Le régiment des Zouaves de la Garde

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Historique

 

Le régiment des zouaves de la Garde est créé le 23 décembre 1854. Les hommes sont tirés des régiments de zouaves et des bataillons de chasseurs servant en Crimée. Quatre compagnies sont envoyées en Crimée et y débarquent le 28/1/1855. Le 15 mars 1855, la première revue est tenue et général Canrobert lui remet son drapeau, devant Sébastopol. Dès sa création, il est engagé au siège de Sébastopol. Lors de la prise de Malakoff, le régiment intervient en soutien dans la gorge de l'ouvrage et lutte au corps à corps pour repousser la contre attaque russe, y perdant 300 hommes sur les 590 engagés.

En 1859, durant la campagne d'Italie, le régiment subit de lourdes pertes à Magenta en forcant le Ponte Nuovo. La bataille lui coute 57 tués et 205 blessés sur 1000 hommes.

Entre 1860 et 1870, le régiment fait le service auprès de l'Empereur et escorte certains souverains en visite en France, notamment l'Impératrice de Russie en 1860.

En 1870, il combat à Rezonville. Le 1er bataillon arrète les prussiens devant les bois de St Arnould et le bois de Ognons, le 2nd bataillon subit sans broncher pendant de longues minutes les feux de l'artillerie ennemie. Pas engagés à Saint Privat, les Zouaves contribuent à la bataille de Ladonchamps lors du siège de Metz. A la capitulation de la place, le régiment refuse de livrer son emblème. Le 28 octobre, devant le colonel de la Hayerie et tous les officiers réunis, l'aigle est dévissé, le pied est martelé et enterré, la cravate est répartie entre les officiers supérieurs, la soie est mise en pièces et les morceaux distribués comme des reliques aux officiers présents.

Le régiment est emmené en captivité et ne sera pas reconstitué, ses cadres étant versés dans le nouveau 4e régiment de Zouaves.


Charles de Lacretelle

Photo Petit (Paris)

Photo Trinquart (Paris)

En janvier 1860, alors qu'il n'a que 35 ans, Charles de Lacretelle est nommé Colonel du régiment des Zouaves de la Garde. Saint Cyrien, il a servi jeune officier au régiment étranger en Algérie, puis en Crimée où nommé chef de bataillon du 2e régiment des Zouaves après la bataille de l'Alma, il s'y est illustré à de nombreuses reprises et y a été blessé.

Il va rester à la tête du régiment durant six années, qui forment les heures de gloire de l'Empire, entre la victoire de la campagne d'Italie et avant les revers du Mexique et de la guerre de 70.

Ainsi, le futur général Niox raconte dans ses souvenirs : "Jamais plus belle troupe n'a été réunie. La plupart des officiers, une grande partie des sous officiers, de nombreux zouaves de chaque compagnie portaient la croix de la Légion d'Honneur ou la médaille militaire ; à côté de vieux soldats blessés et quelques uns fatigués, une proportion de jeunes hommes alertes et bien découplés, donnaient au régiment cette superbe allure traditionnelle qui rappelaient les héros de Zaatcha, de Malakov, de Palestro. Le colonel pouvait être justement fier de commander à de tels hommes, mais s'il était fier de son régiment, le régiment n'était pas moins fier de son colonel : aussi depuis les sapeurs de l'avant garde, jusqu'au dernier serre fille de l'arrière garde, une effluve de généreuse chaleur circulait dans les rangs et faisait vibrer tous les coeurs. On la sentait envelopper le régiment tout entier lorsque suivant la coutume de l'époque, il exécutait ses marches militaires en parcourant les rues de Paris et qu'il était acclamé par la population pressée sur son passage. On remarquait notamment le colonel, sur son nerveux petit cheval arabe, l'oeil brillant avec ses moustaches cirées en pointe qui accentuaient sa ressemblance avec l'Empereur, ce dont il n'était pas médiocrement flatté. [...] D'indicipline il n'était pas question. Il suffisait à Lacretelle d'un signe, pas même d'une geste, pour remettre au pas ceux qui étaient tentés de perdre la cadence. [...] Entre chefs et soldats, une absolue confiance, soldiarité etroite, dévouement éprouvé et, ce qui est supérieur encore, une pénétrante et mutuelle affection qui a survécu après tant d'années passées et qui hélas, pour ceux qui restent s'appelle aujourd'hui le culte des morts.
Je remplissais auprès du brillant colonel les fonctions d'un officier d'ordonnance, je vivais donc dans une intimité journalière avec lui et je pouvais constater ce culte sans réserve, cette admiration aveugle pour Napoléon III qui se manifestait dans mille détails. La même façon de porter la moustache, la même coupe de cheveux donnaient à Lacretelle une certaine ressemblance avec le souverain, il l'accentuait le plus possible et rien ne le ravissait davantage que lorsqu'il se voyait saluer par des inconnus : "Ils m'ont pris pour l'Empereur, disait il enchanté de la confusion."

Nommé Général de brigade en 1866, Lacretelle participera comme divisionnaire à la guerre de 70 et à la repression de la Commune. Il commandera ensuite une division d'infanterie sous la République jusqu'en 1879.


   

Jeanne Marie Rossini, née Barbée

Jeanne Barbée se marie le 20/4/1854 avec Pierre Joseph Rossini, sergent du 2e régiment de zouaves. Elle sert comme cantinière au régiment et fait campagne en Afrique en 1854 et 1855. Lorsque son mari est transféré au régiment des Zouaves de la Garde en mars 1855, elle le suit et devient cantinière de ce prestigieux régiment.

