts extraordinaires, le ramene dans les lignes françaises. Il le veille jusqu'à sa mort le 6 septembre en Belgique et l'enterre. 

La suite de sa carrière est décrite sur sa page.

Photos Beaudelaire et Royer (Caen)

         


Xavier Louis Henry Ruinard de Brimont

Né le 31/5/1831 à Reims, c'est le petit fils d'Irenée de Brimont, député et maire de Reims sous la Restauration et chef d'une famille noble, active dans le vin de champagne.
Engagé le 31/8/1849 comme dragon au 12e régiment, il est brigadier lorsque son régiment est engagé en 1851 à Paris en repression des mouvements populaires opposés au coup d'Etat. Il est promu maréchal de logis quelques jours plus tard.

Le 7/11/1855, il est nommé Sous Lieutenant au 6e régiment de cuirassiers.

Lieutenant le 12/4/1864, puis Capitaine le 4/3/1868, il rejoint l'Algérie et le 1er régiment de Chasseurs d'Afrique le 19/8/1868. Il en est nommé adjudant major en aout 1869.

De Brimont s'illustre lui aussi lors de l'épisode de Pont à Mousson, mais la scène est racontée différemment par Dick de Lonlay : "Une douzaine de cavaliers allemands avec plusieurs officiers se sont réfugié dans la cour du "Cheval Rouge" et se tiennent derrière un portail solidement verrouillé et barricadé. Le général Margueritte montre alors cette issue avec la canne qu'il tient à la main en guise de sabre : "il faut les forcer" dit il. A ces mots, le capitaine adjudant major de Brimont saute à terre et veut enfoncer cette porte en se jetant dessus à corps perdu. Elle resiste. "Un homme de bonne volonté pour ouvrir la porte et sortir les Allemands" s'écrie le général. Un chasseur du nom de Micoud sort du rang et met pied à terre. S'approchant de la porte, il fait tourner la barre de bois qui la maintient fermée et se présentant de profil dans l'entrebaillement, pénétre dans la cour en écartant les deux battants. Son entrée est saluée par une volée de coups de feu ; trois balles trouent sa veste en éraflant légèrement sa poitrine, une quatrième tue le cheval de l'adjudant Gaillard. Un officier de Houzard, superbe dans son uniforme noir galonné d'argent de la tête aux pieds, s'élance le sabre recourbé pendant à la dragonne, à la main un court mousqueton Dreyse. Avisant les manches du Colonel Clicquot chargées de galons d'argent, il vise cet officier supérieur et fait feu à bout portant : le Colonel qui a vu le mouvement de son ennemi se baisse brusquement et évite la balle qui perce le taconnet de son ordonnance, le chasseur Malet. Jetant alors son arme inutile, le Prussien se précipite, le sabre haut sur le général Margueritte et lui assène sur la tête un coup terrible de taille. Le général peut le parer à temps avec sa canne et sa lame ne fait que fendre la visière de son képi. "Vous n'êtes qu'un maladroit" lui dit alors le général. Le colonel Clicquot riposte alors par un vigoureux coup de point dans le dos de l'officier ennemi, mais à sa grande surprise sa lame rencontre un dur obstacle et se brise. Le Prussien portait sous son dolman une épaisse cuirasse de cuir bouilli. Le capitaine de Brimont et le lieutenant Reverony se jettent alors au secours de leur chef et déchargent à la fois leurs revolvers sur l'officier ennemi. Le Houzard noir laisse echapper son sabre, bat des bras en l'air, son cheval s'affaisse. Tous deux roulent sur le trottoir et restent sans mouvement. Ils sont bien morts. (Français et Allemands)"

De Brimont participe ensuite aux charges de la division Margueritte à Sedan et il a un cheval tué sous lui pendant la charge. Il est fait prisonnier de guerre et reçoit la croix de chevalier de la Légion d'Honneur le 3/6/1871.

Après la guerre, il retrouve son régiment en Algérie. Il est mort le 28/6/1876.

Photo Geiser (Alger)

   


  

Hypolite Kuntz

Né le 10/5/1848 à Haegen (Bas Rhin), c'est le fils d'un forestier. Engagé au 5e régiment de chasseurs en aout 1865, il est maréchal de logis lorsqu'éclate la guerre de 1870.
Il fait la campagne de Metz. Lors de la bataille de Rezonville, il charge avec le régiment contre les restes de la brigade de cavalerie allemande du général Bredow : "Les deux régiments de la brigade Bredow, partis de Vionville, avaient traversé tous les échelons du 6e corps et parcouru plus de 2000 metres. Il vinrent alors donner l'un (le 16e hulans) sur les escadrons de tête du 5e chasseurs et l'autre (le 7e cuirassiers) sur la division Forton. En apercevant à moins de 200 metres le 5e chasseurs qui déjà fondait sur lui, le régiment allemand très en désordre après la charge qu'il venait de fournir, essaya de se reformer, ralentit et reçut le choc presque de pied ferme, la lance croisée. Dans la mélée qui suivit ce choc, le 16e hulans fut refoulé vers les batteries du 6e corps qu'il avait déjà traversées ; on y reprit une pièce de canon que des cavaliers ennemis montés sur les attelages essayaient d'enlever (historique du 5e chasseurs)".  L'historique du régiment indique que le maréchal de logis Kuntz est blessé dans l'action, mais ses états de service n'en font pas mention. Dans son ouvrage "Français et Allemands", Dick de Lonlay indique : "Le maréchal des logis Kuntz a son cheval blessé de deux coups de feu, reçoit lui même un coup de sabre et ramène deux prisonniers".
Kuntz est fait prisonnier lors de la capitulation de l'armée de Bazaine. Revenu en France, il participe à la repression de la Commune de Lyon.

En 1872, après l'annexion de l'Alsace par l'Allemagne, il choisit la nationalité française et se réengage, cette fois au 4e régiment de chasseurs d'Afrique. Redevenu sous officier le 28/4/1873, il est nommé Sous Lieutenant le 15/1/1879, au 1er régiment de chasseurs d'Afrique. C'est dans cette tenue qu'il est photographié par Tourtin, photographe à Rouen, le Havre et Paris.

Lieutenant le 30/12/1881, il rejoint la métropole et est nommé au 2e régiment de cuirassiers.

Le 8/7/1886, il est nommé Capitaine d'habillement au 20e régiment de Dragons. Il est nommé chevalier de la Légion d'Honneur le 28/12/1887. En 1889, il est retraité du régiment, mais est rappelé à l'activité, cette fois au 5e régiment de Hussards. Il est mort au régiment le 28/10/1896.

Photo Tourtin


 

Les officiers du régiment en 1890

Entre la fin de l'expédition du Tonkin (1886) et la campagne de Madagascar (1894), le 1er régiment de chasseurs d'Afrique ne participe à aucune campagne active. Ses services en Algérie s'apparentent alors au service de garnison des autres régiments de cavalerie métropolitaine, si ce n'est un climat et un environnement particuliers. Les temps héroïques de la conquête de l'Algérie sont loins...

En 1890, les officiers du régiment sont photographiés à Blidah. Sur ce cliché, le Colonel Bonnefous est entouré des chefs d'escadrons Bosc et Bouvier, tous deux sortis du rang. Ces trois officiers sont les seuls qui ont connu le Second Empire (Bonnefous ayant aussi participé à la campagne d'Italie).

 

Photo Dietrich (Paris)

  

 

Ils ont servi au 1er régiment : Chef d'escadron Delorme

Les colonels du 1er régiment de chasseurs d'Afrique

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