Elle se distingue à Magenta le 4/6/1859 :
Confronté à un ennemi supérieur en nombre, les grenadiers de la Garde doivent reculer après avoir pris la redoute du pont de chemin de fer qui franchit le Naviglio Grande. C'est alors que trois compagnies des Zouaves de la Garde, sous les ordres du commandant de Bellefonds, contre attaquent et repoussent  les rangs ennemis. Mais entrainés par leur ardeur, il se jettent au milieu des flots grossissants des Autrichiens. Ils subissent alors de lourdes pertes et doivent reculer. Dans la contre attaque autrichienne, le commandant de Bellefonds est blessé à trois reprises. C'est lors de cet assaut infructeux que la cantinière Rossini se distingue en prodiguant des soins aux blessés au plus fort de la mélée, notamment "en allant sous le feu de l'ennemi donner les premiers soins au commandant de Bellefonds, blessé" (citation du régiment). Si ce geste héroïque ne sauve pas la vie du commandant de Bellefonds qui décède de ses blessures le 8 juillet à l'hôpital de Novare, il est néanmoins remarqué par les autorités et Jeanne Rossini reçoit la médaille militaire le 17/6/1859. C'est la première femme à recevoir cette décoration.

Elle figure ici, au retour de la campagne photographiée dans l'atelier Crémière et Hanfstangel, dans sa belle tenue de cantinière et arborant sa médaille militaire et la médaille commémorative de la campagne d'Italie.

Elle est morte le 12/5/1884.

Photo Cremière et Hanfstangl (Paris)


Martial Chazotte

Né le 24/6/1823 à Lyon, Martial Chazotte entre dans l'armée comme chasseur au 3e bataillon en mars 1843 et démarre une période ininterrompue de 11 ans de service en Algérie. En avril 1847, il passe comme sergent au bataillon des tirailleurs indigènes d'Alger et le 16/5/1847, il se signale au combat de Béni Ablès.

Ses brillants états de service lui permettent d'obtenir le grade de Sous Lieutenant le 1/10/1851. Le 14/12/1852, il se signale une nouvelle fois au siège de Laghouat et est cité à l'ordre de l'armée.

Promu Lieutenant le 10/8/1853, il est nommé chevalier de la légion d'Honneur le 3/3/1854.

Il fait la campagne de Crimée au régiment des tirailleurs algériens et sert durant le siège de Sébastopol dans la compagnie des eclaireurs volontaires qui font le coup de main dans les avants postes du siège. Il est blessé d'une contusion par un éclat d'obus le 19 décembre 1854, à peine deux jours après la création de cette unité, lors d'une sortie nocturne. Distingué par son courage, il est nommé au régiment des Zouaves de la Garde peu après sa création, en mars 1855. Il se distingue une nouvelle fois le 18 juillet dans la parallèle avancée du ravin du Carénage devant Sébastopol. Blessé d'un coup de feu à la cuisse gauche, il y est cité à l'ordre de l'armée et nommé Capitaine le 1/8/1855.
Durant la campagne d'Italie, il est blessé une nouvelle fois, à Magenta le 4/6/1859 d'un coup de feu au front, à la tête de la 6e compagnie du second bataillon. En 1860, il est capitaine adjudant major du bataillon, fonction reconnaissable au galon doré entre les deux galons argentés, sur cette photographie prise par Carjat. Il fait partie du bataillon envoyé à Nice pour escorter l'Impératrice de Russie.

Il est nommé Chef de bataillon le 17/6/1865 au 3e régiment de zouaves et passe au 4e régiment des voltigeurs de la Garde Impériale le 4/3/1868. Il recoit peu après la croix d'officier de la Légion d'Honneur.
A la bataille de Rezonville, en aout 1870, il en commande le 1er bataillon et il est grièvement blessé au pied droit d'un eclat d'obus tiré par la grande batterie allemande déployée à Vionville, alors qu'il déploie son bataillon 150 metres devant l'artillerie de la Garde afin de la couvrir. Cette blessure est la la quatrième de sa carrière...

Il termine son brillant parcours militaire comme Colonel (12/11/1875) du 4e régiment d'infanterie et en 1878 reçoit la croix de commandeur de la Légion d'Honneur, ultime récompense d'une carrière exceptionelle.

Il est mort le 12/3/1885.

Photo Carjat (Paris)


 
   

Ernest Chenu

Né le 31/8/1836 à Melun. Saint Cyrien de la promotion du Prince Impérial (1855-1857), il est nommé Sous lieutenant le 1/10/1857 au 90e régiment d'infanterie alors que son régiment est en Algérie. Il y restera jusqu'en 1859 et sera envoyé ensuite en Italie où il participe à la bataille de Magenta, son régiment y perdant son colonel. Durant la bataille, sur le Ponte di Magenta, Chenu est blessé d'un coup de feu à la fesse droite.

Lieutenant le 21/1/1863, Chenu rejoint brièvement le regiment des Zouaves de la Garde en fevrier 1865, peu avant sa promotion au grade de Capitaine le 7/8/1869, et le quitte quelques jours plus tard pour passer au 3e régiment de tirailleurs algériens. Ce court passage nous vaut cependant cette photo.

Resté au dépôt en Algérie, il ne participe pas à la guerre de 1870 en France, mais il fera l'expédition de Kabylie en 1871 comme adjudant major d'une colonne montée vers Ouargla. Pour cette campagne, il recevra la croix de la légion d'honneur le 14/1/1872. 

Sans doute fatigué de cette expédition outre mer, il permute en 1874 et rejoint le 118e RI en France comme capitaine adjudant major. Il passera ensuite au 31e RI en 1876.

Il est mort le 18/9/1880.

Photo Penabert (Paris)


Charles Denis Ziéger

Né le 3/10/1834 à Paris, il est engagé volontaire au 47e régiment d'infanterie en 1852. Promu sous officier en 1854, il sert en Orient de mars 1855 à juin 1856. Le 11/7/1855 il est blessé d'une forte contusion au genou gauche par un éclat de bombe dans la tranchée devant Sébastopol.

Il est promu Sous lieutenant le 4/6/1860 au 53e RI et passe aux Zouaves de la Garde Impériale en juillet 1862. Il y est nommé Lieutenant le 11/3/1868.

Durant la guerre de 70, il sert à la 5e compagnie du 2e bataillon. Lors de la bataille de Rezonville, ce bataillon est sévèrement engagé par l'artillerie prussienne et perd son capitaine ; Ziéger prend alors le commandement de la compagnie. Deux jours plus tard, lors de la bataille d'Amanvilliers (ou Saint Privat), Ziéger est blessé (, l'un des rares officiers de la Garde blessé ce jour, ce corps d'armée n'ayant pas été engagé par le maréchal Bazaine.

Après la guerre de 70, Charles Ziéger passe au 4e régiment de Zouaves, puis en juillet 1871, il passe dans la Garde Républicaine (ce qui n'est pas banal pour un ancien officier de la Garde Impériale). Il reçoit la croix de la légion d'Honneur le 21/4/1874.

Il est promu Capitaine en février 1877 et est nommé à Besançon. Il quitte l'armée quelques mois plus tard. Il est mort le 15/9/1915.

 

Photo Maunoury (Paris)

   


   

César Jerôme Jean Nicolas François Marie Ferdinand de la Grua e Salamanca, Prince de Carini

 

Né à Paris le 26/4/1843, il s'engage au régiment de la Légion étrangère le 7/5/1863, avec lequel, il fait campagne au Mexique à compter de janvier 1864 comme sergent, puis Sous Lieutenant le 3/8/1865. Il est cité à l'ordre du corps expéditionnaire pour son action dans la nuit du 28/2/1866 dans l'affaire du ranch de San Isabel près Parras, action hasardeuse menée par deux compagnies de la Légion contre une hacienda qui voit la troupe essuyer une echac sanglaint..
Revenu du Mexique en janvier 1867, il rejoint le 87e régiment d'infanterie en juillet.

Il passe aux Zouaves de la Garde en mars 1869 et fait la guerre de 1870 comme officier de la 5e compagnie du 2e bataillon du régiment (son supérieur immédiat est le Lieutenant Zieger, dont la notice figure juste au dessus). Lors de la bataille de Rezonville, sa compagnie est engagée. A la fin de la bataille "deux régiments de Hussards rouges se précipitent, poussant des hourras sur les troupes qui sont à droite du 2e bataillon. Favorisés par l'obscurité, pas son uniforme et ses cris qui nous laissent un instant dans l'incertitude, l'ennemi arrive sur notre front sans presque être reconnu. La surprise pourtant est de courte durée. Accueillie par un feu meurtrier, la charge s'arrête, tourbillone un moment, puis fait demi tour et vient défiler en désordre à six pas devant les zouaves qui, en quelques décharges bien dirigées, en font un sanglant massacre. Cet épisode clôt la bataille (historique du 4e régiment de zouaves)".
Fait prisonnier à la capitulation de Metz, il est photographé en captivité, par le photographe Bieber à Hambourg.

Revenu en France, il est promu Lieutenant le 17/4/1871, mais démissionne de l'armée en juin de cette année.

Il a épousé successivement les deux filles du chambellan de la cour Rodolphe Auguste d'Ornano, fils du Maréchal d'Ornano et de Marie Leczinska.

Il est mort le 22/6/1884.

 

Photo Bieber (Hambourg)

 


Jean-Baptiste Creze
 
Né le 4 Septembre 1828 a Toulon, Crèze exerce la profession de perruquier lorsqu'il est engagé volontaire le 7 novembre 1846 au 65e de Ligne. Il y devient Tambour le 5 Décembre, et Tambour de Grenadiers le 12 mai 1848.
Il passe Fusilier le 4 fevrier 1849, puis Caporal tambour le 14 octobre suivant. Il est remplacant par continuation de service dans le corps le 7 novembre 1853.
Le 4/7/1854, il passe au 2e régiment des Voltigeurs de la Garde Imperiale comme Caporal Tambour. Il embarque a Marseille pour la Crimée le 15 janvier 1855, debarquant a Kamiesch le 28. Il assiste alors au difficile siège de Sébastopol et à la prise de Malakov en septembre.
 
Il passe avec son grade le 6 octobre 1855 au régiment des Zouaves de la Garde, enregistré sous le Matricule 1562. Il sert en Crimée jusqu'au 4 décembre 1855, et reçoit la Médaille de Sa Majeste la Reine d'Angeterre. En 1856, Crèze signe un rengagement pour 5 ans et devient Caporal le 10 juin 1856, Sergent Clairon le 26 mai 1857, et enfin Tambour Major le 16 décembre 1857. C'est dans cette fonction qu'il participe à la campagne d'Italie entre avril et juillet 1859. Il recoit la medaille d'Italie.
 
Crèze est libéré du service le 31 Decembre 1861 avec un certificat de bonne conduite et il se retirant a Paris.

Il continue cependant sa carrière militaire et il est décoré de la Medaille Militaire le 14 Mars 1864, comme Tambour Major de l'Ecole Imperiale Speciale Militaire de Saint Cyr. 
 
 
Photo Crémière Hansftaengl (Paris)
   


    

Edme Amédé Nicolas de Monroty

Né le 9/1/1818 à Paris, Monroty s'engage en 1836 au 8e régiment d'infanterie. Passé sergent, il abandonne ses galons pour rejoindre le régiment des Zouaves comme simple soldat en 1839. Rapidement nommé sous officier, il est promu Sous Lieutenant le 11/4/1848.

Le 13/2/1852 lors du tiercement du régiment, il est nommé au 1er régiment des Zouaves et il y est promu Lieutenant le 3/3/1852. Le 23/5/1853, lors de l'expédition des Babors, le colonel Bourbaki manoeuvre de manière à attirer les Kabyles dans une embuscade où il a placé quatre compagnies. L'opération a un plein succès et l'ennemi y perd beaucoup de monde. De Monroty s'y fait remarquer pour son entrain et son ardeur et est nommé chevalier de la Légion d'Honneur.

Le 30/3/1854, de Monroty embarque pour l'Orient et Gallipoli sur le vaisseau Panama. Le 20/9/1854, à la bataille de l'Alma, le régiment de zouaves s'illustre en prenant d'assaut la position du télégraphe et en tournant la ligne des russes. De Monroty est blessé durant ce combat au cours duquel les Zouaves recoivent le sobriquet de "meilleurs soldats du monde" par le Maréchal de Saint-Arnaud, commandant en chef de l'expédition. A la création du régiment des Zouaves de la Garde Impériale le 15/3/1855, de Monroty y est affecté et reçoit la croix du Medjidié le 3/5/1855. Le 20/7/1855, il est blessé dans les tranchées devant Sébastopol. Promu Capitaine le 7/7/1855, il participe à l'assaut de Malakov de septembre 1855.

Durant la campagne d'Italie, de Monroty se distingue à Magenta. Après la première prise du Ponte Nuovo par le 3e régiment de Grenadiers de la Garde, les Autrichiens accablent ce régiment "Trépignants d'impatience, les Zouaves de la Garde sont restés en réserve depuis le début de l'action en avant du pont de San Martino, massés dans un plis de terrain près de la grande route. L'Empereur est près d'eux : "Allons les zouaves ! du calme, du sang froid et sac à terre !". Sitôt dit, sitôt fait, les sacs sont posés à terre et comme une coulée de lave, ces vaillants guerriers d'Afrique s'engouffrent dans la fournaise du combat. Sous le feu roulant des Autrichiens, retranchés sur la rive gauche du Ponte Nuovo, ils abordent le canal et le travèrsent dans un même bond. Puis la colonne se dédouble, quelques compagnies s'attaquent aux maisons dont elles enfoncent les portes et en chassent ou éventrent les défenseurs. A droite, en quelques instants, ils font place nette. A gauche, la resistance se prolonge et ce n'est qu'au bout de vingt minutes qu'ils se rendent maîtres du terrain. Le reste du régiment a continué droit devant lui, comme un coin, il s'est enfoncé dans la masse serrée de son antagoniste et à coups de baionettes, à coups de crosse, y trace une sanglante trainée. Un moment tout plie avec effroi devant cette furia francese, mais là encore la lutte est inégale. Bientôt les Autrichiens, remis de leur stupeur reviennent à la rescousse en épaisses nuées pour se laver de leur honteuse reculade. C'est pour les notres une heure de fol héroïsme et de suprème sacrifice. Ils se battent à un contre vingt sans défaillir. (historique du régiment des Zouaves de la Garde)." Finalement renforcés sur le pont, et soulagés par l'attaque de MacMahon au nord de Magenta, la Garde finit par rester maîtresse du terrain. Durant la journée, de Monroty figure parmi les huit officiers tués ou blessés du régiment. Pour son action du jour, il est promu Officier de la Légion d'Honneur le 28/12/1859.

Nommé Chef de bataillon, il prend sa retraite et est nommé adjudant du Palais des Tuileries. Il est mort le 21/7/1893.

Photo Carjat (Paris)


Constant de Mutrecy

Né le 20/9/1823 à Paris, Constant de Mutrecy est le fils d'un officier supérieur.

Elève de Saint Cyr en 1841, il est nommé Sous Lieutenant le 1/10/1843 au 23e régiment d'infanterie.

En novembre 1844, il passe au 6e régiment léger et y est promu Lieutenant en mai 1848. Il sert en Algérie entre 1845 et 1848. Le 24/12/1853, il est muté au 5e bataillon de chasseurs.

Capitaine le 5/7/1854, il passe au 4e bataillon de chasseurs à pied. De janvier à décembre 1855, il fait la campagne de Crimée et est nommé au régiment des Zouaves de la Garde le 1/3/1855. Lors de l'assaut de Malakoff, le 8/9/1855, il est blessé d'un eclat d'obus qui lui cause une forte contusion à la hanche gauche. Il est nommé chevalier de la Légion d'Honneur le 31/10/1855.
Durant la campagne d'Italie, il commande la 2e compagnie du 1er bataillon du régiment.

Il est mort le 5/3/1864.

Photo Hanfstaengl (Paris)

  

  


   

Louis Joseph Badout

Né le 10/10/1823 à Calais, c'est le fils naturel de Catherine Badout.

Il s'engage aux Zouaves le 27/7/1844 comme remplaçant d'un appelé et va y servir en Algérie jusqu'en 1854. Nommé sergent le 19/3/1849, il passe au 3e régiment de Zouaves lors du tièrcement du régiment en mars 1852. Il y reçoit la médaille militaire le 6/8/1852.

Embarqué pour l'Orient le 16/5/1854, il participe à la guerre de Crimée et se distingue lors de la bataille d'Inkerman. Il est promu chevalier de la Légion d'Honneur le 28/12/1854.
Badout rejoint le régiment des Zouaves de la Garde le 14/3/1855, la veille de la première revue du régiment. Lors de l'assaut de Malakov, le 8/9/1855, il est blessé d'un eclat d'obus qui lui cause une plaie à la lèvre inférieure et d'une contusion au bras droit pas un biscayen. Il est nommé sergent major, vaguemestre (c'est-à-dire chargé du courrier) du régiment le 11/10/1855. Il revient en France en décembre 1855.

Durant la campagne d'Italie à laquelle il participe, il reçoit la médaille militaire de Sardaigne.

Il est ici photographié avec les trois chevrons d'ancienneté portés sur sa manche et ses nombreuses décorations. Il en recevra une autre, le 24/3/1869, l'ordre de Sainta Anne de Russie (4e classe)

Remis sur sa demande zouave de 2e classe, il est libéré le 31/12/1869 après 25 années de service et touche sa pension de retraite à Rio de Janeiro où il se retire. Il est mort le 20/3/1889.

Merci à Jerome Lantz.

Photo Bérot (Paris)


Auguste Henri Jacob

Photo Martin (Paris)

Né en 1829, Auguste Henri Jacob est trombone au sein de la musique du régiment des zouaves de la Garde.

Si sa destiné militaire est peu notable, il a acquis une fort célébrité comme guerisseur, ainsi qu'en témoigne cet article paru au moment de se mort en 1913 :
Le zouave Jacob, le célèbre « guérisseur», s'est éteint, à l'âge de quatre-vingt-cinq ans, au milieu d"un petit groupe de fidèles, dans ce pavillon de la rue Lemercier, au fond d'un jardin, où il s'était réfugié depuis cinq ans, — depuis les dernières tracasseries que lui fît le Syndicat des médecins de la Seine. C'est une curieuse figure parisienne qui disparaît. Jacob était trombone aux zouaves de la Garde quand il découvrit la puissance de la suggestion. Energique, les traits accentués, ainsi que le représentait Gill.dans une caricature de la Lune, avec sa barbe noire à reflets bleus et son oeil saillant hors de l'orbite, il exerçait une sorte d'autorité physique sur certains de ses camarades. Comment eut-il l'idée d'appliquer cette autorité à la guérison des maladies ? On ne sait. Il ne l'a pas raconté (ou ne l'a raconté qu'en brodant beaucoup) dans ses divers ouvrages : L'Art de conserver sa santé, les Pensées du zouave Jacob, etc... Le dernier, Le charlatanisme de la médecine, fut une réplique aux persécutions de la Faculté; le sujet était vaste. Quoi qu'il en soit, au camp de Châlons, en 1863, le bruit se répandit que Jacob avait guéri des malades rien qu'en les fixant, en imposant les mains sur eux et en leur disant : « Tu es guéri ! » Il agrémentait ses opérations magnétiques d'un petit air de trombone. C'était surtout avec les ataxiques, les paralytiques, les rhumatisants qu'il réussissait. On racontait que, voyant passer un enfant paralysé que l'on roulait dans une voiture, il prit le petit malade, le souleva dans ses bras et le posa à terre en lui disant : " Marche !" et l'enfant avait marché. (Aucune confirmation précise de ce fait merveilleux n'a été donnée.) Quoi qu'il en soit, un général à demi-ataxique, et qui se traînait sur deux béquilles, eût l'idée de le faire appeler. — Jette tes béquilles et marche... Je te dis de marcher ! cria le zouave d'une voix de stentor. Et il marchait lui-même d'un air menaçant sur le vieux général, qui recula de plusieurs pas sans béquilles, "J'ai marché à cause de la commotion, expliquait-il ensuite, mais je ne sais si ce fut l'effet du fluide ou du tutoiement". Le maréchal Canrobert, perclus de rhumatismes, eut moins de chance. Peut-être Jacob n'osa-t-il pas le tutoyer. Napoléon III fit venir le zouave Jacob à Saint- Cloud. Le Théurge, comme il se nommait lui-même, opéra force passes sur l'Empereur et sur le petit prince impérial. La soeur de Jacob raconta qu'un jour il recu un « ordre écrit de la place de Paris, qui lui commandait de secourir sans délai le maréchal Forey, agonisant. » Jacob se mit en route sans confiance, vit le moribond et, par un effort de sa volonté tendue, parvint à lui faire effectuer, sans appui, le tour du jardin. Mais après son départ le maréchal retomba dans son immobilité forcée. On a décrit souvent l'affluence des malades crédules chez le guérisseur. Dès neuf heures du matin son antichambre et sa salle de réception étaient pleines. Il paraissait, robuste jusqu'à la fin, les traits énergiques sous ses cheveux blancs, vêtu d'un burnous, les pieds nus dans des sandales. Il prenail chaque malade aux épaules, le regardait de son oeil dominateur, le secouait fortement et le renvoyait en lui disant: « Tu es guéri «.Quelquefois l'étaient, pour un peu de temps du moins, les sujets très suggestionnâmes. M. Montorgueil qui a curieusement visité tous les petits cénacles et toutes les petites chapelles de Paris, décrit ainsi la clinique de Jacob : « Il ne brodait point : c'était bien ainsi qu'il opérait; cette prétention audacieuse de soulager l'humanité souffrante, rien que parce qu'il la disait soulagée, lui a donné pendant soixante ans, bon souper et bon- gîte. Car s'il ne prenait rien pour prix de la simplicité de son intervention, il recevait ce qu'une clientèle reconnaissante croyait devoir lui offrir. » Depuis quelques années, le bronze surtout abondait. Ses implorateurs étaient de pauvres gens qui n'avaient pas le moyen de payer bien cher l'illusoire guérison qu'ils venaient chercher auprès de cette manière de vieux sorcier, qu'une réputation légendaire accréditait. » Une douzaine de bancs étaient alignés; au mur étaient disposés quelques images médicales, un nom indien — celui du prétendu sage de l'Inde dont il recevait le " fluide blanc ". Deux bustes étaient posés sur des consoles. L'un avait son histoire. "Un artiste qui avait une maladie de peau avait été repoussé de celle qu'il aimait." — Je le guéris, nous confiait Jacob, et il me fit ce buste. » — Et il a épousé ? » — Non, je l'avais guéri de son amour en même temps que de son eczéma."
Les consultants étaient pour la plupart des femmes du peuple. Elles étalaient sur les genoux les linges que le fluide devait impressionner. Lui, vêtu de blanc, marchait à grands pas, il feignait de profondément méditer. Brusquement, il fixait l'une de ces femmes : « Où souffrez-vous ?» — « Au bras. > — « Vous ne souffrez plus. » — « Non, répétait la voix dolente d'une volonté subjuguée, je ne souffre plus. » — « Et vous, ce sont vos yeux ? Vous voyez assez pour vous conduire. » Et il lui lançait du fluide à pleines brassées. Une vieille grognait : « Ce sont mes boyaux qui me cuisent. » Et il secouait son ventre à pleines mains sans façon, et bientôt elle criait : a Ça va mieux; je suis guérie. » — « Quand je vous le disais! » » La visite étant terminée, il faisait un petit prône sur l'hygiène ; il conseillait un régime tempérant : de l'eau, pas de viande, pas de lait. Oh! surtout pas de lait, « ça fait du fromage sur l'estomac »! » C'était fini. Chacun se levait. Sur la porte, le zouave, son trombone à la bouche, accompagnait la sortie d'une variation sur la Muette ou les Huguenots. » Cette parade grossière n'a cessé de trouver des clients, des adeptes et des défenseurs. Pour poser, il lui avait suffi de songer à la misère morale de l'homme, lorsque sa guenille est en proie à la souffrance, et que, faute de principes qui donnent le pas à la résignation sur l'angoisse, il s'épouvante dans la crainte du dénouement fatal. Il avait constaté qu'en somme, pour une large part, la fortune du thérapeute dépendait de son autorité et de son assurance,, de la vertu des mots consolateurs qui accompagnaient les pansements et les fioles, et que le premier des baumes était celui qui venait de la foi en la guérison, car il n'était point la guérison, il était la force de guérir; i1 était l'énergie d'attendre et le courage de lutter. « Vous allez mieux ! » — « Oui, je vais mieux. » Et ce n'est pas une illusion, et c'est un fait : c'est l'illusion d'aller mieux qui appelle avec elle un soulagement fugitif. 
Quelques minutes de ce soulagement fugitif étaient l'élixir de ce sorcier sans talent ni principe, qui parlait en dérision de la foi et de la science pour exalter, en "esprit fort ", le commerce barbare de son prétendu apostolat. Les médecins firent condamner plusieurs fois Jacob pour exercice illégal de la médecine. La dernière fois qu'il fut poursuivi, en 1909, octogénaire, on l'acquitta. Un jour qu'il était poursuivi pour autre chose, — parce que son chien, aux Batignolles, avait mordu un voisin — le président du tribunal lui rappelait sa récente condamnation : — Ah ! parlons-en de ma condamnation ! répondit le guérisseur, elle a fait rire les cinq parties du monde. Parbleu oui, je ne soignais aucun malade, je ne médicamentais pas, je ne droguais personne. Je me contentais de regarder les gens dans les yeux, et de leur dire : « Allez, vous êtes guéri », et ils allaient, et ils élaienl guéris, ou croyaient l'être, ce qui est la même chose. Voyons, monsieur le Président, une supposition : vous voilà, vous rencontrez un ami : « Je suis malade » vous dit-il. « Bah ! ce n'est rien, répondez-vous en le regardant, allez, mon cher, vous êtes guéri». Eh bien ! que diriez-vous si l'on vous condamnait"? Vous ririez. J'ai ri aussi et tout le monde avec moi. Le président répliqua doucement Vous auriez bien regarder votre chien dans les yeux de manière à l'empêcher de mordre ! Fort à son aise, l'ancien zouave ne pratiquait plus, du reste, que pour des fidèles éprouvés. Son pavillon de la rue Lemercier était une de ces petites chapelles occultes comme il y en a tant, et de plus dangereuses, dans ce Paris qui se croit sceptique, coins d'ombre plus ou moins hantés se rencontrent des gens de lous les mondes, dans une inquiétante promiscuité.


   

Jean Joseph Adolphe Cretin

Né le 26/3/1813 à Cernan, ce fils de cultivateur est engagé volontaire le 5/4/1831 et rejoint le 44e régiment d'infanterie où il fait campagne à l'armée du Nord (campagne de Belgique).

Ayant gravi les grades de sous officier, il est ensuite nommé Sous Lieutenant le 4/3/1838 et transféré au 2e bataillon de chasseurs à pied où il est promu Lieutenant le 13/4/1841.

Le 15/6/1848, il est promu Capitaine au 34e régiment de ligne, mais il retrouve l'arme des chasseurs six mois plus tard au 10e bataillon, où il est nommé adjudant major en décembre 1852. Il a entre temps été nommé chevalier de la Légion d'Honneur le 24/6/1851. Il fait ensuite service à Rome au sein du corps français d'occupation, de fevrier 1853 à octobre 1854 et reçoit la croix de l'ordre de Pie, insituée par le Pape. Il sert ensuite en Orient de novembre 1855 à juin 1856.

A peine revenu de Crimée, il est promu Chef de bataillon au 80e régiment d'infanterie. Il débute la campagne d'Italie avec ce régiment. Blessé d'une contusion au cou par une balle à Solférino, Crétin passe au régiment des Zouaves de la Garde le 12/7/1859. Il est fait officier de la Légion d'Honneur le 28/12/1859, puis le 16/1/1860, il est décoré de la croix de Saint Maurice et Lazare.

En aout 1864, Crétin quitte les Zouaves de la Garde et est promu Lieutenent Colonel du 50e régiment d'infanterie. En octobre 1868, il est nommé commissaire impérial près du conseil de révision de Lyon et quitte le service actif en janvier 1869. Sa retraite militaire est de courte durée, car le 22/8/1870, il est rappelé au service comme commandant supérieur du fort de Vanves poste où il sert durant le siège de Paris. Avec une garnison de 57 officiers et 2334 hommes, composée de troupes de ligne prises parmi les dépôts de la région parisionne, ainsi que de gardes mobiles pour l'autre moitié.

Il est mis définitivement à la retraite le 8/2/1871, avec le grade de Colonel. Conservant des fonctions judiciaires, il reçoit la croix de commandeur de la Légion d'Honneur en 1880.

Il est mort le 25/10/1889.

Photo Carjat (Paris)


 

Augustin François Sebastien Mayens

Né le 21/6/1815 à Mosset (Pyrenées orientales). Engagé volontaire en 1835, il est affecté au 29e régiment d'infanterie, où il est fait caporal en novembre, puis sergent en aout 1838.

Le 14/11/1838, il a la chance d'être désigné pour faire partie du nouvellement créé bataillon provisoire des chasseurs à pied (dits "tirailleurs de Vincennes"), noyau de cette nouvelle troupe à pied, spécialement entrainée pour sa justesse au tir, la rapidité de ses manoeuvres et l'agilité de ses hommes. Envoyé en Algérie les 10 premiers mois de l'année 1840, la jeune troupe s'y illustre rapidement prenant part à la prise de Médéah et de Milianah, obtenant le sobriquet de "soldats de la mort" des Arabes, au prix il est vrai de nombreuses pertes. Mayran est d'ailleurs blessé d'un coup de feu au bras gauche le 30/5/1840 au col de Teniah.

Devenu 1er bataillon de chasseurs en septembre 1840, le bataillon stationne en France jusqu'en 1849. Mayens y est promu adjudant (1844), puis Sous Lieutenant le 3/6/1847. Le 20/4/1849, le bataillon embarque pour l'expédition de Rome. Lors de l'assaut brusque manqué du 30 avril, le 1er bataillon de chasseurs se fait remarquer par sa fougue. Mayens y reçoit sa seconde blessure (coup de feu à l'omoplate gauche) est cité à l'ordre du corps expéditionnaire et y gagne la croix de chevalier de la Légion d'Honneur.

Au retour d'Italie, promu Lieutenant le 23/5/1850, il fait campagne de nouveau en Algérie entre 1852 et 1854, puis en Orient où il combat sur l'Alma.

Mayens est fait Capitaine le 21/10/1854, nommé au 18e bataillon de chasseurs avec lequel il sert de nouveau en Algérie (1856-1857) puis en Italie. Le 13/8/1861, Mayens est nommé au régiment des Zouaves de la Garde.

Le 9/11/1867, il est promu Chef de bataillon est prend se retraite le même jour. A 52 ans, ce baroudeur aurait dû être épuisé par ses nombreuses campagnes, mais il survivra cependant jusqu'en 1895.

Photo Prevot (Paris)

   


 
   

Jean Joseph Pacotte

Né le 8/11/1828 à Hennecourt (Vosges). Engagé le 11/12/1846 au 30e régiment d'infanterie de ligne ("en remplacement de son frère, jeune soldat de la classe 1846", indiquent ses états de services) , il y sert jusqu'en 1854, date à laquelle, devenu sergent major, il rejoint le 8e bataillon de chasseurs à pied.

Il sert alors en Algérie entre 1856 et 1859 et y fait la campagne de Kabylie où il est blessé d'un coup de feu au bras droit. Nommé Sous Lieutenant le 31/3/1857, il est engagé lors de la campagne d'Italie durant laquelle le bataillon s'illustre à Magenta.

Distingué par ses états de service, Pacotte a le profil parfait pour rejoint le régiment des Zouaves de la Garde en décembre 1859. Il est promu Lieutenant le 27/12/1861, puis chevalier de la Légion d'Honneur le 30/3/1865 ("18 ans de service effectif, cinq campagnes, une blessure").

Nommé Capitaine le 10/8/1868, Pacotte retourne en Algérie, en permutant avec un officier pour rejoindre le 2e régiment de tiralleurs algériens. Il fait l'expédition de l'oued Guir de 1870, et s'y illustre lors de la prise du ksar d'Aïn Chaïr le 25/4/1870 qui coûte 150 hommes tués ou blessés aux Français.
Lors de la campagne en France contre la Prusse, Pacotte commande la 2e compagnie du 2e bataillon. Lors de la bataille de Woerth qui décime son régiment, son bataillon est encerclé vers le village de Froeschwiller. Chacun essaie de trouver un chemin lui évitant la captivité : "Le capitaine Senac et le capitaine Pacotte, avec une quarantaine d'hommes, longent le village et tombent au détour d'un grand bâtiment sur un régiment prussien en colonne, l'arme au pied. A la vue des turcos arrivant au pas de course et qui paraissent vouloir les charger, les Prussiens se troublent et ouvren précipitamment le feu, jusqu'à ce qu'un officier supérieur, colonel ou major, comprenant ce qu'il en était, s'avancât et fît cesser le feu. Messieurs, dit-il, vous êtes mes prisonniers. (historique du régiment)" Dans ces derniers échanges, Pacotte est blessé et fait prisonnier.

Libéré de captivité, Pacotte reprend son poste au 2e régiment de tirailleurs, mais sa carrière militaire s'interrompt en 1874, date de sa mort.

Photo Prevot (Paris)


 

Joseph Laverny

Né le 30/3/1825 à Strasbourg. Engagé en 1838, Laverny sert d'abord 6 ans au 2e régiment du génie, avant de rejoindre l'infanterie au 47e régiment où il est nommé sergent en mars 1845.

Il est nommé Sous Lieutenant le 6/12/1850 au 16e léger et rejoint l'Algérie en 1852. Ayant pris goût à l'Afrique, il est transféré au bataillon des tirailleurs de Constantine le 25/4/1854.

Le 30/1/1855, il est promu Lieutenant et rejoint la bataillon des tiralleurs de la province d'Oran, devenu 2e régiment de tirailleurs en décembre 1855. Laverny ne participe pas à la campagne de Crimée, mais il a l'occasion de se distinguer dans les campagnes en Algérie. A la fin de l'année 1856, il est engagé à la tête d'une centaine de tirailleurs dans une expédition commandé par le capitaine de Colomb contre les Beni Guil. A cette occasion, il montre ses qualités de chef, comme en témoigne ce passage de l'historique du régiment : "Trompés par une similitude de noms, les guides avaient mal conduit le Lieutenant Laverny. Ils avaient pris par le Teniet Defla oriental, au lieu de prendre par l'occidental et ils n'étaient pas arrivés à Aïne Defla. Le Lieutenant avait fait continuer la route pour s'y rendre, et l'infanterie avait passé la nuit, perdue sur un plateau rocheaux où il était impossible de trouver un brin de bois et où on ne pouvait même pas allumer l'alfa chargé de neige. L'énéragie et la vigueur ds officiers avaient seules sauvé d'un desastre certain les fantassins arabes du Goum. Mal nourris et mal vêtus, beaucoup d'entre eux à bout de courage, s'étaient couchés le long d'une touffe pour y attendre la mort ; il avait fallu les faire marcher de force. Le lieutenant était rentré péniblement à Mazzar dans la journée du 14 mais sans avoir laissé un seul homme derrière lui... Sa troupe avait franchi 340 kilometres en cinq périodes de 24 heures pendant lesquelles ils avaient marché 5 jours et 3 nuits sous un froid rigoureux compris entre -7 et +3 degrés.". Pour cet exploit, Laverny est nommé chevalier de la Légion d'Honneur le 17/1/1857 ("13 ans de service effectif, cinq campagnes").

En 1859, Lavery fait partie des officiers désignés pour former le régiment de tirailleurs algériens envoyé participer à la campagne d'Italie. Après avoir été engagé à Turbigo, il contribue à la victoire de Magenta. A Solférino, le régiment est engagé contre les positions de Cavriana et de Monte Fontana. Laverny y est blessé d'un coup de feu au genou droit. Il est alors nommé Capitaine le 5/7/1859, Lavery est muté au régiment des Zouaves de la Garde en décembre 1859.

En mars 1863, Laverny quitte la Garde et permute avec un officier pour ejoindre le 3e régiment de Zouaves en Algérie. A cette époque, seul le 3e bataillon du régiment est en Afrique, les deux autres étant au Mexique. Laverny participe alors à l'expédition des Babors (été 1865) et commande 4 compagnie du régiment dans la colonne de Sétif.
En 1868, Laverny retourne en métropole au 24e régiment, où il occupe les fonctions de Capitaine.

Au declanchement de la guerre de 70, Laverny est nommé Chef de bataillon au 22e régiment d'infanterie. resté au dépôt à la mobilisation, le bataillon est envoyé en Algérie en octobre, puis rattaché au 53e régiment de marche le 1/12/1870. Lavrny se distingue notamment au combat de Beaune la Rollande : "Le chef du 3e bataillon, le commandant Laverny, après s'être jeté dans Foncerive, en a débouché bravement sous les balles pour se porter sur Beaune" (L'arme de la Loire - Grenest) .

Photo Carjat (Paris)

   


 
   

Jean Antoine Martin

Né le 12/8/1825 à Aurillac, ce fils de maréchal férrand s'engage en 1843 au 10e bataillon de chasseurs, il sert en Algérie jusqu'en juin 1848, passant sous officier en 1845.

Promu Sous Lieutenant le 4/6/1850, il sert deux années à Rome.

Promu Lieutenant le 10/7/1854, il rejoint l'Orient en décembre 1854. Le 7/3/1855 il est cité à l'ordre de l'armée "pour son courage et son dévouement en allant secourir un soldat anglais frappé d'une balle qui lui avait fracassé la jambe à 200 m d'un poste occupé par la 2e compagnie du bataillon, en chargeant sur ses épaules le soldat blessé et le transportant ainsi, sous le feu d'une embuscade russe, à travers un terrain en partie découvert et rocailleux."
Martin rejoint le régiment des Zouaves de la Garde le 14/3/1855. Le 25/7/1855, il est blessé d'une contusion au genou par un éclat de bombe et reçoit la croix de la Légion d'Honneur. Martin s'illustre une nouvelle fois lors de la prise de Malakoff et y reçoit une nouvelle blessure (coup de feu à la cuisse gauche).

Nommé Capitaine le 12/8/1857, Martin rejoint le 14e bataillopn de chasseurs avec lequel il fait la campagne d'Italie où il est fait chevalier de l'Ordre de StMaurice et Lazare.
Le 28/3/1860, il retourne aux régiment des Zouaves de la Garde et y est nommé adjudant major en janvier 1863.

Le 24/12/1869, il est promu Chef de bataillon au 53e régiment d'infanterie. La guerre de 1870 trouve le régiment en garnison sur les Alpes. Affecté au 7e corps de l'armée du Rhin, il rejoint belfort début aout. N'ayant pas été engagé lors des premiers combats d'Alsace, le 53e régiment rejoint le camp de Chalons et participe ensuite à la funste campagne qui le mène à Sedan. Le 1/9/1870, Martin reçoit une nouvelle blessure par balle à la partie antérieure et moyenne de la cuisse.
Après sa captivité en Allemagne, Martin rejoint son régiment qui est envoyé en Algérie en juillet 1871. il est fait officier de la Légion d'Honneur en aout 1871.

Le commandant Martin prend sa retraite en 1875 à Aurillac. Il y meurt en 1899.

Photo Carjat (Paris)


 

Ils ont servi aux Zouaves de la garde : Commandant Weissemburger, Colonel de la Hayerie, Capitaine Motas d'Hestreux

 

Les colonels du régiment des Zouaves de la Garde

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